Christian Zacharias, pianiste

Christian Zacharias est un pianiste et chef d'orchestre allemand né le 27 avril 1950 à Jamshedpur, Inde.

Formé à partir de 1961 à l'Académie musicale supérieure de Karlsruhe, il est l'élève d'Irene Slavin. Après avoir décroché son diplôme de pianiste concertiste, il se rend à Paris pour se perfectionner auprès de Vlado Perlemuter.
Lauréat du Concours de Genève en 1969 et du Concours Van Cliburn en 1973, il remporte en 1976 le Concours Ravel organisé par Radio France. Christian Zacharias effectue de nombreux enregistrements.

Ses interprétations de Scarlatti, Mozart, Schumann, Schubert ou Ravel sont souvent appréciées des mélomanes.
Cet artiste a d'autre part entrepris avec un certain succès une carrière de chef d'orchestre depuis 1992 et dirigé des formations réputées. Il est actuellement titulaire du poste de chef de l'Orchestre de chambre de Lausanne.

cher Joachim,

j'ai rencontré Zacharias lors d'une de ses prestations à Lausanne, car il est le chef titulaire de 'OCL.
Un homme simple et charmant.
Il faut mentionner ses concertos de Mozart parus chez MDG, très intéressant

sa première version avec différents chefs, chez EMi ,....et a un prix dérisoire est aussi à remarquer
et aussi ses Schubert

Oui Jean,

on trouve les concertos de Mozart chez EMI "presque" données ...et aussi de beaux enregistrements de sonates de Scarlatti :EMI coffret rouge et blanc 4 cds ! (7euros,50 sur amazone.fr!) .

Un Excellent pianiste !

J'ai vu hier ça (enregistrement de dimanche de Mezzo) :

Orchestre de Chambre de Bâle, Christian Zacharias (piano et direction)
Jean-Philippe Rameau
Les Indes Galantes, suite
Wolfgang Amadeus Mozart
Concerto pour piano n° 24, K491
Georges Bizet
L'Arlésienne, musique de scène
Enregistré au Festival Menuhin de Gstaad, le 24 juillet 2014
Réalisé par Colin Laurent

Belle soirée ! Ce concert est rediffusé d'ici la fin de la semaine sur Mezzo.
(Prochaines diffusions
28/01 - 20h30 sur mezzo live hd
29/01 - 17h00 sur mezzo live hd,
pour ceux qui reçoivent ces chaînes).

J'aime beaucoup ce pianiste/maestro, dont le toucher reste très classique, mais très pur. Je ne connaîs pas son intégrale EMI des concertos de Mozart (9 CD) dans laquelle figure d'ailleurs le concerto pour deux pianos, Zacharias étant accompagné par Marie-Luise Hinrichs.

Quant à sa direction, je l'ai trouvée fort belle, élégante et sobre -et sourire un peu amusé lors d'un petit "couac" des trompettes..-. Surtout sur "l'Arlésienne" en intégrale de la musique de scène de Bizet -j'aime beaucoup et ce n'est pas très souvent joué-. En plus, Zacharias a beaucoup de prestance et il est fort bel homme..

Il a 65 ans, se partage désormais entre plusieurs ensembles, en particulier en Suisse, ou comme "chef invité" pour musique de chambre (il n'est plus maestro attitré depuis 2013). On le voit de temps en temps rejouer en concert au piano (dont ce concerto pour deux pianos de Mozart dont il me semblait bien qu'il était resté dans ma mémoire de l'an dernier, grâce à lui).
C'est vrai qu'il est célèbre pour ses sonates de Scarlatti, mais je pense qu'il est réellement "un vrai mozartien", ce qui sur le plan pianistique, est très difficile.
Je trouve qu'il s'efface derrière la musique de Mozart, ce qui n'est par exemple pas le cas d'un Barenboïm, qui en fait peut-être "un peu trop" dans le jeu, le chromatisme, les tempi et un peu le pathos. Alors qu'humble avis, la musique de Mozart se suffit à elle-même, dans le respect des annotations de notre génie. Etant donné le prix de cette intégrale , ça me fait bien envie

Anouchka a écrit:

Je ne connaîs pas son intégrale EMI des concertos de Mozart (9 CD)

Je te la conseille absolument car elle est merveilleuse. Pour moi Zacharias est LA référence pour les concertos pour piano de Mozart. Pas (encore) trouvé mieux. En plus l'enregistrement est d'excellente qualité.

