Zhao Jiping fait partie des compositeurs d'Asie qui m'intéressent beaucoup, seulement il se trouve que j'en ai très peu parlé sur ce forum. Je ne saurais pas dire pourquoi. Il fallait le temps que j'y revienne, cette fois, au travers d'une excellente compilation de sa musique de film intitulée Electric Shadows. Au moment où j'écris ces lignes, je suis en train de découvrir son Concerto pour violon et orchestre n°1 et je suis déjà séduit par son mouvement lent, même si dans l'absolu j'aurais tendance à préférer sa musique de film qui marie avec beaucoup de panache éléments de folklore chinois et lyrisme occidental. J'en veux comme premier exemple les deux extraits de To Live qui s'articulent autour d'une superbe ligne mélodique, invitant avec le "China Symphony Orchestra" le banhu, l'erhu et la pipa. Dans Sunbird, c'est tout aussi magnifique et ample avec le sheng et le bawu. Dans Ju Dou qui sollicite le xun, les percussions et la voix d'enfant, c'est davantage minimaliste, jouant sur les silences, une approche plus aléatoire, me semble-t-il. Zhao Jiping est de toute évidence un compositeur qui manifeste un goût décomplexé pour le lyrisme et la belle mélodie. Son premier concerto pour violon ne manque pas de cet élan lyrique qui donne de la hauteur à sa musique, lui confère ce que j'appelle un "espace de conquête", une ampleur romantique parfaitement assumée. C'est une caractéristique qui se retrouve aussi dans sa musique de film, l'exemple le plus frappant étant peut-être Sunbird. Farewell My Concubine est très certainement la bande originale de Zhao Jiping que je connais le mieux. Le film est d'ailleurs un chef d'oeuvre du cinéma chinois. Ce que j'adore, c'est le saisissant contraste entre les percussions festives, typiques des fêtes villageoises, et les cordes élégiaques d'une beauté indéfinissable. Red Firecracker, Green Firecracker démontre la même habilité dans le mélange de sons chinois et de lyrisme occidental, en extirpant des effets d'une belle finesse et dans un raffinement qui laisse pantois. La cerise sur le gâteau, ce sont probablement les choeurs, eux aussi d'une beauté indéfinissable, dans Raise the Red Lantern, desquels s'échappe, là aussi, une magnifique mélodie: divin.
Liste non exhaustive:
Blessings, concerto pour pipa
Silk Road Rhapsody, concerto pour instruments à vent et orchestre
Three Pieces on Shaanxi Province, pour hautbois et orchestre de chambre
The Baltic, un poème symphonique
Ritual Music from the Tang Dynasty, symphonie
The Soul of the Terracotta Warriors, dance Theatre, pièce collaborative
The Elm Blossom, opéra.