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 Carlo Gesualdo (1566-1613)

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Snoopy
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Snoopy

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Carlo Gesualdo (1566-1613) Empty
MessageSujet: Carlo Gesualdo (1566-1613)   Carlo Gesualdo (1566-1613) EmptyDim 24 Déc 2006 - 18:08

Grand représentant, aux côtés de Luca Marenzio et Monteverdi, du madrigal italien de la Renaissance, Carlo Gesualdo, né le 8 mars (?) 1566 (?) et mort le 8 septembre 1613, a marqué l'histoire de la musique, tant par sa vie excessive que par ses compositions, parmi les plus innovantes de cette période.

Carlo Gesualdo, prince de Venosa, naquit probablement à Naples, vers 1566, au sein d’une famille aristocratique ayant des liens étroits avec l’Église - on trouve, parmi ses oncles, les archevêques Alphonso Gesualdo et saint Charles Boromée, ainsi que le Pape Pie IV parmi ses grands-oncles.

Son père s’entoura d’une sorte d’académie musicale, constituée entre autres des musiciens Dentice et Filomarino, et des théoriciens Effrem, Nenna, et Macque. Carlo Gesualdo fut ainsi initié dès son plus jeune âge à la musique - notamment au luth et à la composition - et en devint vite obsédé. Il composa tout d’abord sous le pseudonyme de Gioseppe Pilonij, mais la reconnaissance de son talent, et l’intérêt porté par le public, eurent raison de son anonymat.

Le mariage de 1586 avec Maria d’Avalose, fille du duc de Pescara et cousine du compositeur, se termina sordidement quatre ans après par l'assassinat de Maria et de son amant, et l’issue tragique de ces noces contribua à la postérité de Gesualdo, qui est devenu le compositeur meurtrier de l’histoire de la musique.

Cette scène se déroula le 16 octobre 1590 : Gesualdo fit croire à une partie de chasse, et revint afin de surprendre sa femme en flagrant délit d'adultère avec Fabrizio Carafa, duc d’Andria, et de la punir. Le mythe veut que les blessures portées à Maria aient été uniquement à la région du bas-ventre, et que l’amant soit resté pendu jusqu’à ce que la pourriture trop avancée de son corps oblige Gesualdo à l’enterrer afin d’éviter une épidémie.

Cette condamnation si sévère de l’adultère, autorisée à l'époque, l’obligea cependant à se retirer dans la ville de Gesualdo, dans son domaine, qu'il ne quitta plus guère, pour se prémunir de la colère d’une des deux familles.

Gesualdo épousa, en seconde noce, Leonora d'Este, nièce du Duc Alphonse II de Ferrare, en 1594, à Ferrare, où il rencontra Luzzasco Luzzaschi, qui l'influença (il fit paraître ses deux premiers livres de madrigaux cette même année.).

Ce mariage fut un nouvel échec, à cause de l'infidélité de Gesualdo, qui alla jusqu'à partager sa couche avec un valet, et qui prit fin avec les scènes de flagellation qui contribuèrent à sa célébrité.

Gesualdo eut deux fils, dont un par mariage, qui mourront l’un après l’autre en bas âge. La mort du premier, par étouffement, serait imputable à Gesualdo. Celle du second, en octobre 1600, le marqua fortement, et pourrait être le point de départ des séances de pénitence si particulières, qu’il s'infligea par la suite.

Les crimes de Gesulado revinrent le hanter vers la fin de sa vie. La mort de son second fils fut-elle considérée par ce mystique comme l'œuvre de la justice divine, la condamnation de ses péchés, ce qui déclencha en lui le besoin d’expier ses fautes ? Cela expliquerait les pratiques masochistes, les scènes de flagellation avec de jeunes garçons pour, selon sa propre expression, "chasser les démons".

Dans le même esprit, Gesualdo, fort pieux, offrit à sa chapelle, après son double crime, un tableau sur le Jugement dernier où il s'était représenté suppliant le Christ, et dans lequel se trouvait également Marie-Madeleine (ayant eu des mœurs légères...). On peut ainsi retrouver, symbolisés, tous les autres protagonistes de ce crime.

Carlo Gesualdo aurait été retrouvé mort, nu, le 8 septembre 1613, suite à une des séances de pénitence, au caractère si particulier, qu'il affectionnait. Selon certaines sources, cette mort aurait pu être volontaire, désirée - entre autre - par ces éphèbes qui étaient forcés à se prêter aux séances de flagellation.

Son rang et les liens de sa famille avec l’Église lui permirent de mener sa vie et ses compositions, pour le moins originales et dérangeantes, sans aucune forme de censure et en toute impunité. Ses compositions sortent des canons de l’époque, car Gesualdo n’avait à plaire à personne d’autre qu'à lui-même, ce qui donna au final l’une des œuvres les plus originales, étranges et surprenantes de la Renaissance.

Gesualdo est cependant un compositeur « traditionnel ». À la différence de Monteverdi, son contemporain, véritable charnière entre Renaissance et Baroque, considéré comme le père de l’opéra, chez lequel on voit, par exemple, une révolution entre les premiers livres de madrigaux, a capella, et les derniers, au style déconcertant (qui n’ont pout tout dire plus aucun point commun avec les premiers), Gesualdo n’a pas modifié les formes préexistantes. Il a composé à la manière vieillissante de l’époque, mais avec un style très personnel, reflétant sa personnalité exacerbée : riche en chromatismes, en dissonances et en ruptures rythmiques.

Gesualdo mettait un grand soin dans le choix des textes de ses madrigaux, qui ont souvent un lien avec les épisodes de sa vie. Il trouvait les poèmes à illustrer chez Le Tasse, par exemple, son ami, excessif et passionné comme lui, à qui il doit neuf madrigaux, et qui finira fou. Sa musique colle au texte, l’accompagne, et peut passer d’un extrême à l'autre (de la lumière à l’obscurité, de la joie à la tristesse, avec les changements adéquats au niveau de l'harmonie, du tempo) en quelques notes, si le texte l'exige - ce qui est à l'opposé des goûts de l'époque, où les mélodies se devaient principalement d’être belles, et pouvaient se plaquer sur n’importe quel texte (ou presque.).
Gesualdo a également puisé dans les textes de Giovanni Battista Guarini.

