Carmina Burana (13ème siècle)

Carmina Burana (latin : "Poèmes" ou "Chants de Beuern") est le titre que le linguiste allemand Johann Andreas Schmeller a donné à un manuscrit découvert en 1803 dans l’abbaye de Benediktbeuern (Bavière) et dont la première édition date de 1847. Il s’agit de la compilation, partiellement notée en neumes et réalisée entre 1225 et 1250, de chants profanes ou religieux composés en latin médiéval — avec certains extraits en moyen haut-allemand ou en ancien français — majoritairement par les goliards, des ecclésiastiques défroqués ou des étudiants vagabonds. La plupart de ces chants ont été écrits au 11ème et 12ème siècle, bien que certains aient du 13ème. Le manuscrit comporte des chansons d’amour, des chansons à boire et à danser ainsi que des pièces religieuses. Certains sont irrévérencieux ou satiriques. La collection reprend des poèmes identifiés, dont Pierre de Blois, Walter de Châtillon, et un poète anonyme, dénommé Archpoet. Le manuscrit aurait été rédigé à Neustift, près de Brixen (auj. en Italie, province de Bolzano) puis transporté à Benediktbeuern par la famille Wittelsbacher (nobles du Tyrol) en 1350.

La popularité du recueil connut un regain grâce au vif succès de l'œuvre musicale éponyme de Carl Orff, Carmina Burana, composée en 1935-1936, dans laquelle Orff reprend 24 chants tirés du manuscrit.


Les 315 différentes pièces se répartissent en :

Carmina ecclesiastica (chansons religieuses) ;
Carmina moralia et satirica (chansons morales et satiriques) ;
Carmina amatoria (chansons d’amour) ;
Carmina potoria (chansons à boire) ;
Ludi (jeux religieux) ;
Supplementum (supplément : autres versions et variations).

La répartition peut être organisée comme suit :

55 chansons morales et satiriques (CB 1-55)
131 chansons d'amour (CB 56-186)
40 jeux et chansons à boire (CB 187-226)
deux longues pièces de théâtre spirituels (CB 227 et 228)


Auteurs identifiés et poème correspondant

Poètes latins, français, italiens

Ausonio (v. 310 - 395) CB: 64
Otloh di Regenburg (v. 1013 - 1072) CB: 28, 38, 125
Marbodo di Rennes (v. 1035 - 1123.) CB: 122a, 123, 214
Goffredo di Winchester (v 1050 - 1107) CB: 198
Hugo d'Orléans (1093 - 1160.) CB: 194
L ' Archipoeta (1159 - 1167 ) CB: 191, 220
Gualtiero di Châtillon (1135 - 1204) CB: 3, 8, 19, 41, 42, 123
Pierre de Blois (1135 - 1203) CB: 29, 31, 33, 63, 67, 72, 83, 84, 108
Filippo il Cancelliere (v. 1165 - 1236.) CB: 21, 22, 26, 27, 34, 131, 131a, 189

Poetes allemands

Dietmar von Aist (v. 1150-1180) CB: 113a
Reinmar von Hagenau (v. 1170 - 1210.) CB: 143a, 147a, 166a
Walther von der Vogelweide (v. 1170-1230) CB: 135a, 151a, 169a, 211a
Neidhart von Reuental (v. 1170-1246) CB: 168
Heinrich von Morungen (v. 1190-1220) CB: 150a
Otto von Botenlauben (v. 1177 - 1245) CB: 48a


Mise en musique

Un grand nombre de ces pièces ont été enregistrées par des ensembles de musique médiévale, notamment : Thomas Binkley et le Studio der frühen Musik en 1964, René Clemencic et son Clemencic Consort en 1974, Marcel Pérès et l’ensemble Organum en 1989, Berry Hayward et l’ensemble Caillard en 1990, Jean-Michel Deliers et l’ensemble Alegria en 1991, et Joël Cohen et le Boston Camerata.

La controverse porte évidemment sur la cantate de Carl Orff et non sur les Carmina médiévaux   

C'est tout simplement parce que le régime nazi considérait les Carmina de Carl Orff comme une apologie de la race aryenne, et qu'elle est ainsi devenue célèbre en Allemagne. Carl Orff a eu une position ambigüe vis à vis du régime, mais pouvait-on vraiment s'y opposer sans s'exiler ? On établit un parallèle avec Prokofiev ou Chostakovitch sous le régime staliniens contre lequel il était impossible de s'opposer.