Intégrale à posséder absolument!

Eh bien tu vois, les grands esprits se rencontrent..; car je venais de ré-éditer à l'instant mon message pour ajouter un détail.
Merci du conseil, je vais acheter ça !

sa deuxième intégrale des concertos de Mozart, chez MDG, avec l'orchestre de chambre de Lausanne qu'il dirige du piano vient de paraître en 9 cd également à petit prix!

Alors, quelle intégrale me conseillez-vous, finalement ? La première ou la seconde ?

perso je ne saurais dire...mais toutes les critiques que j'ai pu lire (l'unanimité étant un indice un peu convainquant?) mettent au dessus sa deuxième version...déjà pour ce qui peut être bien compréhensible : une plus grande unité compte tenu qu'il n'y a qu'un chef et qu'en l'occurrence le chef ne va "contrarier" le soliste...
Un peu aussi préférer une plus grande diversité "d'ambiance" avec plusieurs chefs?....
Mais il n'a pas dû faire un "progrès" flagrant entre ses deux versions

C'est intéressant, cette réflexion, personnellement, je suis "pour" qu'un grand soliste soit aussi son propre maestro. Il n'y a pas de risque de "hiatus" avec l'orchestre, en particulier. Un certain "consensus" de la critique est important, même si cela n'est pas toujours le gage de la perfection (enfin, on espère qu'ils font bien leur boulot...). D'autre part, la maturité de l'artiste compte... : S'il a enregistré une seconde intégrale, c'est bien qu'il s'y sentait prêt et qu'il l'a voulue. J'ai entendu Zacharias plusieurs fois sur Mezzo, non seulement en direction d'ensembles de musique de chambre, mais au piano sur Mozart principalement : Des concerts "récents", disons datant post 2012 environ, toujours superbes. Il semblait au summum de sa forme.

Je ne connais que celle enregistrée par EMI donc je ne peux rien dire pour la seconde.

Après, outre l'interprétation il faut voir aussi la qualité de l'enregistrement. La seconde, aucune idée puisque comme je l'ai dit, je ne l'ai jamais entendu, mais pour la première, elle est vraiment excellente.

Il faudrait pouvoir écouter le même concerto de la première et la deuxième intégrale pour se faire une idée plus juste.

Après je ne sais pas combien coûte la seconde intégrale, mais celle proposée par EMI est très abordable.

Voici le coffret de l'intégrale MDG 9cd...mais sans les 4 premiers ctos (qui sont d'extrême jeunesse et je crois, plus ou moins, des "transcriptions" d'oeuvres de JC Bach qu'il avait connu à Londres lors d'un voyage avec son père et sans les ctos N° 7 et N°10 pour 3 et 2 pianos.

A 26€ sur amazone....et si tu préfères en occasion ....mais à 81€!!!
J'ai toujours trouvé assez et même très surréaliste ces offres de cd en occasion 2 ou 3 fois plus cher que des neufs??!!!...et çà n'est pas si rare que çà!

C'est pas cher. Celle de EMI fait dans les 40 euros

Snoopy a écrit:

J

Il faudrait pouvoir écouter le même concerto de la première et la deuxième intégrale pour se faire une idée plus juste.

