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 Vyacheslav Artyomov, né en 1940

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joachim
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MessageSujet: Vyacheslav Artyomov, né en 1940   Vyacheslav Artyomov, né en 1940 Empty2013-09-29, 12:54

Vyacheslav Petrovich Artyomov (russe : Вячеслав Петрович Артёмов, né le 29 Juin, 1940) est un compositeur soviétique russe.


Artyomov se préparait à devenir physicien, et à étudier la musique en même temps. Il a terminé au collège musical (affilié au Conservatoire de Moscou) (classe de composition de A. Pirumov), puis diplômé du Conservatoire de Moscou en 1968, où a étudié la composition avec Nikolai Sidelnikov et le piano avec Tovi Logovinsky. Il est devenu membre de l' Union des Compositeurs et de l'ACM - Association pour la musique contemporaine. Il a été actif en tant que rédacteur à "Musyka" pendant plusieurs années.
En 1975, il rejoint le groupe d'improvisation "Astreya" avec les compositeurs Sofia Gubaidulina et Viktor Suslin. En 1979, il a été mis à l'index comme l'un des "Sept Khrennikov" lors du sixième Congrès de l' Union des Compositeurs pour participation non approuvée dans certains festivals de musique soviétique en Occident.

Sa musique a été interprétée par M.Rostropovich, G.Rozhdestvensky, D.Kytaenko, V.Fedoseev, M.Pletnev, V.Spivakov, T.Currentzis, Virko Baley, D.Alexeev, S.Bunin, Ph.Kopachevsky, L. Isakadze, T.Grindenko, Yo Yo Ma, A.Rudin, O.Yanchenko, L.Petrova.

Ses Œuvres choisies ont commencé à être publié en 2000 à Moscou (8 volumes ont été publiés). Artyomov est actuellement membre de l'Académie russe des sciences naturelles, Président de la Fondation pour la création spirituelle, titulaire de l'Ordre de l'Amitié (2010).


Musique

Les compositions de Artyomov montrent son intérêt pour les archaïques ("Invocations", "Totem") et motifs chrétiens ("Requiem", "Ave Maria") ainsi que la méditation orientale ("Awakening", "A Symphony of Elégies", "Moonlight Dreams "). Comme jeune compositeur, il a développé un intérêt profond, successivement, dans le folklore russe, la musique traditionnelle de l'Est, les œuvres de Prokofiev, Stravinsky, Messiaen, et l'avant-garde polonaise. Mais c'est la Symphonie Liturgique d'Arthur Honegger, ainsi que les œuvres d'Edgar Varèse et la Sinfonia de Luciano Berio qui ont fait la plus grande et la plus durable impression sur lui.
Artyomov préfère ne pas appeler sa musique par le mot indéterminé "contemporain", il utilise un terme spécifique pour l'inclure dans la Tradition - "musica perennis" (musique éternelle). Cette tradition a pour objet d'exprimer tout d'abord le caractère poignant de l'expérience émotionnelle, la profondeur la plus secrète de l'existence de l'homme - non pas pour une tâche psychologique, mais pour la réalisation de l'être super-réel. Comme le dit le compositeur, "la musique est la seule façon pour la connaissance du sens de l'existence". Artyomov considère la musique comme une science - concentration de l'expérience de l'âme - et, côte à côte avec l'astrophysique, - l'une des deux principales sciences fondamentales: l'astrophysique pour élargir l'horizon de la connaissance de l'Univers et la musique qui expose la profondeur et la force de l'esprit humain, son interconnexion avec l'âme du monde (Anima Mundi). La musique est "un médiateur entre Dieu et l'homme", "un concentré d'énergie spirituelle", qui devrait éveiller la compréhension éthique de l'homme et  purifier son âme" (fondement de la philosophie de la musique).
Les deux cycles de symphonies - Symphony of the Way et The Stars of Exodus sont écrits dans un style nouveau significatif, sublime et doux - stile nuovo grande, sublime e soave.


Oeuvres principales

Symphony of the Way (tetralogy):
- Way to Olympus, a symphony 1978-1984
- On the Threshold of a Bright World,a symphony 1990,2002
- Gentle Emanation,a symphony 1991, 2008
- The Morning Star Arises,a symphony 1993
Requiem, 1985–1988;
The Star of Exodus:
- In Memoriam,a symphony with violin solo 1968,1984
- In Spe,a symphony with violin and cello solos 1995-2012
Gurian Hymn, 1986
A Symphony of Elegies, 1977;
A Garland of Recitations, 1975–1981
Tristia I, 1983
Pietà, 1992, 1996
Tristia II, 1997, 1998, rev.2011
Latin Hymns:
- Miserere mei, 2003
- Ave,Maria, 1989
- Salve Regina, 2003
- Ave Maris Stella, 2003
Star Wind, 1981;
Hymns of Sudden Wafts, 1983
Incantations, 1981
Moonlight Dreams, 1982
Ave, crux alba [(1994,2012)]
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MessageSujet: Re: Vyacheslav Artyomov, né en 1940   Vyacheslav Artyomov, né en 1940 Empty2014-10-04, 18:04

Son Requiem de 1986, achevé en 1988, est assez long (77 minutes), et d'un style "moderne", qui fait un peu penser à Penderecki. Certaines parties sont torturées, elles font presque peur, d'autres sont beaucoup plus douces à la fin surtout (Agnus Dei). C'est curieusement un Requiem latin et non pas orthodoxe comme on pourrait s'y attendre. A noter qu'il date de l'époque de l'URSS, et qu'il ne semble pas avoir choqué les autorités !

