José Evangelista (1943-2023)

José Evangelista (né le 5 Août 1943 à Valence, mort le 10 janvier 2023 à Montréal) est un compositeur espagnol et professeur de musique qui a émigré à Montréal, Canada. Membre de la Ligue canadienne des compositeurs, les Sociedad General de Autores y Editores, et associé du Centre de musique canadienne, Evangelista est connu pour son engagement envers la musique classique contemporaine et la musique non occidentale. En 1974, il s'est vu décerner le premier prix dans la Confederación Española de Cajas de Ahorros à Madrid pour son "En guise de fête". En 1978, il a contribué à fonder "Les Événements du neuf", une société de concerts dédiée à la musique d'avant-garde. En 1982, il a reçu un prix spécial du ministère espagnol de la Culture pour son oeuvre "Vision", et en 1988 il a remporté le premier prix du concours choral  de l'église St Mary Magdalene à Toronto pour son O quam suavis est. Depuis 1972, il enseigne à la faculté de musique de l'Université de Montréal. Parmi ses élèves notables se trouve la compositrice Analia Llugdar.


Né à Valence, Evangelista a commencé sa formation professionnelle à l'Université de Valence, où il a étudié l'informatique pendant sept ans et a obtenu un diplôme dans cette discipline en 1967. Dans le même temps, il a poursuivi des cours de musique au conservatoire de Valence et a obtenu un premier prix en composition musicale en 1967. Son professeur le plus influent dans cette école était Vicente Asencio (1908-1979) qui lui a enseigné l'harmonie, la composition et l'orchestration. Evangelista a épousé Matilde Asencio Salvador, la fille de Asencio et de sa femme, la compositrice Matilde Salvador i Segarra.

En 1969, Evangelista a déménagé au Canada et s'est installé dans la ville de Montréal. En 1970-1973, il a été l'élève d'André Prévost à l'Université de Montréal où il a obtenu une maîtrise en musique et composition. En 1974, il a étudié la musique contemporaine au Conservatoire de Darmstadt pour un semestre, puis y retourna pour des études similaires en 1984 quand il a été nommé compositeur en résidence au Darmstädter Ferienkurse. À l'automne de 1974, il entra au programme de musique de troisième cycle à l'Université McGill où il a étudié la composition avec Bruce Mather et a obtenu un doctorat en musique en 1981.

Evangelista a été actif au Canada avec les Traditions musicales du Monde, une société de concerts dédiée à la promotion de la musique non occidentale qu'il a contribué à fonder. Il a développé un intérêt pour la musique et la culture de l'Asie du Sud et un certain nombre de ses compositions reflètent cet intérêt. Afin de poursuivre ses études dans cette musique, il a vécu en Indonésie au cours des étés 1976 et 1980 et en Birmanie au cours de l'été 1986 où il a étudié le gamelan javanais et le piano birman. Il a été compositeur en résidence à l' Akademi Musik Indonesia à Yogyakarta en 1986.

Il meurt à Montréal le 10 janvier 2023 à l'âge de 79 ans.


Oeuvres

Sonatine für Flöte und Klavier, 1971
Un mur à peine für Sopran und acht Musiker, 1972
En guise de fête für Sopran und Kammerensemble, 1974
Monsieur Plume, un homme paisible für Sopran und Cello, 1974
Arabesco für Stimme und Cello, 1975
Coros tejiendo, voces alternando für zwölf Stimmen, 1975
Miroir fugace für Streichorchester, 1975
Va-et-vient für Sopran, Flöte, Klarinette und elektrische Orgel, 1976
Consort für drei Stimmen, zwei Harfen und Streicher, 1977
Immobilis in mobili für drei Bläser, drei Streicher, zwei Klaviere und Schlagzeug, 1977
Carrousel für Ondes Martenot und Vibraphon, 1978
Vent d'est, Ballettmusik, 1979
Motionless Move für drei Bläser, vier Streicher, Harfe, Keyboard, Schlagzeug, zwei Synthesizer und elektrische Gitarre, 1980
Pentagramme, Ballettmusik, 1980
Rainbow, Ballettmusik, 1981
Light and Shade für 11 Musiker, 1981
Ay, luna für gemischten Chor, 1981
Brisé für Gitarre, 1982
Vision für Mezzosopran, Klavier, Harfe, elektrische Gitarre, Cello und Vibraphon, 1982
Clos de vie für Klavier, Harfe, Cembalo, elektrische Gitarre, Banjo, vier Streicher und Vibraphon, 1983
Kotekan für gemischten Chor, 1983
Rodolphe, Ballettmusik, 1983
Duo staccato für Violine und Klavier, 1984
Rondo für Lautenensemble, 1984
Éléphant dans le noir für kleines Orchester, 1985
Piano concertant für Klavier und Orchester, 1986
Dans la nuit für Harfe, Synthesizer, Vibraphon und Marimbaphon, 1986
Merapi für zwei Bläser, drei Streicher, Harfe und Vibraphon, 1986
Nocturn i Albada für Gitarre, 1986
Dum esset rex für gemischten Chor, 1986
O quam suavis est für gemischten Chor, 1987
Ecos für Orgel, 1987
La Porte, Monodram für Sopran und Schlagzeug, 1987
Piano concertant, für piano und Orchester, 1987
Monodas españolas für Klavier, 1988
Monody Quartet für Kammerensemble, 1989
O Bali für Kammerensemble, 1989
Alice & friends, 1990
Airs d'Espagne, 1992
Violonissimo für violine und Orchester, 1992
Symphonie minute, 1994
Alap & gat, 1998
Exercices de conversation, Oper (Libretto von Eugène Ionesco), 2000
Cancionero, 2001
Concertino, 2001
Manuscrit trouvé à Saragosse, Oper, 2001
Concerto con brio für Streicher, 2004