Suis bête!..j'ai la première intégrale...et un double cd (paru en économique) MDG avec différentes fantaisies et rondo pour piano solo sur le cd 1 et la symphonie "Prague" , l'air de concert avec piano obligé et orchestre "Ch'io mi scodi di te.." avec Bernarda Fink et le concerto N° 25 k 503 ...Je n'ai pas eu l'idée de comparer avec la version EMI
Je vais le faire demain et vous donnerais mes impressions...qui seront d'ordre plutôt général

Jean a écrit:

A 26€ sur amazone....et si tu préfères en occasion ....mais à 81€!!!
J'ai toujours trouvé assez et même très surréaliste ces offres de cd en occasion 2 ou 3 fois plus cher que des neufs??!!!...et çà n'est pas si rare que çà!  confused

Oui, j'ai vu ça tout-à-l'heure, j'ai trouvé ç effectivement assez hallucinant..., mais ça arrive.. ! Cela dit je crois me souvenir que pour un bouquin neuf (ou un DVD ??, je me demande si ce n'était pas "Ludwig"), pas cher, j'avais attendu longtemps..., car cela venait des U.S.A., alors que l'occas était dispo en Europe de façon très rapide. Serait-ce la raison.. ?
Il est certain que ce n'est pas cher 26 Euros.., que l'enregistrement doit dater d'environ 2012 (ChZ était encore en poste à Lausanne), et que tous les avis sont absolument dithyrambiques. Je vais me décider vite, j'attends un peu vos derniers avis, évidemment "ils" nous font de l'intox avec "plus que un ex. en stock" etc....

Anouchka a écrit:

Jean a écrit:

A 26€ sur amazone....et si tu préfères en occasion ....mais à 81€!!!
J'ai toujours trouvé assez et même très surréaliste ces offres de cd en occasion 2 ou 3 fois plus cher que des neufs??!!!...et çà n'est pas si rare que çà!  confused

Oui, j'ai vu ça tout-à-l'heure, j'ai trouvé ç effectivement assez hallucinant..., mais ça arrive.. ! Cela dit je crois me souvenir que pour un bouquin neuf (ou un DVD ??, je me demande si ce n'était pas "Ludwig"), pas cher, j'avais attendu longtemps..., car cela venait des U.S.A., alors que l'occas était dispo en Europe de façon très rapide. Serait-ce la raison.. ?

NON...:pour ce cas précis le prix de 26€ est proposé directement par amazone et pas par un revendeur: il est donc soit envoyé normalement avec frais de port depuis la France (tout comme les "occasions") ou en système "prémium" où il est envoyé très rapidement et reçu au maximum deux jours après (pour le sytème premium il faut cotiser 50€ par an...ce qui est intéressant à condition de passer plus de 20 commandes par an)

Je crois que Jean est le membre du forum qui a le plus de CDs chez lui !!! C'était sûr que t'avais déjà ces CDs,

un neveux m'a sorti il y a peu que j'avais trouvé une isolant original (dans le sens protection du froid contre les murs!) avec des cds

blague à part j'ai fait une petite comparaison des deux versions Zacharias du cto 25:
un très petit plus pour la deuxième avec aussi une excellente prise de son où l'orchestre de chambre de Lausanne semble un rien moins "épais" que l'orch de la radio Bavaroise, et un piano au contraire un rien plus présent mais aussi (ce qui pourrait paraître contradictoire, mais ne l'est pas en l'occurrence ) un rien plus souple ou "fin" ....

Merci pour ton avis précieux Jean !
Je vais donc me décider pour la version 2, en raison de ça :

Jean a écrit:

où l'orchestre de chambre de Lausanne semble un rien moins "épais" que l'orch de la radio Bavaroise

