Charles de Bériot (1802-1870)

Charles-Auguste de Bériot

Le compositeur et violoniste belge Charles-Auguste de Bériot est né à Louvain le 20 février 1802 et mort à Bruxelles le 8 avril 1870. Enterré au cimetière de Laeken.

Musicien précoce, Bériot connut le succès lors d'une interprétation publique d'un concerto de Viotti, alors qu'il n'avait que neuf ans.
En 1812, il devint l'élève de Jean-François Tiby et du grand violoniste André Robberechts, lui-même élève de Viotti.
En 1821, il gagna Paris, où il fut encouragé par Viotti, directeur de l'Opéra de Paris depuis deux ans, et se produisit en public avec succès. Grâce à son style élégant et pur, sa tournée en Europe le rendit célèbre.
De 1824 à 1826, il a été violoniste du Roi Charles X en France, puis du roi Wilhelm I de Hollande. Il fit des tournées triomphales à Londres, Paris et d'autres capitales culturelles.

À Paris, en 1836, il épousa l'illustre cantatrice appelée "La Malibran", dont il était l'amant depuis six ans, après que le premier mariage de cette dernière eut été annulé. Le couple avait fait construire un vaste hôtel particulier à Ixelles, commune de Bruxelles. La mort prématurée de la diva mit fin la même année à cette idylle romantique par excellence, Bériot fera construire une vaste chapelle dans le cimetière de Laeken pour y inhumer sa compagne. Le fils de leur union, Charles Wilfrid, né à Paris en 1833 et décédé en 1914, deviendra pianiste virtuose, et devint notamment professeur de piano de Maurice Ravel.

Après une tournée en Autriche et en Allemagne, il se fixa à Bruxelles, où il devint professeur au Conservatoire. En 1843, il refusa le poste équivalent qu'on lui offrait au Conservatoire de Paris, suite à la mort de Pierre Baillot. Sa santé déclinante l'obligea à démissionner en 1852 et il mourut aveugle.

Bériot a composé une dizaine de concerti — dont le premier, dit "Militaire" (1829), dédié à Léopold 1er de Belgique, comporte un beau duo de violons —, 11 airs, cinq recueils d'études, 15 variations pour piano et violon et une cinquantaine de duos et d'études. Toutefois, la postérité a retenu ses talents d'interprète plus que ses œuvres, celles-ci n'étant plus jouées lors des concerts. Celui qui reste l'un des grands noms de l'école franco-belge de violon a également écrit une Méthode de violon.

Joachim, tu parles de Charles X, n'a-t'il pas été le violoniste de la Reine
Victoria aussi, plus connue que Charles X, enfin je crois, car mes connaissances sur l'histoire d'Angleterre ne sont pas terribles

Ludwig a écrit:

Joachim, tu parles de Charles X, n'a-t'il pas été le violoniste de la Reine
Victoria aussi, plus connue que Charles X, enfin je crois, car mes connaissances sur l'histoire d'Angleterre ne sont pas terribles

J'ai rectifié : il a été violoniste de Charles X, le roi de France !
Victoria a accédé au trône d'Angleterre en 1838 (et jusqu'en 1901 !), mais Bériot n'a pas été son violoniste ...

Oeuvres :

Violon et orchestre

Concertino, WoO (1826)
Concerto n° 1 en ré majeur "Militaire", op 16 (v. 1830)
Le Tremolo, caprice sur des thèmes de Beethoven, op 30 (1840)
Concerto n° 2 en si mineur, op 32 (1841)
Concerto n° 3 en mi mineur, op 44 (1843)
Concerto n° 4 en ré mineur, op 46 (1844)
Concerto n° 5 en ré majeur, op 55 (1846)
Concerto n° 6 en la majeur, op 70 (v. 1845)
Concerto n° 7 en sol majeur, op 76 (1851)
Concerto n° 8 en ré majeur, op 99 (v. 1845)
Scène de ballet, op 100 (ed. 1890)
Concerto n° 9 en la mineur, op 104 (1868)
Scène de ballet n° 2, op 105
Grande Fantaisie sur "Mon cher Damsel" de Dargomyjsky, op 115
Concerto n° 10, op 127 (v. 1850)


