Les flûtes enchantées qui nous enchanteront toujours...

Oui, merci pour cette belle clôture Icare... et bonne question de Laudec ! 

laudec a écrit:

Bien belle clôture avec la flûte de pan et Ennio Morricone
Où nous emmèneras-tu pour ton nouveau cycle ?

Trois ans après, pourquoi pas du côté des concertos pour flûtes de Georg Philipp Telemann (1681-1767) par le talentueux Emmanuel Pahud, le "Berliner Barock Solisten" sous la direction de Rainer Kussmaul, c'est-à-dire, par souci de précision  : le Concerto pour flûte, cordes et basse continue en sol majeur - TWV 51-G2, le Concerto pour flûte, violon, violoncelle, cordes et basse continue en la majeur, de "Musique de Table I" - TWV 53 A2, le Concerto pour 2 flûtes, violone, cordes et basse continue en la mineur - TWV 53a1, le Concerto pour flûte, hautbois d'amour, viola d'amour, cordes et basse continue en mi majeur - TWV 53e1 et le Concerto pour flûte, cordes et basse continue en ré majeur - TWV 51D2. Je les ai réécoutés aujourd'hui à l'occasion d'un nouveau cycle un peu particulier, intitulé "La loi des séries". Il ne s'agit pas d'un cycle autour de la flûte, mais d'un cycle autour d'une série d'oeuvres pouvant porter le même titre, exemple: les Dix Inventions de Jan klusak que je viens d'évoquer sur le fil adéquat ou encore les Choros de Heitor Villa-Lobos que je vais réécouter bientôt. Sur les concertos pour flûte de Telemann, je suis toujours un peu avec la même impression: une musique qui ne me transporte pas très haut, malgré qu'elle soit très bien interprétée, mais qui est très plaisante et chantante dans son ensemble.

En revanche, j'aime beaucoup ce concerto-là qui associe la traversière et la flûte à bec mais qui ne figure pas sur mon disque. Dommage.

https://www.youtube.com/watch?v=2D-y2kJU0lg

quel beau concerto!

laudec a écrit:

...Telemann dont j'aime toute l’œuvre

Nous avons ce point commun.

Quel beau concerto et enregistrement de qualité!

Merci Icare!  

(Je ne connaissais pas ce fil!)

On trouve ce concerto sur ce CD, par exemple:

Complètement d'accord avec vous tous, Telemann est intégralement splendide et l'oeuvre envoyée par Icare est très belle, merci à toi  !

Non seulement la flûte est belle en milieu classique, mais en plus, si l'on pense à toutes les sortes de flûtes qui existent de par le monde, avec chacune un son différent, et une technique bien locale, il y a de quoi se créer un beau paysage de notre belle planète.

Par exemple... (j'adore ! )

https://youtu.be/mpm_QXAotaE

de beaux souvenirs! merci Anouchka

Un autre souvenir, qui remonte je crois à la fin des années 1980 (ou début 1990 ?) avec Diego Modena à l'ocarina et Jean-Philippe Audin sur son violoncelle blanc :

VIDEO INDISPONIBLE

https://www.youtube.com/watch?v=tCnbmnquJOY

Le compositeur de la musique est Paul de Senneville

Il m'avait échapper ceux là!

Ah ! Les Calchakis ! Ma jeunesse ! Que sont-ils devenus ?