Et comme je le disais plus haut, si Zacharias a refait une intégrale, c'est qu'il a senti "en lui", que ça serait mieux. Si le piano est plus fin et plus présent, justement , je trouve cela préférable pour la pureté du son mozartien !
Quant aux CDs Pianoline, je rejoins Jean, j'adore et je les garderai, car il y a un côté très personnel, très sensuel, à manipuler un CD. Comme on tourne les feuilles d'un bouquin (même si on panache avec une liseuse électronique -bien pratique par ailleurs-). Un CD (ou un DVD), cela représente un souvenir, un cadeau, on rêve, on caresse du doigt, on lit... Tant pis si ça prend de la place...
Eh bien Christian Zacharias va me prendre encore un peu d'espace ! Super

Il faut dire que sur ses enregistrements précédents il était très bien accompagné (Günter Wand, Sir Neville Marriner, David Zinman...). Après avec le changement de chef à chaque fois il devait perdre en cohérence. Cette dernière intégrale reflète très certainement mieux sa vision de ces oeuvres.

Et.., je lis aujourd'hui dans la revue CLASSICA de février (clin d'oeil à Jean qui est je crois abonné aussi), cette phrase d'un critique du magazine, à propos de "l'intégrale 2" citée plus haut :
"Voilà sans conteste l'intégrale des concertos pour piano de Mozart la plus équilibrée : spontanée, vive et lyrique, Zacharias trouve toujours la bonne dynamique, le phrasé qui chante et qui charme. Même les oeuvres les plus modestes bénéficient de ce même mélange unique de tact, de vivacité et de flegme".
Sans commentaires !

Entretien de Mélissa Khong pour Pianiste Magazine

PRÈS DIX ANS, VOUS ANNONCEZ VOTRE RETOUR AU DISQUE AVEC UN PROGRAMME HAYDN, COMPOSITEUR QUE VOUS AVEZ ENREGISTRÉ DANS LES ANNÉES 1970 AU TOUT DÉBUT DE VOTRE CARRIÈRE…

Oui, un disque de jeunesse qui était ma carte de visite. Mon premier disque était consacré à Schubert, le deuxième à Beethoven, puis le troisième à Haydn. Il a toujours été très important pour moi et il m’est devenu de plus en plus cher avec mon travail en parallèle de chef d’orchestre.

POURQUOI CETTE ATTENTE AUSSI LONGUE AVANT DE REVENIR AU DISQUE?

Parce que je ne voulais plus faire de disques! (rires) Mais là, pendant les années de Covid, j’ai enfin eu le temps de jouer des œuvres qui m’allaient bien. J’ai commencé à jouer Bach – les Suites françaises, qui sortiront aussi chez MDG. J’ai appris les Saisons de Tchaïkovski, que j’ai intégrées à mon programme de récital cette année. Tout le monde est surpris que je joue cette œuvre! Elle me va très bien, et je l’enregistrerai certainement aussi. Cette période de réflexion et de repos m’a permis d’explorer d’autres choses, comme ces sonates de Haydn.

LES QUATRE QUE VOUS AVEZ CHOISIES SONT TOUTES D’UN LYRISME EXCEPTIONNEL…

On est étonné par ses capacités de mélodiste! Les mouvements lents de ces sonates me bouleversent, ça chante tout le temps. La sonate en ut majeur est un véritable chef-d’œuvre. Prenons ce début tellement innocent qui commence l’air de rien, puis son mouvement lent est incroyable. Je ne l’avais jamais jouée auparavant. Les autres, que j’ai jouées quelques fois en récital, se sont ajoutées au programme tout naturellement. Je n’ai pas de plan, vous savez. Les choses viennent quand elles sont mûres.

POURTANT, VOUS N’AVEZ PAS ENREGISTRÉ HAYDN PENDANT LA CINQUANTAINE D’ANNÉES SÉPARANT CET ENREGISTREMENT ET CELUI DE 1977. ENTRE-TEMPS, VOUS AVEZ FAIT VOTRE RENOMMÉE AVEC MOZART. HAYDN EST-IL UN CHOIX MOINS ÉVIDENT?

