Michel PORTAL

Michel Portal, le Jazzman:

Musicien de l'éphémère, du provisoire et de l'improviste, ce qui est la nature même du musicien, MICHEL PORTAL est rétif à l'enregistrement: à ses fixations comme à ses caisses enregistreuses. C'est d'ailleurs un secret de polichinelle. Ce qu'il aime, on le sait, ce sont les rencontres, la scène, la tension que crée le public et son attention. Et ces musiques qu'il joue demain. S'il entre en studio, ce n'est jamais de gaieté de coeur: le voyage du silence entre instruments et machines lui coûte trop. Mais enfin, il y entre parfois, se fait une douce violence, et la musique en est comme plus belle. Un nouveau disque de Portal ne ressemble à rien. Pas même à un autre disque de Portal. Il y a des sons venus d'ailleurs qu'on entend point ailleurs. Des sons inventés pour donner des idées aux poètes, des formes aux peintres et des libertés aux autres musiciens, de jazz, de rock, de classique, de recherche, de variété ou de ce que vous voudrez. Comme la langue ancienne d'un monde encore à découvrir. Mais aussi: avec autant de constance que ses concerts ou ses autres disques, celui-ci a un indéniable parfum d'îles, de voyages et de rêves. Le parfum du désert. Souvenirs de cris qui déchirent la nuit andalouse, ombres de danseurs emportés par leur ronde, au fond du Pays Basque, générosité de l'inconnu, voyages, images. Ici encore, on dirait que Portal travaille comme les poètes ou les peintres: rassemblant le temps d'un recueil ou d'une exposition, les traces d'un moment, les mouvements du coeur qui l'ont animé, et tous ces airs dont en scène nous aimons la parfaite imperfection, rendus ici à leur image impeccable. (...) Francis Marmande à propos de l'album "Turbulence".1987



Michel Portal, le musicien du cinéma:

C'est au travers de ses musiques de films que j'ai découvert Michel Portal, en premier lieu, le magnifique thème qu'il composa pour Le retour de Martin Guerre, mais aussi Docteur Petiot, Champ d'honneur, Max, mon amour...Portal y exprime beaucoup de sensibilité, un sens du thème qui accroche et apporte au film un cachet particulier. Voilà quelques propos du compositeur lorsqu'il réalisa son album Musiques de Cinémas:

<<Les musiques de film sont des musiques perdues. Elles se perdent et on ne sait plus où les chercher. Je voulais réorchestrer, sans trop, ces musiques de passage, je voulais les jouer avec des amis du jazz, dans le jeu du jazz, je voulais les reprendre, faute de faire un disque de jazz. Ce qui fait un disque encore plus incertain dans son statut, mais plus nécessaire. Ce n'est pas un disque de jazz, c'est un album de musiques retrouvées et mises en jeu. Ce n'est pas un disque de jazz, mais un jeu d'atmosphères. C'est un jeu pour des musiciens de jazz. UNE HISTOIRE DE VENT, par exemple, écrite pour JORIS IVENS, est un air populaire. C'est le voyage vers le vent de cet homme qui veut essayer de respirer une dernière fois - son dernier souffle, une histoire de souffle. Mes musiques sont souvent des musiques portées par une image intérieure. Les musiques de film sont appelées par les images. Ici, il reste la musique de cinéma sans l'image, livrée nue à l'improvisation. C'est le jeu du jazz, ce sont des images abandonnées au jeu du jazz.>>

https://www.youtube.com/watch?v=L3m_ysCwOyo

le dernier extrait, ci-dessous, intitulé Champs d'Honneur me donne des frissons à chaque écoute:

Vidéo devenue indisponible

Michel Portal, l'interprète classique:




J'adore ce musicien, compositeur, interprète, il est de ceux qui m'ont fait véritablement aimer la musique au sens large du terme. J'aurais beaucoup aimé le rencontrer, discuter avec lui, l'écouter.

ouf, merci , de plus en plus beau, du jazz au classique quel artiste complet, la clarinette c'est lui, tout cela vibre tellement ardemment que ça me saoule, . J'aime cet homme, musicien et sa façon de jouer et de composer
Je pense que je vais devoir faire une pause parce qu'il y a trop à intégrer, je ne suis plus

N'ayant pas encore le Concerto pour clarinette de Mozart en cd, je compte bien me le procurer dans une interprétation de Michel Portal.

Voici la seconde partie:

C'est tellement beau ce concerto de Mozart. Michel Portal dit qu'après avoir exprimé sa violence dans le jazz, cela le guérit "de quelque chose" de jouer ce morceau. Tout à fait d'accord, ce concerto a un effet consolateur et cela me donne l'envie de pouvoir jouer de la musique qui apporte consolation à celui qui écoute comme me disait mon prof de flûte à bec au dernier cours : "ces notes-là consolent". J'aimerais déjà pouvoir y arriver

J'ai vu sur Amazon que le CD du Concerto pour clarinette avec Michel Portal à la clarinette est disponible (7 euros).
J'ai copié sa petite biographie que j'ai trouvé là également :

Citation :

Originaire de Bayonne où il voit le jour le 27 novembre 1935, Michel Portal semble être né avec une clarinette ou un saxo dans la bouche, tant son aisance et ses facultés sont grandes.