Luzzasco Luzzaschi, qu’il a connu pendant son deuxième mariage, a probablement influencé Gesualdo dans sa manière « expressionniste » de composition de madrigaux, à la musique proche du texte, à partir de son quatrième livre de madrigaux. À Ferrare se trouvaient également Le Tasse et le Concerto delle dame, qui ont été de quelque importance dans la manière de composer de Gesualdo.

D’autre part, Gesualdo fit une escale à Florence, au cours d'un voyage à Ferrare, et il est possible qu’il entretint alors des relations avec la camerata Bardi.

N’étant nullement tenu de composer de la musique religieuse, du fait de son rang et de ses protections, on pourrait s’étonner, après avoir lu l’histoire de sa vie, si éloignée de celle attendue d’un croyant, et après avoir écouté ses œuvres profanes, si sensuelles, de trouver des œuvres sacrées au catalogue de Gesualdo. Leur existence ne peut s’expliquer que par un besoin, un choix personnel, Gesualdo étant aussi passionné dans ses amours profanes que dans son amour de Dieu.
Des œuvres sacrées de Gesualdo :

deux livres de Sacræ Cantiones (cinq à sept voix) ;
des Respons des Ténèbres pour la semaine sainte ;
quatre motets à Marie.

Les madrigaux de Gesualdo, au contenu sensuel contrastant avec sa musique sacrée, sont à l'origine de sa postérité. On distingue ses quatre premiers livres de madrigaux à cinq voix, à l'écriture conventionnelle, au style proche de ceux de Marenzio et des débuts de Monteverdi, des œuvres ultérieures, riches en nouvelles harmonies, en chromatisme, et subordonnées au texte. Citons, entre autre :

six livres de madrigaux à cinq voix (1594-1611) ;
un livre de madrigaux à six voix, posthume (1626).

Les regards portés sur Gesualdo ont grandement changé à l’aube du XXe siècle. De compositeur marginal, déséquilibré, sombrant petit à petit dans l’oubli, il est devenu le visionnaire, le premier, 300 ans avant Wagner et les compositeurs modernes, à faire un usage important du chromatisme, des dissonances, des contrastes extrêmes et des ruptures rythmiques.
La vie et l’œuvre de Gesualdo ont de ce fait inspiré les auteurs du XXe siècle. Ainsi, Alfred Schnittke a écrit un opéra dans lequel Gesualdo joue un rôle principal, tandis que Stravinski composa un Monumentum pro Gesualdo à son honneur.

Enfin, Anatole France évoqua le meurtre de la première femme de Gesualdo dans Le Puits de Sainte-Claire (1875), sa vie fut ensuite romancée dans Le Témoin de poussière de Michel Breitman (prix des Deux-Magots 1986) et racontée dans Mort a cinq voix documentaire réalisé par Werner Herzog en 1995.
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MessageSujet: Re: Carlo Gesualdo (1566-1613)   Carlo Gesualdo (1566-1613) EmptyMer 21 Aoû 2013 - 11:35

Catalogue


Musique religieuse

Ne Reminiscaris, à 5 voix (1585)
Sacrarum Cantionum à 5 et 6 voix (1603) : livre 1 : 21 motets à 5 voix, livre 2 : 20 motets à 6 voix
Benedictus Dominus Deus Israel (1611)
Offices des Ténèbres des Jeudi, Vendredi et Samedi Saints (1611)
Il te, Domine, speravi, motet à 5 voix (1620)


Musique profane

16 Madrigaux à 5 voix, livre 1 (1594)
14 Madrigaux à 5 voix, livre 2 (1594)
17 Madrigaux à 5 voix, livre 3 (1595)
15 Madrigaux à 5 voix, livre 4 (1596)
20 Madrigaux à 5 voix, livre 5 (1611)
23 Madrigaux à 5 voix, livre 6 (1611)
13 Madrigaux à 6 voix (1626)
2 autres madrigaux à 5 voix (1609)
3 Canzonettas à 3-5 voix (1616/18)


Musique instrumentale

3 Ricercaci a 4 (1586)
Gagliarda "del Principe di Venosa" a 4
Canzone francese a 4
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MessageSujet: Re: Carlo Gesualdo (1566-1613)   Carlo Gesualdo (1566-1613) EmptyMar 12 Mar 2019 - 22:16

Détail du catalogue ci-dessus d'après le Grove

Musique profane:

Madrigali libro primo, 5vv (Ferrara, 1594; 4/1608, 5/1617 as Madrigali libro secondo; 6/1617 as Madrigali libro primo) [1594a]
Madrigali libro secondo, 5vv (Ferrara, 1594 [pubd earlier under the name of Gioseppe Pilonij]; 4/1616 as Madrigali libro primo) [1594b]
Madrigali libro terzo, 5vv (Ferrara, 1595) [1595]
Madrigali libro quarto, 5vv (Ferrara, 1596) [1596]
Madrigali libro quinto, 5vv (Gesualdo, 1611) [1611a]
Madrigali libro sesto, 5vv (Gesualdo, 1611) [1611b]
Partitura delli sei libri de’madrigali, 5vv, ed. S. Molinaro (Genoa, 1613) [= contents of above 6 vols.]
Madrigali, 6vv, ed. M. Effrem (Naples, 1626) [1626]
Works in 1609, 1616, 1618

