Joan Trimble (1915-2000)

Joan Trimble (18 juin 1915 - 6 août 2000) était un compositeur et pianiste irlandais et l'un des musiciens les plus distingués d'Ulster au XXe siècle. Elle a étudié à la Royal Irish Academy of Music et au Royal College of Music de Londres, et elle et sa sœur se sont produites pendant de nombreuses années en tant que célèbre duo de pianos. Plus tard, elle hérita du journal de son père et en devint propriétaire et rédactrice en chef.

Joan Trimble est née à Enniskillen, dans le comté de Fermanagh (aujourd'hui Irlande du Nord), fille de William Egbert Trimble, propriétaire de l'un des journaux régionaux les plus connus d'Ulster, et de Marie Dowse de Dublin. Joan a grandi dans une famille intensément musicale : sa mère était une violoniste soliste distinguée issue d'une célèbre famille de musiciens de Dublin, dont les onze enfants avaient fréquenté la Royal Irish Academy of Music, et son père était un musicien talentueux, un excellent bassiste. baryton et collectionneur réputé de chansons folkloriques. Elle a fréquenté l'Enniskillen Royal School for Girls et a été la première préfète en chef de l'école. En 1931, Joan et sa sœur Valérie (1917-1980) commencèrent des études à la Royal Irish Academy of Music de Dublin.

Joan a étudié la composition avec John F. Larchet et a remporté une bourse à l'Université de Dublin, d'où elle a obtenu un baccalauréat en 1936. Elle reçut des bourses de piano, de violon et de composition et étudia le piano avec Annie Lord et la musique au Trinity College de Dublin (BA 1936, BMus 1937). En 1936, le ténor John McCormack la choisit pour jouer des solos de piano lors d'une de ses tournées. Elle a déménagé à Londres et a rejoint sa sœur au Royal College of Music, où son mentor était le compositeur et pianiste australien Arthur Benjamin, et où elle a étudié la composition avec deux des plus grands compositeurs anglais, Herbert Howells et Ralph Vaughan Williams.

Joan a composé un total de vingt-quatre œuvres au cours d'une carrière créative de vingt ans, dont seize dans la période 1937-1943, dont Buttermilk Point (1938), des arrangements de chansons folkloriques irlandaises (1939-40) et la Sonatine pour deux pianos. (1940); et six autres, dont The Heather Glen (1949) et une Suite pour cordes (1951), dans la période 1949-1953. Son Phantasy for Piano trio (1940), qu'elle a écrit sur la suggestion de Vaughan Williams, a remporté le prix Cobbett pour la musique de chambre et le prix Sullivan pour la composition. Le County Mayo (1949) était une combinaison inhabituelle de deux pianos et d'une voix de baryton suggérée par le chanteur Robert Irwin. Les commandes pour la BBC comprenaient Ulster Airs (1939-1940) pour le BBC Northern Ireland Orchestra et Erin Go Bragh, une marche-rhapsodie pour fanfare (1943). Sa composition pour voix et orchestre, How Dear to Me the Hour, a remporté le prix du centenaire de Radio Éireann en 1953.

En 1957, la BBC lui commande un opéra et elle choisit l'histoire de 1924, Blind Raftery de Donn Byrne (1889-1928) sur un barde irlandais errant, qui se déroule dans l'ouest de l'Irlande au XVIIe siècle. Elle a demandé à Cédric Cliffe, qui avait travaillé avec Arthur Benjamin, d'écrire le livret. C'était le deuxième opéra commandé par la BBC pour la télévision, le premier ayant été le Manana en un acte en 1956 par Benjamin, professeur de piano de Trimble au Royal College of Music ; et c'était le premier opéra télévisé écrit par une femme. compositeur.

Entre 1959 et 1977, Trimble fut professeur d'accompagnement et de musicalité au Royal College of Music, pendant dix ans après 1967, faisant la navette entre Londres et Enniskillen.

Joan Trimble a épousé en juin 1942 à Londres John Greenwood Gant (1917-2000), un officier du Royal Army Medical Corps, avec qui elle a eu un fils et deux filles.

Après la mort de son père en 1967, elle devient directrice générale de l'entreprise familiale et reprend la direction de son journal, The Impartial Reporter à Enniskillen, la quatrième génération de sa famille à le faire. Elle en resta propriétaire et éditrice jusqu'à sa mort, date à laquelle sa fille lui succéda.

Elle a été directrice générale active, dans les dix années qui ont suivi 1967, faisant la navette entre Londres, où elle enseignait, et Enniskillen ; et elle s'est impliquée dans le journalisme local et a écrit pour le journal, y compris une chronique hebdomadaire consacrée à l'histoire du quartier. En 1977, elle a pris sa retraite de son poste au Royal College of Music pour se concentrer sur le Reporter.

Elle a attiré une nouvelle attention dans les années 1990 lorsqu'on lui a commandé une nouvelle composition et que les premiers enregistrements de sa musique sont apparus.

Elle est décédée à Enniskillen le 6 août 2000, à l'âge de 85 ans, deux semaines après le décès de son mari.


