Antoine de Lhoyer (1768-1852)

Antoine de Lhoyer est un compositeur et guitariste français né le 6 septembre 1768 à Clermont-Ferrand et mort le 15 mars 1852 à Paris.

Né dans la commune française de Clermont-Ferrand, Antoine de Lhoyer était membre d'une riche famille bourgeoise. Dès son plus jeune âge, il était bien instruit en musique, apprenant à jouer d'abord le clavecin, puis la guitare à cinq cordes. Un enseignant de jeunesse peut avoir été Pierre Jean Porro, un professeur de musique à l'école militaire royal du Effiat, près de Clermont. De Lhoyer s'installe à Paris en 1774. Pour poursuivre ses études musicales, il se rend dans de grandes capitales européennes et à 21 ans, il jouit déjà d'une réputation de guitariste virtuose.

Le reste de la vie de Lhoyer devait être secoué par les événements importants de la Révolution française. Fervent royaliste, il devint en 1789 soldat dans les Gardes du Corps du Roi Louis XVI . Il a fui la France après le massacre des gardes par la foule qui a envahi Versailles le 6 octobre 1789. En 1792, à Coblence, il s'était enrôlé dans l'Armée des Princes qui, avec une armée alliée de soldats prussiens et autrichiens dirigée par le duc de Brunswick prévoyait une invasion infructueuse de la France en 1792. Les années 1794-7 le voient participer aux campagnes avec l'armée autrichienne et, en 1799-1800, il sert avec les forces contre-révolutionnaires dans l'armée de Condé. Il a été blessé au combat et a perdu l'usage de sa main droite pendant trois ans. Il se réfugie à Hambourg entre 1800 et 1804 où ses premières œuvres musicales connues sont publiées (opus 12 à 18), et les "IV Adagios pour la guitare avec accompagnement d'un violon obligé".

Plus tard, il résida durant près de dix ans à Saint-Pétersbourg comme compositeur et guitariste de la Tsarine, et est devenu un favori de l' impératrice Elisabeth. Il passe dix ans productifs en Russie, arrangeant des chansons folkloriques russes pour la guitare et publiant des œuvres pour guitare solo et ensemble ainsi que plusieurs collections de romances pour voix et guitare (opus 18b à 26). Il reste en Russie jusqu'à ce que les relations entre la France et la Russie commencent à se détériorer.

Il retourne en France à la chute de Napoleon en 1814 et fut nommé Garde d'élite de la Manche du Roi Louis XVIII en 1815. Il devient Major de la Place sur l'île d'Oléron de 1816 à 1820.

Il rencontre le guitariste Ferdinando Carulli, qui lui dédie ses "Trois solos pour la guitare composés et dédiés à Monsieur Lhoyer, opus 76"

De 1820 à 1824 il est à Niort, se marie avec Marie-Antoinette Leclerc et aura quatre enfants.

En 1826 il est Lieutenant du Roi à Saint Florent en Corse puis Commandant de la Place de Bonifacio en 1830. Après la Révolution de 1830 il est chargé de la réorganisation de l'administration civile et militaire mais perd son poste de commandant.

En 1831 il s'établit à Aix en Provence jusqu'en 1836, puis part à Alger pour finalement revenir, avec sa famille, à Paris en 1852 où il meurt dans la pauvreté le 15 mars sous le règne de Napoléon. III.

Durant toute son existence aventureuse il n'a cessé d'exercer la guitare et de composer autour de 40 à 50 morceaux, perdus en grande partie. A noter que, peut-être en raison de la baisse de popularité de la guitare dans la musique de salon, remplacée par le pianoforte plus populaire, Lhoyer semble ne plus avoir été publié de musique à partir de 1826.


Redécouverte de Lhoyer

La redécouverte de Lhoyer s'est annoncée par la publication à Madrid du Concerto opus 16 en 1964, par le guitariste et musicologue roumain Abel Nagytothy-Toth dont il possédait un exemplaire. Il fallut attendre 1990 pour qu'un chercheur américain, Matanya Ophee, publie la première étude sur le musicien fruit de ses études aux archives de l'Armée au château de Vincennes, suivi, en 1998, par Jean-Louis Jam, musicologue, qui fit paraître aux Presses de l'Université Blaise Pascal une étude qui est le premier écrit musicologique de langue française sur le sujet. Enfin, en 1994 paraissait un disque de duos (op. 31 et 33) par Erik Stenstadvold et Martin Haug par le label Simax.

