Pendant longtemps, la musique chorale de la Renaissance a été interprétée dans le « style romantique » : grand chœur, métrique implacable et, par conséquent, texte incompréhensible. Depuis, la musicologie a pointé son nez et on sait – de source sûre - que la plupart de ces pièces sont pour ensemble vocal réduit, que chaque pupitre avait sa propre partie imprimée (et non toutes les voix ensemble), que les altérations, accents et nuances étaient suggérés et qu’il n’y avait ni signe ni barre de mesure. La scansion du texte tenait lieu de pulsation ou plutôt de tactus. Mais, tels les célèbres irréductibles d'un village gaulois, certains ensembles résistent à toute considération musicologique et interprètent cette musique comme le faisait Nadia Boulanger en son temps, quand elle redécouvrait les splendeurs vocales des madrigaux et motets des XVIe et XVIIe siècles.
Edward Higginbottom et son ensemble appartiennent à cette race d'interprètes. Ils chantent Byrd comme du Brahms, tout en étant conscients que le compositeur officiel de la reine Elisabeth Ière n’avait rien d’un romantique. Ils gomment donc tout accent, tout effet, toute nuance. Le résultat : une polyphonie parfaitent mise en place, d’un justesse irréprochable et d’un ennui pesant. Privée de tout affect, comme s’il fallait revenir à une « pureté originelle » de la polyphonie, cette musique perd tout intérêt.
Autant délaisser cette parution. Pour découvrir l’œuvre sacrée de Byrd, les bonnes versions ne manquent pas : The Cardinall’s Musick (ASV Gaudeamus, 5 volumes à ce jour), The Sixteen (Messe à 5 voix, Veritas) et le Deller Consort (Cantiones Sacrae, Messes à 3, 4 et 5 voix, Harmonia Mundi).
Choeur de New College Oxford( choeur )
Timothy Morris( orgue )
Edward Higginbottom( direction )
CRD / CD Diffusion 2001