Ahi come tosto passa, 6vv, 1626; facs. in W x, 46
Ahi, disperata vita, 5vv, 1595; W iii, 18
Ahi, dispietata e cruda, 5vv, 1595; W iii, 26
All’apparir di quelle luci ardenti, 5vv, 1594b; W ii, 53
All’ombra degl’allori, canzonetta, 5vv, 161811; W x, 32
Alme d’Amor rubelle, 5vv, 1611b; W vi, 49
Al mio gioir il ciel si fa sereno, 5vv, 1611b; W vi, 84
Ancide sol la morte, 5vv, 1611b; W vi, 66
Ancidetemi pur, grievi martiri, 5vv, 1595; W iii, 58
Ancor che per amarti, 5vv, 1611b; W vi, 92
Arde il mio cor, ed è si dolce il foco, 5vv, 1596; W iv, 62
Ardita Zanzaretta, 5vv, 1611b; W vi, 57
Ardo per te, mio bene, 5vv, 1611b; W vi, 62
Asciugate i begli occhi, 5vv, 1611a; W v, 57; orchd I. Stravinsky, Monumentum pro Gesualdo di Venosa ad CD annum (London, 1960)
A voi, mentre il mio core, 5vv, 1596; W iv, 55
Baci soavi e cari (Guarini), 5vv, 1594a; W i, 13
Bella Angioletta, da le vaghe piume (Tasso), 5vv, 1594a; W i, 76
Beltà, poi che t’assenti, 5vv, 1611b; W vi, 16; orchd I. Stravinsky, Monumentum pro Gesualdo di Venosa ad CD annum (London, 1960)
Candida man qual neve, 5vv, 1594b; W ii, 45
Candido e verde fiore, 5vv, 1611b; W vi, 53
Caro amoroso neo (Tasso), 5vv, 1594b; W ii, 13
Che fai meco, mio cor, 5vv, 1596; W iv, 27
Chiaro risplender suole, 5vv, 1611b; W vi, 25
Come esser può ch’io viva (A. Gatti), 5vv, 1594a; W i, 24
Come vivi cor mio, 5vv, 1618; W x, 34
Cor mio, ben che lontano, 6vv, 1626; facs. in W x, 41
Cor mio, deh, non piangete (Guarini), 5vv, 1596; W iv, 37
Correte, amanti, a prova, 5vv, 1611a; W v, 54
Crudelissima doglia, 5vv, 1595; W iii, 51
Dalle odorate spoglie, 5vv, 1594b; W ii, 48
De’bei colori aurate, 6vv, 1626; facs. in W x, 45
Deh, come invan sospiro, 5vv, 1611b; W vi, 40
Deh, coprite il bel seno, 5vv, 1611a; W v, 64
Deh, se già fu crudele, 5vv, 1595; W iii, 64
Del bel de’bei vostri occhi, 5vv, 1595; W iii, 23
Dolce spirto d’amore (Guarini), 5vv, 1595; W iii, 31
Dolcissima mia vita, 5vv, 1611a; W v, 23
Dolcissimo sospiro (Pocaterra), 5vv, 1595; W iii, 66
Donna, se m’ancidete, 6vv, 1595; W iii, 71
Dove fuggi, o mio core, 6vv, 1626; facs. in W x, 40
Dove s’intese mai d’un cor dolente, canzonetta spirituale, 2 or 3vv, inc., I-BRq
Ecco, morirò dunque, 5vv, 1596; W iv, 59
Felice primavera (Tasso), 5vv, 1594a; W i, 68
Felicissimo sonno, 5vv, 1611a; W v, 33
Fra care danze in real tetto io vidi, 6vv, 1626; facs. in W x, 44
Gelo ha madonna il seno (Tasso), 5vv, 1594a; W i, 28
Già piansi nel dolore, 5vv, 1611b; W vi, 96
Gioite voi col canto, 5vv, 1611a; W v, 13
Gravid’il ciel d’amore, 6vv, 1626; facs. in W x, 46
Hai rotto e sciolto e spento, 5vv, 1594b; W ii, 18
Il leon infernal pien di furore, 2 or 3vv, inc., BRq
Il sol, qualor più splende, 6vv, 1596; W iv, 69
In più leggiadro velo, 5vv, 1594b; W ii, 27
Io parto, e non più dissi, 5vv, 1611b; W vi, 29
Io pur respiro in cosí gran dolore, 5vv, 1611b; W vi, 44
Io tacerò, ma nel silenzio mio, 5vv, 1596; W iv, 21
Itene, o miei sospiri, 5vv, 1611a; W v, 19
Ite sospiri ardenti, canzonetta, 5vv, inc., 1616
Languisce al fin chi da la vita parte, 5vv, 1611a; W v, 45
Languisco e moro, ahi, cruda, 5vv, 1595; W iii, 20
