Marcel Mihalovici, né le 22 octobre 1898 à Bucarest et mort le 12 août 1985 à Paris, est un compositeur français d'origine roumaine.
Biographie
Il étudie dans sa ville natale le violon, l'harmonie et le contrepoint et commence à composer dès l'âge de onze ans. Sa rencontre avec Georges Enesco est déterminante pour la suite de sa carrière. Encouragé par son aîné, il s'installe à Paris en 1919 pour étudier la composition avec Vincent d'Indy à la Schola Cantorum. En 1921, il reçoit en Roumanie un Prix de composition Georges Enesco pour sa Sonate pour violon et piano n° 1 qui, remaniée en 1927, sera créée deux ans plus tard par ce dernier et Clara Haskil.
Partie prenante de l'avant-garde musicale de l'entre-deux-guerres, il fonde, en 1928, l'École de Paris, qui réunit plusieurs compositeurs amis étrangers, Bohuslav Martinů, Conrad Beck et Tibor Harsányi, auxquels se joindront peu après Alexandre Tansman, Alexandre Tcherepnine, Igor Markevitch et Alexandre Spitzmüller.
En 1932, il fait partie des membres fondateurs du Triton, société de musique, qui a pour vocation de mettre en valeur la musique de chambre. Le Triton regroupe à la fois des compositeurs français et étrangers.
En été 1940, alors que Paris est occupé, Mihalovici et son épouse, la pianiste Monique Haas, juifs tous les deux, s'exilent à Cannes. À cette époque, il participe à l'organisation de résistance Front national, qui publie des œuvres de compositeurs persécutés par les nazis
Après-guerre, il continuera à être souvent sollicité et joué, notamment, par la Radio française. L'une de ses ultimes compositions, peu avant sa mort, sera une commande du violoniste Yehudi Menuhin. Il a aussi été l'ami, notamment, de Samuel Beckett, de Vladimir Jankélévitch et de Pierre Jean Jouve.
Marcel Mihalovici (né le 22 octobre 1898 à Bucarest, mort le 12 août 1985 à Paris) était un compositeur franco-roumain.
Jeunesse et éducation en Roumanie Ayant grandi dans une famille aisée à Bucarest avec ses parents Michael et Helene Mihalovici et quatre frères, Mihalovici a reçu très tôt ses premières leçons de violon auprès de Franz Fischer et Benjamin Bernfeld. Le compositeur Dimitrie Cuclin lui donne régulièrement des cours d'harmonie en Roumanie et Robert Cremer lui donne des cours de contrepoint. Les œuvres pour la jeunesse comprennent un opéra Chitra, qui n'a pas survécu, des chansons basées sur des textes de Goethe, Klopstock, Bethge et Klabund ainsi que des pièces pour piano. Au printemps 1919, George Enescu recommande aux parents de Mihalovici, après avoir examiné ses compositions, de l'envoyer chez Vincent d'Indy à la Schola Cantorum de Paris.
Déménagement à Paris Au cours de l'été de la même année, Mihalovici se rend à Paris via Berlin, où il rend visite à l'un de ses frères, et s'inscrit immédiatement comme étudiant à la Schola. Il y suit des cours de composition avec Vincent d'Indy entre 1919 et 1925, il étudie l'harmonie avec Léon Saint-Réquier et avec son adjoint Paul Le Flem, qu'il respecte beaucoup. Mihalovici s'est particulièrement inspiré de l'univers du chant grégorien, qu'il a découvert grâce à Amédée Gastoué. Il poursuit ses cours de violon auprès de Nestor Lejeune et complète ses cours avec la mention « très bien ». Mihalovici n'a pas obtenu de diplôme. Tout en étudiant, Mihalovici développe une activité artistique intensive à Paris, par exemple en collaboration avec la danseuse roumaine Lizica Codreanu et le couple de peintres russes Mikhail Larionow et Natalja Goncharova. Il était également un ami proche du sculpteur Constantin Brâncusi et de l'artiste roumaine Irène Codreanu. Dans les productions d'avant-garde de 1921 à 1925 avec Lizica Codreanu, on entend les œuvres Prélude antique et Une vie de Polichinelle, sur lesquelles Codreanu danse. Mihalovici a travaillé avec Larionow, Goncharova et Frank Martin dans l'interprétation de son ballet Karagueuz opus 23 en 1924. Mihalovici remporte à plusieurs reprises le Prix national de composition George Enescu (1919, 1921 et 1925). Ses œuvres, comme le Quatuor à cordes op. 10, ont été jouées dans des sociétés musicales parisiennes comme la Société Musicale Indépendante, et les pièces orchestrales Notturno et Fantaisie op. 26 ont été interprétées dans les Concerts Straram.