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MessageSujet: Re: Vyacheslav Artyomov, né en 1940   Vyacheslav Artyomov, né en 1940 Empty2019-07-15, 16:17


Je suis très très étonné de n'être jamais intervenu sur le fil de Vyacheslav Artyomov, un compositeur qui m'intéresse depuis les années 1990, depuis que je suis tombé sur un disque regroupant quatre oeuvres en totale osmose avec ce que j'aimais écouter à cette époque. Aujourd'hui, j'ai réécouté trois d'entre elles; Lamentations pour cordes, percussions, piano et orgue, Gurian Hymn pour trois violons, cordes et percussions et Tristia I pour piano, orgue, trompette, vibraphone et cordes. Il est vrai que parmi les compositeurs russes ou plus généralement des pays de l'Est, je m'étais prioritairement focalisé sur Alfred Schnittke et Edison Denisov qui furent non seulement prolifiques mais également très bien représentés sur disques. J'avais cependant remarqué les qualités évidentes d'Artyomov, avais conscience que sa musique me touchait en profondeur. Ce n'était évidemment pas étonnant lorsque l'on sait à quoi ces oeuvres ressemblent et que l'on connaît mes grandes aspirations musicales à cette époque: j'avais un goût prononcé et presque exclusif pour des musiques sombres, graves, torturées, dramatiques, désespérées...J'exagère à peine! Laughing Alors une oeuvre telle que Tristia, c'est rien de le dire, me caressait dans le sens du poil, à un point que je m'autorisais à croire qu'elle avait dû être écrite expressément pour moi. Hehe L'oeuvre, que je viens de réécouter il y a quelques instants, est effectivement très sombre et même assez statique dans son développement, avec les interventions chaotiques du piano, sous les doigts de Stanislav Bunin. Il y a aussi le jeu funèbre de la trompette d'Ivan Maloshtanov, mais d'une grande sobriété; funèbre et solennel. L'orgue, joué par Oleg Yanchenko, a cette dimension impériale, majestueuse, sans effets bruyants, de ces clusters qui font trembler les morts et les vivants. Rien de cela ici. Je ne pouvais espérer meilleur recueillement à l'époque. Attention, je ne suis pas en train d'écrire qu'aujourd'hui cette oeuvre ne me fait plus aucun effet. Certes, la joie de vivre que je peux retrouver, par exemple, dans la musique d'un Felix Mendelssohn m'est devenue de plus en plus nécessaire dans la mesure où elle me procure des émotions, toutefois, même si j'aspire depuis à des formes d'expression plus lumineuses et optimistes, un goût aussi viscéral pour la musique torturée et sombre ne se dissipe pas ainsi. Il est une partie de moi, une partie de mon coeur et de mon esprit, indélébile, grande source de jouissance. Lamentations répond idéalement, par son envoûtante noirceur, à ce goût viscéral. En revanche, Gurian Hymn, s'extrait d'une noirceur toute relative pour approcher la lumière de manière fantastique. Les trois violons solos en sont le cheminement chargé d'onirisme qui mène à une effervescence des cordes et des percussions. Cette oeuvre fait figure de transition magique entre mon goût viscéral pour la musique sombre et mes aspirations actuelles pour une musique plus rayonnante et positive. Il n'est donc pas étonnant si aujourd'hui elle me procure plus de jouissance encore que Lamentations et Tristia I.
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MessageSujet: Re: Vyacheslav Artyomov, né en 1940   Vyacheslav Artyomov, né en 1940 Empty2019-07-15, 19:35


Quelle merveilleuse idée j'ai eu d'opter pour des oeuvres d'Artyomov afin de réaliser mon neuvième portrait de compositeurs! Comment ai-je pu rester aussi longtemps sans réécouter une musique qui me fascine autant? C'est bien la question que je me suis posée pendant la réécoute de sa symphonie Way to Olympus par l'"USSR Symphony Orchestra" de Timur Mynbaev, avec trois solistes; les violonistes Boris Shulgin & Lev Sergeyev et l'organiste Oleg Yanchenko. Il n'y a aucune réponse originale à apporter, c'est juste le sort de tout mélomane accumulant un nombre toujours plus grand de connaissances, d'autant plus si cet intérêt s'établit sur plusieurs genres musicaux. Peu importe, je sais pertinemment qu'un jour et l'autre je vais revenir sur ces oeuvres anciennes qui m'ont tant fasciné, au point de les redécouvrir comme s"il s'agissait d'une première fois. A savoir que Way to Olympus/Le Chemin de l'Olympe (1984) constitue la première partie de la trilogie symphonique monumentale La Symphonie du Chemin. Composée de quatre symphonies indépendantes, ce cycle présente diverses étapes du chemin que parcourt le héros sur la voie du perfectionnement moral. Dans "Le Chemin de l'Olympe", l'ardeur de son désir de s'élever vers les hauteurs divines est confrontée à l'impossibilité d'atteindre son objectif. Je trouve que cette symphonie déborde d'imagination et de passages croustillants - bien que je n'aime pas trop les termes culinaires en matière de musique - Hehe - Il s'y passe plein de choses plus ou moins antagonistes, des constructions orchestrales remarquables et remarquées, sans en avoir les mots pour les décrire, des palettes sonores chahutées par des rythmes captivants, une dimension céleste qui se fissure de toutes parts et se cogne contre les points culminant d'une tragédie annoncée. Inutile de préciser que j'aimerais bien connaître les trois autres symphonies de ce cycle, afin de voir si, comme Way to Olympus, elle me conduiront sur le chemin de l'exquis...L'oeuvre commence de façon très statique au début, très progressive...