L’arco amoroso e bello, 6vv, 1626; facs. in W x, 43
Luci serene e chiare (R. Arlotti), 5vv, 1596; W iv, 13
Madonna, io ben vorrei, 5vv, 1594a; W i, 20
Mentre gira costei, 5vv, 1596; W iv, 51
Mentre madonna il lasso fianco posa (Tasso), 5vv, 1594a; W i, 31
Mentre mia stella, miri, 5vv, 1594a; W i, 57
Meraviglia d’Amore, 5vv, 1595; W iii, 45
Mercè grido piangendo, 5vv, 1611a; W v, 49
Mille volte il dí moro, 5vv, 1611b; W vi, 33
Moro, e mentre sospiro, 5vv, 1596; W iv, 46
Moro, lasso, al mio duolo, 5vv, 1611b; W vi, 74
Non è questa la mano (Tasso), 5vv, 1594b; W ii, 41
Non è questa l’aurora, 6vv, 1626; facs. in W x, 42
Non mai non cangerò, 5vv, 1594b; W ii, 51
Non mirar, non mirare (F. Alberti), 5vv, 1594a; W i, 61
Non mi toglia il ben mio, 5vv, 1594b; W ii, 56
Non t’amo, o voce ingrata, 5vv, 1595; W iii, 43
Occhi del mio cor vita (after Guarini), 5vv, 1611a; W v, 42
O chiome erranti, o chiome (Marino), 6vv, 1626; facs. in W x, 42
O com’è gran martire (Guarini), 5vv, 1594b; W ii, 35
O dolce mio martire, 5vv, 1594a; W i, 46
O dolce mio tesoro, 5vv, 1611b; W vi, 37
O dolorosa gioia, 5vv, 1611a; W v, 27
Or, che in gioia credea, 5vv, 1596; W iv, 33
O tenebroso giorno, 5vv, 1611a; W v, 72
O voi, troppo felici, 5vv, 1611a; W v, 51
Parlo, misero, o taccio (Guarini), 6vv, 1626; facs. in W x, 39
Pietà, Signor, pietade (Pocaterra), 6vv, 1626; facs. in W x, 41 (sacred)
Poichè l’avida sete, 5vv, 1611a; W v, 67; 2p. orchd I. Stravinsky, Monumentum pro Gesualdo di Venosa ad CD annum (London, 1960)
Quale spada guerriera, 6vv, 1626; facs. in W x, 38
Qual fora, donna, un dolce ‘Ohimè’, 5vv, 1611a; W v, 31
Quando ridente e bella, 5vv, 1611b; W vi, 100
Quel ‘no’ crudel che la mia speme ancise, 5vv, 1611b; W vi, 70
Questa crudele e pia, 5vv, 1596; W iv, 30
Questi leggiadri odorosetti fiori (L. Celiano), 5vv, 1594a; W i, 64
Resta di darmi noia, 5vv, 1611b; W vi, 23
Se chiudete nel core, 5vv, 1596; W iv, 65
Se così dolce e il duolo (Tasso), 5vv, 1594b; W ii, 30
Se da sí nobil mano (Tasso), 5vv, 1594a; W i, 37
Se la mia morte brami, 5vv, 1611b; W vi, 13
Sento che nel partire, 5vv, 1594b; W ii, 37
Se per lieve ferita, 5vv, 1594b; W ii, 22
Se piange, ohimè, la donna, 5vv, 1595; W iii, 54
Se taccio, il duol s’avanza (Tasso), 5vv, 1594b; W ii, 33
Se tu fuggi, io non resto, 5vv, 1611a; W v, 76
Se vi duol il mio duolo, 5vv, 1611a; W v, 37
Se vi miro pietosa, 5vv, 1595; W iii, 61
Sí gioioso mi fanno i dolor miei, 5vv, 1594a; W i, 42
S’io non miro non moro, 5vv, 1611a; W v, 17
Son sí belle le rose (Grillo), 1594a; W i, 73
Sospirava il mio core, 5vv, 1595; W iii, 35
Sparge la morte al mio Signor nel viso, 5vv, 1596; W iv, 42 (sacred)
Talor sano desio, 5vv, 1596; W iv, 18
T’amo mia vita, la mia cara vita (Guarini), 160916, 1611a; W v, 79
Tirsi morir volea (Guarini), 5vv, 1594a; W i, 50
Tu che con vari accenti, 6vv, 1626; facs. in W x, 39
Tu m’uccidi, oh crudele, 5vv, 1611a; W v, 60
Tu piangi, o Filli mia, 5vv, 1611b; W, vi, 19
Tu segui, o bella Clori, 5vv, 1611b; W vi, 89
Veggio, sí, dal mio sole, 5vv, 1595; W iii, 40
Voi volete ch’io mora (Guarini), 5vv, 1595; W iii, 13
Volan quasi farfalle, 5vv, 1611b; W vi, 77