À partir de 1928, sept œuvres de Mihalovici furent publiées par la maison d'édition La Sirène musicale de Michel Dillard à Paris et des concerts furent organisés spécifiquement pour les promouvoir, notamment des compositions de Bohuslav Martinů, Conrad Beck et Tibor Harsányi. Ce n'est qu'à partir de 1932 que ce groupe de compositeurs est associé par la presse - et par Mihalovici lui-même - à l'École de Paris, qui compte également des plasticiens. Cette « École de Paris », une collection d'artistes parisiens pour la plupart étrangers, comprenait également Alexandre Tansman et Alexandre Tcherepnine, amis proches de Mihalovici. L'œuvre graphique de Mihalovici date des années 1930 ; Outre des croquis à l'encre et au crayon, il y a également deux images grand format représentant Irène et Lizica Codreanu.
Jusqu'au début de l'année 1931, Mihalovici habite au 56 rue Monsieur le Prince, puis au 44bis avenue de Châtillon. D'août 1937 jusqu'à la fin de sa vie, Mihalovici réside au 15 rue du Dragon, reste à Paris et devient citoyen français. En 1932, Mihalovici fonde la société de musique de chambre Le Triton avec Pierre-Octave Ferroud et des compositeurs parisiens de renom, soutenus par un comité international. Cette institution, qui organisa des concerts jusqu'en 1939, se considérait comme un forum ouvert pour la présentation d'œuvres contemporaines nationales et étrangères. Dans le cadre de Triton, diverses œuvres de Mihalovici furent interprétées, comme la Sonate opus 35 en 1933, la Suite de Karagueuz opus 23 en 1934, le Divertissement opus 38 en 1935 et une première version de la Toccata opus 44 dans l'œuvre de Triton. dernier concert A Barcelone en 1936, Mihalovici rencontre Paul Sacher, qui le soutient désormais activement avec des commandes de composition et l'interprétation d'œuvres. Dans le cadre des festivals de musique de l'IGNM, Mihalovici a pu présenter plusieurs fois ses propres œuvres (1930, 1936, 1939, 1949 et 1952). Avant la Seconde Guerre mondiale, Mihalovici passait régulièrement les mois d'été dans son pays natal, la Roumanie. Les œuvres Toccata opus 44, Prélude et invention opus 42 et le premier opéra L'intransigeant Pluton opus 27 furent écrits avant son exil à Cannes.
Exil à Cannes Pendant l'occupation de Paris, Mihalovici, qui était juif, doit s'exiler à Cannes à l'été 1940 avec Irène et Lizica Codreanu et leur fils François. Parfois, la pianiste Monique Haas, la future épouse de Mihalovici, venait lui rendre visite. Les sonates opus 45 et opus 47, Ricercari opus 46 pour piano et, jusqu'en 1944, l'œuvre confessionnelle Symphonies pour le temps présent op. 48 furent écrites en exil.
