L'été est là !

Oui, l'été est là, et c'est grand bonheur pour nous tous et pour la musique ! J'espère que sur ce fil nous mettrons beaucoup d'extraits et aussi de poèmes !  

Je commence par Mendelssohn, et son "Songe d'une nuit d'été", d'après Shakespeare évidemment.. Oeuvre magistrale !
Saviez-vous que la célébrissime "Marche nuptiale" est extraite de cette oeuvre ?

Voici l'ouverture par Claudio Abbado :

Anouchka a écrit:

Saviez-vous que la célébrissime "Marche nuptiale" est extraite de cette oeuvre ?

oui

Oui, quand même !

Et sans tomber dans le tube de Vivaldi -on en a un peu marre, non ?-, il y a quelques autres belles oeuvres, nous verrons cela plus tard...
A propos de la pièce de Shakespeare "Le songe d'une nuit d'été", cela me fait penser au film de Woody Allen presque éponyme , dont la musique (évidemment nous ne sommes plus dans le même registre), est très sympa.

Bon, là je suis avec un oiseau que l'on n'entend guère que l'été (ou en fin de printemps et rarement en début d'automne), dans la campagne ou en lisière de bois.
Le coucou. C'est Daquin qui a mis en musique cette exquise petite pièce.

Un bon moyen d'échapper à Vivaldi, excellente suggestion, est d'aller beaucoup plus au nord, avec l'oeuvre sans doute la plus célèbre de Hugo Alfvén (1872-1960), sa Première Rhapsodie suédoise, sous-titrée "Veillée estivale".

Cette évocation de la nuit de la saint Jean me paraît d'un charme irrésistible:

https://www.youtube.com/watch?v=FN-n-UzG_dg

Ça c est vraiment charmant, adorable, merci !! Je connaissais mais j avais bien oublié... A re-découvrir vraiment, et on a envie de danser ! J'y retourne., lol.

Anouchka a écrit:

Bon, là je suis avec un oiseau que l'on n'entend guère que l'été (ou en fin de printemps et rarement en début d'automne), dans la campagne ou en lisière de bois.

je ne pensais pas qu'il y avait un tel décalage saisonnier entre la hte savoie et la vendée    
chez nous le coucou annonce ou se manifeste avec le printemps...et cette année encore je l'ai beaucoup entendu en avril mai, période où il doit narguer les autres oiseaux !!!
….mais je ne l'entendu plus depuis plusieurs semaines!   ..

ce que semble confirmer ce blog:

http://www.naturablog.com/le-coucou/

JosefK a écrit:

(...) Hugo Alfvén (1872-1960), sa Première Rhapsodie suédoise, sous-titrée "Veillée estivale".

Cette évocation de la nuit de la saint Jean me paraît d'un charme irrésistible:

Délicieux, en effet !

Je ne sais pourquoi, mais je connais le premier thème absolument par cœur. Etant donné sa nature, il devait être repris sans cesse dans les diverses fêtes et concerts de kiosque de mon enfance. Je me souviens même l'avoir longtemps fredonné quand j'étais gamin !

Tchaikovsky a lui aussi écrit ses Saisons Voici la Barcarole de juin  par Richter.

On trouve bien sûr l'été dans tous ce qui évoque les saisons (Vivaldi et Tchaïkovski mais aussi Haydn, Glazounov etc.) mais voici une musique spécifiquement estivale, que je trouve puissamment évocatrice de la part d'un compositeur, Barber, qui ne me paraît pas toujours aussi sincère que dans ce "Knoxville: été 1915" sur un texte de James Agee, surtout dans l'immortel enregistrement d'Eleanor Steber - quel timbre, quelle diction! - créatrice de l'oeuvre en 1948.

Bonne idée, Anouchka, qu'après le Printemps tu mettes l'Eté à l'honneur !

Pour sortir des sentiers battus, je ferais comme JosephK

Voici Nuit d'été de Sergei Liapounov



https://www.youtube.com/watch?v=0FmgwtgcCNs

Comment ne pas citer Summertime ? (Même si je ne suis pas friand de Gershwin...   )

D'une infinie douceur, pas celle qu'on associe nécessairement à Honegger, sa délicieuse "Pastorale d'été" (1920):

Quelques années avant la "Symphonie alpestre" de Strauss, au moment même (1905) où Debussy, depuis les confins de l'Ile-de-France et de la Bourgogne nous incitait à découvrir sa "Mer", Vincent d'Indy - décidément bien oublié, on ne joue même plus son admirable "Symphonie cévenole" - (d)écrivait "Un jour d'été à la montagne" en trois temps ("Aurore", "Jour (Apres-midi sous les pins)" et "Soir"):

Un an après le "Jour d'été à la montagne" de d'Indy, le jeune Zoltán Kodály évoquait un "Soir d'été" (1906, l'année où il étudie à Paris avec Widor):

DOUCEMENT...à cette allure vous allez nous faire tomber dans l'automne avant l'heure!!

