Philippe le Chancelier (ou Philippus Cancellarius Parisiensis vécut à Paris entre 1160/1165 et le 23 décembre 1236) est un philosophe, poète et compositeur français. L'imprimeur Jodocus Badius (1462-1535), a écrit en 1523 que Philippe de Grève, le chanoine de Notre-Dame et doyen de Sens en 1220, pourrait être identifié avec Philippe Le Chancelier, mais cette hypothèse n'est pas confirmée.
Fils illégitime de Philippe, archidiacre de Paris (né en 1125), il faisait partie d'une famille de clerc puissants : sa grand-mère paternelle est la sœur du chambellan et la femme d'un riche bourgeois et son père occupe la fonction d' archidiacre de Paris ; il devint archidiacre de Noyon en 1211. L'évêque de Noyon, Etienne de Nemours, son parent, lui a confié cette fonction probablement dès 1202. Les activités de l'archidiacre sont de nature administrative et judiciaire. En particulier, Philippe est engagé dans certaines luttes pour les privilèges du clergé séculie , contre les chanoines réguliers de Prémontré et contre l' abbaye de Saint-Prix.
En 1217, l'évêque de Paris, Pierre de Nemours, et le pape Honorius III autorisèrent Philippe à accéder à la fonction de chancelier du chapitre de Notre-Dame. La fonction de chancelier est au quatrième rang d'importance dans la hiérarchie des chapitres. Il doit surveiller les sceaux, envoyer les actes du chapitre des canons et s'occuper de la plupart des livres de la bibliothèque capitulaire. Mais le principal privilège du chancelier est celui de conférer la licence d'enseignement à l'université (licentia docendi), c'est pourquoi il est choisi parmi les mêmes professeurs. Parallèlement à la chancellerie, Philippe est investi par la papauté de la fonction de juge apostolique . Cette fonction vise à résoudre divers conflits ecclésiastiques, sur la discipline, les dîmes, etc.
C'est peut-être grâce à son influence que la juridiction de l'église de l'Université de Paris a été consolidée par la bulle papale Parens scientiarum (13 avril 1231). En 1235, il s'opposa à l'élection de Mgr Guillaume d'Auvergne, l'accusant d'immense acquisition et de bénéfices. Philippe a été loué dans son épitaphe "Dit du Chancelier Philippe" par le poète français du 13ème siècle Henri d'Andely.
Dans un premier temps il lutta contre l'autonomie de ses élèves et des maîtres vis-à-vis du clergé, mais se rangea au côté de ces derniers lors de la grève de l'Université de Paris en 1229.
Un autre aspect de l'action du chancelier au sein de l'université est l'attribution sans précédent de la licentia docendi aux frères mineurs . Grâce à Philippe, le premier dominicain à accéder à une chaire de théologie fut Roland de Crémon en 1220 , auquel s'ajouta Jean de St-Gilles en 1231 , tandis que le premier franciscain fut Alexandre de Hales en 1236 .
L'entrée des frères mineurs renforce l'autonomie de l'université vis-à-vis de l'évêque de Paris. En fait, les dominicains et les franciscains sont soumis à l'autorité papale et sont donc soumis dans une moindre mesure au pouvoir des évêques locaux. Philippe confirme ainsi son soutien à l'autonomie de l'Université par rapport à l'évêché.
Philip est dépeint comme un ennemi des ordres mendiants très répandus à l'époque, mais cela a été grandement exagéré. Il peut même avoir rejoint l'ordre franciscain peu de temps avant sa mort.
Il fut également un grand connaisseur de la pensée grecque et arabe et écrivit un certain nombre d'ouvrages dont le plus connu est le Summa de Bono (vers 1225-1228), portant sur la nature du bien.
On lui doit plus de 330 sermons sur les Psaumes, connus aussi sous le nom de "Summa super Psalterium" ou de "Distinctiones super Psalterium", ainsi que près de 80 pièces vocales, dont certaines figurent dans la collection qu'on appelle les Carmina Burana. Sa production lyrique comporte des œuvres religieuses, morales ou satiriques.
D'autres pièces ont été conservées dans le manuscrit de Notre-Dame de Florence. Il écrivit en latin et en langue vernaculaire.
A noter que s'il a été poète, on n'est pas certain qu'il ait été compositeur, car un grand nombre de ses œuvres sont exposées sur des airs préexistants. Il a mis le texte à de nombreuses œuvres de Pérotin, et créant certains des premiers Motets. Ses poèmes étaient disponibles pour de nombreux compositeurs de l'école de Notre-Dame, et ses œuvres ont été une force motrice dans ce mouvement artistique.
Œuvres
Summa quaestionum theologicarum (Summa de bono), éd. N. Wicki, Berne 1985.
Distinction super Psalterium, éd. Jodocus Badius, Paris 1523 et Brescia 1600
Sermones, pour la plupart non imprimés
Seals, éd. Guido Dreves, AH 50 (1907), 528-535
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