Retour à Paris À partir de 1945, Mihalovici travaille intensivement pour la radio française nouvellement renforcée et écrit non seulement de la musique radiophonique sur le thème de la tragédie antique pour le Club d'Essai, mais aussi l'opéra Phèdre opus 58 en collaboration avec Yvan Goll en 1948. Il était également responsable d'une série de concerts. Un voyage en Palestine au printemps 1947 apporta les premières retrouvailles avec la famille après la fin de la guerre. Avant même la première diffusion de Phèdre à la radio française en avril 1950, Paul Sacher exécutait à Bâle les Variations opus 54 et commandait peu après une courte œuvre orchestrale, créée à Bâle le 14 décembre 1951 sous le titre Sinfonia giocosa opus 65.
Mihalovici et la vie musicale allemande L'activité de Mihalovici dans les pays germanophones s'est intensifiée non seulement grâce à sa collaboration avec le chef d'orchestre Ferdinand Leitner, qui dirigea la première mise en scène de Phèdre opus 58 à Stuttgart le 9 juin 1951, mais aussi grâce à sa connaissance du musicologue Heinrich Strobel. Pour les Journées musicales de Donaueschinger qu'il organisa, Mihalovici composa l'Étude en deux parties opus 64 et, grâce à son utilisation, la Sinfonia partita opus 66 fut créée avec le Südwestfunkorchester le 1er mars 1953. Sacher a également défendu à nouveau Mihalovici en 1954 avec la première de l'opéra radiophonique Die Heimkehr opus 70. A cette époque, Mihalovici et Haas passaient la plupart de l'été à la campagne, par exemple à La Chapelle-en-Serval, où Mihalovici poursuivait ses projets de composition et Haas préparait le programme de la saison à venir. Cette division de l'année en une pause estivale plus longue en dehors de Paris, au cours de laquelle un travail intensif a été effectué et une activité de concerts active à partir de l'automne, devait faire ses preuves dans les années suivantes.
Mihalovici a reçu son premier prix pour son travail de composition en 1955 lorsqu'il a reçu le prix Ludwig Spohr de la ville de Braunschweig. Dans les années suivantes, plusieurs œuvres de Mihalovici sont entendues à Braunschweig grâce aux efforts du chef d'orchestre Heinz Zeebe, comme Élégie opus 72 en 1955, Phèdre opus 58 en 1956, Thésée au labyrinthe op. 73 et Alternamenti op. 74 en 1957 ; après la mort de son ami Enescu en 1955, Mihalovici à sa demande, a partiellement achevé son œuvre fragmentaire, symphonie de chambre op. 33 d'Enescu. Au cours d'un séjour de trois mois en Australie, où Haas était en tournée de concerts, Mihalovici débuta en 1955 avec la grande œuvre chorale et orchestrale Sinfonia cantata op. 88, créée à Paris le 24 novembre 1964 et qui est l'une des grandes œuvres de Mihalovici.
Entre 1958 et 1962, après ses études, Mihalovici revient pendant une courte période à la Schola Cantorum de Paris en tant que professeur et enseigne la « morphologie », c'est-à-dire la théorie des formes. Cependant, Mihalovici n'a exercé cette activité que quelques années avec peu d'enthousiasme. Il investit plutôt son énergie dans de nouveaux projets de composition, comme un opéra avec son ami Samuel Beckett, prévu depuis mai 1959 et achevé en juillet 1960 avec l'achèvement de la partition de Krapp opus 81. La traduction anglaise et allemande du livret français a été réalisée en collaboration avec Samuel Beckett et Elmar Tophoven au printemps 1960. Après une longue pause estivale, les premiers préparatifs furent faits pour la représentation en novembre 1960 et janvier 1961 et la première elle-même en Bielefeld le 25 février 1961. Au cours de cette année couronnée de succès, Mihalovici reçoit également le prix de composition de la Copley Foundation Chicago, au conseil consultatif de laquelle siège Darius Milhaud.