Même si c'est un compositeur auquel j'avoue être moins sensible, impossible de ne pas mentionner les nombreuses contributions à notre thème de Frederick Delius, un Anglais qui a passé le plus clair de son temps à Paris et à Grez-sur-Loing, comme cette pièce au même titre que celle de Kodály, "Soir d'été" (1890):



Il n'est pas interdit non plus d'écouter les non moins idylliques "Dans un jardin d'été" (1908) et "Nuit d'été sur la rivière" (1911).

Jean a écrit:

DOUCEMENT...à cette allure vous allez nous faire tomber dans l'automne avant l'heure!!

Bah, il n'y a pas de date de péremption, tant que les vidéos restent sur YouTube...

Et je m'en voudrais de pas rajouter mon grain de sel avec Berlioz et ses "Nuits d'été"....dans la version , peut être, que je préfère avec Janet Baker avec sa voix de velours et sa diction parfaite…
dommage que cette video soit augmenté  de commentaires ...qui plus est en anglais


https://www.youtube.com/watch?v=ZlApRH-yc-0

et en hommage à cette grande dame du chant américaine, Lorraine Hunt-Lieberson, décédée à 52 ans à l'aube de l'été 2006, une des plus belle mélodie de ce cycle:

https://www.youtube.com/watch?v=Edm7ChWuW4A

Comment ai-je pu oublier mon compositeur fétiche, Joachim Raff (dont j'ai pris le prénom en pseudo). Il a composé un cycle de 4 symphonies sur les saisons, dont bien sûr voici l'Eté



https://www.youtube.com/watch?v=J9t7mifnwVs

Les mouvements sont intitulés

1 Ein heisser Tag (Une journée chaude), allegro
2. Die Jagd der Elfen (La chasse des elfes), allegro
3 Eglogue, larghetto
4 Zum Erntekranz (La couronne de la moisson), allegro

Yaouh, à ce rythme , vous allez faire trop vite cavaler l'été !
J'avais posté un message qu'Orange, trop fatigué déjà, n'a pas envoyé, (il faut que je me méfie beaucoup de ça)...

Je recommence....
Merci pour vos messages , c'est génial, j'irai écouter tout ça en fin de soirée (j'ai un dîner à organiser).
Vive l'été ...
Je pensais très fort à vous envoyer "Summertime", mais Kristian m'a devancée bien sûr , c'est super !
Quant à Tchaikovski, l'interprétation de Lang-Lang dans la Galerie des Glaces était merveilleuse, mais je j'ai jamais réussi à choper seulement les mois d'été, c'était l'intégrale ou rien..  

Les poèmes sur l'été ne sont pas très nombreux, (les artistes doivent flemmarder comme tout le monde....   . Evidemment, après on retombe dans la fin de l'été qui préfigure etc..)

Oh, on n'en est pas là !!! Merci Joachim, je suis ravie de ton envoi. Nous pourrions leur envoyer l'été des "Saisons" de Haydn, qu'en penses-tu ? ( ).

Poème de Théophile Gauthier (peu connu) :

Ballade « Quand à peine un nuage »


Quand à peine un nuage,
Flocon de laine, nage
Dans les champs du ciel bleu,
Et que la moisson mûre,
Sans vagues ni murmure,
Dort sous le ciel en feu ;

Quand les couleuvres souples
Se promènent par couples
Dans les fossés taris ;
Quand les grenouilles vertes,
Par les roseaux couvertes,
Troublent l’air de leurs cris ;

Aux fentes des murailles
Quand luisent les écailles
Et les yeux du lézard,
Et que les taupes fouillent
Les prés, où s’agenouillent
Les grands bœufs à l’écart,

Qu’il fait bon ne rien faire,
Libre de toute affaire,
Libre de tous soucis,
Et sur la mousse tendre
Nonchalamment s’étendre,
Ou demeurer assis ;

Et suivre l’araignée,
De lumière baignée,
Allant au bout d’un fil
À la branche d’un chêne
Nouer la double chaîne
De son réseau subtil,

Ou le duvet qui flotte,
Et qu’un souffle ballotte
Comme un grand ouragan,
Et la fourmi qui passe
Dans l’herbe, et se ramasse
Des vivres pour un an,

Le papillon frivole,
Qui de fleurs en fleurs vole
Tel qu’un page galant,
Le puceron qui grimpe
À l’odorant olympe
D’un brin d’herbe tremblant ;

Et puis s’écouter vivre,
Et feuilleter un livre,
Et rêver au passé
En évoquant les ombres,
Ou riantes ou sombres,
D’un long rêve effacé,

Et battre la campagne,
Et bâtir en Espagne
De magiques châteaux,
Créer un nouveau monde
Et jeter à la ronde
Pittoresques coteaux,

Vastes amphithéâtres
De montagnes bleuâtres,
Mers aux lames d’azur,
Villes monumentales,
Splendeurs orientales,
Ciel éclatant et pur,

Jaillissantes cascades,
Lumineuses arcades
Du palais d’Obéron,
Gigantesques portiques,
Colonnades antiques,
Manoir de vieux baron