En duos pour pianos avec sa sœur Valérie

Trimble s'est d'abord fait remarquer en jouant dans un duo de pianos avec sa sœur Valérie. Leur partenariat a une histoire longue et distinguée, ayant remporté le premier prix à un concours de musique de Belfast en 1925. Joan composa plus tard des œuvres pour deux pianos qu'ils interprétèrent ensemble, dont la Sonatine (1940). Ils donnèrent leur premier récital professionnel en duo le soir du 28 septembre 1938 au Royal College of Music de Londres, peu après la déclaration de guerre avec l'Allemagne. Un de leur public a déclaré qu'il était venu les entendre « car c'était peut-être la dernière musique qu'il entendrait jamais ». Ils ont interprété trois des nouvelles compositions de Joan, Buttermilk Point, The Bard Of Lisgoole et The Humours of Carrick, le poème irlandais pour deux pianos d'Arnold Bax, Moy Mell, et la Rumba jamaïcaine à quatre mains, qui avait été composée pour eux par Arthur Benjamin pour leur première performance. C'est Benjamin qui avait encouragé Joan et sa sœur, dont le principal instrument était le violoncelle, à jouer du piano ensemble, et cette pièce est devenue leur mélodie signature.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les sœurs travaillèrent comme infirmières bénévoles pour la Croix-Rouge à Londres et se produisirent régulièrement à la BBC, aux concerts de midi de la National Gallery de Dame Myra Hess et aux concerts-promenades de la BBC. La première de leurs nombreuses apparitions au bal eut lieu en 1943, et leurs duos de piano furent diffusés pendant de nombreuses années dans la série radiophonique hebdomadaire de la BBC « Tuesday Serenade ». Leur répertoire était vaste et comprenait Arnold Cooke, Dallapiccola et Stravinsky, et elles ont créé les concertos pour deux pianos d'Arthur Bliss et Lennox Berkeley. Au début des années 1950, elles donnèrent la première britannique de l'un des concertos pour deux pianos de Mendelssohn, le la bémol.

Les sœurs ont également interprété de la musique moderne, notamment des œuvres de Stravinsky, Dallapiccola, Arthur Bliss et Lennox Berkeley, et ont continué à se produire en public jusqu'en 1970.


Œuvres

La musique de Joan Trimble était conservatrice pour son époque et toujours bien conçue. Elle avait un intérêt profond et érudit pour la musique traditionnelle irlandaise et il y avait une qualité irlandaise innée dans son écriture.

Son travail combinait le langage harmonique impressionniste qu'elle avait appris depuis ses études avec Annie Lord avec des inflexions mélodiques et rythmiques dérivées de la musique irlandaise. Ses arrangements d'airs irlandais pour deux pianos ne différaient pas stylistiquement de ses compositions originales. Elle a dit qu'elle avait écrit sa musique sans tenir compte des écoles ni de l'époque. 'La forme, le rythme et la clarté, ainsi que la liberté d'expression, sont tous importants. Je suis libre d'être moi-même quelle que soit la mode.'

Sa musique la plus avancée était contenue dans la Sonatine pour deux pianos (1940) et dans l'impressionnant cycle de chansons The County Mayo (1949). L'idiome irlandais qui a inspiré son style distinctif a donné à sa musique une qualité rythmique et rhapsodique, et ses compositions transmettaient quelque chose de la couleur et de la clarté de la musique française.


Orchestre

15 Ulster Airs (arrangements d'airs traditionnels, 1939-1940)
In Glenade pour orchestre à cordes (1942)
Suite pour cordes pour orchestre à cordes (1951)


Musique de chambre

The Coolin (air irlandais) (1939) pour violoncelle et piano. Londres : Hawkes & Son, vers 1939.
Phantasy Trio (1940) pour violon, violoncelle, piano
The Pool among the Rushes (La piscine parmi les joncs) (1941) pour clarinette et piano
Erin go Bragh (1943) pour fanfare
Introduction et Air (1969) pour deux harpes. Cork : Mercier Press, 1969 (dans The Irish Harp Book éd. par Sheila Larchet-Cuthbert).
Three Diversions (1990) pour quintette à vent


2 pianos

The Humours of Carrick (Les humeurs de Carrick) (1938). Londres : Winthrop Rogers, vers 1938.
The Bard of Lisgoole (Le barde de Lisgoole) (1938)
Buttermilk Point (1938). Londres : Winthrop Rogers, vers 1939.
Sonatine (1940). Londres : Winthrop Rogers, 1941.
The Green Bough (Le rameau vert) (1941). Londres : Boosey & Hawkes, 1951.
Pastorale (Hommage à F. Poulenc) (1943)
The Gartan Mother's Lullaby (La berceuse de la mère Gartan) (1949). Londres : Boosey & Co., 1949.
The Heather Glen (1949). Londres : Boosey & Co., 1949.
Puck Fair (1951)


Opéra

Blind Raftery, opéra télévisé en deux scènes (BBC, mai 1957)


Mélodies

My Grief on the Sea (Douglas Hyde) (1937)
Girl's Song (Wilfrid Wilson Gibson) (1937)
Green Rain (Mary Webb) (1937). London: Winthrop Rogers, 1938.
The County Mayo, song cycle (James Stephens) (1949)


Suite for strings



https://www.youtube.com/watch?v=JWo9ky4GLb8

Interprètes : Chamber Orchestra of the strings


La suite est en trois mouvements. Le prélude d'ouverture est en mesure double et présente un rythme fort et des harmonies sophistiquées, très peu folkloriques, qui suggèrent parfois l'impressionnisme. Un joli thème lyrique d’environ une minute est immédiatement répété dans les violoncelles sous un accompagnement aérien, puis n’est plus jamais entendu, bien que le thème principal du deuxième mouvement y soit lié. Outre la non-récurrence de ce thème, la forme est une sonate.
Le deuxième mouvement lent présente une mélodie douce et triste en mesure triple. Il contraste encore davantage avec le premier mouvement par ses harmonies simples – bien qu’elles deviennent plus chromatiques dans la seconde moitié de la pièce. Un solo de violon aux deux tiers du morceau rappelle The Lark Ascending de Vaughan Williams.

Le Finale présente plusieurs airs enjoués. L’écriture des cordes tout au long de la suite est assurée et efficace, et justifie la réputation de Trimble en tant que compositeur dont les œuvres méritent une audience plus large.

J'ai bien apprécié ce morceau. Il est bien écrit et interprété.