https://www.youtube.com/watch?v=KwxVGLLA1qE
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MessageSujet: Re: Vyacheslav Artyomov, né en 1940   Vyacheslav Artyomov, né en 1940 Empty2019-07-15, 19:54

C'est très abstrait, presque cacophonique parfois Laughing

Ce n'est pas une musique que je passerai en boucle, même pas une seconde fois je crois Embarassed

Néanmoins il y a des éléments lyriques, comme les soli de violon vers la fin...
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MessageSujet: Re: Vyacheslav Artyomov, né en 1940   Vyacheslav Artyomov, né en 1940 Empty2019-07-15, 21:04


A mon oreille, c'est une symphonie très inspirée, truffées de moments captivants, un régal de chaque instant. En même temps, c'est l'une de mes deux périodes de prédilection, moderne et contemporaine... Very Happy
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MessageSujet: Re: Vyacheslav Artyomov, né en 1940   Vyacheslav Artyomov, né en 1940 Empty2019-07-15, 23:17

joachim a écrit:
Son Requiem de 1986, achevé en 1988, est assez long (77 minutes), et d'un style "moderne", qui fait un peu penser à Penderecki. Certaines parties sont torturées, elles font presque peur, d'autres sont beaucoup plus douces à la fin surtout (Agnus Dei). C'est curieusement un Requiem latin et non pas orthodoxe comme on pourrait s'y attendre. A noter qu'il date de l'époque de l'URSS, et qu'il ne semble pas avoir choqué les autorités !

En tout cas, moi je n'ai pas été choqué du tout par ce grand requiem que je viens de réécouter ce soir dans son intégralité. Je ne suis pas une petite nature. Vyacheslav Artyomov, né en 1940 338665 Je suis encore une fois impressionné par l'esprit extrêmement créatif, imaginatif, de ce compositeur. Certes, le Requiem atteint presque les 77 minutes, c'est un peu long, mais il se renouvelle si bien, avec tellement de couleurs, de trouvailles sonores et d'ambiances sacrées pouvant passer de la pénombre à la lumière. Ils sont si nombreux les passages qui m'interpellent, me fascinent, me transportent...C'est une véritable fresque sonore! En général, les requiems que je connais sont de durée plus courte, encore que celui du compositeur contemporain espagnol Xavier Benguerel dépasse les 81 minutes. Soit dit en passant, il est également très beau.  Si j'ai bien compris, Artyomov dédia son grand requiem aux "Martyrs of the Long-Suffering Russia", c'est-à-dire à toutes les victimes et les souffrances du peuple durant les différentes tragédies qui ont jalonné son histoire. Là aussi, il m'est inutile de préciser qu'il serait en bonne place dans un top 15 ou même top 10, mais bon, je le précise quand même au cas où certains en douteraient. Hehe
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MessageSujet: Re: Vyacheslav Artyomov, né en 1940   Vyacheslav Artyomov, né en 1940 Empty2019-07-16, 08:55

Toujours dans ma lancée, totalement concentré sur la musique de Vyacheslav Artyomov, j'aborde avec enthousiasme les scènes musicales pour le ballet Sola Fide (Only by Faith), tout d'abord avec la Suite 'Katia' en six mouvement; "Introduction/Separation/Revelation/Shock/Roschin/Acquisition", avec le "Kaunas State Choir" et le "Academic Symphony Orchestra of the Moscow State Philharmonic", sous la direction de Dmitri Kitaenko. En revanche, contrairement aux oeuvres que j'évoque dans mes commentaires précédents, celle-ci m'était encore inconnue il y a à peine une heure! Ce fut une totale découverte et en même temps une profonde émotion qui s'est complètement épanouie sur le dernier extrait; "Acquisition", d'une beauté à couper le souffle et qui s'étale sur plus de six minutes trente. Ce fut l'extase! Je ne pourrais employer un terme moins puissant pour exprimer ce que fut mon ressenti sur ce morceau-là précisément: le plaisir fut tellement intense, un degré d'émotion que l'on ne vit pas tous les jours dans la découverte d'une oeuvre...Néanmoins, c'est toute cette suite qui est formidable avec la force épique de ses choeurs et les qualités fortement expressives d'un orchestre sous grande tension dramatique. Jusque là, parmi les grands compositeurs russes qui, selon moi, succédèrent avec brio à Prokofiev, Stravinsky et Chostakovitch, il y eut Alfred Schnittke et Edison Denisov, désormais un trio gagnant se dessine avec Vyacheslav Artyomov. Dire que sur cet album il me reste encore deux oeuvres qui me sont complètement inédites; Suite 'The Terrible Days' pour même formation "choeur et orchestre", et Tempo Costante, un concerto pour orchestre interprété par le "Moscow Chamber Orchestra 'Musica Viva'" sous la direction de Murad Annamamedov. Inutile de préciser (mais je le fais quand même car c'est plus fort que moi Hehe) que j'ai hâte de les écouter!
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MessageSujet: Re: Vyacheslav Artyomov, né en 1940   Vyacheslav Artyomov, né en 1940 Empty2019-07-16, 16:33