Musique religieuse:

Sacrarum cantionum liber primus, 5vv (Naples, 1603) [1603a]
Sacrarum cantionum liber primus, 6, 7vv (Naples, 1603), inc. [1603b]
Responsoria et alia ad Officium Hebdomadae Sanctae spectantia, 6vv (Gesualdo, 1611) [1611]
Works in 1585, Salmi delle compiete de diversi musici napolitani, 4vv, ed. M. Magnetta (Naples, 1620)

Adoramus te, Christe, 6vv, 1603b; W ix, 51
Ad te levavi, 6vv, 1603b; W ix, 77
Aestimatus sum (Sabbato Sancto), 6vv, 1611; W vii, 87
Amicus meus (Feria V), 6vv, 1611; W vii, 20
Animam meam dilectam (Feria VI), 6vv, 1611; W vii, 54
Ardens est cor meum, 6vv, 1603b; W ix, 65
Assumpta est Maria, 6vv, 1603b; W ix, 58; completed by I. Stravinsky, Tres sacrae cantiones (London, 1960)
Astiterunt reges terrae (Sabbato Sancto), 6vv, 1611; W vii, 85
Ave, dulcissima Maria, 5vv, 1603a; W viii, 17
Ave, regina coelorum, 5vv, 1603a; W viii, 11
Ave, sanctissima Maria, 6vv, 1603b; W ix, 26
Benedictus Dominus Deus Israel, 6vv, 1611; W vii, 93
Caligaverunt oculi mei (Feria VI), 6vv, 1611; W vii, 64
Da pacem, Domine, 6vv, 1603b; W ix, 19; completed by I. Stravinsky, Tres sacrae cantiones (London, 1960)
Deus refugium, 5vv, 1603a; W viii, 54
Dignare me, laudare te, 5vv, 1603a; W viii, 24
Discedite a me omnes, 6vv, 1603b; W ix, 35
Domine, ne despicias, 5vv, 1603a; W viii, 28
Ecce quomodo moritur justus (Sabbato Sancto), 6vv, 1611; W vii, 82
Ecce vidimus eum (Feria V), 6vv, 1611; W vii, 16
Eram quasi agnus innocens (Feria V), 6vv, 1611; W vii, 29
Exaudi, Deus, deprecationem meam, 5vv, 1603a; W viii, 42
Franciscus humilis et pauper, 6vv, 1603b; W ix, 81
Gaudeamus omnes diem festum celebrantes, 6vv, 1603b; W ix, 39
Hei mihi, Domine, 5vv, 1603a; W viii, 30
Illumina faciem tuam, 5vv, 1603a; W viii, 60
Illumina nos misericordiarum, 7vv, 1603b; W ix, 89; completed by I. Stravinsky, Tres sacrae cantiones (London, 1960)
In monte Oliveti (Feria V), 6vv, 1611; W vii, 9
In te, Domine, speravi, 4vv, Salmi delle compiete (Naples, 1620); W x, 26
Jerusalem, surge (Sabbato Sancto), 6vv, 1611; W vii, 72
Jesum tradidit impius (Feria VI), 6vv, 1611; W vii, 61
Judas mercator pessimus (Feria V), 6vv, 1611; W vii, 24
Laboravi in gemitu meo, 5vv, 1603a; W viii, 33
Maria, mater gratiae, 5vv, 1603a; W viii, 63
Miserere mei, Deus, 6vv, 1611; W vii, 96
Ne derelinquas me, 6vv, 1603b; W ix, 69
Ne reminiscaris, Domine, 5vv, 1585; ed. in Piccardi
O anima sanctissima, 6vv, 1603b; W ix, 85
O beata mater, 6vv, 1603b; W ix, 73
O crux benedicta, 5vv, 1603a; W viii, 48
Omnes amici miei (Feria VI), 6vv, 1611; W vii, 40
O Oriens, 6vv, 1603b; W ix, 31
O sacrum convivium, 6vv, 1603b; W ix, 47
O vos omnes, 5vv, 1603a; W viii, 40
O vos omnes (Sabbato Sancto), 6vv, 1611; W vii, 80
Peccantem me quotidie, 5vv, 1603a; W viii, 36
Plange quasi virgo (Sabbato Sancto), 6vv, 1611; W vii, 75
Precibus et meritis beatae Mariae, 5vv, 1603a; W viii, 45
Recessit pastor noster (Sabbato Sancto), 6vv, 1611; W vii, 77
Reminiscere miserationum tuarum, 5vv, 1603a; W viii, 21
Sana me, Domine, 6vv, 1603b; W ix, 23
Sancti Spiritus, Domine, corda nostra, 5vv, 1603a; W viii, 26
Seniores populi (Feria V), 6vv, 1611; W vii, 37
Sepulto Domino (Sabbato Sancto), 6vv, 1611; W vii, 90
Sicut ovis (Sabbato Sancto), 6vv, 1611; W vii, 68
Tamquam ad latronem (Feria VI), 6vv, 1611; W vii, 49
Tenebrae factae sunt (Feria VI), 6vv, 1611; W vii, 51
Tradiderunt me (Feria VI), 6vv, 1611; W vii, 59
Tribularer si nescirem, 5vv, 1603a; W viii, 51
Tribulationem et dolorem inveni, 5vv, 1603a; W viii, 57
Tristis est anima mea (Feria V), 6vv, 1611; W vii, 13
Una hora non potuistis (Feria V), 6vv, 1611; W vii, 33
Unus ex discipulis meis (Feria V), 6vv, 1611; W vii, 26
Velum templi (Feria VI), 6vv, 1611; W vii, 44
Veni Creator Spiritus, 6vv, 1603b; W ix, 43
Veni sponsa Christi, 6vv, 1603b; W ix, 54
Venit lumen tuum, 5vv, 1603a; W viii, 14
Verba mea, 6vv, 1603b; W ix, 61
Vinea mea electa (Feria VI), 6vv, 1611; W vii, 47
Virgo benedicta, 6vv, 1603b; W ix, 15

Musique Instrumentale:

3 ricercari, a 4, in G. de Macque: Ricercate et canzoni francese (Rome, 1586)
Canzon francese, a 4, kbd, GB-Lbl Add.30491; W x, 16
Gagliarda, a 4, I-Nc 4.6.3; W x, 22
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Snoopy
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MessageSujet: Re: Carlo Gesualdo (1566-1613)   Carlo Gesualdo (1566-1613) EmptySam 7 Aoû 2021 - 15:28

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Pébété

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MessageSujet: Re: Carlo Gesualdo (1566-1613)   Carlo Gesualdo (1566-1613) EmptyMar 5 Avr 2022 - 16:02

Une série de madrigaux assez novatrice pour l'époque

Se la mia morte brami


https://www.youtube.com/watch?v=mR-ylavYCSI
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joachim
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MessageSujet: Re: Carlo Gesualdo (1566-1613)   Carlo Gesualdo (1566-1613) EmptySam 2 Sep 2023 - 21:30

Source : https://www.rtbf.be/article/carlo-gesualdo-le-prince-compositeur-assassin-decede-a-la-suite-d-une-seance-de-flagellation-consentie-11246731?utm_campaign=Musiq%273_+31-08-2023&utm_medium=email&utm_source=newsletter


La scène du crime nous emmène à Gesualdo, petite ville située en Campanie, à l’Est de Naples, nous sommes le 8 septembre 1613 et ce n’est rien moins qu’un prince qui vient d’être retrouvé mort à 47 ans, le prince de Venosa mais que toute l’Italie connaît par son vrai nom, et son autre activité : le compositeur Carlo Gesualdo, maître incontesté du Madrigal de la Renaissance. Les circonstances de sa mort sont assez particulières et vont faire couler beaucoup d’encre à l’époque. Le prince compositeur a été retrouvé nu et a probablement succombé à une séance de torture consentie, plus exactement une flagellation, sorte de châtiment de pénitence perpétré à la demande du compositeur lui-même par une douzaine de jeunes gens qu’il avait engagés pour l’occasion.