Ce matin, ce fut un peu de musique de chambre avec flûte à l'honneur. Elle fut composée par un compositeur peu connu né en 1938 du nom de Harvey Sollberger. Il a son propre topic et on peut y accéder en cliquant sur son nom: Harvey Sollberger. On y trouve deux commentaires assez détaillés sur les deux oeuvres que je viens de réécouter: Spillville pour flûte, alto et guitare (2006) et Perhaps Gilead pour flûte, guitare et quatuors à cordes (2010). Je ne vais donc pas les reproduire ici, vais juste résumer un peu ce que m'ont inspiré ces deux oeuvres aujourd'hui. Je peux déjà mentionner la flûte du talentueux Jan Boland qui est vraiment l'instrument que l'on remarque en premier par l'énergie qu'elle véhicule, la couleur printanière qu'elle émet à certains endroits de Spillville. Celle-ci est de caractère cyclothymique si j'ose dire. Le terme n'est certes pas banal mais je veux souligner par-là les différentes humeurs de l'oeuvre ainsi que ses différentes références et influences. Citant le Sacre de Stravinsky, elle prend une tournure plus impressionniste, lorgne vers un certain folklore, s'inspire d'une danse paysanne. Dans Perhaps Gilead, elle arbore des formes assez modernes dans un langage crispé et obsessionnel, puis revêt les habits d'une musique ancienne. La guitare de John Dowdall prend même un air de biwa au début du premier mouvement, "Constructing a Horizon: Prairie Sunset and Moonrise". Si Perhaps Gilead est d'un genre plus sombre et tourmenté, du moins dans sa première partie, l'oeuvre se terminant sur un détonnant "Fantasy-Potpourri", Spillville tombait encore mieux pour une écoute à l'aurore. Clairement, il ya des musiques de chambre qui me touchent davantage que celles-ci, avec Sollberger, ce sont surtout des instants, des passages, une ambiance par-ci par-là, une association flûte-guitare qui n'est pas pour me déplaire, tantôt accompagnée par l'alto, tantôt par un quatuor à cordes. Il en ressort une poétique intéressante et une musique, pas forcément très facile d'accès mais qui a de la personnalité et une certaine fantaisie, en tout cas pas du "tout venant" comme nous en avons discuté sur le fil "Sheller", ses quatuors, ses symphonies...

Pour rire un peu, la plus grande flûte du monde


https://youtu.be/q1Oo9cwouTE

laudec a écrit:

Et pour ceux qui préfèrent la virtuosité infinie : Maurice Stéger   Personnellement, mon cœur va vers Lucie Horsch !

Moi aussi (mais c'était prévisible ). Cela dit j'aime aussi beaucoup l'enthousiasme et la fougue que dégage Maurice Stéger quand il joue.
Deux styles différents mais tout aussi virtuose.

Par contre, contrairement à beaucoup de gens, j'aime moins Dorothée Oberlinger. Je la trouve froide jusque dans son jeu. (après avoir découvert d'autres flûtistes, donc en comparaison). C'est très subjectif mais elle ne rayonne pas du tout je trouve dans sa manière d'être et de jouer, contrairement à de nombreux flûtistes.

laudec a écrit:

Je trouve aussi que Dorothée à "l'air" plus froide dans son jeu, pourtant je l'ai écoutée en "live", rencontrée à Amsterdam et je peux te dire qu'elle est chaleureuse et enthousiaste.

Je n'en doute pas, et je reconnais que c'est purement subjectif et que cela ne s'appuie en aucun cas sur ses talents. Donc pour la personne je ne sais pas, mais je veux bien te croire.

Après, pour le jeu, par contre, j'ai des éléments de comparaison. Et même si elle n'en est pas moins talentueuse que ses confrères et consoeurs, elle "rayonne" indubitablement moins. En tout cas à mes yeux.

Citation :

Moi aussi j'ai un faible pour Lucie Horsch qui en plus de son talent ressemble à ma petite-fille et puis je l'ai vu grandir

C'est beau l'instinct maternel d'une femme

Avant de dire quelques mots sur les musiques que j'ai réécoutées aujourd'hui, Giorgio Gaslini aurait très bien pu faire partie de mon cycle précédent entièrement consacré aux "dits" modernistes italiens. Gaslini est un compositeur caméléon qui s'est montré à l'aise dans différentes formes d'expression musicale que ce soit dans le domaine de la musique absolue ou appliquée: musique tonale, atonale, religieuse, jazz, lieds... Pour cette raison, je le compare assez au compositeur argentin Lalo Schifrin.

