Gaspard de la nuit est un triptyque pour piano de Maurice Ravel composé en 1908 d'après trois poèmes extraits du recueil éponyme d'Aloysius Bertrand. Sa noirceur et son extrême difficulté en ont fait une des œuvres les plus emblématiques de son auteur.
Gaspard de la nuit, Fantaisies à la manière de Rembrandt et de Callot est un recueil de poèmes en prose d'Aloysius Bertrand paru en 1842.
L'auteur y livra une vision pittoresque et fantastique du Moyen Âge.
Ravel mit en musique trois de ces poèmes:
Ondine, conte d'une nymphe des eaux apparaissant à la fenêtre d'un humain.
Le gibet, dernières impressions d'un pendu qui assiste au coucher du soleil.
Scarbo, petit gnome diabolique et facétieux, porteur de funestes présages apparaissant en songe au dormeur.
Comme le laisse entendre l'argument des poèmes, Gaspard de la nuit est une œuvre noire. Ravel la composa à une époque où son père, très malade, était proche de la mort.
Musique
L'œuvre est connue pour sa considérable virtuosité et les prouesses pianistiques qu'elle requiert.
Ondine, qui n'est pas sans rappeler les Jeux d'eau, est une évocation frémissante de l'esprit aquatique invitant un humain à visiter son domaine.
Dans Le gibet, Ravel réussit à faire tenir pendant cinquante-deux mesures mesures une pédale de si bémol. Ce sont au total cent cinquante-trois octaves de si bémol qui sont répétées. Les motifs qui les accompagnent sont joués « sans presser ni ralentir jusqu'à la fin » comme le prescrit le compositeur.
Scarbo enfin, est par son rythme frénétique et son tempo rapide la pièce la plus difficile du tryptique. « Tandis qu'Ondine démontre avant tout le potentiel mélodique de Ravel et Le gibet son potentiel harmonique, dans Scarbo, l'auteur donne avant tout la mesure de sa maîtrise rythmique. Cet éblouissant morceau pianistique est moins une œuvre à prétentions expressives qu'un compendium de la technique moderne de clavier et des possibilités du virtuose actuel. » (Jules van Ackère, Maurice Ravel, 1957).