Et moi qui croyais avoir déjà fait sa biographie ici...Merci Joachim car j'apprécie beaucoup la musique de ce compositeur canadien d'origine espagnole. Je possède quelques unes de ses oeuvres en cd,  Alap & Gap pour orchestre de chambre, Clos de vie pour ensemble, Piano Concertant, pour piano et orchestre, Plume, un homme paisible, pour soprano et violoncelle, Ô Bali pour ensemble instrumental et Monodias Espanolas pour piano. Parmi ces oeuvres, j'aime particulièrement Alap & Gap, oeuvre par laquelle j'ai découvert Evangelista, et Ô Bali.

https://www.youtube.com/watch?v=90Z2j3wL3bc

Je n'ai écouté que ses "airs d'Espagne" (dont je parle chez Ginastera), et j'ai aimé. Seulement je ne pense pas, au vu de sa biographie, que ça corresponde à son style, lequel doit être "trop moderne", du genre que je n'apprécie pas

Icare a écrit:

Et moi qui croyais avoir déjà fait sa biographie ici...Merci Joachim car j'apprécie beaucoup la musique de ce compositeur canadien d'origine espagnole. Je possède quelques unes de ses oeuvres en cd,  Alap & Gap pour orchestre de chambre, Clos de vie pour ensemble, Piano Concertant, pour piano et orchestre, Plume, un homme paisible, pour soprano et violoncelle, Ô Bali pour ensemble instrumental et Monodias Espanolas pour piano. Parmi ces oeuvres, j'aime particulièrement Alap & Gap, oeuvre par laquelle j'ai découvert Evangelista, et Ô Bali.

Je viens de réécouter certaines de ses oeuvres mentionnées ci-dessus; Clos de vie par l'Ensemble de la SMCQ sous la direction de Serge Garant, Piano concertant avec Louise Bessette au piano, l'Orchestre de Radio-Canada sous la direction de Lorraine Vaillancourt, Plume, un homme paisible avec la soprano Pauline Vaillancourt et la violoncelliste Claude Lamothe, Ô Bali pour ensemble instrumental sous la direction de Lorraine Vaillancourt et Monodias Espanolas par la pianiste Louise Bessette.

Ce que je peux dire globalement de ces oeuvres, c'est qu'elles révèlent très bien le style d'approche de José Evangelista, une musique qui s'inscrit comme un mouvement continu, un mécanisme où tout semble s'emboîter avec méthode et ludisme , une musique de forme répétitive et trépidante qui se suit sans déplaisir, s'écoule dans une cadence assez entraînante. Rien d'austère ou de trop compliqué à cerner dans chacune de ces partitions - rien de ce qui pourrait être perçu comme trop expérimental  ou de trop élitiste - mais rien de très marquant non plus. C'est-à-dire que j'éprouve un certain intérêt (du genre ludique) pendant l'écoute, mais qu'il n'en reste rien derrière, une musique qui se stoppe parfois brutalement sauf qu'elle ne laisse aucune trace derrière elle, pas l'once d'un parfum énivrant et tenace qui laisse une sensation indélébile après son passage, juste le fragile souvenir d'un moment plaisant qui s'est écoulé. C'est surtout vrai pour Clos de vie et Piano Concertant, que j'ai écouté sans déplaisir mais dont il ne reste rien ou si peu derrière. Avec Plume, un homme paisible pour soprano et violoncelle et Monodias Espanolas pour piano, ce fut pire puisque l'écoute-même ce ces oeuvres ne m'a procuré aucun plaisir, aucune sensation, aucun frisson, aucune émotion, pas même l'envie d'aller au bout: je n'ai pas écouté les "Monodias Espanolas" jusqu'à la fin tant le piano m'a semblé creux et mécanique, autant d'impressions un peu négatives, je le reconnais, qu'il m'arrive aussi de vivre avec certains "répétitifs" américains comme Glass ou Reich...

