Je me suis enfin laissé tenter par le Cellini de John Nelson et je ne regrette pas mon choix.
J'avais moyennement accroché à cet opéra dans la version de Davis, et je pense que ça vient notamment du choix de la version (dialogues parlés).
Berlioz avait fait de nombreuses concessions pour que l'opéra soit joué à Paris : remplacement des récitatifs par des dialogues, rajout de quelques airs de bravoure pour flatter l'égo de quelques solistes et coupes franches dans la partition. La version de Weimar fut bien pire puisque Liszt avait opéré un réamménagement encore plus profond de la partition, mais il a au moins eu le mérite de le faire apprécier de l'auditoire allemand.
Hector BERLIOZ - Benvenuto Cellini
direction : John Nelson
Orchestre National de France et Choeurs de Radio France
direction artistique : Kurt Masur
Cellini : Gregory Kunde
Teresa : Patrizia Ciofi
Balducci : Laurent Naouri
Ascanio : Joyce di Donato
John Nelson est revenu à la version d'origine avec ses
splendides récitatifs mais, n'ayant pas voulu jouer les puristes, a rajouté les améliorations portées par Berlioz au cours des différentes représentations.
La précision de l'orchestre et des voix est très réussie, avec, pour courroner le tout
une excellente diction.
Un petit bémol pour Gregory Kunde qui semble parfois au bout de ses limites pour incarner le personnage fougueux que fut Cellini. Renaud Delaigne (basse) en Clement VII manque sérieusement de profondeur et de prestance pour le rôle. Les voix féminines (Teresa et Ascanio) sont d'une beauté remarquables.
Le nec plus ultra, c'est le baryton français Laurent Naouri qui, avec la chaleur de sa voix et son agilité vocale fait réellement vivre son personnage de Messire Balducci, le trésorier du Pape.
Que du bonheur ! je conseille ce disque à tous les berliophiles et berliophobes : trois heures jubilatoires !