Le plus grand danger, c’est l’image du « papa » Haydn. Cela donne l’impression d’un style démo dé et ennuyeux. D’ailleurs, j’ai beaucoup plus de difficulté à interpréter Haydn que Mozart. Mozart plaît d’emblée, mais Haydn souffre des préjugés et de nombreuses interprétations médiocres. Il faut trouver les clés à travers la justesse de tempo et de phrasé. Il y a une multitude de vies intérieures dans cette musique. Une exigence aussi. Jouer Haydn, c’est trouver cette essence sans exagération et avec la plus grande simplicité.

COMMENT RESSENTEZ-VOUS LA MUSIQUE DE HAYDN PAR RAPPORT À CELLE DE MOZART?

Haydn, c’est la musique pure. Il parle de la musique comme quelque chose d’essentiel. Mozart parle de la vie, de relations humaines, de ses personnages d’opéras – Leporello et Figaro — qui peuplent toutes ses compositions. Chez Mozart, c’est toujours le théâtre et le dialogue – c’est très sexy. (rires) Les gens trouvent Haydn beaucoup moins séduisant. Tout est abstrait dans cette musique pure dont il n’y a rien de concret que l’on puisse saisir. C’est pour cela que les quatuors à cordes de Haydn sont considérés comme le sommet de son art. Les symphonies aussi, genre dans lequel il s’est montré maître dès ses premiers essais – on pourrait même dire qu’on lui doit la forme! Mozart l’a maîtrisée seulement après avoir écrit une trentaine de symphonies. À vrai dire, il y a très peu de symphonies de Mozart qui peuvent rivaliser avec celles de Haydn.

QU’EST-CE QUI VOUS ATTIRE PARTICULIÈREMENT DANS LES SYMPHONIES?

Je me sens en présence d’un compositeur très proche de Dieu. Dans ses grandes symphonies, on entend la création. On entend quelque chose de cosmique. Les sonates pour piano que j’ai choisies pour ce disque sont à la même échelle. Cette spiritualité est aussi manifeste chez Schubert et Bruckner. Je le sens de plus en plus. Ça vient avec l’âge.

AVEZ-VOUS ENVIE DE POURSUIVRE UNE INTÉGRALE?

Non, non, non. Vous posez cette question au moment où le pianiste se retire doucement de la scène! J’ai fait ce métier depuis très longtemps et mon travail de chef d’orchestre a pris une plus grande importance. Je sens aussi plus fortement la souffrance du travail quotidien qu’un soliste doit accomplir. D’autant plus à mon âge. Je sais que je ne pourrai garder mon niveau si je ne travaille pas tous les jours. Les journées sont très longues, surtout couplées à des répétitions avec orchestre en tant que chef. Après tout, je n’ai plus 25 ans!

JOUER EN SOLISTE VOUS MANQUERAIT?

On va voir. Quand tout se passe bien, donner un concert est un vrai plaisir après la souffrance. Certains m’ont dit que ce serait ridicule de s’arrêter. Mais je préfère m’arrêter quand je peux encore jouer et de ne pas attendre le moment où rien ne marche plus! (rires)

COMMENT VOUS ÊTES-VOUS TOURNÉ VERS LA DIRECTION?

J’ai toujours eu l’envie de créer des interprétations propres à moi. Je n’arrivais pas à accepter d’autres choix de tempo et d’autres approches. En travaillant et en consolidant la technique, j’ai pu construire ce qui me plaisait entièrement.

LES RICHES ÉCHANGES AVEC LES MUSICIENS D’ORCHESTRE, QUE CE SOIT EN TANT QUE CHEF OU SOLISTE, OFFRENT AUSSI UN CONTREPOINT À LA VIE SOLITAIRE D’UN PIANISTE…

Cette solitude pèse. C’est peut-être l’autre raison pour laquelle j’ai commencé à diriger. Un instrument n’est pas vivant. Un groupe de musiciens, oui. Que l’on joue en petite formation ou un concerto de Schumann avec un grand orchestre, il s’agit toujours de la musique de chambre. Il y a une symbiose que nous ne pouvons pas créer seuls. Avec un orchestre, le moment le plus magique arrive quand tout le monde s’écoute. Il y a un échange permanent entre les musiciens, je trouve ça très touchant. Même quand je ne suis pas au piano, je sens que je fais aussi de la musique. Diriger, c’est donner et recevoir. Un chef peut aider son orchestre seulement quand il y a cet échange.

