Il me semble avoir lu quelque-part que Dominick Argento s'était beaucoup investi dans le domaine de l'opéra. Parmi les noms de compositeurs américains actuels, celui d'Argento n'est pas forcément le plus cité, le plus évoqué. On entend davantage parler de Glass, Corigliano, John Williams et Reich. Cependant, je me suis assez vite demandé à quoi pouvait ressembler sa musique et notamment des opéras tels que The Dream of Valentino ou encore The Voyage of Edgar Allen Poe sans jamais avoir l'occasion de pouvoir écouter l'un ou l'autre. Pourquoi cette attirance particulière pour des opéras d'un compositeur qui jusque là m'était totalement inconnu alors qu'il me reste tant d'opéras de l'illustre Richard Wagner à découvrir? J'ai beau creuser ma tête et chercher une réponse plausible autour de moi, rien à faire, nenni! Je n'en trouve aucune. Je me dis peut-être que Wagner est très largement édité et diffusé, que ses oeuvres sont à portée de mains. J'ai du temps devant moi. Puis peut-être aussi parce que j'aime les opéras relativement courts. Ceux, par exemple, de Xavier Montsalvatge qui environnent les cinquante minutes, sont d'une durée idéale. Ceci-dit, il y a des moments musicaux chez Wagner que j'aime beaucoup...d'autres beaucoup moins mais il ne faut pas le dire...chut!...
Faute de pouvoir écouter un opéra en entier de Dominick Argento - du coup, j'en ignore la durée - je suis tombé, la tête la première (sans trop me faire mal) - il y a quelques années de cela - sur un cd qui contient une suite de dix minutes - oui je sais, c'est maigre - de son opéra The dream of Valentino, intitulée Valentino Dances, puis une seconde suite d'environ quinze minutes tirée, quant à elle, de son opéra The Voyage of Edgar Allen Poe et portant le titre Le Tombeau d'Edgar Poe. Ces deux oeuvres sont accompagnées de trois autres compositions; Rêverie, Réflections on a Hymne Tune/ Valse Triste et A Ring of Time, avec Eiji Oue à la tête du "Minnesota Orchestra". Je vais réécouter toutes ces oeuvres aujourd'hui. Il y a très longtemps que je ne l'avais pas fait et le souvenir que j'en garde est assez mitigé. Il sera intéressant de voir ce qui va sortir de cette nouvelle écoute.
Eléments biographiques:
Dominick Argento (né le 27 Octobre 1927, York, Pennsylvanie ) est un compositeur américain, surtout réputé pour ses travaux dans l'art lyrique, notamment l'opéra et la musique chorale . Parmi ses pièces les plus connues figurent les opéras "Carte postale du Maroc" , "Fire of Miss Havisham", "Le Masque des Anges" et "The Aspern Papers". Il est également connu pour ses "Cycles de mélodies; Six Chansons Elisabéthaines et "Le Journal de Virginia Woolf" ; ce dernier lui a valu le prix Pulitzer de la musique en 1975. Dans un contexte essentiellement tonal, sa musique combine librement tonalité , atonalité et une utilisation lyrique du dodécaphonisme, mais aucune de ses musiques ne se rapproche des avant-gardes ni des modes expérimentaux de l'après- Seconde Guerre mondiale.
En tant qu'étudiant, dans les années 1950, Dominick Argento a partagé son temps entre les Etats-Unis et l'Italie. Sa musique est fortement influencée à la fois par ses instructeurs aux États-Unis et son affection personnelle pour l'Italie, en particulier la ville de Florence . Beaucoup d'œuvres d'Argento ont été écrites à Florence où il passe une bonne partie de son temps. Il a été professeur (et, plus récemment, un professeur émérite) à l' Université du Minnesota à Minneapolis . Il a été l'un des fondateurs de la Compagnie d'Opéra Center (maintenant le Minnesota Opera ).
Argento a écrit quatorze opéras ainsi que les grands cycles de mélodies, œuvres orchestrales, et de nombreuses pièces chorales pour petites et grandes formations. Beaucoup de ses oeuvres ont été commandées et créées par les artistes du Minnesota. Il a souvent fait référence à sa femme, la soprano Carolyn Bailey , comme étant son égérie: elle fut une interprète assidue de ses œuvres. Elle est morte le 2 Février 2006.