Par ailleurs, c'est à Clermont-Ferrand, ville natale du compositeur, que la renaissance d'Antoine Lhoyer a débuté : en tant que chroniqueur radio, Baudime Jam, membre du Quatuor Prima Vista, est le premier à avoir parlé de Lhoyer sur les ondes françaises. En décembre 1995, il réalise une série de 15 chroniques radiophoniques diffusées sur Radio France Puy-de-Dôme, suivie par deux autres émissions, la première à l'occasion des "Figures libres" qu'il présente sur France Musique en août 1997, et la deuxième dans le cadre du magazine "Mélodia" sur les ondes de RCF 63 en 1999. Baudime Jam a également organisé plusieurs concerts consacrés à Lhoyer : le 17 mai 1998, à Clermont-Ferrand, avec un programme comportant le Grand Trio Opus 41 pour guitare, flûte et alto, quatre Romances pour soprane et guitare (extraites des Opus 15 et 24), le Divertissement Opus 43 pour guitare, le Grand Duo concertant Opus 28 pour guitare et violon, et le Trio Opus 29 pour trois guitares ; le 20 mai 1999, un deuxième concert dédié à Lhoyer, auquel il participa comme interprète, en compagnie d'Elzbieta Gladys (premier violon du Quatuor Prima Vista) et du guitariste Axel Bernolin, avec notamment la transcription de "La Flûte Enchantée" que réalisa Lhoyer pour violon, alto et guitare (Opus 40) ; et c'est le 20 mars 2003 que le Concerto Opus 16 fut créé à Clermont-Ferrand dans sa version originale pour guitare et quatuor à cordes par Miguel Garau et le Quatuor Prima Vista. Ces mêmes interprètes ont à nouveau interprété cette œuvre en mars 2006, lors d'une tournée en Russie sur les traces du compositeur : outre l'Opus 16, Miguel Garau et les membres du Quatuor Prima Vista ont fait entendre un Air russe varié pour guitare, le Grand Duo Concertant Opus 28, et le Trio Opus 38 pour guitare, violon et alto. Enfin, Miguel Garau et le Quatuor Prima Vista ont à nouveau interprété l'Opus 16 lors d'un concert donné le 29 octobre 2012 à Saint Pétersbourg, dans la ville même où cette partition avait été éditée chez Charles Lissner.


Oeuvres : (les numéros d'opus 1 à 11 ne sont pas identifiés)


Hamburg, 1791-1804 (op. 12-18)

Grande sonate pour la guitarre (op. 12)
Six Romances pour la guitare (op.14)
Six Romances pour soprano et guitare (op. 15)
Concerto pour guitare et quatuor à cordes (op. 16, 1799, recently republished in Madrid 1964)
Trois sonates pour la guitare avec un violon obligé (op. 17)
Trois Sonates et Ouverture pour la guitare et violon (op 18)


St Petersburg, 1804-1814 (op. 19-27)

Air Russe varié pour la Guitare par A. Lhoyer (op.?)
Six Romanes nouvelles, op. 20
Sonates pour violon et guitare, op. 21
Ouverture facile pour guitare avec accompagnement de violon obligé, op. 22
12 Valses op.23
12 Romances pour soprano et guitare (op. 24)
Caprice pour guitare et violon (op. 25)
Six exercices pour la guitare (op. 27)



Paris, 1814-1826 (op. 28-45)

