Arnaud PETIT, né en 1959

Eléments biographiques

Arnaud PETIT est un compositeur français né en 1959. Il étudie la composition notamment au conservatoire national supérieur de musique de Paris avec Pierre Schaeffer, Guy Reibel, et par ailleurs avec Luciano Berio. Il étudie la direction d’orchestre auprès de Jean-Pierre Marty puis Pierre Boulez, l’informatique musicale avec Bénédict Mailliard. Il compose et enseigne de manière permanente à l’Ircam de 1982 à 1991. Professeur au CNSM de Paris de 1988 à 1991, Visiting scholar à l’université de Stanford en Californie en 1988. Ancien Pensionnaire de l’Académie de France à Rome, Villa Médicis (1991-93). Il a reçu des commandes de la part de nombreux ensembles, institutions et festivals (Etat Français, Etat Italien, Ircam, Fondation Gan, Fondation Beaumarchais, Sacem, Radio France, ainsi que plusieurs compagnies ou orchestres tels EIC, Itinéraire, 2e2m, Quatuor Manfred, Quatuor Ysaïe, Quatuor Sine nomine, Orchestre national d’Île-de-France, Orchestre de Palerme, Divertimento Ensemble, orchestre « les siècles », etc.). Il s’est intéressé à diverses formes musicales, avec une prédilection pour la relation de la musique au récit, notamment le cinéma (La Passion de J. D’Arc 1988), l’oratorio (Passages dans la Cathédrale de Reims en 2001) et l’opéra. Son premier opéra La Place de la République fut créé au Centre Pompidou par l’Ircam et l’EIC en 1991, le dernier, Cantatrix Sopranica L., d’après Georges Pérec, créé en 2006 à Reims, fit l’objet d’une tournée en 2008, et fut lauréat de l’International Theatre Institute à Berlin (Unesco). En 2009 ont été créés Ictus, pour violon et orchestre, par l’orchestre « Les Siècles » dirigé par François-Xavier Roth, avec Jean-Marc Phillips au violon, ainsi que XIII organa et V sprechtück, pour voix et dispositif électronique, par G.Keller, C.Dormoy et les « Neue Vocal Solisten » de Stuttgart (à Bordeaux, Reims, Berlin, Dijon).Concertino nervoso, pour percussions et dispositif informatique, enregistré au CIRMMT de McGill University à Montréal, paraitra au printemps prochain. Il exerce régulièrement par ailleurs une activité de chef d’orchestre. Son dernier opéra, La Bête dans la Jungle, d'après Henry James, a été créé le 30 mai 2011 au Forum de Blanc-Mesnil, par Eléonore Lemaire (soprano), Arnaud Marzorati (baryton), l'Orchestre "Les Siècles" sous la direction de son chef François-Xavier Roth.

eh ben dis donc...ils ont fait beaucoup de petits:@,;: ...

D'Arnaud Petit, je sais que certaines de ses compositions existent en cd et j'ai failli me laisser tenter plusieurs fois. Je ne l'ai pas fait et du coup je n'ai encore rien écouté de ce compositeur. Il fait donc exception à la règle car, en général, je ne présente des compositeurs que si je connais au moins une oeuvre. J'espère combler cette lacune dans les mois qui suivent!  

Voilà qui est fait en l'écoute du Concertino Nervoso pour deux percussionnistes, soprano et informatique musicale. Dans un premier temps, j'avoue avoir hésité l'achat d'une telle oeuvre, dans la mesure où je ne connaissais encore rien de l'approche musicale d'Arnaud Petit et que j'appréhendais, en fonction des indices que j'avais, une composition opaque, imbitable. Cette appréhension qui aurait pu se transformer en à-priori si je n'avais pas franchi le pas, s'est finalement effritée lors de cette première écoute. L'oeuvre que j'ai découverte n'est certes pas des plus orthodoxes. Elle se confine même dans une poétique plutôt singulière où le marimba joue un rôle solo primordial dans plusieurs de ses parties les plus dénudées.