TENEZ-VOUS À UNE CERTAINE IMAGE SONORE QUAND VOUS TRAVAILLEZ AVEC ORCHESTRE? EST-ELLE INSPIRÉE DE CELLE DU PIANO?

Le piano est le seul instrument avec lequel on peut jouer tout le répertoire, pas seulement les œuvres pianistiques. Mais cette image sonore change. Le toucher va changer selon le piano; l’équilibre va changer avec l’orchestre. Il y a forcément des idées déjà construites, mais je ne peux pas expliquer mon cheminement. J’aime me retrouver dans différents contextes et trouver ce qui est unique à chacun. Je ne me tiens jamais à un plan.

ON PEUT DONC S’ATTENDRE À DES SURPRISES, COMME LES SAISONS DE TCHAÏKOVSKI QUE VOUS AVEZ INTERPRÉTÉES RÉCEMMENT AU THÉÂTRE DES CHAMPS-ÉLYSÉES?

Ma professeure à Karlsruhe, qui était russe, voulait que je joue du Tchaïkovski. Mais j’ai toujours refusé parce que je viens d’une famille qui le plaçait au deuxième plan, avec Liszt et Rachmaninov. Mais tout à coup, je me suis trouvé avec cette œuvre, Les Saisons, qui me parle et qui m’incite à m’exprimer aussi.

QU’EN EST-IL DE SON CÉLÈBRE CONCERTO?

Vous savez, je l’ai enregistré avec Heinrich Schiff, mais on ne trouve plus facilement ce disque. Cela ferait un joli bonus pour accompagner mon prochain disque sur Les Saisons!

VOUS CONSIDÉREZ-VOUS COMME UN PIANISTE ISSU DE L’ÉCOLE RUSSE?

Oui. Entre l’âge de 11 ans et 20 ans, j’ai étudié avec Irène Slavin qui venait elle-même du Conservatoire de Saint-Pétersbourg. C’est une période que l’on peut considérer comme la formation de base pour tout musicien. Alors, j’étais formé dans cette école russe car c’est mon passé pianistique. Je n’ai jamais eu de professeur allemand alors que je vivais en Allemagne.

QU’AVEZ-VOUS TRAVAILLÉ AVEC IRÈNE SLAVIN?

L’essentiel du répertoire pianistique. Beaucoup de Chopin. Mais mon répertoire s’est construit doucement. À 14 ans, je jouais la Barcarolle de Chopin; deux ans après, les Tableaux d’une exposition de Moussorgski. Le répertoire avec lequel je suis souvent associé aujourd’hui s’est affiné plus tard, à 20 ans ou 25 ans.

VOUS VOUS ÊTES D’ABORD DISTINGUÉ PAR DEUX DEUXIÈMES PRIX AU CONCOURS DE GENÈVE ET AU CONCOURS VAN CLIBURN…

Oui, cela m’a beaucoup aidé. J’ai eu un agent et ma carrière a commencé. Ma professeure voulait que je me présente au Concours Tchaïkovski mais cela me semblait trop difficile. J’ai renoncé.

EN REVANCHE, VOUS AVEZ REMPORTÉ LE CONCOURS RAVEL EN 1975, QUELQUES ANNÉES APRÈS VOS ÉTUDES AVEC VLADO PERLEMUTER À PARIS.