On lui prêtait "cette étrange maladie, qui lui rendait agréables les coups qu’il se faisait donner sur les tempes et sur d’autres parties du corps, en se protégeant avec quelques torchons enroulés". Mais pourquoi s’infligeait-il de telles séances de torture, quelle faute estimait-il devoir expier, et surtout pourquoi tout le Royaume de Naples à l’époque n’a finalement pas été si étonné de voir partir ce prince dans des circonstances si scabreuses ? C’est ce que va révéler notre enquête, une enquête qui commence en 1584, presque 30 ans plus tôt, à la cour de Venosa, située à environ 80 kilomètres de Gesualdo.

Carlo Gesualdo, de la carrière d’ecclésiastique à la charge princière
Nous sommes en 1584, à la cour de Venosa, et la famille princière qui y habite est en deuil : l’héritier, le fils du prince Fabrizio Gesualdo, vient de mourir des suites d’une chute de cheval. Fabrizio Gesualdo avait eu quatre enfants : Luigi – qui vient de mourir – Isabella, Vittoria et, le petit dernier Carl, qui a alors 18 ans. Rien ne prédestinait le jeune homme à endosser la charge princière. En tant que cadet de la famille, il était plutôt destiné à une carrière ecclésiastique.
Mais par cette journée de 1584, le fil de son destin va prendre un virage à 180 degrés. D’abord parce que son père va le presser de se marier : du temps où il n’était pas dans la succession, ça n’avait pas d’importance, mais son frère n’ayant pas laissé d’héritier, c’est à Carlo qu’il va désormais incomber de perpétuer la lignée des Gesualdo. Il choisit donc – un peu dans l’urgence – sa cousine germaine, Maria d’Avalos, fille du Duc de Pescara. Maria d’Avalos n’en est pas à son premier mariage, elle a déjà connu (et enterré) deux maris auparavant et donné naissance à deux enfants. On la disait très belle, mais ce qui aura motivé le choix de la famille Gesualdo, c’est surtout "d’avoir donné des signes suffisants de fécondité".
Trois ans plus tard, Maria d’Avalos donnera naissance à un petit Emanuele, héritier de la lignée Gesualdo. Même à l’époque, le lien de parenté entre les deux époux avait paru fort proche et il avait fallu demander un recours exceptionnel auprès du pape pour pouvoir célébrer cette union. Néanmoins, le mariage entre Carlo Gesualdo et Maria d’Avalos semble avoir aussi été guidé par l’amour et le désir, en tout cas dans un premier temps, puisqu’ils semblent avoir été parfaitement heureux durant trois ou quatre ans. Les premières pièces publiées par le jeune compositeur datent de cette époque-là.

Gesualdo, maître du madrigal
Plus le temps va passer, plus Carlo Gesualdo va délaisser son épouse, au profit de sa musique. Et quelle musique ! Au fil du temps, Gesualdo va s’imposer comme un véritable maître du madrigal, un genre qu’il va sublimer par un nouveau langage musical, totalement libre et sans contraintes. L’ambiance est souvent teintée d’angoisse, parfois violente, mais c’est le texte qui est remarquablement servi à chaque occasion. Il faut vous dire que quelqu’un s’est amusé à analyser les madrigaux de Gesualdo et un mot sur cinq concerne la mort ou la souffrance.
Toujours est-il que Gesualdo va passer plus de temps sur son luth et sur ses partitions qu’auprès de sa belle et jeune épouse. La beauté de cette dernière, conjuguée à sa nouvelle solitude, aura été le terreau idéal pour des aventures extra-conjugales. Un jeune duc, Fabrizio Carafa, duc d’Andria, va se laisser séduire et vivre avec Mme Gesualdo une liaison dans les murs même de leur palais napolitain, presque sous le nez du compositeur qui, pendant deux ans, va laisser faire, sans doute trop accaparé par ses musicales affaires, ou peut-être était-il au courant et fomentait-il sa vengeance ? Une vengeance qui prendra chair un soir d’octobre 1590 sous la forme d’un double assassinat, particulièrement cruel !

Une vengeance violente et sanglante, qui ne sera jamais punie par la loi

Nous sommes à Naples au soir du 16 octobre 1590, dans le palais du Prince Gesualdo. Le matin même, le compositeur avait annoncé à sa femme qu’il partait chasser en forêt d’Astroni pendant deux jours. De quoi endormir ses soupçons et surtout, de quoi tendre un piège à son épouse infidèle qui, effectivement, va bien vite faire venir au palais son amant, le duc Fabrizio Carafa.
Dans l’ombre, Carlo Gesualdo, qui avait été mis au courant par l’un de ses oncles de cet adultère qui durait depuis deux ans déjà, affûtait la lame de sa vengeance. A la "sixième heure de la nuit" (c’est-à-dire environ à une heure du matin), Gesualdo réveille son domestique, et lui demande de lui apporter de l’eau et de l’aider à s’habiller. Le serviteur s’exécute mais s’étonne de l’heure tardive pour faire sa toilette. "C’est que je pars chasser", répondra le Prince, mais "Tu verras quelle sorte de chasse je fais !".
A ces mots, il tire de sous son lit une épée bien affûtée, une dague, un poignard et une petite arquebuse, tout un arsenal qui effectivement n’a pas grand-chose à voir avec la chasse. Suivi de son domestique, Gesualdo monte alors l’escalier qui menait aux appartements de son épouse. Devant la porte, l’attendaient déjà trois hommes armés chacun d’une hallebarde et d’une arquebuse. Signe que l’expédition avait été minutieusement préparée. Au signal du compositeur, les hommes en arme enfoncent la porte, et entrent dans la chambre de Maria d’Avalos. Ils l’y surprennent, bien évidemment, dans les bras de son amant. Le domestique, ayant eu pour consigne de maintenir dans l’antichambre la servante de madame et la nourrice entendra deux coups de feu, suivis d’une volée d’insultes : "Tue, tue cet infâme et cette traînée ! Des cornes à la famille Gesualdo ?"
Les trois hommes ressortiront ensuite, suivis de près par Carlo Gesualdo, les mains recouvertes de sang. Il cherchait l’entremetteuse, celle qui avait sans doute présenté l’un à l’autre les deux amants, mais comme elle n’était pas là, il est retourné dans la chambre pour achever le couple agonisant en criant "Elle ne doit pas être encore morte !" avant de lui porter plusieurs coups dans la région du bas-ventre. Cette version est sans doute la plus fidèle dont on dispose, puisqu’elle figurait dans l’enquête administrative et officielle qui a été menée à l’époque.
Carlo Gesualdo est un assassin, il n’y a aucun doute là-dessus, il vous l’aurait même dit lui-même, et pourtant, il ne sera jamais poursuivi par la justice pour son crime, pourquoi ? Parce que, comme Prince, il disposait du droit de venger son honneur devant l’infidélité avérée de sa femme. Mais bien qu’il soit protégé par la loi, et ce droit communément admis à l’époque, la sévérité du châtiment, et surtout la violence du crime de Gesualdo va particulièrement émouvoir tout le royaume de Naples et même la noblesse romaine du Vatican. Les membres de la famille Carafa reprocheront surtout à Gesualdo d’avoir eu recours à des serviteurs pour supprimer le duc Fabrizio, et de ne pas l’avoir fait lui-même. La colère du reste de la famille, de la belle-famille, obligera Gesualdo à se retirer dans ses domaines, à Gesualdo, pour se prémunir contre les effets de leur colère et d’une éventuelle vendetta.