Seul Ô Bali pour ensemble instrumental m'a fait une meilleure impression. J'aime bien cette partition malgré qu'elle semble poursuivre plus ou moins un même concept que les précédentes dans son élaboration du mouvement continu. J'aime bien le jeu quasi omniprésent de la flûte et de son rapport presque détaché avec les autres instruments. Cette oeuvre possède alors un certain charme, un petit quelque chose de plus qui la distingue des autres...Disons que derrière elle, après son passage, subsiste en moi un doux parfum de sa poétique. Sympa!   

J'ai relu mon commentaire précédent et ai trouvé le contenu un peu sévère. Même si je ne suis pas, six ans après, complètement en désaccord avec ce que j'ai écrit, je ne suis plus complètement d'accord non plus. Des éléments d'appréciation ont évolué avec le temps et ont modifié mon "jugement" initial. Ce ne sont jamais que des impressions personnelles et elles ne sont pas figées dans le marbre, donc ce qui se passe correspond à des expériences personnelles très ordinaires dans une vie de mélomane. Lors d'écoutes précédentes, j'avais surtout relevé deux oeuvres de José Evangelista; Alap & Gat pour orchestre de chambre et Ô Bali pour ensemble instrumental, l'une comme l'autre dirigées par la cheffe d'orchestre québécoise Lorraine Vaillancourt. Aujourd'hui, deux autres oeuvres ont gagné en intérêt, tout d'abord Clos de Vie par l'ensemble SMCQ sous la direction de Serge Garant et Piano Concertant, un concerto pour piano en quatre mouvements par Louise Bessette et l'Orchestre de Radio-Canada, là encore sous la direction de Lorraine Vaillancourt. Ces deux oeuvres d'une durée moyenne entre quatorze et quinze minutes chacune me sont apparues bien plus ludiques que lors des dernières écoutes. En même temps, je cernais mieux le style assez singulier du musicien qui les a conçues: "comme un mouvement continu, un mécanisme où tout semble s'emboîter avec méthode et ludisme , une musique de forme répétitive et trépidante qui se suit sans déplaisir, s'écoule dans une cadence assez entraînante." C'est exactement ainsi que je décrirais encore son style aujourd'hui (en fonction de ces oeuvres précisément), sauf que le caractère ludique est beaucoup mieux ressorti cette fois-ci. Clos de vie me devient très stimulant durant ses trois dernières minutes, un agencement des sons devient magique à ce moment-là, notamment le jeu du piano. C'est également le piano qui restera profondément ludique et stimulant dans le concerto. Du coup, j'ai presque préféré ces deux opus à Ô Bali et Alap & Gat.

Alap & Gat (1998) par José Evangelista:

("Alap & Gat" s'inspire de concepts formels de la musique classique de l'Inde du nord. Le compositeur la présente en ces mots: <<"Alap" est une introduction lente et non propulsée qui présente progressivement les notes du raga. Raga est un concept mélodique complexe qui comprend, entre autres, la notion de mode (de 5 à 7 notes) et de patron mélodique. "Gat" est la section rythmée qui présente une mélodie, toujours dans le même raga. Cette mélodie est reprise de multiples façons mais toujours appuyée sur une accélération croissante. J'ai conçu ma pièce à partir de ces idées. Ce qui correspondrait au raga est ici une longue mélodie de plus de 80 notes sur laquelle s'articule le discours harmonique et mélodique. La première partie, "Alap", explore lentement les notes de la mélodie du grave vers l'aigu. La deuxième, "Gat", est une musique pulsée organisée autour d'un long accelerando. La pièce conclut avec une coda qui ramène l'atmosphère du début.>>

Evidemment, la partie qui me fascine dans cette oeuvre est "Gat", sa seconde partie, c'est-à-dire la partie pulsée qui s'articule autour d'un formidable accelerando, qui pourrait être d'ailleurs un excellent thème d'action dans une scène de course-poursuite d'un polar français à l'ancienne...Je dis "français" à cause des couleurs orchestrales employées. Aujourd'hui, je n'ai pas eu envie de réécouter ses Monodias Espanolas pour piano seul, peut-être en rapport au mauvais souvenir que j'en ai gardé. J'y reviendrai une autre fois.

José Evangelista est décédé le 10 janvier 2023 à Montréal, âgé de 79 ans.


O Bali, pour ensemble instrumental (1989)



https://www.youtube.com/watch?v=XIBot2hJKRM


O Bali commande de Radio Canada pour la célébration du centenaire de la découverte de la musique indonésienne par l'Occident.

Ensemble Pléïade direction Jean-Paul Odiau
Festival Hautes vibrations 2008