Rodrigo de Ceballos (v.1525-1581)

Rodrigo de Ceballos (aussi orthographié Çavallos, Cevallos, Zaballos, né vers 1525 (ou 1534 d'après d'autres sources) à Aracena, dans la province de Huelva, et mort à Grenade en 1581, est un compositeur espagnol de la Renaissance. Il ne faut pas le confondre avec son grand-père, Rodrigo de Ceballos (vers 1503-1535), maître de chapelle de la cathédrale de Burgos. Il est aussi souvent confondu avec Francisco de Ceballos, qui fut aussi maître de chapelle de Burgos, et à qui on attribue souvent des œuvres de Rodrigo.

Rodrigo de Ceballos est issu d'une famille de musiciens au service de la cathédrale de Burgos, qui trouve ses origines dans un autre Rodrigo de Ceballos (v. 1503-1535), maître de chapelle de la cathédrale de Burgos, qui eut deux fils. Le premier, Francisco de Ceballos (V 1532-1571), fut également maître de chapelle après la mort de son père. Le second, Juan de Ceballos (fl. 1532), qui était chanteur et aumônier à Burgos, était le père de Rodrigo de Ceballos (1534-1581) dont il est question ici.

On sait peu de choses sur la formation de Rodrigo de Ceballos, bien que l'on suppose qu'il a fait ses études à Burgos, avec son grand-père, son père ou son oncle. En revanche, on sait qu'il est né à Aracena vers 1534, dans la province de Huelva et diocèse de Séville. Il est possible qu'il y soit né parce que son père, Juan de Ceballos, partit en Amérique vers 1536 pour devenir maître de chapelle. Mais il n'est pas sûr que le Juan de Ceballos parti pour l'Amérique et le chanteur de Burgos soient la même personne. Le fait est que la première documentation dont nous disposons sur Rodrigo de Ceballos le situe dans la Cathédrale de Séville, où en octobre 1553 le chapitre chargea "Rodrigo de Ceballos, musicien, qui est actuellement dans cette ville au chômage et qui est habile dans ce domaine" d"écrire trois grands livres sur la polyphonie. La manière dont la note a été rédigée et l'absence de rémunération pour le travail indiquent qu'il est probable qu'il n'a pas reçu de formation musicale à Séville. Le 3 septembre 1554, le conseil métropolitain de Burgos rédigea une recommandation pour Rodrigo de Caballos à l'évêque de Malaga, Bernardo Manrique de Lara, un fait qui renforce l'hypothèse qu'il s'est formé à Burgos, surtout en tenant compte du fait qu'à cette époque il résidait toujours à Séville (où il fut ordonné prêtre en 1556).

Il n'a pas réussi les examens pour le métier d'enseignant de la Cathédrale de Málaga, où il a affronté cinq autres compositeurs. Il a obtenu quelques votes pour la première place, mais la plupart étaient pour la deuxième.​

Le 31 janvier 1556, le conseil de la cathédrale de Cordoue décida d'amener Ceballos avec le même salaire qu'il recevait à Séville, mille réaux et deux cahices de blé. Quelques mois plus tard, il fut nommé assistant du maître de chapelle par intérim, Alonso de Vieras, déjà très âgé et malade. En 1557, après la mort de Vieras, il fut officiellement nommé maître de chapelle.​

En 1561, après de rudes concours, il fut nommé le 28 juin à la profession d'enseignant de la Chapelle Royale de Grenade. Il resta en fonction jusqu'à sa mort, unissant la profession d'enseignant à celle d'aumônier royal, y compris la voix et le vote au chapitre de la Cathédrale de Grenade.

Il fait partie des compositeurs de l'école andalouse aux côtés d'autres plus connus, dont Francisco Guerrero ou Cristóbal de Morales. Ses œuvres sont préservées dans les archives de plusieurs cathédrales et monastères d'Espagne et d'Amérique latine, notamment « aux cathédrales de Huesca, de la Seo de Saragosse, de Tolède, à l'église Santiago de Valladolid, à la bibliothèque Medinaceli et à celle du monastère de l'Escurial ». Cette profusion souligne la notoriété du compositeur en son temps, bien que certaines de ses partitions ont parfois été attribuées à tort à Francisco de Ceballos, maître de chapelle de la cathédrale Sainte-Marie de Burgos, apparemment sans liens de parenté avec lui.