Grand Duo Concertant pour guitare et violon (op. 28)
Trio concertant pour 3 guitares en sol majeur,(op. 29)
Air varié et Dialogué pour quatuor de guitare op. 30 (c. 1815)
Trois Duos Concertants dédiés à Madame la Princesse De Croy Solré, (op. 31 Paris, Gaveaux 1814)
Air varié et Dialogué for Guitar Quartet (c.1815).
12 Valses pour 2 guitares op.32
Fantaisie Concertante pour 2 guitares, en ut majeur, en 8 mouvements (op. 33) (1816)
Trois Duos Concertants Composés et Dédiés à Monsieur le Compte de Rochechouart, Op. 34 (Paris, Koliker 1819)
Six Duos concertants (op. 35)
Six Sérénades Faciles (op. 36)
Six Duos Nocturnes (op. 37)
Trios pour guitare, violon et alto (op. 38 and 39)
"La Flûte enchantée" de Mozart, arrangée en trio pour guitare, violon et alto (op. 40)
Grand Trio pour guitare, flûte et alto, Opus 41
Trio pour 3 guitares, op 42
Air varié – Fantaisie– Divertissement, suivi d'un air écossais, op. 43
Duo Concertant op.44
Grand Duo pour violon et guitare, op. 45


Œuvres sans n° d'opus

6 exercices pour apprendre la guitare à fond
Air varié et dialogué pour quatre guitares (1828)
Deux Airs variés pour guitare solo
Divertissement pour la guitare, composé de diverses pièces et suivi de variations sur L'air écossais de la Dame blanche
Fantaisie pour guitare seule
IV Adagios pour la guitare avec acc. d’un violon obligé (1797 Hambourg).
Les Soupers de Momus, recueil de chansons et de poésies fugitives, avec musique et accompagnements de guitare par M.M. F. Carulli et A. Lhoyer (1814 Barba)
Trois chansons russes de l'opéra "La nymph du Dnépr" pour la guitare
Variations concertantes
Variations on "God save the King" et un air russe
Sonate pour guitare à sept cordes et violon, d'après l'ouverture op. 18

Un CD entièrement consacré à ce compositeur :




En fait, j'ai trouvé le concerto assez beau, mais avec les trois duos op 31 je me suis ennuyé...

Je n'avais jamais entendu parler de ce compositeur. Intéressant...Sinon, si tu passes du côté du fil "les derniers achats",une surprise t'attend,mon cher Joachim et non la moindre.

Concerto pour la guitarre (sic) en la majeur, op. 16




https://www.youtube.com/watch?v=wsYbyLYKNiw

Concerto (en la majeur) pour la Guitarre, oeuvre 16 (1799)

1. Allegro moderato 0:00
2. Rondo 12:26

Interprètes: Reinbert Evеrs (guitar);
Saint Christophеr Orchestra;
Donаtаs Kаtkus (conductor)


Commentaire

Antoine de Lhoyer [L'Hoyer] (Clermont-Ferrand, 6 septembre 1768 - Paris, 15 mars 1852) est un guitariste et compositeur français.

À l'âge de 20 ans, il se lance dans une carrière militaire, mais la Révolution française le pousse à émigrer en 1791. En 1792, à Coblence, il s'est enrôlé dans l'armée des Princes qui s'associe à une armée alliée de soldats prussiens et autrichiens dirigée par le duc. de Brunswick lors d'une invasion infructueuse de la France en 1792.

Les années 1794-97 le virent participer aux campagnes de l'armée autrichienne et, en 1799-1800, il servit dans les forces contre-révolutionnaires de l'armée de Condé. Il fut blessé au combat et perdit l'usage de sa main droite pendant trois ans. Il se réfugie à Hambourg où il s'installe comme professeur de guitare, mais part en 1802 pour Saint-Pétersbourg où il reste dix ans comme guitariste à la cour du tsar.

Il revient en France en 1812 et rejoint l'armée après la Restauration de Louis XVIII en 1814. Entre 1820 et 1825, il s'établit dans la ville voisine de Niort où il se marie et a quatre enfants. Peut-être en raison du déclin de la popularité de la guitare dans la musique de salon, remplacée par le pianoforte, de plus en plus populaire, aucune musique de Lhoyer ne semble avoir été publiée à partir de 1826. En 1831, il s'établit à Aix-en-Provence et y restera jusqu'en 1836.

Il emmena ensuite sa famille en Algérie pour s'installer près de la capitale, Alger puis enfin en 1852 à Paris où il mourut dans la pauvreté....