La soprano intervient à deux reprises sur une musique mélodique et plaisante, teintée elle-aussi de marimba. Les parties les plus étranges sont les mouvements introductif et conclusif avec un autre jeu des percussions que ceux des Marimbas, des fragments de discours musicaux et de voix parlées...La poétique globale, lors de cette première écoute, me fut malgré tout insaisissable, sans doute quelque peu distrait par un univers plaisant et fluide auquel je ne m'attendais pas du tout. Maintenant, la surprise consumée, je verrai si la seconde écoute du Concertino va perpétuer, voire accentuer ou diminuer le plaisir de la première...

Une nouvelle écoute de l'album Concertino Nervoso d'Arnaud Petit a plus ou moins confirmé mon précédent ressenti et je pourrais quasiment réécrire le même commentaire, sauf que j'aurais aimé un petit peu plus de folie ci et là, de celle, par exemple, qui anime le dernier morceau "Song from Waves". Sinon, le marimba solo a un peu de mal à me captiver complètement dans son périple en solitaire, bien que j'en adore les sonorités. Les passages avec sopranos sont, en revanche, des lieds agréables et attachants. Globalement, je suis plutôt satisfait d'avoir franchi le pas, d'avoir cédé à la curiosité, car si cette musique ne me bouleverse pas outre mesure, elle a cependant quelque chose en elle qui fait que, désormais, j'y suis très attaché. Je l'écouterai sans doute assez rarement mais suis certain que j'aurai plaisir à y revenir un jour.   

La toute dernière phrase de mon précédent commentaire m'amuse beaucoup dans la mesure où l'année n'est pas encore terminée et que je suis déjà revenu sur ce Concertino Nervoso. En écoutant le premier mouvement avec les percussions et les bribes de voix enregistrées, je me faisais une étrange réflexion: je me disais que je n'avais pas nécessairement besoin de saisir un sens à une oeuvre ni de comprendre la démarche de son auteur pendant l'écoute. La musique est d'abord une affaire de sons, une alchimie sonore. Nul besoin pour mon appréciation d'un agencement des notes qui me paraîtrait logique ou familier. Nul besoin pour moi que l'évènement sonore suive un chemin très balisé parce que sinon, dans ce cas de figure, l'évènement sonore n'en est plus un. Il n'est plus qu'une forme musicale confortable à laquelle je suis profondément familiarisé mais aussi, et j'insiste bien là-dessus, attaché. En musique, depuis peut-être toujours, j'aime être bousculé tout autant que j'aime être conforté...ces musiques qui nourrissent un lien perpétuel avec le passé et celles qui suggèrent un semblant de rupture en voulant créer un futur, ces musiques qui me lient émotionnellement et intellectuellement, pour toujours, au monde ancien et celles qui tentent de me lier de même manière à un monde nouveau quitte à bousculer certaines règles et même si la rupture est un leurre, une utopie, puisque je pense qu'il n'y a pas de "nouveau" possible sans un lien indéfectible avec l'"ancien"... Ce qui compte au fond - et je pense qu'Arnaud Petit avec son Concertino Nervoso n'a pas démérité sur ce point - c'est qu'un compositeur peut s'autoriser toutes les libertés et les recherches qui lui tiennent à coeur à condition - humble avis - de ne jamais perdre le sens de la musicalité dans ses compositions ni la fibre humaine dont toute oeuvre ne devrait jamais être dépourvue.<< Le Concertino Nervoso explore un lien imaginaire entre la percussion et d'autres univers sonores, entre le jeu instrumental et son double électronique. Arnaud Petit propose ici des oeuvres interactives ou acoustiques dont la virtuosité, apparente ou cachée, rend les percussionnistes maîtres de l'espace et du temps - le temps bref de l'oeuvre musicale aux possibilités démultipliées par la lutherie électronique.>> Lors de cette nouvelle écoute, j'ai mieux apprécié le marimba solo ainsi que son duo avec ce qui m'a semblé être un xylophone. Les parties minimalistes ne m'ont pas désinterressé non plus, comme porté par une certaine douceur et un certain dépouillement dans le style. Au final, j'aime bien ce Concertino Nervoso.