Œuvrer pour les succès de la radio et de l'opéra français Fin 1960, Mihalovici avait achevé sa Sinfonia variata opus 82, commandée par Igor Markevitch. Cependant, la première le 5 janvier 1962 fut ensuite interprétée par l'Orchestre de la Tonhalle de Zurich sous la direction de Hans Rosbaud, qui appréciait et soutenait fortement l'œuvre de Mihalovici. A cette époque, Mihalovici s'implique à nouveau activement dans la radio française. Il devient membre du Comité de la Musique, chargé de sélectionner les œuvres contemporaines pour la production radiophonique. Il occupe ce poste jusqu'en 1964, date à laquelle la radio française est fondamentalement réorganisée. De 1965 à 1973, il est membre du Bureau de Lecture de Partitions Musicales, comité chargé des mêmes tâches. En septembre 1961, Mihalovici commence sa dernière œuvre musico-dramatique, l'opérette Les Jumeaux opus 84, également créée le 23 janvier 1963 au Théâtre national de Braunschweig.
En 1962, Mihalovici se tourne à nouveau vers un texte de Beckett, la pièce radiophonique Cascando, qu'il peut achever à la fin de l'année après avoir profité des vacances d'été à Ascona (Suisse) pour achever Les Jumeaux opus 84. La pièce radiophonique a été produite à Paris le 13 juin 1963 et mise en scène par Beckett.
Derniers travaux et distinctions tardives Les liens avec la Suisse s'intensifient à cette époque lorsqu'il entre en contact avec le chef d'orchestre et compositeur Erich Schmid, qui crée l'œuvre Périples opus 93 en 1968 et enregistre sa Cinquième Symphonie opus 94 pour la radio suisse en 1973. À partir de 1969, Mihalovici s'implique de plus en plus dans des jurys internationaux, par exemple auprès du Conseil Musical de la Fondation Prince Pierre de Monaco pour l'attribution du Prix de Composition Musicale Prince Rainier III. de Monaco, où il a servi jusqu'en 1979. En 1970 et 1972, Haas et Mihalovici se rendent en Californie, où Haas donne des concerts et Mihalovici rend visite à son frère Leo, émigré aux États-Unis. Mihalovici reçut d'autres commandes du ministère français jusqu'en 1975, par exemple pour Cantilène op. 100, avant de devenir lui-même membre de la commission des commandes du ministère des Affaires culturelles en 1975.
L'une des dernières compositions orchestrales majeures de Mihalovici est la Follia op. 106 (1976), commandée par la radio française et dédiée à Ferdinand Leitner. A cette époque, Mihalovici compose également de la musique de scène, comme Héraclès d'après Euripide. En 1976, Haas tomba gravement malade et souffrit d'un problème intestinal persistant jusqu'à sa mort. Mihalovici a également dû subir diverses opérations. Les dernières œuvres ont été écrites dans les années 1980, comme le quatrième quatuor à cordes opus 111, Miroir des songes opus 112, Torse opus 113 et Elégie II opus 114. Vers la fin de sa vie, Mihalovici a obtenu d'autres récompenses, comme comme le Grand Prix de la ville de Paris et le Grand Prix SACEM 1979. Après que Monique Haas ait subi une grave brûlure en 1984, Mihalovici et Haas se sont retrouvés dans une situation financière précaire, qui a été atténuée par un généreux don financier de Paul Sacher, qui a reçu des manuscrits de Mihalovici en guise de compensation. Après les décès de Mihalovici le 12 août 1985 et de Monique Haas le 9 juin 1987, tous deux inhumés dans l'urne 16083 du cimetière du Père-Lachaise, une grande partie du patrimoine revient à la Fondation Paul Sacher de Bâle.
Capriccio roumain, op. 40 (1936)
https://www.youtube.com/watch?v=W6fORFDe0_Y
Capriccio roumain
Orchestra de Cameră Radio (Bucharest National Radio Chamber Orchestra), conducted by Ludovic Bács
Symphonies pour le temps présent, op. 48 (1943-44)
https://www.youtube.com/watch?v=vn8yf4H8t60
Symphonies pour le temps présent op. 48 (1943-1944)
Chicago Symphony Orchestra, conducted by Jean Martinon
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