Nombre de messages : 27199 Age : 78 Date d'inscription : 19/08/2006
Sujet: Louis de La Coste (ou Lacoste)(v. 1675 - v. 1757) 2020-12-19, 10:17
Louis de La Coste, autrement orthographié Lacoste, né probablement vers 1675 et mort en 1754 ou après 1757, est un compositeur français de l'époque baroque.
Peu d'éléments biographiques sur Lacoste nous sont parvenus. Il est probable qu'il est originaire de Lille. On ne connait pas les détails de son éducation et de son enfance. Cependant, en 1672, un violoniste au nom de « Lacoste » joue la quinte dans le jeune orchestre « Petits Violons » de Jean-Baptiste Lully. Il s'agit peut-être d'un parent. En 1693, Lacoste a commencé en tant que choriste dans le pupitre de haute-contre à l'Académie royale de musique. Il participe régulièrement au chœur, en allant de la première d'Issé d'André-Cardinal Destouches en 1697 jusqu'à la reprise de Thétis & Pélée de Pascal Collasse en 1708, année durant laquelle il se retire avec la pension.
Avant et durant sa carrière de compositeur d'opéra, Lacoste compose des airs sérieux et à boire (genres successeurs de l'air de cour) dont nombreux sont publiés chez Christophe Ballard. Le jeune musicien s'est probablement fait connaître au sein des salons parisiens, où ces airs sont fort appréciés par des hommes lettrés ou musiciens qui s'y rendent. En tant qu'auteur de chansons, Lacoste montre déjà un fort penchant pour le registre tragique, tel le démontrent les paroles de ses airs ainsi que leur tonalité souvent très sombre.
Âgé d'environ vingt-deux ans, Lacoste fait sa première contribution à l'Académie royale de musique en 1697 avec le ballet Aricie. Le jeune musicien, de caractère modeste, ne se considérait seulement comme un « homme qui ne fait que des Chansons ». Son ballet n'était à l’origine qu'un petit opéra qu’il a joué devant ses protecteurs et ses amis dans un cadre privé. Jean-Nicolas de Francine, à l'époque directeur de l'Opéra, est généreux envers les jeunes compositeurs et est intéressé par les nouveaux genres comme l’opéra-ballet qui foisonnait. Il a été fait signe du petit succès d’Aricie et a suggéré ainsi à Lacoste de l'augmenter afin qu'il puisse être monté à l'Académie royale de musique. L'opera est représenté le 9 juin 1697 avec l'ajout de musique d'autres auteurs, mais, malgré le soutien de Francine, il s'avère un échec.
Malgré cette chute, Lacoste revient à la scène en 1705 avec Philomèle et dès lors, il va se consacrer pleinement à la tragédie-lyrique. Avec un livret de Pierre-Charles Roy, Philomèle fut le triomphe du compositeur. Disciple fidèle de l'école lullyste, Lacoste rend hommage à son maître en particulier par ses récitatifs et ses divertissements considérablement développés. L'estime fut tel que le Mercure de France note en 1734 lors d'une reprise de Philomèle que le récitatif de Lacoste « pourroit servir de modele à ses plus fiers Rivaux ». Malheureusement, la chute de sa Bradamante en 1707 ternit ce succès. Sa troisième tragédie Créüse l'Athénienne connait aussi peu de succès en 1712. Après ces trois collaborations avec Roy, Lacoste cesse sa collaboration avec le librettiste.
Le musicien va alors arrêter de composer des opéras pendant une douzaine d'années. Au demeurant, il est nommé batteur de mesure (chef d'orchestre) de l'Opéra de Paris à partir de 1710, dirigeant des ouvrages illustres comme la première des Festes vénitiennes d'André Campra audit an ou celle de Callirhoé de Destouches en 1712. Il quitte cette poste en 1714, remplacé par Jean-Joseph Mouret. Il devient par la suite maître de musique de la même Académie jusqu'en 1717. Son devoir alors était de faire répéter le chœur et les solistes, ainsi que de leur donner des cours de chant.