Violon et piano

Airs variés n° 1, op 1
Airs variés n° 2, op 2
Airs variés n° 3, op 3
Airs variés n° 4, op 5
Airs variés n° 5, op 7
Airs variés n° 6, op 12
Airs variés n° 7, op 15
6 Etudes brillantes pour le violon avec piano ad libitum, op 17 (1839)
Grand Duo concertant sur des motifs de Zanetta, op 33
3 Etudes caractéristiques, op 37
Airs variés n° 8, op 42
Souvenir de Boulogne, op 48
Airs variés n° 9, op 52
Grand Duo sur les jolis motifs du Barbier de Séville, op 56
Grand Duo brillant sur la Muette de Portici, op 62
Duo brillant sur des motifs de Haydée, op 64 (v. 1850)
Airs variés n° 10, op 67
Duo concertant, op 71
Grand duo sur Robert le Diable, op 74
Grand Duo brillant sur "Le Pirate", op 75
Airs variés n° 11, op 79
Duo sur l'Enfant Prodigue, op 80
Duo brilliant sur des motifs de 'La Fille du Regiment', Op.83
Duo sur des airs hongrois et styriens, op 84 (v. 1852)
Duo brillant sur les motifs de 'Lucia de Lammermoor', Op.86
Airs variés n° 12, op 88
Soirée musicale sur Otello, op 89 (1861)
3 Bouquets, op 104
12 Etudes caractéristiques, op 114
Rêveuse, op 118
Airs variés n° 13, op 121
Ouverture brillante, op 122
Airs variés n° 14, WoO
Souvenirs de Weber, op 126
12 Mélodies italiennes, WoO


Divers

Trio pour piano, violon, violoncelle sur des motifs du Freischütz, op 4
3 Nocturnes sur des mélodies de Schubert, pour piano, violon, violoncelle, op 34 (1841)
3 Grandes Etudes pour 2 violons, op 43
Quatuor avec piano en la mineur op 50 (1841)
Quatuor avec piano en ré mineur op 54
3 Duos concertants pour 2 violons, op 57
Trio n° 2 en ré majeur, op 58 (1847)
Duo concertant pour violon et piano n° 1 en ré majeur, op 63
Trio n° 3 en ut mineur, op 64 (1850)
Sonate concertante pour violon et piano, op 66
Duo concertant n° 2 en sol mineur, op 68
Duo concertant n° 3 en ut mineur, op 69
Duo concertant n° 4 en mi mineur, op 72
12 Duos faciles, pour 2 violons, op 87
3 Duos caractéristiques pour 2 violons, op 113 (1863)
Airs espagnols pour 2 violons, op 116
Opéra sans paroles, pour piano, violon, violoncelle (v. 1850)
Il Sogno di Tartini : Ballata pour voix, violon et piano (1836, WoO)
Les Ducats, aria pour voix et piano (1869, WoO)


Le Guide du violoniste, 20 études élémentaires, op 70 ou 75
Méthode de violon, op 102

Violon seul

10 Etudes ou Caprices pour violon seul, op 9
6 Brillantes Etudes, op 17
3 Caprices, op 36
12 Scènes ou Caprices pour violon seul, op 109
30 Etudes de concert pour violon seul, op 123
Sérénade pour violon seul, op 124
2 Etudes ou Caprices, WoO
Prélude ou Improvisation, WoO

deuxième volume de ses concertos paru chez Naxos: très belles découvertes dont le choix de concertos me parait plus interressant que ceux du premier paru ci dessous...
En particulier le 2eme concerto est un vrai "bijou", avec les thèmes très lyriques de ses trois mouvements (l'andante est un sommet!)

Sans doute un cran en dessous de Paganini, en général, mais du très beau violon romantique, avec une orchestration qui par contre rappelle assez celle de Paganini (avec ses tutti un peu assénés lourdement avec le renfort de tous les cuivres et grosse caisse!) mais peut être en plus variée

Ça ne vaut évidemment pas ses concertos, mais voici un CD Naxos d'oeuvres pour violon seul :



Moi qui suis plutôt allergique au violon solo (y compris Bach et Paganini ) j'avoue qu'ici j'ai pris un certain plaisir à l'écouter.

Il y a :

12 Scènes ou Caprices opus 109
9 Etudes (sans opus)
Prélude ou Improvisation op posthume

Il n'y a que ce dernier qui m'a plutôt ennuyé...

Un autre CD avec les concertos n° 2, 4 et 7, ces deux derniers n'étant pas des doublons puisqu'ils ne sont pas chez Naxos.

