Juan José FALCON SANABRIA, né en 1936

Né à Las Palmas de Gran Canaria, en 1936, Juan José Falcon Sanabria a étudié au Conservatoire de Tenerife. Il suit une formation musicale à Madrid avec Ricardo Dorado en 1960 et fait ensuite ses débuts comme chef d'orchestre. Ses compositions incluent de la musique chorale, de chambre, symphonique. Ses œuvres ont été interprétées, entre autres, par l'Orchestre Philharmonique de Gran Canaria, le Tenerife Symphony Orchestra, l'Orchestre National d'Espagne, la NDR de Hambourg, le Philharmonie d'Etat de Moldavie, l'Orchestre philharmonique slovaque et l'Orchestre philharmonique tchèque. Parallèlement à son travail de création, il développe un enseignement intense: Il a été professeur de composition au Conservatoire de Musique de Las Palmas. En mai 2004, il a créé une oeuvre pour quatuor à cordes et voix "Concurrence" pour le Cabinet Kittéraire de Palmas avec comme soliste la soprano cubaine Narmis Hernandez.

Je connais ce compositeur au travers de trois oeuvres; Atlantica (1991) pour choeur et orchestre symphonique avec récitant, Elan (1991) pour orchestre symphonique et Sinfonia Urbania (1990) pour orchestre symphonique. Ces musiques développent de belles ambiances dans lesquelles je vais me plonger à nouveau dans l'instant qui suit.

Icare a écrit:

Je connais ce compositeur au travers de trois oeuvres; Atlantica (1991) pour choeur et orchestre symphonique avec récitant, Elan (1991) pour orchestre symphonique et Sinfonia Urbania (1990) pour orchestre symphonique. Ces musiques développent de belles ambiances dans lesquelles je vais me plonger à nouveau dans l'instant qui suit.

Ce qui est formidable, quelque-part, c'est que dans ces trois oeuvres, je ressens l'océan, je ressens sa respiration, son élasticité, sa domination, son influence sur les notes, sur les gestes musicaux.  Dans une oeuvre intitulée Atlantica, cela n'a rien d'étonnant, mais c'est aussi frappant dans Elan et Sinfonia Urbana. Son second mouvement, le plus séduisant des trois, a quelque chose de profondément marin et aquatique, le jeu répété et lancinant des bois, les cordes somptueuses et envoûtantes et le xylophone qui intervient de façon récurrente, comme un appel lumineux qui se renouvelle à la surface de l'eau. Le troisième mouvement de la Sinfonia part dans une autre direction plus chahutée et bancale où des éléments de jazz viennent se greffer. On est soudainement plus proche de la ville que de l'océan. Il y a quelque chose de très marin aussi dans Elan et c'est une ambiance orchestrale qui me fait finalement tanguer de plaisir. Dans Atlantica, outre son rapport à l'océan, il y a un autre élément qui m'intrigue particulièrement: une petite danse aux trompettes revient plusieurs fois comme un leitmotiv optimiste, pointe de légèreté dans une oeuvre qui ne l'est pas forcément, bien au contraire. Voilà en tout cas des musiques qui me plaisent bien!

Mini-hommage:

https://www.youtube.com/watch?v=hkT7jbThYAw

J'ai fait une entorse au thème de mon cycle en réécoutant les oeuvres que je possède de Juan José Falcon Sanabria. Probablement le plus important compositeur de l'île de la Grande Canarie, celle-ci se situant quelque-part non loin du Maroc et pas trop loin de l'Espagne, je m'éloigne de ce fait de l'Amérique latine. Je disais dans mon précédent commentaire que sa musique respirait l'océan, empruntait de ses mouvements, de ses flux et reflux. A l'écoute d'Atlantica (1991) pour choeur et orchestre, avec un récitant (Roberto Valera) au début de l'oeuvre, qui fait une intervention succincte, je n'ai pas retrouvé cette impression. Ce fut d'abord une force, une tension dramatique, une virilité appuyée par un choeur d'hommes. La musique prend alors une dimension douce et fragile avec un choeur de femmes. Il y a une sorte de danse interprétée par des cuivres, plus principalement des trompettes, je pense même à des trompettes piccolos: la danse intervient dans l'oeuvre comme un corps étranger, disparaît, réapparaît par enchantement, peut-être la réminescence d'une festivité rudimentaire, d'une fête villageoise, d'une cérémonie quelconque... Elle tente d'émerger d'un drame musical auquel on prête la forme d'un oratorio profane. Et comme Atlantica aurait été commandé en hommage à Cristobal Colon, cela amoindrit un peu l'entorse que j'ai faite à mon cycle autour de l'Amérique latine.

Icare a écrit:

Ce qui est formidable, quelque-part, c'est que dans ces trois oeuvres, je ressens l'océan, je ressens sa respiration, son élasticité, sa domination, son influence sur les notes, sur les gestes musicaux.  Dans une oeuvre intitulée Atlantica, cela n'a rien d'étonnant, mais c'est aussi frappant dans Elan et Sinfonia Urbana. Son second mouvement, le plus séduisant des trois, a quelque chose de profondément marin et aquatique, le jeu répété et lancinant des bois, les cordes somptueuses et envoûtantes et le xylophone qui intervient de façon récurrente, comme un appel lumineux qui se renouvelle à la surface de l'eau.

Ce second mouvement de la Sinfonia Urbana (1990) est vraiment le moment qui touche au sublime. Là, je dois dire que Sanabria m'emporte dans une dimension onirique pendant environ sept minutes. Ce fut tellement gratifiant que l'envie d'y rester fut très forte.