Rodion Chtchedrine (Shchedrin) né en 1932

Rodion Konstantinovitch Chtchedrine (en russe : Родион Константинович Щедрин) est un compositeur russe, né le 16 décembre 1932 à Moscou.

Artiste du peuple de l'URSS (en 1981), lauréat du prix Lénine (1984), lauréat du Prix d’État de l'URSS (1972) et du prix d'État de la Fédération de Russie (1992). Membre du Groupe interrégional des députés (1989-1991).


Né à Moscou dans la famille d’un diplômé du Conservatoire de Moscou, compositeur et professeur, Konstantin Mikhailovitch Chtchedrine (1894-1955) et d’une économiste et passionnée de musique, Concordia Ivanovna Chtchedrina (née Ivanova) (1908-1999). Le grand-père de Rodion Chtchedrine est un prêtre orthodoxe d'Aleksine, gouvernement de Toula. Le sentier menant à l’église où le prêtre faisait ses offices a été surnommé par les paroissiens un "chtchedrinka".

Le premier professeur du jeune Rodion est son père Konstantin Mikhailovitch ; né dans le village de Vorotci du gouvernement de Toula, mais qui a grandi à Aleksine, une petite ville non loin de Toula. Le petit Rodion a un don musical rare, sa mémoire fonctionne comme un magnétophone, enregistrant la musique dès la première fois, sans aucun doute il a l’oreille absolue. Son talent extraordinaire est un jour remarqué par l’actrice V. N. Pachennaya qui visite de temps en temps la ville et qui finalement se charge de tous les frais pour envoyer le garçon à Moscou afin qu’il puisse y faire ses études au Conservatoire.

Depuis son plus jeune âge, Chtchedrine est entouré de musique : il écoute son père jouer du violon, il assiste au concert du trio instrumental organisé par son père et ses frères.

En 1941 Rodion entre à l’École centrale de musique auprès du Conservatoire de Moscou. M.L Gekhtman devient son premier vrai professeur de piano et lui donne des cours privés. Pendant la Seconde Guerre mondiale (en octobre 1941) la famille Chtchedrine est évacuée à Samara. Dimitri Chostakovitch, lui aussi évacué, se retrouve dans cette ville où il finit sa septième symphonie ; le jeune Rodion a la chance de l’entendre lors de la répétition générale dirigée par S. Samosud.

D.Chostakovitch et K. Chetchdrine, les deux, sont membres de l’Union des compositeurs, où l’un est président et l’autre secrétaire adjoint. Chostakovitch soutient la famille Chtchedrine dans son quotidien.

Chtchedrine continue sa formation au Collège de chant de chœur de Moscou (1944-1950) présidé par A. V. Svechnikov.

Dans les années 1950-1955 R. K. Chtchedrine fait ses études au Conservatoire Tchaïkovski de Moscou qu’il termine avec mention dans deux disciplines : celle de la composition (classe de Iouri Chaporine) et celle du piano (classe de Y. V. Flier).

En 1956, Chtchedrine fait un cycle d'études préparant à la soutenance de la thèse de candidat (prof. Y.A. Chaporine). En 1959 Chtchedrine soutient avec succès sa thèse (prof. Iouri Chaporine).

Le 2 octobre 1958, Chtchedrine épouse une soliste du Bolchoï, la célèbre ballerine, Maïa Mikhaïlovna Plissetskaïa.

Du 1965 au 1969 Chtchedrine enseigne la composition au Conservatoire de Moscou. Parmi ses élèves sont O.Galakhov, B.Getcelev, G.Mintchev. Chtchedrine arrête ses activités pédagogiques au Conservatoire à cause d’un conflit avec les représentants du Parti communiste du département de composition et théorie musicale.

En 1968 il refuse de signer la lettre soutenant l’entrée des troupes du Pacte de Varsovie en Tchécoslovaquie.

En 1973 Chtchedrine est élu président de l’Union des compositeurs de la Fédération de Russie, béni par D. Chostakovitch. Il ne quitte ce poste qu’en 1990 tout en restant président d’honneur de l’Union des compositeurs de Russie.

Le fait qu’une grande organisation de compositeurs russes pendant de longues années était présidée et dirigée par un compositeur important et novateur a évidemment joué un rôle considérable dans l’évolution de la musique. Chtcherdrine a apporté son soutien à d’autres compositeurs, musicologues, chefs d’orchestre etc.

"Chtchedrine a présidé l’Union des compositeurs russes toutes ces années, mais peu de gens savent le nombre de jeunes talents réprouvés, chassés par le pouvoir qu’il a soutenus" - a écrit en 2002 Vladimir Spivakov dans le prospectus du Festival de musique consacré au 70e anniversaire du compositeur R. K. Chtchedrine.

