Boris Blacher (1903-1975)

Boris Blacher est un compositeur allemand, né à Newchwang, aujourd'hui Yingkou en Chine, le 6 janvier 1903 et mort à Berlin le 30 janvier 1975.


Dans sa jeunesse, il fit ses études musicales à Reval (aujourd'hui Tallinn en Estonie), Irkoutsk (Sibérie), Harbin (Chine) au gré des déplacements familiaux. Il étudia également l'architecture et les mathématiques à la Technische Hochschule de Berlin en 1922, et à partir de 1924, la musicologie avec Schering, Blume et von Hornbostel à l'université. En composition, il fut l'élève de Friedrich Ernst Koch à la Musikhochschule. En 1938 et 1939, il enseigne la composition au conservatoire de Dresde, puis après-guerre, à la Musikhochschule de Berlin-Ouest (1948). Il dirigera cet établissement pendant dix-sept ans, de 1953 à 1970. Parmi la longue liste de ses élèves, citons Gottfried von Einem, Isang Yun, Claude Ballif, Klaus Huber, Aribert Reimann, Kalevi Aho, Herbert Kegel, George Crumb, Noam Sheriff.

Son langage est polytonal ou parfois dodécaphonique, notamment dans son ballet Lysistrata (1950) et son opéra Rosamunde Floris (1960). Le style qui caractérise la musique de Blacher est la concision et la prédominance du rythme. Il est l'auteur d'une technique rythmique dénommée "les mètres variables" fondée sur des séries mathématiques préétablies consistant en changements systématiques de mesure. La première œuvre utilisant ce modèle est Ornamente für Klavier (Sieben Stüden über variable Metren) (1950). Plus tard, d'autres compositeurs utiliseront ce modèle.

D'autres influences, comme le jazz, sont perceptibles dans Jazzkoloraturen, (1929) et 2 Poems for Jazz Quartet, (1957). Dans les années 1960, Blacher expérimente aussi les techniques électroniques : Elektronische Studie (1962), Multiple Raumperspektiven.

Boris Blacher fut marié à la pianiste Gerty Herzog qui créa plusieurs de ses œuvres.



Oeuvres :

Habemeajaja. opéra de chambre (1929) UA: 1987
Jazz-Koloraturen pour soprano, saxophone alto et basson, op 1 (1929)
Quatuor à cordes no 1, op 11 (1929-30)
Gesang der Rotationsmaschinen pour chœur mixte (1930)
Concerto pour 2 trompettes et 2 orchestres à cordes (1931)
Sinnsprüche Omars des Zeltmachers, 5 Lieder, op 3 (1931)
Kleine Marschmusik pour orchestre, op 2 (1932)
Kurmusik pour petit orchestre, op 5 (1933)
Capriccio sur un chant folklorique, op 4 (1933)
Divertimento pour orchestre à cordes (1935)
Fest im Süden. Tanzdrama, op 6 (1935)
Geigenmusik pour violon et orchestre, op 8 (1936)
Divertimento für sinfonisches Blasorchester, op 7 (1936)
Concertante Musik pour orchestre, op 10 (1937)
Rondo pour orchestre (1938)
La Vie. Scènes de danses pour orchestre (1938)
Symphonie, op 12 (1938)
Estnische Tänze für 10 Bläser, op 9 (1938)
Concerto de chambre pour 2 violons, violoncelle et orchestre (1939)
Arlequinade, ballet op 13 (1939)
2 Sonatines pour piano, op 14 (1940)
Fürstin Tarakanowa. Opéra, op 19 (1940)
Concerto pour cordes, op 20 (1940)
Quatuor à cordes no 2, op 16 (1940)
Sonate pour flûte et piano, op 15 (1940)
Hamlet. Poème symphonique pour grand orchestre, op 17 (1940)
Sonate pour violon et piano, op 18 (1941)
Symphonie Nr. 2 in D (1942)
Romeo und Julia, opera de chambre, op 22 (1943)
3 Pièces pour piano, op 23 (1943)
3 Psaumes pour baryton et piano (1943)
Quatuor à cordes no 3, op 32 (1944)
Partita für Streicher und Schlagzeug, op 24 (1945)
Chiarina. Ballet, op 33 (1946)
Der Großinquisitor. Oratorio, op 21 (1942, UA 1947)
Die Flut. Opéra, op 24b (1946-47)
Concerto pour piano no 1, op 28 (1947)
4 Lieder, op 25 (1947)
Paganini-Variationen pour orchestre, op 26 (1947)
Die Nachtschwalbe, Dramatisches Nocturne, op 27 (UA 1948)
Concerto pour violon et orchestre, op 29 (1948)
Divertimento pour piano, trompette et trombone, op 31 (1948)
Hamlet. Ballet op 35 (1949)
Preußisches Märchen. Opéra-ballet, op 30 (1949)
Lysistrata. Ballet, op 34 (1950)
Ornamente. 7 Études pour piano en mètres variables, op 37 (1950)
Concerto pour clarinette, basson, cor, trompette, harpe et cordes, op 36 (1950)
Sonate pour violon seul, op 40(1951)
Divertimento pour flûte, hautbois, clarinette et basson, op 38 (1951)
Sonate pour piano, op 39 (1951)
Quatuor à cordes no 4 Epitaph, op 41 (1951)
Concerto pour piano no 2 (en mètres variables), op 42 (1952)
Ornement orchestral, op 44 (1953)
Etude en pianissimo, op 45 (1953)
Abstrakte Oper Nr. 1, op 43 (1953/57)
Concerto pour alto et orchestre , op 48 (1954)
Zwei Inventionen pour orchestre, op 46 (1954)
Francesca da Rimini, lieder, op 47 (1954)
Le Maure de Venise, ballet, op 50 (1955)
Fantaisie pour orchestre, op 51 (1955)
Rêves de mort et de vie, cantate profane, op 49 (1955)
Hommage à Mozart, op 52 (1956)
Music for Cleveland, op 53 (1957)
13 Façons de regarder un merle, lieder pour voix et orchestre, op 54 (1957)
Poèmes pour vibraphone, contrebasse, percussion et piano, op 55 (1957)
Chants du pirate des mers O'Rourke, op 56 (1958)
Aprèslude. 4 Lieder d'après Gottfried Benn, op 57 (1958)
Requiem pour soprano, baryton, choeur et orchestre, op 58 (1958)
Musica Giocosa pour orchestre, op 59 (1959)
Rosamunde Floris. Opéra, op 60 (1960)
Jüdische Chronik, cantate profane (1961)
Variationen über ein Thema von Muzio Clementi für Klavier und Orchester, op 61 (1961)
Multiple Raumperspektiven für Klavier und drei Klangerzeuger (1962)
Studie in Schwarz (1962)
Glissierende Deviationen (1962)
Der Astronaut. Major Cooper umkreist die Erde. Elektronische Raumstudie (1963)
Skalen 2:3:4 (1964)
Concerto pour violoncelle et orchestre (1964)
Zwischenfälle bei einer Notlandung. Oper (1964)
Tristan. Ballet (1965)
Octuor pour clarinette, cor, basson et quintette à cordes (1965)
Variationen über ± 1 für Streichquartett und Jazz-Combo (1966)
Quatuor à cordes no 5 «Variationen über einen divergierenden c-moll-Dreiklang»(1967)
Zweihunderttausend Taler. Opéra (1969)
Musik für Osaka (1970)
Concerto pour trompette et cordes (1970)
Trio pour piano, violon, violoncelle (1970)
Concerto pour clarinette et orchestre de chambre (1971)
Blues, Espagnola und Rumba philharmonica pour 12 violoncelles (1972)
Duo pour flûte et piano (1972)
Quintette pour flûte, hautbois et trio à cordes (1973)
Yvonne, Prinzessin von Burgund. Opéra (1973)
Variationen über eine Tonleiter für Solovioline (Thema + 5 Variationen + Coda) (1973)
Poème pour grand orchestre (1974)
24 Préludes pour piano (1974)