Icare a écrit:
Dire que sur cet album il me reste encore deux oeuvres qui me sont complètement inédites; Suite 'The Terrible Days' pour même formation "choeur et orchestre", et Tempo Costante, un concerto pour orchestre interprété par le "Moscow Chamber Orchestra 'Musica Viva'" sous la direction de Murad Annamamedov. Inutile de préciser (mais je le fais quand même car c'est plus fort que moi Hehe) que j'ai hâte de les écouter!

Eh bien voilà qui est fait! Cette seconde suite, The Terrible Days, m'impressionne tout autant que la première, Katia. Je croirais entendre une excellente musique pour un film conjuguant l'horreur et le fantastique. J'exagère un peu lorsque j'évoque l'horreur car à aucun moment cette musique, faite de fracas et de tensions jusqu'à la lumière, n'est réellement terrifiante. Disons surtout qu'elle sait magnifier la douleur et le drame, le chaos et la violence, jusqu'à un superbe éclatement des cordes et des choeurs vers la lumière sur l'avant-dernier extrait, alors que je crois aborder le point culminant de l'oeuvre. C'était déjà ne pas imaginer un final plus merveilleux encore, une entrée de premier choix dans un monde fantastique, inouï: j'ai encore à l'esprit cette voix lancinante de soprano qui se désolidarise subtilement de la masse chorale. Suite 'The Terrible Days' se constitue de six extraits; "Prologue/Plea/Despair/Wind, wind/Terrible Days/Finale". Avec le concerto pour orchestre qui suit et conclut cet album, Tempo Costante, on change complètement d'ambiance, même si l'oeuvre développe un caractère tendu, crispé, dramatique. C'est d'abord dans les couleurs de l'orchestre ou du moins dans les combinaisons instrumentales que le concerto se distingue des deux suites de ballet qui le précèdent. Un mariage inhabituel entre des pizzicati de violons et d'altos et un clavecin crée une introduction originale, auquel se mêle un violoncelle plaintif. Petites percussions, flûte, clarinette et autres éléments de l'orchestre viendront s'y greffer progressivement. J'avais déjà perçu un orchestrateur habile et inspiré, il se confirme ici. Le concerto arbore clairement, sans détour, une écriture sérielle, ce qui n'est pas le cas dans les deux suites qui joue judicieusement entre tonalité et atonalité. Dans Tempo Costante, la forme sérielle est nettement affirmée. Artyomov en a saisi l'expérience et, à mon oreille du moins, la magie opère. Ce qui m'amène de plus en plus à prendre mes distances avec les éternels débats autour de la musique tonale/atonale, ancienne/moderne, car s"ils peuvent générer des échanges intéressants et constructifs entre gens intelligents, leur finalité demeure vaine. Le talent, le génie d'un créateur, a le pouvoir de tout transformer, de tout transcender, certes pas systématiquement, mais souvent. Tempo Costante de Vyacheslav Artyomov en est une excellente démonstration, la preuve en sons qu'une oeuvre sérielle n'est pas forcément rigide et ennuyeuse, au contraire, pouvant être un feu d'artifices haut en couleurs et en combinaisons instrumentales détonantes...Ce petit clavecin tout en énergie, la cerise sur le gâteau...
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MessageSujet: Re: Vyacheslav Artyomov, né en 1940   Vyacheslav Artyomov, né en 1940 Empty2019-07-18, 00:46

J'aime bien ce que j'ai commencé à écouter de ce compositeur, mais il me faudra du temps pour approfondir ... et en dire plus Wink
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MessageSujet: Re: Vyacheslav Artyomov, né en 1940   Vyacheslav Artyomov, né en 1940 Empty2020-07-02, 11:32

Entre hier soir et ce matin, j'ai découvert trois nouvelles oeuvres du troisième compositeur de mon "Portraits croisés", Vyacheslav Artyomov. Je l'avais découvert à la fin des années 1990, en décalage d'Alfred Schnittke et Edison Denisov que j'avais découverts et approfondis dans la même période, un peu comme Carter Burwell et Angelo Badalamenti: les années 1990 correspondent vraiment à la période où mes goûts musicaux se sont émancipés et le mieux définis. Seulement, si j'avais d'emblée aimé les oeuvres que j'avais découvertes d'Artyomov - j'y reviendrai au cours de mon cycle - il était, me semble-t-il, encore très mal desservi par l'industrie du disque et le peu qui existait ne courait pas les bacs. Bref, ce fut beaucoup plus tardivement, vers 2019 et 2020, que je commençai à vraiment approfondir ce compositeur. Je considère un compositeur comme une "révélation" à partir du moment où son approche musicale me captive suffisamment pour faire une "fixation" sur lui et avoir envie de l'approfondir, comme ça m'est arrivé récemment avec Enjott Schneider et Paul Hindemith.