Avec sa châtelaine,
Qui regarde la plaine
Du sommet des donjons,
Avec son nain difforme,
Son pont-levis énorme,
Ses fossés pleins de joncs,

Et sa chapelle grise,
Dont l’hirondelle frise
Au printemps les vitraux,
Ses mille cheminées
De corbeaux couronnées,
Et ses larges créneaux,

Et sur les hallebardes
Et les dagues des gardes
Un éclair de soleil,
Et dans la forêt sombre
Lévriers eu grand nombre
Et joyeux appareil,

Chevaliers, damoiselles,
Beaux habits, riches selles
Et fringants palefrois,
Varlets qui sur la hanche
Ont un poignard au manche
Taillé comme une croix !

Voici le cerf rapide,
Et la meute intrépide !
Hallali, hallali !
Les cors bruyants résonnent,
Les pieds des chevaux tonnent,
Et le cerf affaibli

Sort de l’étang qu’il trouble ;
L’ardeur des chiens redouble :
Il chancelle, il s’abat.
Pauvre cerf ! son corps saigne,
La sueur à flots baigne
Son flanc meurtri qui bat ;

Son œil plein de sang roule
Une larme, qui coule
Sans toucher ses vainqueurs ;
Ses membres froids s’allongent ;
Et dans son col se plongent
Les couteaux des piqueurs.

Et lorsque de ce rêve
Qui jamais ne s’achève
Mon esprit est lassé,
J’écoute de la source
Arrêtée en sa course
Gémir le flot glacé,

Gazouiller la fauvette
Et chanter l’alouette
Au milieu d’un ciel pur ;
Puis je m’endors tranquille
Sous l’ondoyant asile
De quelque ombrage obscur.

Théophile Gautier (1811-1872)
Premières Poésies
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Je trouve ce poème, si vous le lisez attentivement, absolument superbe...

Incontournable suggestion que "Les Nuits d'été", peut-être le premier cycle de mélodies avec orchestre (même si elles ont d'abord été écrites pour piano) de l'histoire de la musique.

Puisqu'il fait encore beau aujourd'hui, ce panorama des musiques de saison, si possible en évitant les cycles consacrés aux quatre saisons et en privilégiant donc les pages spécifiquement estivales, peut se poursuivre avec une oeuvre de Josef Suk, le grand-père de l'immense violoniste du même nom et le gendre de Dvořák. Voici donc "Un conte d'été" (1909), vaste poème symphonique en cinq mouvements, sous la direction du très regretté Jiří Bělohlávek:

Ca, c'est un rare et joli cadeau, merci beaucoup Josef !
J'irai écouter cela demain..
Oui, il fait très beau et les dimanches sont bien occupés...

L'un(e) d'entre vous sur le forum envisage-t-il (elle), de se rendre cet été à l'un des multiples festivals musicaux qui se donnent partout, en France comme à l'étranger ?

J'avais l'habitude d'aller au Festival "Dans les Jardins de William Christie", ici en Vendée à Thiré. Fin août. Cette année, l'état de santé de mon mari ne le permet pas (même si je puis y aller seule avec le Conseil Général), (et puis tout début septembre, l'une de mes filles se marie (dans le Sud -Lunel/Uzès), alors on ne peut pas tout faire....)

Pour répondre à Jean, en fait mon coucou dans le petit bois d'à-côté, il chantait encore nocturnement jeudi dernier (donc le 21). Le coucou gris de chez nous, chante pour trouver une (ou des) compagne(s), donc il était peut-être encore solitaire ! Ensuite il squatte des nids, air connu, et finit par migrer en août en Afrique.
Lundi dernier, un rossignol est venu du parc d'en face de chez moi, pour nous faire un chant magnifique, à deux reprises. C'est une merveille musicale !  Impossible de le voir, il s'était caché dans un tilleul.... Probablement des dernières trilles avant le repos estival....

J'ai dit à mon homme que j'avais envie de voir demain "Comédie érotique d'une nuit d'été" de Woody Allen, d'après Shakespeare.... ; J'ai lu que la musique de la BO est de.. Félix Mendelssohn..., of course !

Anton Webern, quatre ans avant son Opus 1, a écrit une "idylle pour grand orchestre" (1904) tout à fait (richard)straussienne qui s'intitule "Dans le vent d'été", inspirée par un poème de Bruno Wille, que les germanistes pourront lire ici:
http://www.zeno.org/Literatur/M/Wille,%20Bruno/Gedichte/Der%20heilige%20Hain/Naturseelen/Im%20Sommerwinde

Mais, comme précisément, ce poème symphonique était antérieur à ce qu'il jugeait digne d'intituler son Opus 1 (en l'occurrence sa fantastique Passacaille pour orchestre), il n'a été créé qu'en 1962 sous la direction d'Eugene Ormandy.

A tester sur vos proches en leur demandant qui a écrit l'oeuvre: il y a de fortes chances qu'ils ne pensent pas à Webern.!