Du profane au sacré
C’est donc dans la ville de Gesualdo que Carlo Gesualdo va désormais s’installer – accompagné par une partie de sa famille - pour faire profil bas après avoir perpétré son double meurtre, certes motivé par la soif de vengeance mais assez mal perçu par ses contemporains. C’est dans ces circonstances que son père, Fabrizio Gesualdo, va mourir et que le compositeur va se retrouver à la tête de l’une des plus grandes fortunes de toute l’Italie du Sud.
Quatre ans après son coup de folie sanglant et l’exil qui l’a suivi, il est temps pour Carlo Gesualdo de se remarier. Ce qu’il va faire avec Eleonore d’Este, qui lui donnera un second fils, nommé Alfonsino, qui mourra prématurément en bas âge, à seulement 5 ans. La réputation assassine du compositeur ne tardera pas à le rendre responsable de la mort de cet enfant, dont on dit qu’il n’aurait pas été secouru par son père. D’aucuns prétendent même que Gesualdo aurait étouffé son pauvre enfant malade. Les relations entre Gesualdo et sa femme se détérioreront à partir de ce moment-là et le compositeur tournera de plus en plus son intérêt – sinon vers la musique, vers la foi.

C’est par ailleurs dans cette deuxième partie de sa vie que Gesualdo va se mettre à composer des œuvres sacrées. Une dévotion qui ne s’arrêtera pas à la composition. Comme poussé par un soudain besoin de rédemption, il va tout mettre en œuvre pour montrer au monde (et à Dieu aussi peut-être) toute sa contrition.
Il commandera notamment une peinture religieuse au peintre florentin Giovanni Balducci, représentant Gesualdo lors du Jugement Dernier. Et il n’est pas tout seul, on y voit son oncle maternel, qui était cardinal, en position de protecteur, on y voit aussi Marie-Madeleine, la Vierge Marie, Saint François d’Assise, Saint Dominique et Sainte Catherine de Sienne et tous semblent supplier le Christ pour obtenir la rémission des péchés du compositeur. Et puis il y a ce personnage, d’abord identifié comme une nonne mais qui, en sous-couche, s’avérera être la représentation de son épouse, la fameuse Eléonore d’Este. Si elle ne le soutenait pas dans sa vie, Gesualdo avait tenu à ce que la postérité la représente comme une femme aimante et compréhensive.
Cette peinture est conservée encore aujourd’hui dans la chapelle privée de l’église Santa Maria delle Grazie de la ville de Gesualdo. Musicalement, c’est à ce moment-là que le compositeur va s’atteler à sa dernière grande œuvre, dont le titre ne peut que nous ramener à sa sombre réputation, ça s’appelle Tenebræ Responsoria, les Réponses des Ténèbres.

Le compositeur veut coûte que coûte conserver la lignée Gesualdo

A partir de 1613, les choses vont un peu se précipiter pour Gesualdo : Emanuele, son seul fils encore vivant, né de sa première union avec Maria d’Avalos, va mourir des suites d’une chute de cheval. Gesualdo le sait, avec la mort de son fils s’éteint aussi tout espoir de perpétuer le nom et le sang de sa famille. Il va tenter le tout pour le tout et, par des manœuvres testamentaires, essayer de marier sa petite-fille à naître avec l’un ou l’autre membre de la famille Gesualdo. Ses volontés disaient ceci : "Si l’enfant qui naîtra est une fille (ce qui sera donc le cas), je l’institue comme héritière universelle de tous mes biens. Je veux, j’ordonne et commande qu’elle prenne comme mari l’aîné de Don Cesare Gesualdo ou, à défaut, son deuxième ou troisième fils, ou un autre dans cet ordre, et si la lignée dudit Don Cesare venait à s’éteindre, qu’elle prenne, dans le même ordre, un des fils de Cesare Gesualdo, fils de Michele Gesualdo, et si pareillement la lignée de Cesare venait à s’éteindre, qu’elle prenne pour époux un autre de la maison Gesualdo, le plus proche de ladite famille".