Les trois titres que j'ai écoutés à deux reprises entre hier soir et ce matin ne sont pas forcément les oeuvres les plus faciles d'accès de Vyacheslav Artyomov, lorsque l'on sait que deux d'entre elles, A Sonata of Meditations et Totem ont été réalisées pour les percussions seules et interprétées par le "Mark Pekarsky Percussion Ensemble" et que la troisième, A Garland of Recitations, qui se trouve en sandwich entre les deux autres, est une oeuvre pour solistes et orchestre très atmosphérique. Au début, malgré un intérêt avéré pour les percussions, j'avais bien quelques inquiétudes car même si jusque là tout ce que j'avais écouté d'Artyomov m'avait plu, il est toujours possible...et même probable...de rencontrer l'opus qui va, à tort ou à raison m'ennuyer, d'autant plus que les partitions pour percussions seules que j'aime écouter ne sont pas si nombreuses: un exemple: J'aime beaucoup l'approche musicale de Marc Monnet, au point qu'il fait partie des compositeurs que j'aime approfondir, malheureusement, la pièce pour percussions qui a été postée sur son fil par Joachim ne m'a pas du tout plu.

Avec A Sonata of Meditations, je dois dire que mes réticences de départ se sont vite effacées. J'ai  été au contraire aussitôt séduit par l'atmosphère qui s'en est dégagée, une musique qui, bien sûr, joue beaucoup sur la beauté des timbres et sur les rythmes, une musique qui peut être méditative, comme son titre le laisse suggérer, mais qui connaît aussi quelques belles et stimulantes accélérations. Bien que l'oeuvre approche les trente minutes, je n'ai ressenti aucune baisse d'attention, à aucun moment je n'ai trouvé ce ballet sonore creux ou ennuyeux. Je l'ai trouvé bien pensé jusqu'au bout et une seconde écoute ce matin n'a rien changé de mon appréciation. Ceci-dit, j'ignorais à ce moment-là que Totem, la seconde oeuvre pour percussions seules, allait encore me plaire davantage. Certes plus courte, d'une durée d'onze minutes environ, elle m'a captivé d'un bout à l'autre. J'ai pensé au topic que Joachim avait ouvert sur les oeuvres qui reprenaient ou citaient le célèbre Dies irae, il pourra désormais rajouter celle-ci. C'est juste pour l'anecdote car ce n'est évidemment pas la citation plutôt courte du "Dies irae" qui fait l'intérêt de ce Totem, c'est toute une architecture sonore qui la rend fascinante aussi bien par ses timbres que par ses rythmes. Il y a un passage que j'adore et qui me fait curieusement penser à un morceau pour percussions seules que Serge Gainsbourg avait réalisée pour la scène de braquage d'un fourgon dans le film Le Pacha de  Georges Lautner (1968). Alors, attention, ne pas interpréter mon propos comme la révélation d'un quelconque plagiat entre l'un et l'autre, déjà parce que c'est malgré tout très différent, c'est plutôt une construction rythmique qui m'y fait penser - il est clair qu'il s'agit d'une comparaison très personnelle et donc hyper-subjective de ma part: la musique de Serge Gainsbourg est beaucoup plus minimaliste et rudimentaire alors que celle de Vyacheslav Artyomov est nettement plus élaborée et riche d'un point de vue timbrique, une peinture sonore idéale à mon oreille. J'ai aussi beaucoup aimé, dans un tout autre genre A Garland of Recitations pour différents solistes et orchestre, dont le concept même de l'oeuvre que j'ai trouvé original. J'y reviendrai avec plus de détails appréciatifs lors d'une future écoute.
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MessageSujet: Re: Vyacheslav Artyomov, né en 1940   Vyacheslav Artyomov, né en 1940 Empty2020-07-03, 18:41