Étudier avec Vlado Perlemuter était un choix très personnel. Le tout premier disque que j’ai pu acheter, avec mon propre argent, était «Vlado Perlemuter joue Chopin». Là, j’ai découvert un langage que je voulais apprendre, une sincérité et une simplicité sans chichi que possédaient aussi Clara Haskil et Dinu Lipatti. J’étais très touché par ces pianistes. Alors, je lui ai écrit à l’issue de mon passage au Concours de Genève et il m’a pris sous son aile, mais pas au conservatoire, qu’il m’avait déconseillé.

QU’AVEZ-VOUS TRAVAILLÉ AVEC LUI?

Il m’a tout appris. Du Ravel certainement, la Sonatine et Miroirs, mais bien d’autres encore. Il était exigeant. Rigoureux. Nous avons travaillé Beethoven, Schumann, Debussy, beaucoup de Chopin.

DU MOZART?

Il a toujours su donner du relief et de la clarté à Mozart, ce que l’on peut entendre dans ses enregistrements. Oui, je lui ai joué du Mozart. Nous avons travaillé sur le Rondo en la mineur, par exemple. Mais curieusement, il n’avait pas grand-chose à dire. Je crois qu’il était satisfait de mon interprétation. Et cela fut le moment où je savais que je pouvais continuer à faire mon chemin seul.

EST-CE QUE L’ON PEUT PARLER D’ÉCOLES QUAND ON PARLE DE MOZART?

L’école de Mozart, c’est le dialogue. On ne joue pas mieux Mozart parce que l’on est autrichien. Dinu Lipatti était probablement le premier à enregistrer Mozart, puis Clara Haskil et Arthur Grumiaux avec les sonates pour piano et violon. Radu Lupu joue un très bon Mozart aussi. Déjà, on ne peut plus parler d’écoles, et c’est tant mieux!

L’INTERPRÉTATION DE MOZART A-T-ELLE ÉVOLUÉ DEPUIS LE TEMPS DE LIPATTI ET HASKIL?

Il y a une tendance à exagérer Mozart, à souligner les aspects très expressifs et dramatiques. C’est Mozart vu à travers le film Amadeus. On pourrait dire que les interprétations d’Haskil manquaient de relief parfois, mais c’était la clarté et le classicisme au premier plan. Les exagérations dans les changements de tempo et dans les sentiments peuvent séduire au premier abord, mais cela devient agaçant entendu à plusieurs reprises. Pour moi, l’essentiel que je voulais transmettre dans Mozart, c’est le chant naturel emprunté à ses opéras. Sa musique est vivante, ça parle, ça chante. Pour moi, c’est Mozart.

POURQUOI N’AVOIR PAS ENREGISTRÉ MOZART SUR PIANOFORTE?

C’est toujours intéressant d’essayer un tel instrument et d’entendre ses sonorités. Mais j’ai choisi le piano moderne car c’est l’instrument avec lequel je peux transmettre mes idées et restituer l’univers sonore que je veux entendre.

VOUS ÊTES UN COLLECTIONNEUR PASSIONNÉ D’ART MODERNE. QU’EN EST-IL DE LA MUSIQUE MODERNE?

J’aime la modernité, mais pas quand il s’agit des sonorités!(rires) Je n’ai pas la clé de la musique moderne. La dodécaphonie n’est pas un langage que je sais parler. Je suis amateur de l’harmonie, de la répétition, de la musique populaire. Prenons par exemple la musique de Haydn, de Schubert ou de Bruckner, cette musique qui vient de la montagne. Toute grande musique est aussi musique populaire.

Snoopy a écrit:

J’aime la modernité, mais pas quand il s’agit des sonorités!(rires) Je n’ai pas la clé de la musique moderne. La dodécaphonie n’est pas un langage que je sais parler. Je suis amateur de l’harmonie, de la répétition, de la musique populaire. Prenons par exemple la musique de Haydn, de Schubert ou de Bruckner, cette musique qui vient de la montagne. Toute grande musique est aussi musique populaire.

Voilà de bonnes paroles

Je n'ai pas osé le dire, mais je partage pleinement aussi