Dernière édition par Icare le 2018-01-22, 22:23, édité 4 fois
Icare Admin
Nombre de messages : 17489 Age : 60 Date d'inscription : 13/11/2009
Ce fut une grande surprise de réécouter ces oeuvres mentionnées en début de topic car Dominick Argento se révèle être un symphoniste inspiré au même titre qu'un John Corigliano ou un John Williams. D'abord, il y a sa suite Valentino Dances pleine d'élan et de vigueur, s'agitant avec aisance, parfois sur le rythme d'un tango passionné...ou passionnel...L'accordéon comme instrument soliste sous les doigts agiles de William Schimmel me plait beaucoup et puis, à un moment donné, s'invite un semblant de flamenco sur un petit jeu de castagnettes. Outre l'énergie déployée, il y a une sorte de luminosité qui imprègne toute l'oeuvre et lui apporte une ouverture vers la vie et l'espoir. La seconde pièce musicale Reverie, Reflections on a Hymn Tune m'a paru très belle aussi, une chouette écriture orchestrale pleine de nuances et de montées en intensité. Elle commence comme une rêverie, devient de douces réflexions avant une belle envolée lyrique. Un choeur plutôt discret entonne un chant concis et inattendu. Une belle emphase par l'orchestre conduira à la conclusion. La suite symphonique Le Tombeau d'Edgar Poe emploie la voix de ténor de Chad Shelton. l'oeuvre connaît là aussi de belles échappées...ou envolées....orchestrales qui s'avèrent grisantes à mon oreille tant les orchestrations me paraissent être dans la bonne ordonnance des choses, sans lourdeur, avec, par exemple, une superbe utilisation des percussions au sein du tissu harmonique.
Passée une jolie et très courte Valse Triste, A Ring of Time s'impose comme l'oeuvre la plus importante en durée. Elle se divise en quatre mouvements et chacun d'eux débute, me semble-t-il, sur un soliloque de cloches. Le troisième est celui qui a le mieux retenu mon attention. J'adore cette idée d'inclure dans un même morceau deux forces expressives qui s'affrontent: cela me renvoie à la musique qu'Ennio Morricone composa pour le film de Peter Fleischmann La Faille et pour lequel il fait fusionner une marche militaire et un thème d'atmosphère particulièrement atonal (tous deux composés par ses soins). l'effet est garanti, plaçant la marche dans un étau dissonant et intense. J'aime beaucoup le conflit entre les deux "entités" sans que l'une ne prenne réellement le dessus sur l'autre. Dans un style très différent, Argento amène une situation similaire dans Fall. Une sorte de marche se retrouve là aussi prise en étau avec des éléments conflictuels de l'orchestre qui lui infligent une pression dramatique. Le conflit est là encore assez saisissant.
Icare Admin
Nombre de messages : 17489 Age : 60 Date d'inscription : 13/11/2009
A propos de la Suite pour orchestre avec accordéon, Valentino Dances de Dominick Argento, par Mary Ann Feldman.
<<Pour Argento, le tango symbolise le glamour des années 1920. Le rêve de Valentino, treizième dans la lignée de ses opéras remarquablement divers, capture l'ère du cinéma muet d'Hollywood, lorsque Rudolf Valentino était sa star en titre. Après sa création en 1994 par le Washington National Opera, l'œuvre a été présentée à Dallas et à Kassel, en Allemagne. En 1997, le compositeur a extrait de la partition une série de tangos - tous ses propres airs - et intitulé collectivement la nouvelle œuvre orchestrale valentino dances. Aucun numéro de salle de bal ne surpasse le tango en évoquant la sensualité du temps; aucune danse dans les années 1990 n'a été relancée avec plus de ferveur dans le monde entier, y compris dans des endroits improbables comme la Finlande glacée. Pour cette suite d'orchestre, qui comprend une section de percussions extravagante avec harpe, piano et saxophone alto mi bémol, Argento a élargi et réorchestré plusieurs numéros de l'opéra. Le premier est associé à l'emploi de l'acteur en tant que danseur de taxi à New York; le second s'identifie à la femme qu'il est destiné à épouser; et le troisième est tiré du deuxième acte de l'opéra, lorsque Valentino se produit lors de tournées sur route. Admettant qu'il n'a lui-même jamais dansé le tango, le compositeur note qu'il s'agit de sa première partition à faire de l'accordéon. Dans des solos passionnés, le son "reedy" de l'instrument évoque une nostalgie d'antan et le héros condamné qui a servi son icône.>>
Je ne me suis pas rappelé de cette oeuvre lorsque j'ai réalisé un cycle autour de l'accordéon et du bandonéon. Ces "danses de Valentino" en font un beau préambule. Peut-être les rajouterai-je. J'ai aussi réécouté Rêverie, Reflections on a Hymn Tune/Le Tombeau d'Edgar Poe, une autre suite tirée de l'un de ses opéras, The Voyage of Edgar Allen Poe avec le ténor Chad Shelton, une courte Valse Triste et A Ring of Time, par le "Minesota Orchestra" sous la direction d'Eijie Oue. Une musique symphonique maîtrisée et fort irisée avec ses moments de douceur et de flamboyance, ses insertions de "musiques populaires": tangos et valses avec aussi l'accordéon de William Schimmel, mais sans sombrer dans la mièvrerie ni même la vulgarité: une élégance à toute épreuve aussi bien dans le style que dans les orchestrations.
joachim Admin
Nombre de messages : 27128 Age : 77 Date d'inscription : 19/08/2006
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