. Aujourd'hui, j'ai réécouté les quatre oeuvres par lesquelles j'ai découvert Vyacheslav Artyomov; Lamentations pour cordes, percussions, piano et orgue, Gurian Hymn pour trois violons, cordes et percussions, Tristia I pour piano, orgue, trompette, vibraphone et cordes et Way to Olympus, une symphonie pour deux violons, orgue et orchestre. J'avais écrit à propos de Gurian Hymn: <<Gurian Hymn s'extrait d'une noirceur toute relative pour approcher la lumière de manière fantastique. Les trois violons solos en sont le cheminement chargé d'onirisme qui mène à une effervescence des cordes et des percussions. Cette oeuvre fait figure de transition magique entre mon goût viscéral pour la musique sombre et mes aspirations actuelles pour une musique plus rayonnante et positive. Il n'est donc pas étonnant si aujourd'hui elle me procure plus de jouissance encore que Lamentations et Tristia I.>> Voilà une appréciation qui continue d'être d'actualité. Ce qui me fut réjouissant, c'est que cette oeuvre m'a évoqué une musique de film que j'aime beaucoup, même si le rapprochement purement intellectuel que j'en ai fait est là encore très personnel et subjectif. Pour l'anecdote, il s'agit d'un morceau très développé et infiniment poétique, intitulé "Voci" qu'Ennio Morricone composa pour L'Uomo delle Stelle de Giuseppe Tornatore. Bien que ces deux oeuvres ne sont absolument pas orchestrées pareil, bien qu'elles n'aient pas d'éléments concrets en commun ni de constructions similaires, c'est sans doute une certaine sinuosité et luminosité qui les associent dans mon esprit.. La pièce d'Artyomov est plus riche sur le plan sonore mais aussi d'une poétique moins fluide et pour le coup plus confuse, plus ambiguë à mon oreille. Tristia I a tout en elle pour filer le bourdon ou le cafard - je laisse la préférence de l'insecte à qui veut  Hehe ; atmosphérique, statique, trouble, aussi sombre et nébuleuse que Lamentations, c'est vers un monde austère dominé par les cordes qu'elle me conduit. Sur cette musique, j'imagine aisément des ruines à perte de vue. Ce sont les interventions plutôt courtes d'une trompette solennelle d'Ivan Maloshtanov qui m'entrouvre une porte sur un reste d'humanité. J'aime beaucoup cette trompette qui s'extirpe du chaos pour en exprimer solitairement le reflet. C'est comme si cette trompette flottait dans l'espace et que je flottais avec elle, emporté par la puissante émotion qu'elle me procure. Les errances du piano de Stanislas Bunin m'interpellent également. C'est une autre sensation, un autre appel mystérieux. Dans Lamentations, c'est une même désolation qui y est exprimée par les cordes. Elles dominent toute la partition. La percussion s'abat plusieurs fois comme le glas de la fatalité. Dans cette oeuvre, c'est principalement l'orgue d'Oleg Yanchenko qui m'interpelle. Il se confondrait presque avec l'immobilité mobile des cordes, des cordes désespérées qui finissent par devenir magnifiques de noirceur à un moment donné, le point culminant de ces "Lamentations". Ensuite, je trouve que la musique se perd un peu dans sa noirceur sans rebondir. Way to Olympus est une oeuvre très différente, beaucoup plus turbulente et extravertie, un super contre-pied aux atmosphères "sclérosantes" qui la précèdent.
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MessageSujet: Re: Vyacheslav Artyomov, né en 1940   Vyacheslav Artyomov, né en 1940 Empty2020-07-04, 23:17

Je réfléchis aux requiems qui occupent glorieusement mes étagères, ceux que je ne boude jamais et écoute plus ou moins régulièrement. Le requiem n'est cependant pas le genre musical vers lequel je vais d'emblée et je n'ai jamais vraiment eu l'ambition de tous les écouter, ce qui serait, soit dit en passant, un vaste programme! Laughing Mon goût immodéré pour les musiques graves et sombres auraient pu en faire mon domaine de prédilection... Vyacheslav Artyomov, né en 1940 1521897346...mais je n'irais pas jusqu'à imaginer qu'il puisse en être: les requiems qui occupent une place de choix sur mes étagères ont été composés par Giuseppe Verdi, Henri Tomasi, Xavier Benguerel, Antonio Santana, Gabriel Fauré, W. A. Mozart, Pierre Bartholomée, Edison Denisov, Alfred Schnittke, Fernando Lopes-Graça, Hans Werner Henze..., j'en oublie peut-être quelques-uns mais je pense avoir cité ceux qui me marquent le plus et que je connais le mieux...enfin, si j'omets celui qui m'est peut-être le plus cher et qui a été composé par Vyacheslav Artyomov entre 1985 et 1988.

<<Écouter à nouveau cette musique (Requiem) après quelques années fait vraiment comprendre à quel point Artyomov a une oreille sensible, et amplifie la façon dont il déploie ses ressources énormes, en particulier le piano et les percussions, dans ce travail. Son écriture vocale est également experte, à la fois pour les solistes et les chœurs. Souvent, il y a un sens de la note qui tourne dans ce genre de répertoire, mais à sa manière très différente, cette œuvre révèle l'habileté d'Artyomov dans l'écriture pour les voix... Son objectif n'était rien de moins qu'une œuvre à grande échelle qui agirait comme un véhicule pour l'expiation nationale. Pour toute la terreur, la catastrophe et la violence impliquées dans cette pièce, Tout ce qu'il porte d'extrême est en quelque sorte contenu.>> Richard Hanlon. Music Web International. 2019

Comme Richard Hanlon, à chaque nouvelle écoute du Reqiem de Vyacheslav Artyomov, je ressors complètement stimulé par l'esprit extrêmement créatif, imaginatif, de ce compositeur qui, contrairement à d'autres, n'écrit pas une musique transparente et passe-partout. Certes, le Requiem atteint presque les 77 minutes, ça peut paraître un peu long mais pas pour moi, je n'ai pas vu le temps passer: il se renouvelle toujours au bon endroit, au bon moment, s'y créent des ambiances différentes, des humeurs qui divergent, celles qui tentent d'assombrir mes pensées, celles qui, au contraire, les éclairent d'un optimisme presque miraculeux, avec tellement de couleurs, de trouvailles et combinaisons sonores. Je pense par exemple à ces violons dans l'aigu qui suspendent la voix et m'offrent un précieux moment d'intimité émotionnelle avec la musique. Ils sont si nombreux les passages qui m'interpellent, me fascinent, me transportent, et en même temps si différents dans ce qu'ils m'inspirent, quelque-part entre l'espoir, la pensée ludique qu'ils peuvent éveiller en moi et le recueillement... C'est une véritable fresque sonore! Artyomov dédia son grand requiem à tous les martyrs de la Russie, c'est-à-dire à toutes les victimes et les souffrances du peuple durant les différentes tragédies qui ont jalonné son histoire. Un grand Requiem.
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MessageSujet: Re: Vyacheslav Artyomov, né en 1940   Vyacheslav Artyomov, né en 1940 Empty2020-07-06, 15:32

