Johan DUIJCK, né en 1954

Si j'en crois mon expérience personnelle, j'ai rarement été déçu par un compositeur belge, qu'importe l'époque, qu'il s'agisse d'Emile Mathieu,Godfried Devreese, de Karel Goeyvaerts, d'André Laporte, Luc Brewaeys, Piet Swerts ou encore de Frédéric Devreese, histoire de ne citer que ces quelques noms...peut-être ai-je eu la chance de tomber sur les bonnes oeuvres de ceux-ci...Je viens, en tout cas, de vivre un merveilleux moment en la découverte de l'Alma de la Mùsica pour soprano, choeur et orchestre, op.16 (1996) du compositeur belge Johan Duijck. Sans doute est-il étiqueté de compositeur néo-tonal, toujours est-il que sa musique m'a ému, m'a transporté dans un "inexprimable" chaleureux où les voix ont la part belle, une oeuvre à la fois intense et intelligible. Mon coeur a battu un peu plus vite, mon esprit s'est élevé et je ne demande parfois rien de plus à la musique si ce n'est de m'élever au-delà du monde des humains. Avec la cantate "Alma de la Mùsica", j'avais, sans le savoir, rendez-vous avec les anges parce que je ne m'attendais pas du tout à un langage aussi limpide et aussi émouvant.

Alors qui est Johan Duijck?

Johan Duijck, né à Gand en 1954, est un musicien doté de multiples facettes : il se distingue comme chef de chœur, compositeur, pianiste et professeur. Il bénéficie d'une renommée internationale grâce à sa direction du "Radiokoor Vlaams" , l' "Academy of St Martin in the Fields" (Londres). Il conduit des formations pou chœurs de haute réputation pour des radios à travers l'Europe et l'Amérique latine. Il siège avec de nombreux jurys internationaux pour les cours de directions et participe à des festivals prestigieux d'oeuvres chorales.

En tant que compositeur, Johan Duijck se consacre principalement au piano et à la musique chorale. Ses compositions les plus importantes sont l'oratorio "Dixit Dominus" , les cantates "el Camino del Alma" , "Un miroir à St Nicolas et Paulus" , le concerto pour piano et choeur "Concierto del Alma" , Cantiones Sacrae in honorem Thomas Tallis" et les œuvres pour piano comme "Le pianiste bien tempéré" et "Le Tombeau de Ravel" . Johan Duijck est compositeur en résidence pour le "Vlaams RadioKoor".

Johan Duijck, bien que passionné par la composition et la direction, n'abandonne surtout pas son premier amour qu'est le piano . Il est diplômé de la fameuse Chapelle Musicale "Reine Elisabeth" ( Bruxelles ) et a remporté le Günther, Pro Civitate, Tenuto, Olin et des prix Lefranc. Dans ses récitals, il combine des œuvres célèbres avec des partitions oubliées et aussi des créations nouvelles et originales. Johan Duijck démontrent par la même occasion d'excellentes qualités dans le domaine de la pédagogie. Il est professeur de piano au "Koninklijk Conservatorium" de Gand (Belgique) et professeur de direction chorale à l'"Escola Superior de Música de Catalunya" à Barcelone (Espagne). Il a enseigné le piano et la direction chorale à la Chapelle Musicale "Reine Elisabeth" (Belgique), le "Dartington International Summer School" (Royaume-Uni) et le "Euskalerriko Abesbatzen Elkartea" (Espagne). Ses principaux professeurs furent Peter Cabus (composition), Robert Steyaert (piano) et László Heltay (direction).

La radio flamande et la télévision a diffusé un beau portrait de Johan, en se concentrant sur ​​ses valeurs les plus chères, appelé "Friendship and Music".

Il me reste plus qu'à écouter son Cantar del Alma pour contralto, choeur et piano, op.24 (2004) et son Alma Bùscate en Mi pour choeur mixte et orgue, op.25 (2005), en espérant que la jolie aventure d'Alma de la Mùsica se poursuivra.  

La jolie aventure s'est poursuivie avec les deux oeuvres citées si dessus bien que je garde une nette préférence pour ALMA DE LA MUSICA, cette bien belle cantate.