Lacoste réintègre derechef en 1718 le personnel de l'ARM en tant que maître de musique. En 1720, un « marchand » du nom de Louis de La Coste acquiert avec sa femme Marie Catherine Robert le privilège exclusif de représenter des opéras à Lille. Le couple demeurait alors à cette ville mais était logé à Paris, rue Royale. Lacoste revient à la scène en 1725 avec sa tragédie Télégone sur un livret de Simon-Joseph Pellegrin. L'œuvre n’obtient qu’un succès de demi-teinte malgré des applaudissements prometteurs. Pellegrin va ensuite fournir à Lacoste le livret d'Orion (1728), laissé inachevé par Joseph de La Font, mort en 1725. Cette œuvre fut somptueusement décorée par les maquettes de Giovanni Niccolò Servandoni. Malgré cela et quelques morceaux appréciés, l'accueil était partagé. En 1732, après la chute de sa dernière tragédie Biblis, Lacoste se démissionne de sa poste comme maître de musique. Entre 1738 et 1753, il perçoit encore 1,100 livres de pensions annuelles. Suivant Jacques-Bernard Durey de Noinville et Louis Travenol, il est toujours vivant en 1757.
Œuvres
Opéras:
Aricie (livret de Jean Pic), ballet en un prologue et 5 actes (9 juin 1697, Paris, Académie royale de musique) Philomèle (livret de Pierre-Charles Roy), tragédie en musique en un prologue et 5 actes (16 octobre 1705, Paris, Académie royale de musique) Bradamante (livret de Roy), tragédie en musique en un prologue et 5 actes (2 mai 1707, Paris, Académie royale de musique) Créüse l'Athénienne (livret de Roy), tragédie en musique en un prologue et 5 actes (5 avril 1712, Paris, Académie royale de musique) Télégone (livret de Simon-Joseph Pellegrin), tragédie en musique en un prologue et 5 actes (6 novembre 1725, Paris, Académie royale de musique) Orion (livret de Joseph de La Font et Pellegrin), tragédie en musique en un prologue et 5 actes (19 février 1728, Paris, Académie royale de musique) Biblis (livret de Claude Fleury), tragédie en musique en un prologue et 5 actes (6 novembre 1732, Paris, Académie royale de musique)
Cantate
Iris & Silvandre, « idylle en musique », publiée chez Christophe Ballard en octobre 1704.
Airs sérieux:
Non, je ne veux jamais aimer - juillet 1696, Ballard Je perds ma liberté - juillet 1696, Ballard Vos beaux yeux partout sont vainqueurs - juillet 1696, Ballard Ainsi que mon amour - juillet 1700, Ballard Depuis longtemps mon cœur - novembre 1700, Ballard Malgré vous, malgré moy-même - décembre 1700, Ballard Cher Objet de mes vœux - mars 1701, Ballard Ne cherchez point à m'engager - juin 1701, Ballard Pour rendre un cœur fidelle & tendre - novembre 1701, Ballard Vous m'accusez d'estre infidele - mars 1703, Ballard C'en est fait, ma raison - novembre 1703, Ballard Je sçais ma charmante Lisette - juillet 1716, Ballard Depuis que j'aime, helas - juillet 1718, Ballard Cher amusement de ma vie - août 1718, Ballard
Airs à boire:
J'ay surpris l'amour à boire - juillet 1695, Ballard Doux charme de la vie - juin 1700, Ballard Alerte mes amis - février 1703, Ballard Amour ne cherche plus - mars 1703, Ballard J'ay résolu de fuir une beauté cruelle - may 1703, Ballard Au secours vite qu'on me soulage - août 1704, Ballard Bachus & L'amour - avril 1708, Ballard Chacun a son sort dans la vie - août 1716, Ballard Le glou, glou, glou de la bouteille - 17..., manuscrit
Seules Philomèle et Télégone nous sont parvenues aujourd'hui dans l'état complet. Quelques fragments manuscrits de Créüse et de Bradamante sont conservés. Lacoste a aussi publié une pastorale nommée Pomone, mais tout ce qui reste (s'il s'agit vraiment de sa composition) est un extrait appelé « Duo de Vertumne et Pomone », sous forme manuscrite.