Comme je l'ai déjà dit, chaque instrument à sa propre personnalité et derrière l'instrument, il y a évidemment la personnalité de l'interprète et du compositeur. J'ai réécouté cet après-midi cinq compositions de Giorgio Gaslini qui mettent à l'honneur la flûte et Roberto Fabbriciani:

__Aria con Figure (2012) par Roberto Fabbriciani (flûte) et Massimiliano Damerini (piano). Lorsque j'écoute cette musique, j'entrevois dans un premier temps une approche plutôt moderne avec une flûte errante, bousculée par les ponctuations espacées et atonales du piano. Puis, contre toute attente, La musique se transforme - je n'irai pas jusqu'à dire qu'elle se métamorphose, juste qu'elle se transforme - devient alors, contre toute attente, tonale et rassurante, la flûte ayant démarré sur un un ton un peu austère me prend alors par la main et me conduit vers un chemin qui m'est déjà plus familier dont les repères retrouvés me réconfortent d'une certaine manière, me deviennent plus hospitaliers, ce qui ne veut pas dire que la voie incertaine de départ m'était hostile ou ennuyeuse. L'errance sans repère me stimule aussi mais autrement. En tout cas, il y a là deux émotions distinctes qui se sont confrontées au sein d'une même oeuvre.

__Chorus (1965) - Roberto Fabbriciani - C'est une flûte seule, heureuse et solitaire qui virevolte pendant plus de neuf minutes. Elle m'avait précédemment inspiré un ressenti quelque peu poétique: "Elle me semble insaisissable dans le sens où elle ne m'émeut pas particulièrement mais de laquelle je n'arrive pas à me détacher, comme hanté par elle, par son chant impassible dans une nuit désormais tombée sans bruit.>>

__Les Carillons Fous (2011) par Roberto Fabbriciani (flûte) et Massimiliano Damerini (piano). La musique est très tonale, tonique, enjouée. Elle se divise en huit "carillons", tous très courts puisque n'atteignant pas une minute chacun à l'exception du cinquième qui la dépasse de peu. Ces huit "carillons", que je considère comme des échantillons musicaux, constituent une musique enjouée, très agréable, volatile et volubile, pas de celle qui m'est viscérale ou qui me marque en profondeur, plutôt de celle qui coud des ailes à mes douces pensées.

__Traiettorie (2011) - pour trois flûtes; d'abord dans "Non troppo lento" pour flûte basse, puis "Moderato" pour flûte en Sol et enfin "Veloce" pour flûte en Do. Bien sûr, les trois flûtes sont interprétées par Roberto Fabbriciani. J'aime surtout la flûte basse du premier extrait qui s'avère mystérieuse et méditative, avec en prime une sensation de fraîcheur que je ressens souvent avec cet instrument en particulier.

__ Logar (1955) - par Roberto Fabbriciani (flûte) et Massimiliano Damerini (piano). Dans cette pièce de sept minutes tout rond, la flûte trace tranquillement son chemin, insouciante et imperturbable, sous les effets relativement discrets d'un piano devenu percussion.

__Concerto (2011) pour flûte, cordes, harpe et percussions par Roberto Fabbriciani et l'Orchestre Philharmonique de Rome sous la direction d'Ezio Monti. Sans aucun doute, c'est l'oeuvre de l'album et finalement une de mes préférées de Giorgio Gaslini. Le concerto m'inspire le printemps, la naissance de la vie, des couleurs, l'émergence d'une vie qui renaît: Il se divise en trois mouvements; "Solenne", "Larghetto" et "Vivace". La flûte domine l'oeuvre en entier, à aucun moment ne semble s'éclipser. Elle donne le ton, mène la danse, indique le chemin à prendre. Elle sait être douce et rêveuse, comme dans le second mouvement, juste accompagnée par les cordes qui lui restent soumises jusqu'au bout. L'aboutissement dans l'aigu est superbe. J'aime beaucoup l'atmosphère du troisième mouvement, rendue en partie par un jeu contrasté des percussions, celles aux sonorités sourdes et profondes et celles aux sonorités claires et vives, peut-être mon moment préféré du concerto. Dans un passage plus calme, la flûte devient très belle et émouvante, intense et romantique, s'approche d'un dépouillement total avant de repartir dans un élan final enjoué mais qui s'achèvera sans s'étaler, sans broder, un élan dynamique et concis, tout simplement.

