Ashot ZOGRABIAN (Zohrabyan), né en 1945

Eléments biographiques:

<<Ashot Zohrabyan est un compositeur arménien estimé, auteur d'œuvres principalement orchestrales, de chambre et vocales qui ont été jouées en Europe mais aussi au-delà des frontières européennes. Il a poursuivi sa formation musicale au Conservatoire d'État Komitas d'Erevan de 1967 à 1972, étudiant durant cette période la composition avec le professeur Grigori Yeghiazaryan. Après avoir obtenu son diplôme, il entre à la faculté du Conservatoire, d'abord comme professeur de solfège et d'instrumentation, puis comme professeur de composition, poste qu'il assume depuis 1980. Sa musique a été jouée dans toute l'Arménie, ainsi qu'en Russie, en Azerbaïdjan, en Biélorussie, en Ukraine, en Belgique, en France, en Allemagne, en Suisse, en Turquie, en Ukraine et aux États-Unis. Le langage musical d'Ashot Zohrabyan est intimement lié à la tradition musicale de son Arménie natale. Ses compositions sont marquées par une logique stricte et une transparence générale, tandis que les moindres détails structurels sont élaborés tout au long du développement de la pièce.

Le compositeur s'est concentré sur la musique instrumentale dès le début de sa carrière, nourrissant une préférence pour les petites et moyennes formations. Alors qu'il était encore étudiant de Grigori Yeghiazaryan au conservatoire, Ashot Zohrabyan a écrit un certain nombre d'œuvres pour diverses combinaisons instrumentales. Il s'est cantonné à la musique de chambre afin de pouvoir se concentrer sur chaque détail, peaufiner le texte musical et atteindre l'harmonie intérieure. Ses idées trouvent leur réalisation la plus graphique dans les deux livres de ses "Boomerang Games" pour ensemble instrumental, écrits quelque temps après sa graduation du conservatoire. Réalisée à Erevan et au Centre Culturel Georges Pompidou à Paris, cette œuvre résume sept ans de recherches inlassables de la part du compositeur. Des musiciens exceptionnels, tels que la violoncelliste Medea Abramyan et des membres de l'Orchestre de chambre d'Erevan, interprètent volontiers ses œuvres sur la scène du concert, où elles sont invariablement acclamées comme des compositions originales et attrayantes. Ses œuvres ont également été jouées lors de divers festivals, comme le "Holland Festival" aux Pays-Bas.>>

<<La musique d'Ashot Zograbian opère une synthèse entre le sérialisme issu de Webern et de Boulez, et la micro-polyphonie dans la lignée de Ligeti. Mêlant l'écriture occidentale et des traces d'influence orientale, ses oeuvres font preuve d'une grande recherche rythmique, tout en restant dans une veine très mélodique et poétique. Ecrites pour des formations de chambre ou de petits ensembles orchestraux, les oeuvres d'Ashot Zograbian (Quatuor n°1, Riruel, Parabole, Sérénade, Jeux de Boomerang I) permettent d'entendre la richesse de la confrontation des timbres.>> Dr. Prof. S. Sarkisian.

https://www.youtube.com/watch?v=E61iCVE6Phc


Ashot Zograbian est un compositeur sur lequel je reviens très rarement. Vingt ans environ que je connais une part de son oeuvre et c'est seulement aujourd'hui que je l'évoque sur ce forum. J'ai du mal à croire être resté onze sans l'écouter. Il m'arriva assez régulièrement d'écouter des musiques sans livrer mes impressions ici, par manque de temps ou parce que j'en n'éprouvais pas spécialement le besoin à ce moment-là. Je lui reconnais toutefois une recherche, un style très personnel, un style qui d'ailleurs m'a fourni deux oeuvres qui m'intéressent suffisamment: Parabole et Sérénade. Au-delà de ça, ce n'est pas un style musical qui m'interpella au point d'avoir eu envie d'en connaître davantage. Des compositeurs comme, par exemple, Régis Campo  et Vyacheslav Artyomov m'intéressèrent beaucoup plus: il faut toujours faire des choix et privilégier celles et ceux dont l'approche nous fascine le plus. J'appréhende la musique d'Ashot Zograbian au travers de cinq de ses compositions, toutes conçues entre 1973 et 1994:

__Jeux de Boomerang I (1973) pour neuf instruments: flûte, hautbois, clarinette, piano, percussion et quatuor à cordes.
Sérielle et pointilliste, cette pièce de dix minutes environ en particulier m'a ennuyé. J'ai eu l'impression d'y rencontrer tous les tics d'un sérialisme usé comme les pierres. Ce n'était bien sûr pas la première fois que j'ai cette impression en écoutant cette oeuvre, elle appartient à un album qui date de l'année 2000. Depuis vingt ans, j'ai eu le temps d'approfondir la musique d'Ashot Zograbian et de cerner, avec mes petits moyens de mélomane non-musicien, le sens de ses recherches et du style assez caractéristique qui en découle. Il est dit qu'il s'est cantonné à la musique de chambre afin de pouvoir se concentrer sur chaque détail, peaufiner le texte musical et atteindre l'harmonie intérieure. Ses idées trouvent leur réalisation la plus graphique dans les deux livres de ses "Jeux de Boomerang" pour ensemble instrumental, écrits quelque temps après sa graduation du conservatoire. Seulement, dans le premier de ces deux "livres" - je ne connais pas le second - je me suis heurté à une sorte de systématisme sériel qui m'agace.

__Sérénade (1982) pour treize instruments: flûte, hautbois, clarinette, basson, cor, trompette, trombone, piano et quatuor à cordes.
Cette oeuvre m'est déjà plus intéressante, me semble développer quelque-chose de déjà plus personnel dans la musique d'Ashot Zograbian, une approche qui se prolongera dix ans plus tard dans Parabole. Le récit musical peut sembler complexe dans sa structure, et l'est-il certainement, mais ce qui me le rend aussitôt attractif, c'est son caractère méditatif qui est encore plus abouti (à mon avis) dans:

___Parabole (1992) qui bénéficie par ailleurs de la même formation instrumentale: flûte, hautbois, clarinette, basson, cor, trompette, trombone, piano et quatuor à cordes.
Il y a, outre ces moments inouïs où les instruments à vent atteignent une apogée, des apartés consacrés uniquement au quatuor à cordes et au piano, aussi intimistes que méditatifs, aussi méditatifs que touchants. C'est pour ainsi dire l'oeuvre qui fait que je conserve cet album, celle qui m'intéresse et me fascine suffisamment pour avoir toujours envie d'y revenir. Dans cette musique, j'imagine une âme en souffrance qui cherche péniblement l'apaisement. Des moments de répit existent bien, ils s'expriment temporairement soit par les cordes seules, soit par le piano seul. La conclusion est l'un d'eux. Deux apogées sont atteintes lorsque les deux cuivres s'ajoutent au bois.

__Rituel (1993) pour trois flûtistes: Sergey Turmilov, Elena Evtiukova, Vladimir Pakulichev.
Une musique de onze minutes divertissante.

__Quatuor n°1 "Narcisse" (1994) par le Quatuor à cordes de l'Ensemble de Musique Contemporaine de Moscou (ASM).
Une solide petite entrée en la matière dans l'univers poétique de Zograbian si on suit la chronologie de l'album...Rien de fracassant dans ce quatuor de presque douze minutes, mais il ne me déplait pas.