Le compositeur veut coûte que coûte conserver l’intégralité de ses titres, de ses terres et de ses domaines féodaux dans la famille Gesualdo, sous le nom Gesualdo. Une volonté qui ne sera pas respectée puisque la petite-fille en question épousera finalement Nicolò Ludovisi, bien en dehors du cercle familial souhaité par Gesualdo. Mais pour l’heure, le compositeur sent que les choses lui échappent, et peut-être même que son noir destin le rattrape. Alors, comme une quête désespérée de rédemption, Carlo Gesualdo va s’adonner à des pratiques, toujours plus sévères, de pénitence et de châtiments corporels. Ça peut paraître absurde, voire pervers, mais rappelons que ce genre d’auto-punition était encouragé à l’époque par la spiritualité née de la Contre-Réforme et que ces séances de "mortification de la chair" sont restées assez répandues jusqu’à la fin du XVIIe siècle.
Mais malgré ces séances de flagellation quasi-quotidiennes, le bilan de sa vie passée ne lui apporte aucune consolation : son premier mariage s’est achevé sur l’infidélité et le meurtre, son second mariage ne lui a procuré au bout du compte qu’une distraction momentanée avant de se détériorer en une situation domestique intenable. Son deuxième fils, Alfonsino, est mort étouffé et partout l’on raconte que le compositeur aurait une fois de plus du sang sur les mains, et par-dessus le marché, le fils né de son premier mariage, Emanuele, et qui le traitait en étranger depuis des années, vient de mourir, faisant mourir la lignée des Gesualdo.

Un parcours jalonné de violence et de sang
Nous voilà revenus au point de départ, au château de Gesualdo, devant la dépouille de ce prince compositeur, de ce prince assassin qui au bout du compte sera aussi peut-être un prince assassiné. C’est vraisemblablement lors de l’un de ses exercices de pénitence qu’il a succombé, sous les coups de fouets de dix ou douze jeunes garçons, payés pour être ses bourreaux. Personne évidemment ne témoignera des circonstances exactes de sa mort, on l’a retrouvé seul, mais personne ne s’étonnera non plus de cette fin pour le moins sordide.
Après tout, le sang et le mystère auront tellement jalonné son parcours que son point final ne pouvait être que du même acabit. En regard de sa vie, on aimerait croire que ce sont les démons de Gesualdo qui l’ont rattrapé et que ce prince torturé aura passé la fin de sa vie à payer sa conduite. En vérité, on ne le saura jamais. De toute évidence, la violence du personnage continuera de travailler l’homme, et de hanter sa musique. Et ce ne sont pas ses madrigaux empreints de souffrance qui diront le contraire.
Mais c’est sans doute précisément une vie si insolite qui aura permis dans sa musique les audaces les plus étonnantes. Une musique qui cristallisera à elle seule toute l’ambivalence des émotions humaines : contradictoires, imparfaites, douloureuses… dissonantes.


Vincent Delbushaye
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Pébété

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MessageSujet: Re: Carlo Gesualdo (1566-1613)   Carlo Gesualdo (1566-1613) EmptyMer 27 Mar 2024 - 14:24

Le premier livre de Sacræ Cantiones (titre original en latin, Sacrarum Cantionum quinque vocibus liber Primus) est un recueil de dix-neuf motets à cinq voix composés par Carlo Gesualdo et publiés à Naples en 1603.

Sacrarum cantionum quinque vocibus



    Odhecaton,
    Ensemble Mare Nostrum,
    Paolo Da Col, direction  
    Liuwe Tamminga, organ

    00:00 I. O vos omnes
    02:46 II. Giovanni Maria Trabaci: Consonanze stravaganti
    04:53 III. Domine, ne despicias deprecationem meam
    07:08 IV. Sancti Spiritus, Domine, corda nostra
    08:52 V. Exaudi, Deus, deprecationem meam
    11:22 VI. Venit lumen tuum
    13:51 VII. Illumina faciem tuam
    16:50 VIII. Giovanni de Macque: Intrata d'organo
    19:47 IX. Maria, Mater gratiae
    22:48 X. Precibus et meritis, beatae Mariae
    25:08 XI. Ave, dulcissima Maria
    29:00 XII. Dignare me, laudare te
    30:45 XIII. Ave, regina cœlorum
    33:47 XIV. Luzzasco Luzzaschi: Ave Maris stella
    35:40 XV. Hei mihi, Domine
    38:38 XVI. Tribulationem et dolorem inveni
    41:47 XVII. Peccantem me quotidie
    45:40 XVIII. Reminiscere miserationum tuarum
    48:54 XIX. Tribularer si nescirem
    52:20 XX. Laboravi in gemitu meo
    55:31 XXI. Deus, refugium et virtus
    58:08 XXII. Giovanni de Macque: Consonanze stravaganti per l’organo
    01:00:27 XXIII. O Crux benedicta
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Snoopy
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Snoopy

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MessageSujet: Re: Carlo Gesualdo (1566-1613)   Carlo Gesualdo (1566-1613) EmptyJeu 28 Mar 2024 - 1:37

Citation :
Sacrarum cantionum quinque vocibus

Très sympa. De jolies voix et un enregistrement de qualité Mains
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Pébété

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MessageSujet: Re: Carlo Gesualdo (1566-1613)   Carlo Gesualdo (1566-1613) EmptySam 30 Mar 2024 - 14:08

Les Tenebræ Responsoria forment un recueil de trois répons, regroupant vingt-sept motets à six voix, un psaume et un cantique composés par Carlo Gesualdo et publiés sous sa direction en 1611, par Giovanni Giacomo Carlino, dans son château de Gesualdo.

'Tenebrae Responsoria' Sabbato Sancto



    La Compagnia del Madrigale
    Rossana Bertini, soprano
    Francesca Cassinari, soprano
    Elena Carzaniga, alto
    Giuseppe Maletto, tenor
    Raffaele Giordani, tenor
    Daniele Carnovich, bass

    00:00 I. Sicut ovis ad occisionem
    03:48 II. Hierusalem, iuge et exue te
    07:39 III. Plange quasi virgo
    13:59 IV. Recessit Pastor noster
    17:43 V. O vos omnes
    21:25 VI. Ecce quomodo moritur justus
    27:21 VII. Astiterunt reges terrae
    19:52 VIII. Aestimatus sum
    34:16 IX. Sepulto Domino
    40:22 X. Et alia: Miserere mei, Deus
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