Les Chinoises de Gluck (1754)
Pendant la période baroque, l’enthousiasme pour l’Orient grandit à travers l’Europe. Christoph Willibald Gluck créé Les Chinoises en 1754, une satire des conventions opératiques européennes, où un groupe d’amis chinois chantent et discutent des différents styles d’opéra.
Bien que les protagonistes soient chinois, la musique utilisée est occidentale. Gluck profite de son travail pour critiquer et explorer des styles populaires de l’opéra en donnant à chaque personnage leur propre air dans des styles différents. Le premier est une scène tragique, le second est un duo amoureux et le dernier est une pièce comique. Les personnages discutent ainsi des pour et des contre qu’ils trouvent dans chaque air.
Pourquoi Gluck a-t-il choisi une histoire inspirée directement de la Chine tout en gardant une écriture musicale occidentale ? A cette époque, les chinoiseries, un style d’art inspiré par les motifs et le design chinois, étaient extrêmement populaires. Par ailleurs, Les Chinoises étant un commentaire satirique sur les styles de l’opéra de l’époque, l’utilisation d’une scénographie asiatique très en phase avec la mode du moment renforçait l’effet de la satire.
Le Chant de la Terre de Gustav Mahler (1912)
Les Occidentaux ont pendant longtemps été inspiré par les spiritualités orientales comme le Zen ou le taoïsme. La poésie chinoise relative à ces philosophies a trouvé son chemin dans la musique classique du XXème siècle. Gustav Mahler vivait une période douloureuse de sa vie entre 1907 et 1908 ; la mort de sa fille parvient au même moment que son renvoi de l’Opéra de Vienne comme directeur et la découverte d’une maladie cardiaque.
Il trouve une consolation dans le livre de poèmes chinois La Flûte Chinoise. Ce volume collecte des poèmes de l’auteur L? Bái et d’autres poètes chinois du VIIIème siècle. Il sélectionne six de ces poèmes et les met en musique pour créer la symphonie Das Lied Von der Erde (Le Chant de la Terre), qui met en valeur les beautés de la nature contre la vie éphémère de l’Homme.
Turandot de Puccini (1926)
Giacomo Puccini et son opéra Turandot offrent en 1926 la première partition inspirée par la musique chinoise. Alors que le livret de l’opéra n’est pas encore finalisé, Puccini reçoit une boîte à musique du Baron Edoardo Fassini-Camossi, diplomate et collectionneur d’art chinois. La boîte utilise des sonorités orientales qui fascinent Puccini et qu’il ajoute dans son opéra.
Il avait étudié l’harmonie pentatonique pour l’opéra ainsi que la culture japonaise pour la composition de Madame Butterfly. Alors que l’harmonie occidentale se concentre autour de 7 notes, l’harmonie pentatonique en utilise seulement 5. Les mélodies traditionnelles chinoises apparaissent parallèlement à l’utilisation du gong dans l’orchestre.
Malheureusement, Puccini ne peut pas terminer cet opéra mettant en scène la cruelle princesse chinoise Turandot et son intrépide prétendant. Le compositeur Franco Alfano donne la touche finale à la partition. La première a lieu en 1926 à La Scala à Milan.
Chinese Gardens d’Alec Roth (1998)
La fascination pour l’Orient se poursuit au XXème siècle. Alec Roth met en musique les poèmes de Vikram Seth dans son cycle Chinese Gardens, directement inspiré des jardins chinois à Suzhou. Comme les exemples précédents, la vision de Roth de la Chine est présentée à travers un regard occidental. N’ayant jamais été en Chine, sa principale expérience des jardins chinois est celui qu’il a visité à Vancouver. Par coïncidence, les jardins de Vancouver ont été aménagés sur le même modèle que les jardins que Seth avaient visités à Suzhou. Quand vous écoutez cette musique envoûtante, vous pouvez vous projeter dans le jardin en train de contempler sa beauté.
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