Premier prix de Conservatoire à Paris en 1959, lauréat du Concours International de Genève en 1963, le jeune soliste fait des débuts fracassants dans le domaine de la musique classique avant d'élargir son champ créatif au jazz moderne et à différentes musiques du monde.

Avec l'Américain Sunny Murray et François Tusques, Michel Portal est l'un des instigateurs du courant free jazz en France avec la création du New Phonic Art. Le musicien adepte de l'improvisation forme au début des années 1970 le Michel Portal Unit avec des solistes américains.

Parallèlement, très demandé par des artistes de variété (dans l'orchestre de Claude Nougaro) et les producteurs de cinéma (L'Ombre rouge, Le Retour de Martin Guerre - César de la B.O. en 1983, Les Cavaliers de l'orage, Max mon amour, Docteur Petiot, C'est quoi la vie ?...), Michel Portal saute d'un projet à un autre dans l'éclectisme le plus complet, et collabore à de nombreuses formations de jazz.

A partir de 1980, sa production solo se fait plus régulière avec les parutions de Dejarme Solo (1980),Turbulence et Men's Land (1987) et Any Way (1993). En 1996, il enregistre Blow Up avec Richard Galliano.

En 2001, Michel Portal dévoile deux des facettes de son univers : Burundi est un disque de jazz world improvisé avec Mino Cinelu, tandis que Minneapolis sorti la même année est une jam avec les musiciens du New Power Generation de Prince.

Après des albums live, des musiques de films (une cinquantaine dont Te Quiero en 2001) et téléfilms (le double), Michel Portal publie les originaux Birdwatcher en 2007 et Baïlador en 2010. Copyright 2013 Music Story Loïc Picaud

Belle découverte pour moi, car je ne connaissais Michel Portal que dans le classique On en apprend tous les jours, encore merci à Icare

Merci Claude pour la petite biographie et oui, le concerto pour clarinette de Mozart qui est une oeuvre tonale est de la très belle musique. Heureux, Joachim, d'avoir modestement complété tes pourtant grandes connaissances. Je ne regrette donc pas d'avoir ouvert ce chapitre sur Michel Portal.

Et pour vous remercier, voici le troisième et quatrième volets de ce film   :



https://www.youtube.com/watch?v=vByG50nucYA

Intéressant aussi de voir à l’œuvre tout ce petit monde. Ce qui m'a étonné le plus c'est que les membres du petit orchestre qui ont vécu ces 7 jours ensemble, découvert et joué cette belle musique chaque jour ne se connaissaient que très peu, trop peu . je pensais que le fait de faire de la musique ensemble ça aidait à créer des liens plus aisément, apparemment ce n'est pas le cas, ça doit dépendre du caractère de chacun j'imagine.
Encore merci à toi Icare pour ce beau post

Michel Portal et Paul Meyer ont gravé un beau CD de Duos pour clarinette, où l'on trouve :

Haydn : Duettos n° 2 et 3
Mozart : les 12 Duos K 487
Anonyme du 18ème : 5 airs pour 2 clarinettes
JJ Rousseau : 4 Airs pour 2 clarinettes
Michel Yost : Duettos n° 1 et 2
CPE Bach : Duo pour 2 clarinettes

https://www.youtube.com/watch?v=YAc-9RmvoHg

En dehors de ses diverses interprétations, j'ai réécouté aujourd'hui mes trois albums de Michel Portal, tous baignant dans un jazz métissé. Tout d'abord, il y a Musiques de CinémaS "déjouées par mes amis jazzmen". Ce fut mon premier album de Michel Portal en tant que compositeur, et dans ce cas précis, en tant que compositeur de musique de film, même si dans ce domaine il se montra assez irrégulier. L'air de rien, il est crédité sur 56 films sans même compter ses interventions pour la télévision qui ne sont pas anecdotiques. Je n'avais, par exemple, pas été complètement convaincu par la partition sombre et anxiogène qu'il composa pour le thriller psychologique, voire d'anticipation, La Machine (1994) de François Dupeyron avec Gérard Depardieu dans le rôle du personnage principal. J'avais vu le film et j'avais eu le disque de la bande originale entre les mains. Aucun extrait ne figure sur Musiques de CinémaS. Y figurent des extraits de:
Une Histoire de Vent (1989) de Joris Ivens
Max mon amour (1986) de Nagisa Oshima
Yeelen (1987) de Souleymane Cissé
Droit de Réponse, générique de l'émission tv de même nom
Docteur Petiot (1990) de Christian de Chalonge
Champ d'Honneur (1987) de Jean-Pierre Denis
Yvan Ivanovitch Kossiakow ???
Les deux morceaux composés par Portal pour le cinéma sont Le Retour de Martin Guerre et Champ d'Honneur, le second parvenant à m'arracher des larmes.
Baïlador est un album de jazz hors cinéma, sans doute celui qui me touche le moins des trois:

Baïlador, produit et arrangé par Bojan Z, est publié en 2010. Michel Portal est parti à New York enregistrer cet album, pour retrouver son ami batteur Jack DeJohnette5. La production et une partie des arrangements sont confiés à Bojan Z, qui donne « à l’ensemble les couleurs et le relief voulus ». Le guitariste Lionel Loueke, alors connu pour son travail avec Herbie Hancock, est sur ce disque relativement discret, à l'exception du duo avec Portal Ombres. Ambrose Akinmusire, musicien alors prometteur âgé de moins de 30 ans est plein de verve. Portal, quant à lui, opte souvent pour la clarinette basse, explorant son registre comme l'avait fait jadis Eric Dolphy4. Il joue de la mélancolie de l'instrument sur Ombres, et s'en sert pour contraster avec le registre aigu de la trompette sur Baïlador. L'album a été enregistré en deux jours et demi. Le titre de l'album fait référence au « bailador », le danseur de flamenco improvisateur.

Champ d'Honneur

Turbulence est un album qui est, selon moi, supérieur au précédent: Turbulence est un album de Michel Portal enregistré en 1986 et sorti en 1987.
Il est accompagné de Mino Cinelu aux percussions, de Daniel Humair et d'André Ceccarelli à la batterie, de Richard Galliano à l'accordéon, de Bernard Lubat et d'Andy Emler au synthétiseur, de Claude Barthélemy et de Harry Pepl (en) à la guitare, de Jean Schwarz aux traitements sonores, de Jean-François Jenny-Clark à la contrebasse et de Jannick Top à la guitare basse. Dans le texte de présentation de l'album, Francis Marmande, pour qui Michel Portal est un « musicien de l'éphémère, du provisoire et de l'improviste », écrit que cette musique « a un indéniable parfum d'îles, de voyages et de rêves. Le parfum du désert. Souvenirs de cris qui déchirent la nuit andalouse, ombres de danseurs emportés par leur ronde, au fond du Pays Basque, générosité de l'inconnu, voyages, images... » (Wikipédia)

Je croyais que ce fil faisait partie de ceux qui avaient disparu (en 2022), mais par chance il est toujours là.

Michel Portal est un musicien qui m'interpelle depuis longtemps, pas seulement le compositeur de certains thèmes génériques pour le cinéma ou la télévision, mais également le musicien de jazz, qui est probablement son domaine de prédilection, puis aussi l'excellent clarinettiste - sachant que la clarinette fut pendant longtemps mon instrument de chevet (ou presque...) - qu'il est, autant dans le domaine du jazz que dans le classique, voire le contemporain. Si j'aime Domaines de Pierre Boulez, c'est en grande partie grâce au jeu de clarinette de Michel Portal et, si j'ai parfaitement conscience qu'il existe d'autres superbes interprétations du Concerto pour clarinette en La majeur de W. A. Mozart, c'est par Michel Portal et sous une direction de Philippe Entremont que j'aime l'écouter. Je reconnais volontiers qu'une certaine habitude d'écoute s'est installée et que, par conséquent, je manque de curiosité envers d'autres interprétations, et Dieu sait qu'elles sont nombreuses. En même temps, la version Portal-Entremont me comble tellement, au point que je pense reconnaître sa clarinette entre mille... A l'occasion de mon cycle "Jazz via Classique", j'ai réécouté pour la énième fois le concerto de Mozart par Portal. L'autre album que j'ai écouté, album qui m'étais inédit jusqu'à hier, réunit Michel Portal et Ricard Galliano pour jouer en duo une série de morceaux dont certains sont des standards du tango argentin; Libertango et Oblivion d'Astor Piazzolla. Ils jouent également, outre quelques compositions de chacun d'eux, deux morceaux de Hermeto Pascoal, un compositeur et multi-instrumentiste brésilien né le 22 juin 1936 à Arapiraca, dans l'État d'Alagoas, au Nord-Est du Brésil. Sur cet album, Portal délaisse provisoirement les clarinettes (basse & si bémol) pour le bandonéon, ce qui fait qu'ils nous offrent des duos pour accordéon et bandonéon, ce qui me plait moins que le contraste sonore offert par les duos accordéon-clarinette. Galliano délaisse son instrument de prédilection qu'une seule fois, pour le piano qui s'associe à l'instrument fétiche de Piazzolla sur Ten Years Ago (Galliano). Globalement, il s'agit pour moi d'un album plaisant, très écoutable, mais pas sensationnel pour autant. Je pense qu'au rayon jazz, il y a des albums de Michel Portal qui me seraient plus intéressants, voire plus jubilatoires.