Concertino Nervoso est jusqu'à aujourd'hui mon unique album d'Arnaud Petit. Il contient quatre oeuvres qui au fond vont très bien ensemble, au point que, dans l'ensemble, j'ai toujours cette impression qu'elles forment un tout cohérent:
Il y a tout d'abord le Concertino Nervoso en cinq mouvements qui a donné son titre à l'album. Créé en 2008, il est le parent immédiat d'une autre création d'Arnaud Petit, Nervoso, une pièce concertante pour percussions et ensemble instrumental: elle fut créée par Alain Huteau et l'ensemble 2E2M en 2009 à Paris. J'aimerais évidemment beaucoup l'écouter.

Si près du vent date également de 2009. Il s'agit d'une pièce virtuose pour deux marimbas, sauf que ceux-ci ne dialoguent pas vraiment entre eux, développent davantage une intelligence commune afin d'aboutir à une seule entité: ils accélèrent, respirent et ralentissent ensemble.

Fantosmes (2011). Dédiée au duo "Akrostick", elle met en scène le vibraphone et le marimba, deux claviers extrêmement différents, dans un discours de forme très libre, proche de l'improvisation, qui cultive l'ambiguïté. Même avec une grande attention, il est parfois ardu d'attribuer à l'un ou à l'autre des deux instruments ce que l'on vient d'entendre.

Song From Waves (2005), une oeuvre atypique qui est tout d'abord constituée d'un enchevêtrement de sons électroniques auxquels se mêlent des éléments sonores issus d'émissions radiophoniques d'époques et de provenances diverses, des années 1930 jusqu'au tout début des années 2000. Elle sollicite le duo de percussionnistes "Akrostick" qui se forment de Fabrice Marandola et Kristie Ibrahim.

<<Le Concertino Nervoso explore un lien imaginaire entre la percussion et d'autres univers sonores. Ces derniers sont matérialisés par des sons stockés dans un ordinateur, que le percussionniste commande et fait apparaître dans un espace de représentation sonore qu'il façonne lui-même. Il utilise pour cela une technologie en partie développée par Joe Malloch au CIRMMT et à l'IDMIL, à l'Université McGill de Montréal.>> Arnaud Petit.

Le CIRMMT est le Centre interdisciplinaire de Recherche en Musique, Médias et Technologie, un groupe de recherche pluridisciplinaire basé à l'Université McGill, au sein de l'Ecole de musique Schulich. Le CIRMMT réunit chercheurs et étudiants issus de trois institutions québécoises - l'Université McGill (Faculté de musique, des sciences, de génie, d'éducation et de médecine), l'Université de Montréal (Faculté de musique, Faculté des arts & des sciences), et l'Université de Sherbrooke (Faculté de génie).

Ces quatre oeuvres sont d'une poétique assez particulière qui ne m'indiffère absolument pas. Faut-il encore aimer suffisamment les percussions seules, lorsque celles-ci sont mises en avant, parfois en accompagnement de la voix de Julieanne Klein, musicienne aux différentes casquettes, soprano, pianiste et créatrice de musique électronique, en plus d'être une auteure et enseignante engagée qui a joué et donné des conférences en Amérique du Nord et en Europe. Les percussions s'associent aussi à l'informatique et aux computeurs - effets sonores et bribes de discussions appartenant au réel ou au fictif -, sollicitant ainsi les services de Joseph Molloch, chercheur basé à Montréal qui explore la conception et l'utilisation de contrôles gestuels et des technologies numériques dans les arts de la scène. Voici pour mes oreilles curieuses, une musique doucement expérimentale et avant-gardiste, je dis "doucement", car rien d'agressif ni de repoussant, du moins pour moi, une musique peut-être étrange et sans aucun doute particulière qui ne fera certainement pas l'unanimité dans le petit monde des mélomanes, peu importe, puisqu'à chaque nouvelle écoute, j'y retrouve un même intérêt, un même plaisir, une ambiance sonore qui m'interpelle.