Je recommande particulièrement le n° 7 qui, avec le n° 8, est parmi mes préférés de ces concertos de Charles de Bériot (il n'y a que les n° 6 et 10 que je n'ai pas encore écoutés)

Excellent, remarquable, ce disque présenté. Pour l'instant, je n'ai d'écouter que le Concerto pour violon N°2, Op.32.
J'y ai retrouvé quelques accents à la Niccolò Paganini.
Merci pour ce partage d'un compositeur qui m'était complètement inconnu.

Article de la rtbf sur Charles de Bériot. Tout avait bien commencé dans sa vie, mais elle a fini plutôt mal...

https://www.rtbf.be/article/la-tragedie-de-charles-de-beriot-11137864?utm_campaign=Musiq%273_%2026-01-2023&utm_medium=email&utm_source=newsletter

Lorsque l’on pense à Charles de Bériot, on l’imagine au bras de la Malibran, récoltant les bravos de scène en scène, de ville en ville. Mais derrière le masque doré de la vie de virtuose, se cachent d’orageuses tragédies.
Jeune virtuose du violon, de Bériot s’impose à Bruxelles, à Paris et partout en Europe. En 1829, à Chimay, il rencontre Marie Garcia, dite la Malibran, du nom de son époux. L’amour entre la chanteuse et le violoniste est un feu ardent qui devient vite irrépressible, au-delà des conventions maritales. Les amants, partenaires en amour et en musique, vivront cette idylle jusqu’en 1835, date de l’annulation du mariage entre Marie et Eugène Malibran. Quelques mois plus tard, la Malibran deviendra Madamede Bériot.
Comment espérer mieux ? Les diseuses de bonne aventure ne pourraient rien ajouter : amour, succès, finances, tout y est… Enfin jusqu’à un maudit jour de septembre 1836. Voilà quelques mois seulement que le couple est marié, après plusieurs concerts, les voilà à Manchester. La soirée se déroule bien et les applaudissements retentissent, mais à peine la prestation terminée, Marie s’effondre… Personne ne comprend vraiment, personne n’imagine encore… la presse y voit "un fâcheux événement qui fera subir quelques changements de programme". Mais de jour en jour, les nouvelles de Manchester s’aggravent, jusqu’au 23 septembre. Ce jour-là, la Malibran âgée de 28 ans s’éteint à bout de forces et, d’après Castil-Blaze, avec enfant.
Dans sa longue tribune, Castil-Blaze reprend tout le tragique de la situation qui a mené cette femme à l’épuisement mental et physique, mais il évoque aussi le statut de Bériot.
Il écrit :
"Vantez-nous maintenant cette vie d’artiste exempte de soucis, de chagrins ! Montrez-nous ces joyeux troubadours suivant le cours de leurs plaisirs, se livrant à toutes les jouissances ; ils sont toujours contents, car ils chantent toujours. Hélas ! que de cavatines pleines de folie ont été dites dans la perfection par des virtuoses blessés cruellement au cœur. Quand la douleur la plus poignante vous déchire, vous pouvez pleurer au moins ; il faut que l’artiste rie, qu’il chante quelquefois quand le cadavre de sa sœur, de son père, de son fils, n’est pas encore refroidi, quand le vêtement de deuil n’est pas encore taillé".

Voilà qui fut trop difficile à faire pour Charles-Auguste, qui revient sur Bruxelles et décidera un temps d’arrêter sa carrière de virtuose. On pourrait alors se dire, "avec le temps, va, tout s’en va". Peut-être même que ce sentiment était celui de Bériot quand il se décide à remonter sur scène, à goûter de nouveau à l’amour, celui d’avec la pianiste Marie Hueber… mais le sort en aura décidé autrement et la camarde est décidément bien capricieuse : en 1858 décède sa seconde épouse et en 1865 son fils Franz… La maladie ne l’épargne pas non plus, une ophtalmie le pousse en 1852 à démissionner de son poste de professeur de violon au Conservatoire de Bruxelles. En 1858, cette même ophtalmie le rendra totalement aveugle. Enfin, dernier de tous les tracas, en 1866, il devra s’accommoder d’une paralysie de la main gauche, le laissant alors dépourvu physiquement…
Aussi quand vous tendrez l’oreille sur une œuvre de Bériot, de cet homme si charmant, si gai, de cet homme qui semble béni des dieux, sachez que de bénédiction, son histoire est plutôt celle d’une longue et patiente tragédie, où la gloire a toujours son revers.