Ma première audition des concertos pour piano de Boris Blacher me laisse plutôt froid. Par moments assez lyriques, par moments remplis de dissonances, de même d'ailleurs pour les Variations Clementi - concerto n° 3 - qui complètent le CD. A réécouter peut-être, mais pas en boucle...

Second CD de Boris Blacher que j'écoute, et qui me plaît davantage que le premier. Il comporte trois oeuvres d'époques différentes : la Symphonie de 1938, le concerto pour violon de 1948 et le poème pour grand orchestre de 1974. La symphonie fait un peu penser à celles d'Honegger, les deux autres oeuvres sont peut-être plus personnelles.

S'il n'y a qu'une oeuvre à connaître de Blacher - elle s'est d'ailleurs fort bien maintenue au répertoire - ce sont les Variations (pour orchestre) sur un thème de Paganini - oui, "le" thème de Paganini, l'inévitable Vingt-quatrième Caprice pour violon seul, déjà utilisé quelques années plus tôt par Rachmaninov et Lutoslawski et, bien avant évidemment, par Brahms.

C'est un feu d'artifice de brio instrumental, et on peut donc comprendre que chefs et orchestres aiment bien la jouer pour se mettre en valeur. Traversée d'un humour pince-sans-rire, la musique a également un petit parfum jazzy par endroits. A mettre entre toutes les oreilles.

Cela dit, l'oeuvre qui, neuf ans plus tôt, avait fait la célébrité de Blacher est la "Musique concertante" (pas un concerto avec soliste mais plutôt un concerto pour orchestre) dont la création triomphale avait retenti comme un défi au IIIe Reich, pour une musique dont l'ironie cinglante n'était pas en odeur de sainteté dans le Berlin de 1938.

Blacher a été le maître (et librettiste) de Gottfried von Einem, dont il a été question dans d'autres fils de ce forum.

Variations sur un thème de Paganini, op. 26 (1947)



https://www.youtube.com/watch?v=K0mvuHJIZGg

Très prisé des romantiques, le célèbre Caprice pour violon n°24 de Paganini inspire des variations pianistiques à des musiciens comme Liszt et Brahms. Un peu plus tard, Rachmaninov propose une version pour piano et orchestre en 1934.

De son côté, le compositeur allemand Boris Blacher délaisse le piano et ne se préoccupe que de l’orchestre. Créées en 1947 à Leipzig, ses Variations sur un thème de Paganini accordent d’ailleurs une large place aux instruments à vent. Le thème principal est exposé au violon mais est, non sans ironie, bien vite dominé par l’orchestre.

Comme le note la musicologue Hélène Cao, l’œuvre reflète «l’éclectisme» de la personnalité de son auteur. Né en Chine de parents germano-baltes, Boris Blacher étudie principalement en Russie et en Allemagne. Il enseigne à la Musikhochschule de Berlin à partir de 1953.