C'est dans des conditions un peu particulières que, ce matin, j'ai réécouté Sola Fide (Only by Faith) de Vyacheslav Artyomov, Scènes pour le ballet d'après la trilogie The Road to Calvary d'Aleksey Tolstoy et sur un livret de Nikita Dolgushin, Valeriya Lyubetskaya et Vyacheslav Artyomov. L'oeuvre qui atteint les cinquante-trois minutes se divise en deux suites de cinq mouvements chacun, avec une courte introduction pour la première intitulée Katia et un prologue pour la seconde; The Terrible Days.

Décomposition:

Katia
__Introduction (orchestre)
__Separation (choeur & orchestre)
__Revelation (orchestre)
__Shock (orchestre)
__Roschin (orchestre)
__Acquisition (choeur & orchestre)

The Terrible Days
__Prologue (orchestre)
__Plea (choeur & orchestre)
__Despair (orchestre)
__Wind, wind (choeur & orchestre)
__Terrible Days (choeur & orchestre)
__Finale (solistes, choeur & orchestre)
Les interprètes sont Inna Polianskaya (soprano), Elmira Kugusheva (mezzo-soprano), Aleksey Martinov (ténor), Mikhail Lanskoi (baryton), Oleg Yanchenko (orgue), le "Kaunas State Choir" par Piatras Bingialis et l'"Academic Symphony Orchestra of the Moscow State Philharmonic" sous la direction de Dmitri Kitaenko.

J'ai aussitôt été frappé, dès la première suite, par la teneur dramatique de l'oeuvre qui ne perd jamais de son intensité et l'atmosphère tendue qui en ressort, avec une fantastique utilisation des choeurs parlés dans "Separation". La douce introduction est finalement trompeuse. Je suis très vite mis dans le bain d'une musique de ballet qui prend une allure de requiem, mais un requiem imposant avec des passages purement instrumentaux. D'ailleurs, pendant que j'y suis, alors que le Requiem était jusqu'ici mon oeuvre préférée d'Artyomov, je pense que désormais j'ai une préférence pour Sola Fide (1987). J'y trouve là son deuxième chef d'oeuvre. C'est avant de réécouter la seconde suite, "The Terrible Days", que j'ai appris la mort d'Ennio Morricone et chose stupéfiante...enfin pour moi...fut la première minute (environ) du "Prologue" qui m'a directement fait penser à un effet dans les cordes que le compositeur italien a employé plusieurs fois dans sa musique de film - cette fois, ce n'est pas une vue de l'esprit, un rapprochement discutable, subjectif, dont je serais le seul responsable, le lien est concret et objectif. Ca n'a rien non plus d'un plagiat de l'un ou de l'autre, c'est juste un détail de moins d'une minute, une analogie, un simple effet de cordes que Morricone aimait employer et qu'Artyomov emploie ici dans une sonorité identique. Dans la circonstance du moment de tristesse que j'étais entrain de vivre, cette coïncidence m'a bien sûr produit un drôle d'effet. Cette analogie me parvenait comme une ironie du sort ou, mieux encore, un lien subtil qui unit tous les compositeurs que j'aime entre eux. "Acquisition" qui termine Katia et le "Finale" de la seconde suite, sont des morceaux que je trouve absolument somptueux. Je suis resté perché pendant un bon moment après la note ultime. C'est alors un inconvénient pour la pièce qui suit car l'album se conclut sur son concerto pour orchestre de 1970, Tempo Costante. D'un style plus atonal et sans doute plus austère, plus "intellectuel", il ne me déplaît pas. Il accorde un véritable champs d'expression individuel à plusieurs instruments. J'en adore toutes les sonorités, leur éclat, un peu comme dans Romantic Music d'Edison Denisov. Seulement, trop sous l'emprise émotionnelle de Sola Fine, j'ai à chaque fois l'impression de l'apprécier de loin et non à sa juste valeur. La prochaine fois, je l'écouterai en premier.
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MessageSujet: Re: Vyacheslav Artyomov, né en 1940   Vyacheslav Artyomov, né en 1940 Empty2020-07-08, 09:21


In Spe par la poétesse Valeriya Lyubetskaya:

<<La symphonie "In Spe" est préfixée par une épigraphe de Cicéron: à la suite des Mystères Éleusiniens "on nous a donné une raison non seulement de vivre dans la joie, mais aussi de mourir avec une meilleure espérance". "In Spe" est une révélation existentielle de sonar imprégnée d'espoir de surmonter la mort et de doutes tortueux, liée à cet espoir. Le compositeur crée une distribution métaphysique à partir de l'existence spirituelle d'une personnalité, dont l'image se développe en une image de l'Univers soumise au même désir passionné d'éternité. "In Spe" présente une nouvelle page dans la production musicale d'Artyomov, dont la palette stylistique est immense. Il y a deux solistes dans la Symphonie - violon et violoncelle, dont les voix expriment le monde intérieur palpitant contradictoire du héros. Les solistes mènent la ligne principale de la narration dramatique, mais ils connectent également les épisodes musicaux respectifs en un tout unifié au moyen de leurs figurations douces, de la même manière que les cadres des vitraux des cathédrales gothiques (...) La liberté et l'immédiateté du souffle du matériau musical atténuent la sensation de tragédie et en libèrent l'expression. La symphonie "In Spe" de Vyacheslav Artyomov est une consolation ingénieuse pour notre monde affligeant.>>

La partie "Artyomov" de mon cycle vient de se terminer avec deux oeuvres du compositeur qui m'étaient jusqu'ici inédites: Symphonie "In Spe" pour orchestre avec violon et violoncelle solos, et Latin Hymns pour soprano, choeurs et orchestre. In Spe se compose de vingt-et-un extraits musicaux plus ou moins courts qui s'enchaînent habilement les uns à la suite des autres sur un ton d'ensemble fortement marqué par la passion mais qui conserve une réelle homogénéité de ton. Je l'ai trouvée à la fois romantique et moderne et dans un style qui ne correspond pas vraiment à celui auquel j'étais de plus en plus familiarisé jusqu'à maintenant. Avec In Spe, je découvris pour ainsi dire une autre facette de la personnalité musicale d'Artyomov. J'ai adoré cette musique qui, comme portée par un mouvement qui ne s'essouffle jamais, ne perd jamais de son intensité dramatique ni du caractère passionné qui pétrit ses élans romantiques sans les rendre dégoulinants: c'est un nouveau coup de coeur après le Requiem et Sola Fide! De plus, je suis évidemment très sensible à la forme concertante adoptée par cette somptueuse symphonie, avec Ivan Pochekin au violon et Alexander Buzlov au violoncelle. Latin Hymns est une oeuvre qui m'apporte aussi quelque-chose d'un peu nouveau dans le style d'Artyomov même si j'avais déjà apprécié dans sa musique la beauté des voix, notamment au travers de Sola Fide et du Requiem. Je les retrouve ici dans un contexte un peu différent et avec la superbe voix de soprano de Nadezhda Pavlova.

Le bilan que je tire de cette plongée dans l'oeuvre de Vyacheslav Artyomov c'est qu'il s'agit là d'une personnalité musicale qui me comble pratiquement sur tous les angles, un grand compositeur russe, selon moi, une très belle découverte qui se sera effectuée, grosso modo, entre 2019 et 2020 même si j'avais découvert quelques-unes de ses oeuvres dès la fin des années 1990. Jusqu'ici, outre Prokofiev, Stravinsky et Chostakovitch, il y avait surtout eu Alfred Schnittke et Edison Denisov qui ont été et sont toujours une magnifique source d'émotions et d'inspirations pour moi, désormais il y a Vyacheslav Artyomov qui, à mon oreille, est de cette fibre de compositeur qui me stimule profondément, exactement comme Enjott Schneider en Allemagne: je sais qu'il me reste encore pas mal d'oeuvres à découvrir d'Artyomov et comme il est encore en vie, je peux donc espérer d'autres créations et surprises à venir. Il ne semble pas avoir composé pour l'image mais sait-on jamais.
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MessageSujet: Re: Vyacheslav Artyomov, né en 1940   Vyacheslav Artyomov, né en 1940 Empty2021-04-19, 19:29



C'est sur le Requiem de Vyacheslav Artyomov que j'ai décidé d'achever mon cycle "Russia-Est". C'est peut-être un peu too much de terminer un cycle sur une messe des morts, mais personne ne peut s'imaginer à quel point ce requiem m'a rendu vivant. Je l'adore. Un de mes préférés du vingtième siècle! Je suis toujours autant impressionné par tous les éléments d'expression qui traversent l'oeuvre. Soit, le Requiem atteint presque les 77 minutes, ce qui en fait une messe assez conséquente, ceci étant, il se renouvelle à chaque fois au bon moment, au moment où j'espère justement un rebondissement, un éclat, un sursaut, et c'est ce qui se passe: j'y reçois tellement de couleurs différentes, d'humeurs différentes, de contrastes, de trouvailles sonores et d'ambiances sacrées pouvant passer de la pénombre à la lumière. J'ai souvent l'impression que les morts revivent à travers cette musique. Un trait de caractère presque commun à tous les compositeurs que j'ai réécoutés durant ce cycle, presque tous russes, est une forte dimension humaine qui traverse leur musique, un vécu, une histoire. C'est quelque-chose que je ressens avec intensité. Pour en revenir au Requiem d'Artyomov, c'est exactement cela. Il dédia son grand requiem aux "Martyrs of the Long-Suffering Russia", c'est-à-dire à toutes les victimes et les souffrances du peuple durant les différentes tragédies qui ont jalonné son histoire. J'y ai cependant ressenti, par endroits, une délivrance, un apaisement, une ouverture vers une lumière douce et hospitalière. Ce requiem n'est pas complètement noir, pas complètement sombre, peut-être puis-je y déceler le murmure d'un espoir naissant...
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