Xavier Falques




https://www.youtube.com/watch?v=Ano08HOgD0M

Concerto pour violon et orchestre n° 7 en sol majeur, op. 76 (1851)

1.Allegro Maestoso – 00:00
2.Andante Tranquillo – 07:39
3.Allegro Moderato* – 13:23

Laurent Albrecht Breuninger (violin),
Nordwestdeutsche Philharmonie,
Frank Beermann (conductor)


Commentaire du CD

Charles Auguste de Bériot est né à Louvain en Belgique en 1802 et mort à Bruxelles en 1870. Ses premières leçons de violon sont données par Jean-François Tiby. Il était si doué qu'à l'âge de neuf ans, il interpréta en public un concerto de Giovanni Battista Viotti.

En 1821, à l'âge de dix-neuf ans, Bériot se rend à Paris pour jouer pour Viotti. Il a été loué par Viotti pour l'individualité de son style, mais en raison des fonctions de Viotti en tant que directeur de l'Opéra de Paris, il n'a pas pu enseigner à Beriot. En conséquence, Beriot a sollicité l'instruction de Pierre Baillot. Bériot ne put se soumettre aux rigueurs de l'enseignement de Baillot ; de plus, Bériot avait développé un style personnel distinctif que Baillot n'aimait pas. Sans solliciter l'approbation de Baillot, Bériot se lance dans une carrière soliste, faisant des débuts réussis à Paris, suivis d'un succès égal à Londres, où en 1826 il joue son Concertino à la Philharmonic Society (le Concertino est, en fait, le Premier Concerto , appelé concertino en raison de sa structure à mouvement unique). Puis, pendant six ans, lui et sa femme ont parcouru l'Europe en donnant des récitals communs.

En 1842, Pierre Baillot meurt à Paris à l'âge de 71 ans, et son poste de professeur au Conservatoire de Paris est offert à de Bériot. Il rejeta cependant l'offre et devint en 1843 professeur principal de violon au Conservatoire de Bruxelles où il fonda l'école franco-belge de violon. Pendant son mandat à Bruxelles, les troisième à septième concertos ont été publiés.

En raison d'une vue défaillante, il se retira en 1852 et, en 1858, devint totalement aveugle. La paralysie du bras gauche mit fin à sa carrière en 1866. Les chirurgiens lui amputèrent le bras gauche pour soulager la douleur.

Les dix concertos de Charles-Auguste de Bériot sont significatifs par leur rôle dans l'évolution du concerto pour violon au XIXe siècle. Son influence la plus directe peut être vue dans le jeu et les compositions de son élève le plus important, Henri Vieuxtemps, qui a étudié avec Bériot dans son enfance. Plus indirectement, l'influence de Bériot est évidente sur d'autres virtuoses du siècle, comme Henryk Wieniawski, Heinrich Ernst, et en fait la plupart des compositeurs pour violon du XIXe siècle.

En général, Bériot augmenta les exigences techniques de l'instrument dans ses œuvres après avoir entendu Paganini au début des années 1830, même si, étrangement, il employa rarement le pizzicato de la main gauche après la rencontre. Il avait utilisé la technique à plusieurs reprises dans son premier concerto, qui aurait été composé avant d'entendre Paganini, dans les années 1820. Il est donc intéressant de s'interroger sur les raisons de son abandon. Peut-être Bériot était-il si impressionné par la brillante exécution du pizzicato de la main gauche par Paganini qu'il a estimé que ses efforts étaient dérisoires en comparaison et n'a donc pas exploré davantage la technique. Une autre possibilité est qu'il n'ait peut-être pas été amoureux de la technique lorsqu'il a entendu Paganini l'exécuter et a décidé de ne pas l'utiliser davantage.

Les concertos de Bériot, bien que considérablement exigeants, ne sont pas aussi difficiles que les œuvres de Paganini ou celles des compositeurs virtuoses ultérieurs Ernst, Vieuxtemps et Wieniawski. Cependant, parce que les œuvres étaient connues de son vivant et parce que les compositeurs ultérieurs ont utilisé ses idées et les ont développées, les dix concertos peuvent servir d'excellentes pièces de transition ou préparatoires pour le répertoire plus standard du XIXe siècle, à la fois musical et virtuose.