En redécouvrant, ce soir, Etudes d'après Maurice Denis (1994), un quatuor pour flûte et trio à cordes, j'ai été une nouvelle fois surpris et saisi par le caractère bien trempé de cette musique, par le jeu nerveux et virtuose de la flûte de Christel Rayneau et celui tout aussi énergique et incisif du trio à cordes: violon, alto et violoncelle. Cet enthousiasme s'est également poursuivi avec Sérénade de la Nuit (1989), un trio pour flûte, violon et alto, et Les Voix de l'Ombre (1991), un autre quatuor pour flûte et trio à cordes, ces trois compositions étant le fruit de l'imagination et du savoir-faire d'Antoine Tisné. J'ai retrouvé un peu l'enthousiasme de la première écoute. La musique n'est pas particulièrement douce, mélodieuse et romantique, elle est plutôt faite de tonitruances et d'effets souvent secs et déterminés. Et c'est justement ce qui me tient en haleine, me prend aux tripes. Jamais le duo ou trio de cordes ne m'est aussi saisissant que lorsqu'il s'exprime par pizzicati. Il n'est finalement pas difficile pour moi d'éprouver du plaisir et de l'exaltation à être chahuté par une musique incisive, moderne, suggestive et même interrogative, qui ne cherche pas forcément à flatter l'oreille, du genre qui tranche dans le vif, un univers chambriste agité et sans grande concession. J'aime ces formes musicales qui ne me sont pas, comment dire... confortables mais stimulantes. La flûte domine avec ardeur et insolence. Elle donne tout de suite le ton. Certains trouveront peut-être qu'elle vocifère; je dirais davantage qu'elle rayonne en plein tumulte. Mais ce n'est pas toujours elle qui monopolise mon attention, les cordes, violon, alto et violoncelle, sont aussi charismatiques. Leur présence m'est souvent viscérale. Les cordes électrisent à elles seules l'espace d'expression de la flûte, contribuant fortement à créer une atmosphère en composant aussi bien avec ses jeux, ses accélérations et même ses silences.



<<Maurice Denis, né le 25 novembre 1870 à Granville (Manche) et mort le 13 novembre 1943 à Paris (14e arrondissement), est un peintre français du groupe des nabis, également décorateur, graveur, théoricien et historien de l'art.>>

Dans Sérénade de la Nuit (1989) pour flûte, violon et alto, seul le violoncelle a provisoirement déserté les lieux, ce qui n'enlève rien à son tempérament incisif. Il réapparaîtra dans Les Voix de l'Ombre (1991) où l'on retrouve le même effectif que pour Etudes d'après Maurice Denis; flûte solo et trio à cordes. Cette composition, tout aussi énergique et expressive que les deux précédentes se compose de huit extraits: certains sont tranchés dans le vif, d'autres plus suggestifs, voire interrogatifs, comme le dernier par exemple qui m'est finalement énigmatique; c'est juste avant que la flûte ne se libère définitivement des griffes du trio à cordes sous les traits dénudés d'une courte monodie pour flûte solo: Monodie IV pour un espace sacré (1989).  

Par l'Ensemble Hélios: Christel Rayneau (flûte) - Nathanaëlle Marie (violon) - Laurent Camatte (alto) - Christophe Beau (violoncelle)

https://www.youtube.com/watch?v=GqCW9jhYCd8
(la pièce jouée dans la vidéo de qualité moyenne - flûte par moment couverte par les autres instruments - n'est pas d'Antoine Tisné.)

j'ai entendu il y a peu de temps une émission sur les flûtes du monde, et notamment cette flûte indienne assez longue, en effet. Un beau son.