Parmi ses compositions figurent les ballets The Little Hump-backed Horse (1955), Carmen (1967 (basé sur l'opéra Carmen de Georges Bizet), Anna Karénine (d'après le roman éponyme de Léon Tolstoï), et Lady with a Lapdog (1985) ; les opéras Not Only Love (1961), et Dead Souls (1976) ; ainsi que de nombreux concertos pour piano, symphonies, musiques de chambre...

Oeuvres :


Musique symphonique

1re Symphonie (1956-1958),
Suite de l'opéra Pas seulement l'amour (1964)
Concerto pour orchestre n°1 "Couplets polissons " (1963)
Symphonie n° 2 "Vingt Cinq Préludes pour orchestre" (1965)
Carmen - Suite, suite de ballet d’après Bizet (1967)
Fanfares symphoniques (1967)
Concerto n°2 pour orchestre "le tintement des cloches " œuvre créée à New York sous la direction de Leonard Bernstein (1968)
Ouverture solennelle (1982)
Suite du ballet La Mouette (1984)
Autoportrait, variations pour orchestre (1984)
Musique pour instruments à cordes, 2 hautbois, 2 cors et célesta (1984)
Stihira, hymne pour le millénaire de la christianisation de la Russie (1987)
Concerto pour orchestre n° 3 "Musique de cirque de l'ancienne Russie (1988)
Concerto pour orchestre n° 4 "Khorovody" (1989)
Flageolets pour Toru takemitsu (1990)
Gusle de cristal (1994)
Photographies russes pour orchestre à cordes (1994)
Slava, slava pour le 70ème anniversaire de Rostropovitch (1997)
Concerto pour orchestre n° 5 "Quatre chants russes" (1998)
Symphonie n° 3 "Les visages des contes russes" (2000)
Dialogues avec Chostakovitch, études symphoniques (2001)
Vivat! ouverture de Saint Petersbourg (2008)
Testament de Heiligenstadt de Beethoven (2008)
Saga lituanienne (2008)
Diptyque symphonique (2009)


Concertos

Concerto pour piano N°1 (1954) (Version révisée en 1974)
Concerto pour piano N°2 (1966)
Concerto pour piano N°3 "Variations et thème" (1973)
Concerto pour piano N°4 "Dièses" (1991)
Concerto pour piano N°5 (1999)
Concerto pour piano N°6 "Concerto lontano"(2003)
Concerto pour trompette et orchestre (1993)
Concerto "sotto voce" pour violoncelle et orchestre (1994)
Concerto "dolce" pour alto et orchestre (1997)
Concerto "cantabile" pour violon et orchestre (1998)
Parabola concertante pour violoncelle, orchestre à cordes et timbales (2001)
Concerto parlando pour violon, trompette et orchestre à cordes (2004)
Concerto pour hautbois (2010)
Double concerto "offrande romantique" pour piano et violoncelle (2011)


Musique de chambre

Suite pour clarinette et piano (1951)
Suite de chambre pour harpe, accordéon, violons et 2 contrebasses (1965)
Les fresques de Dionysos, une suite pour neuf instruments (1981)
Muzïkal'noye prinosheniye (Une offrande musicale), pour 3 flûtes, 3 bassons, 3 trombones et orgue (1983)
Trois bergers, trio pour flûte, hautbois et clarinette (1988)
Stalin cocktail, pour violon et orchestre de chambre (1992)
Sonate pour violoncelle et piano (1996)
Pastorale pour clarinette et piano (1997)
Piano terzetto pour trio avec piano (1997)
Menuhin Sonata, pour violon et piano (1999)
Anciennes mélodies folkloriques russes, pour violoncelle et piano (2007)
Scènes lyriques pour quatuor à cordes
Dies Irae pour trompette, orgue et instruments (2010)


Violon seul

Dans le style d'Albeniz (1973)
Echo Sonata (1984)
Balalajka (1998)
Duet (2000)


Piano

10 pièces : Poème, Quatre pièces du Petit cheval bossu, Humoresque, A la Albéniz, Troïka, Deux morceaux polyphoniques (1952/61)
Sonate n° 1 en ut majeur(1962)
24 Préludes et Fugues (1964/70)
Livre polyphonique, 25 Préludes (1972)
Album pour la jeunesse, 15 pièces (1981)
Tchastouchki (couplets folkloriques) (1999)
Sonate n° 2 (1997)
Journal, 7 pièces (2002)
Questions, 11 pièces (2003)
Sonatine concertante (2005)
A la Pizzicato (2005)
Pages naturelles (2009)


Ballets

Le Petit cheval bossu (1960)
Carmen (1967)
Anna Karenine (1968)
la Mouette (1980)
La Dame au petit chien (1986)