Merci de me faire découvrir Johan Duijck que je ne connaissais pas.
Il met en musique, pour chœurs, les textes des grands mystiques comme Jean de la Croix ou Thérèse d'Avilla, j'aimerais bien entendre ce que cela donne. Malheureusement pas grand-chose sur youtube.

Non, je n'ai malheureusement pas trouvé sur Youtube ce que je recherchais. En tout cas, n'hésite pas si tu as l'occasion d'écouter une oeuvre comme Alma de la Mùsica, c'est du contemporain très accessible.

Réécoute aujourd'hui de la cantate Alma de la Musica pour soprano, choeur et orchestre et toujours aussi envoûté. Vraiment saisissant!    

Icare a écrit:

Réécoute aujourd'hui de la cantate Alma de la Musica pour soprano, choeur et orchestre et toujours aussi envoûté. Vraiment saisissant!

L'oeuvre démarre toute en douceur avec les choeurs mixtes, les cordes tissant en retrait un accompagnement très tendre alors qu'un piano égrène ses notes en toute simplicité. C'est justement ce qui me plait. Ce qui me plait dans la musique de Johan Duijck est l'exact contraire de ce qui me plait dans celle de Christoph Delz. Les choeurs sont de plus en plus beaux, traversé d'un hautbois solo avec ce son un brin nasillard. il promène ainsi, sur une durée assez courte, sa frêle bonhommie. Le choeur gagne en ampleur et en intensité avant de s'éteindre provisoirement sur des notes rares de piano et d'une flûte très sereine. Le choeur réinstalle un chant limpide et apaisant avant de devenir plus sombre et dramatique, ponctué par une percussion lointaine qui, soudainement, accélère sa palpitation: on entre avec véhémence dans le second mouvement, choeur, percussion, cuivres ensemble. Dans le genre qui décoiffe, le troisième mouvement est une réussite du genre. Outre l'aspect global, j'adore la cadence obsessionnelle du piano. Il est essentiellement rythmique, comme une pulsation qui peine à s'essouffler. J'aurais même voulu qu'elle dure plus longtemps, mais il fallait bien que la musique calme ses ardeurs. La soprano intervient pendant cette accalmie, presque en solitaire, seulement accompagnée par le piano, un piano minimaliste et distant. Une cloche retentit et la soprano continue son soliloque. C'est une voix très pure. Elle entonne alors un très beau thème mélodique, peut-être peut-il être considéré comme le thème principal de l'oeuvre. Le cinquième mouvement débute sur des petites percussions et le choeur mixte qui fait rapidement son apparition. Une trompette entre en scène et le choeur monte en intensité sous des roulements de grosse caisse. J'ai un peu l'impression d'écouter une procession comme au temps de Giordano Bruno, par exemple, ce qui apporte un côté primitif à la musique, un côté primitif sous un aspect fortement religieux. Le sixième mouvement me semble plus intérieur et solennel avec un hautbois solo qui s'élève vers les cieux. La superbe voix de la soprano revient: c'est le début du septième mouvement. Elle réitère le thème principal pour mon plus grand bonheur. J'espérais de tout mon coeur cette reprise. Puis, elle part vers autre chose, un autre chant avant de revenir au thème initial. Le point culminant, pas nécessairement le plus intense mais le plus délicieux. Le mouvement suivant, le huitième, retrouve une dimension plus exacerbée, plus festive, or ce sera de courte durée, le neuvième impose un calme un peu triste et retenu. Les notes du piano sont graves, le choeur aussi et le solo de hautbois un peu mélancolique. Bientôt, il ne restera plus que le piano et la flûte pour pleurer sur le ventre du silence. Le dixième mouvement est tout aussi grave et propice au recueillement, solennel aussi, figé dans une plainte qui sélève, le piano en sera l'escalier qui l'aidera à monter, marche après marche, vers la désolation et la résignation. Alma de la Musica est une oeuvre plutôt pessimiste même si le mouvement ultime retourne vers une paix antérieure et intérieure, la soprano reprenant - je n'osais l'espérer à nouveau - le magnifique thème principal ou leitmotiv. Soprano: Hilde Coppé.