Œuvre

79 partitions de Rodrigo de Ceballos nous sont parvenues, dont 39 motets, 3 messes, 8 psaumes pour les vêpres, 6 hymnes, 8 Magnificat, un cycle de lamentations et 7 œuvres profanes, outre des madrigaux et des villancicos.

Magnificat du 2ème ton



https://www.youtube.com/watch?v=RbXPRiHZNAA

Magnificat secondi toni

ARS HUMANA.
Dir. Carlos Federico Sepúlveda.

Note

"Magnificat secondi toni" de RODRIGO DE CEBALLOS (ca.1533-1581), de la collection Magnificat Octo Tonorum, conservée dans les Archives Musicales de la Cathédrale de Bogota (Colombie-Nouvelle-Grenade, XVIe-XVIIIe siècles).

"Le Cycle Magnificats en huit tons du compositeur Rodrigo de Ceballos est un trésor musical de la Renaissance espagnole. Ce cycle se distingue par son excellence musicale et par son importance en tant que patrimoine national, puisque les partitions complètes se trouvent exclusivement dans les Archives Musicales. de la Cathédrale de Bogotá (Colombie). Cette composition est constituée d'arrangements polyphoniques à quatre voix des vers impairs du texte du magnificat, dans les huit tons liturgiques.

Rodrigo de Ceballos est né à Aracena dans la province de Huelva (vers 1525/1530). Il est probable qu'il ait reçu très tôt une formation musicale auprès de son père, qui travaillait comme chanteur à la cathédrale de Burgos. En 1553, Ceballos fut chargé de copier les livres de musique de la cathédrale de Séville. En 1556, il fut engagé comme chanteur dans la cathédrale de Cordoue (chantant avec la voix la plus haute ou la plus aiguë) et plus tard la même année, il devint maître de chapelle dans cette cathédrale. À la fin de 1556, il visita Séville, où il fut ordonné prêtre. En 1561, il commença à travailler comme chanteur dans la Chapelle Royale de Grenade et fut nommé maître de chapelle, poste qu'il occupa jusqu'à sa mort en 1581.

Aux XVIe et XVIIe siècles, il était courant en Europe d'alterner l'intonation des douze vers du Magnificat de manière polyphonique et monophonique. Des compositeurs tels que Morales, Francisco Guerrero et Tomás Luis de Victoria ont écrit des arrangements polyphoniques pour les couplets pairs ou impairs du magnificat dans les huit tons. Ainsi, un cycle polyphonique de magnificats du Siècle d'Or espagnol comprend la composition en style polyphonique de six des douze vers (pairs ou impairs), qui alternent avec les autres vers entonnés de manière monophonique. Tour à tour, chacun des douze versets est composé dans les huit tons liturgiques.

Dans le cas du Cycle Ceballos, ou d'autres cycles qui alternent polyphoniquement vers impairs, cette alternance entre vers polyphoniques et monophoniques est valable, sauf dans le vers 1, "Magnificat anima mea". En tant que premier couplet d'un arrangement polyphonique de couplets impairs, ce premier couplet doit être dans un style polyphonique. Cependant, la tradition de l'interprétation en solo-chœur ou en questions-réponses (monophonie-polyphonie) prévaut sur l'arrangement polyphonique. Pour cette raison, ce premier vers présente les deux textures : le mot « Magnificat » avec la mélodie grégorienne ou le ton liturgique correspondant, et le reste du vers sous forme polyphonique. À partir de ce verset, nous entendrons toujours les vers impairs de manière polyphonique et les vers pairs de manière monophonique.

Rodrigo de Ceballos n'a jamais voyagé dans le Nouveau Monde, mais sa musique l'a fait, et ce cycle particulier des Magnificats a été joué pendant plusieurs siècles dans la cathédrale de Bogotá et dans d'autres cathédrales des Amériques. Grâce à cette pratique intercontinentale, le cycle a survécu et nous pouvons aujourd'hui l'admirer, l'étudier et le diffuser."

Marcela García Botero. Texte de ce phonogramme.