Opéras

Nie tolko lioubov (Pas seulement l’amour) (1961)
Les âmes mortes, d’après Gogol (1976)
Nina et 12 mois, comédie musicale en japonais (1988)
Lolita (1992)
Le Vagabond ensorcelé (2003)
La Boyarinya Morozova (2006)
Le Gaucher (2013)


Musique vocale

Bureaucratiade (cantate satirique pour solistes, chœur et orchestre) sur des vers d'Andreï Voznessenski (1963)
Poètoria, Concerto pour un poète, pour contralto, chœur mixte et grand orchestre sur des poèmes d'Andreï Voznessenski (1968)
Lénine dans le coeur du peuple, Oratorio pour soprano, alto et basse, choeur mixte et orchestre (1972)
Supplice de Pougatchev pour choeur mixte a cappella (1981)
Stanzas d’Eugène Onéguine pour choeur mixte a cappella (1981)
Stikhira (pour le millénaire du christianisme en Russie) (1987)
L'ange muet, musique liturgique russe en huit mouvements d'après une nouvelle de Nikolay Leskov pour chœur mixte, solistes, deux voix de garçon et flûte (1988)
Prière pour choeur mixte et orchestre sur des texte de Yehudi Menuhin (1991)
Mon âge, ma bête sauvage, cycle de mélodies pour ténor et piano d'après Osip Mandelstam (2002)
Cléopâtre et le serpent, scène lyrique pour soprano et orchestre (2011)


Chants révolutionnaires

"Marseillaise des travailleurs" Texte P. Labrov (En hommage à Claude Rouget de Lisle)
"Soyez braves camarades, ne désespérez pas..."
" Hymne à la jeunesse démocratique "


Musique de film

De nombreuses musiques de film, dont Anna Karénine (1967)

Pour se faire une idée de Chtchedrine :






On dirait un peu du Prokofiev, mais du mauvais Prokofiev...

Bof

Je ne connais pas du tout ce compositeur si ce n'est par une oeuvre qui ne m'avait pas spécialement marqué. Les quelques rares avis que j'ai pu avoir d'amateurs, même de contemporain, n'étaient pas très positifs non plus. Je ne suis pas très chaud du coup même si je ne le raye pas définitivement de ma liste de créateurs à découvrir.

Il me semble pourtant qu'il devrait te plaire. C'est assez moderne, mais pas trop poussé quand même. Je te conseillerais d'essayer

Tant que je n'ai pas écouté moi-même, je ne le raye pas de ma liste, je vais juste essayer de savoir quelle oeuvre il me faudrait découvrir...maintenant, il y a moderne et moderne, comme il y a baroque et baroque, classique et classique, romantique et romantique.

Je suis en train d'écouter son ballet en 2 actes "Le Petit Cheval Bossu", un conte de fées analogue à l'Oiseau de Feu de Stravinski. D'ailleurs la musique y fait un peu penser.

C'est pas mal

joachim a écrit:

Je suis en train d'écouter son ballet en 2 actes "Le Petit Cheval Bossu", un conte de fées analogue à l'Oiseau de Feu de Stravinski. D'ailleurs la musique y fait un peu penser.

C'est pas mal

J'ai moi aussi beaucoup aimé ce ballet, ainsi que la suite Carmen, le reste m'a laissé assez peu enthousiaste, notamment les symphonies...

Icare a écrit:

Tant que je n'ai pas écouté moi-même, je ne le raye pas de ma liste, je vais juste essayer de savoir quelle oeuvre il me faudrait découvrir...maintenant, il y a moderne et moderne, comme il y a baroque et baroque, classique et classique, romantique et romantique.

L'oeuvre par laquelle j'aurai abordé Rodion Shchedrin aura finalement été son Concerto pour violoncelle et orchestre "Sotto Voce" par Mstislav Rostropovich, le London Symphony Orchestra sous la direction de Seiji Ozawa. Dire que l'on m'en avait dit du mal et finalement, cette première écoute fut très positive, ce qui veut dire qu'il faut toujours se fier à sa propre oreille et sensibilité parce que l'avis des autres n'est jamais que l'avis des autres. Bien qu'il approche les 38 minutes, je n'ai pas vu le temps passer. Le concerto est ample, assez intense et puis il y a le dernier mouvement avec la flûte solo. Je trouve que cette partie-là ne manque pas de beauté ni de poésie. Objectivement, c'est une oeuvre qui a de la consistance et de la tenue, rien à voir avec la description négative que l'on en m'avait faite. De plus, je n'ai pas eu l'impression d'écouter du "sous-Prokofiev".

Concert en l'honneur du monsieur…