La Messe de Requiem, en ré mineur, Op. 48 par Gabriel Fauré, est l’un des requiem les plus populaires. Il est souvent considéré comme l’un des plus beaux dans sa version pour soli, chœur et orchestre.
Le Requiem a été composé sans intention particulière. Fauré en avait simplement assez de jouer toujours la même musique aux funérailles célébrées à la Madeleine. Il est possible toutefois que des considérations personnelles aient influencé la composition de l’œuvre qui débute peu après la mort de son père et qui s’achève peu après celle de sa mère. Le Requiem pourrait alors être considéré comme une expression de la tragédie personnelle de Fauré.
Il a été écrit entre 1886 et 1888 et exécuté pour la première fois à l’église de la Madeleine comme messe de funérailles, début 1888 sous la direction du compositeur, puis en concert en mai de la même année, avec une orchestration plus riche (deux cors et deux trompettes supplémentaires). Il manque encore l’Offertoire (finalisé au printemps 1889) et le Libera me (achevé en 1891).
Il existe trois versions du Requiem. La version initiale est très sobre par son orchestration : un chœur d’enfants (sopranos et altos), quatre basses et quatre ténors, orgue, cordes, timbales et harpe, sans violons ni bois. Dans la seconde version (1893), Fauré ajoute un solo de baryton dans le sixième mouvement (Libera me), des trompettes, des cors et des bassons. La version symphonique, achevée en mai 1884 (peut-être par un de ses élèves), ne fut publiée qu’en 1900. Elle ajoute davantage de bois, de cordes, de cuivres et est la plus fréquemment jouée.
Cette œuvre apporte plusieurs innovations au genre. Fauré a en effet modifié quelque peu la structure liturgique traditionnelle, omettant le Dies irae (ou plutôt en en faisant un passage de deux pages inséré dans le Libera me) et le Rex tremendae, et ajoutant le In Paradisum. A la place du jugement dernier de l’Apocalypse, on trouve ainsi une vision du paradis sereine et réconfortante.
L’atmosphère générale du Requiem donne une impression de douceur, d’émerveillement, d’espérance et d’humilité, tempérée par quelques passages forte où l’on ressent la frayeur, la douleur, le doute.
Un exemple typique de ces alternances de couleur se trouve dans les premières phrases de l’Introit.
(pianissimo)
Requiem æternam
Dona eis domine
(forte)
Et lux perpetua
(diminuer)
Luceat, luceat, luceat eis...
Fauré a dit à propos de son œuvre : « Mon Requiem, on a dit qu’il n’exprimait pas l’effroi de la mort, quelqu’un l’a appelé une berceuse de la mort. Mais c’est ainsi que je sens la mort : comme une délivrance heureuse, une aspiration au bonheur d’au-delà, plutôt que comme un passage douloureux... Mon Requiem a été composé pour rien... pour le plaisir si j'ose dire... Peut-être ai-je ainsi, d’instinct, cherché à sortir du convenu, voilà si longtemps que j’accompagne à l’orgue des services d’enterrement ! J’en ai par-dessus la tête. J’ai voulu faire autre chose.»
Ce Requiem a été chanté pour les propres funérailles de Fauré en 1924.
Il a beaucoup inspiré Maurice Duruflé, qui en a composé un avec la même structure liturgique.
Cette œuvre est composée de sept parties (tous les textes sont en latin) et sa durée d’exécution est d’environ trente minutes.
I. Introit et Kyrie (chœur)
II. Offertoire (baryton solo et chœur)
III. Sanctus (chœur)
IV. Pie Jesu (soprano solo)
V. Agnus Dei et Lux Aeterna (chœur)
VI. Libera Me (baryton solo et chœur)
VII. In Paradisum (chœur)
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