Pierrot lunaire est une œuvre de musique vocale d'Arnold Schönberg dont les paroles consistent en 21 poèmes du poète belge Albert Giraud (1884), que Schönberg a lus dans leur traduction allemande par Otto Erich Hartleben (1893). Les poèmes, dont la forme française est assez traditionnelle (des rondeaux en vers octosyllabes à rime), et l'allemande plus moderne (vers à mètre varié sans rime), baignent dans une atmosphère à la fois féérique, par leur vision sublime de la conception artistique et décadente, par les images provocatrices et macabres qu'ils évoquent.
Composée en 1912, cette œuvre est remarquable par son instrumentation singulière : voix parlée (sprechgesang), piano, flûte (et piccolo), clarinette (et clarinette basse), violon (et alto), violoncelle. Cette instrumentation aura une grande incidence sur la composition des orchestres de chambre dans la musique du XXe siècle. De plus, certains musicologues comme René Leibowitz, voient dans Pierrot lunaire un précurseur des œuvres dodécaphoniques de Schönberg, notamment par l'utilisation des 12 sons de la gamme chromatique dans un ordre beaucoup plus qu'aléatoire (comme certains peuvent présumer).
Cependant, l'harmonie de cette œuvre est liée à l'atonalité et marque, dans l'évolution du langage de Schönberg, une nette rupture avec un langage similaire, en partie, à celui de compositeurs post-romantiques tels que Richard Strauss, Gustav Mahler et Richard Wagner.
L'interprétation de Pierrot lunaire pose un réel problème aux récitants. Effectivement, l'utilisation du sprechgesang est toujours une question de perception et il n'est pas rare que des récitants ne fassent que parler. Inversement, d'autres interprètes ne font que chanter. Il est donc notable que la synthèse entre le parlé et le chanté est difficile à obtenir. Une autre particularité du Pierrot Lunaire est qu'il n'y a pas de registre imposé à la partite vocale, ce qui fait que le récitant peut être un homme ou une femme. Cependant, toutes les versions disponibles sur disque sont récitées par des femmes.
J'ai voulu redonner une seconde chance à cette oeuvre que je ne raffole pas vraiment... au début, j'accroche assez, ça me rappelle l'acidité de certaines "songs" de Weill mais au bout de 10 lieders, je finis hélas par décrocher... :?
à part "Nacht" qui me plaît toujours autant (surtout si c'est Ingrid Caven qui s'y colle), ce genre d'expressionnisme déstructuré et perpétuellement "cassé" finit par me peser...
Snoopy Admin
Nombre de messages : 31225 Age : 49 Date d'inscription : 10/08/2006
Moi non plus. J'admet qu'il y aurait un petit "plus" si au moins on comprenait ce qui dit cette voix en chant parlé qui sonne bizarrement.
Dans le même genre il y a l'Ode à Napoléon, avec une nuance : le Pierrot lunaire est pour "Sprechtgesang", chant parlé, alors que l'Ode est pour "Sprechstimme", voix parlée.
Snoopy Admin
Nombre de messages : 31225 Age : 49 Date d'inscription : 10/08/2006
J'ai entendu il y a pas mal de temps cette "Ode à Napoléon" et curieusement j'avais mieux aimé, peut être à cause de ce que tu dis sur la technique vocale...
Personnellement j'ai vraiment préféré "Erwartung", une oeuvre atonale elle aussi mais plus envoûtante, plus colorée, et finalement moins monotone...
L'avantage avec l'Ode à Napoleon, c'est qu'il dure moins longtemps (quinze minutes au lieu de trente chacun pour Pierrot et Erwartung). En se dit "ouf" plus tôt
OSS 1970
Nombre de messages : 231 Age : 62 Date d'inscription : 17/06/2007
Si on va par là, et si on prend une typologie à la Adorno, moi aussi je ne comprends pas réellement le langage de "Erwartung" mais ça me touche beaucoup plus (sans doute parce qu'il y a encore de vagues réminiscences straussiennes), "Pierrot lunaire" non seulement je ne le comprends pas (cad que je ne suis pas un "bon auditeur") mais en plus je n'ai aucune émotion (donc que je ne suis même pas un "auditeur émotionnel" du "Pierrot lunaire")
Snoopy Admin
Nombre de messages : 31225 Age : 49 Date d'inscription : 10/08/2006