Raimo KANGRO (1949-2001)

Le Concerto pour deux pianos et orchestre de chambre n°2 est l'une de ces petites merveilles musicales que l'on ne se lasse pas d'écouter. Je me dis à chaque redécouverte que ce concerto est habité, possède ce surplus d'âme et de magie qui le rend unique. J'ai l'impression que chaque mesure, chaque note, porte toute l'inspiration du compositeur qui, sur ce coup là, semble avoir réalisé un tour de force avec les mystères de la création, à savoir pourquoi certaines oeuvres nous paraissent plus géniales et habitées que d'autres, ce petit quelque chose qui illumine certaines d'entre elles. C'est ce que j'ai ressenti avec le Concerto pour deux pianos et orchestre de chambre n°2 de Raimo Kangro: l'alchimie a fonctionné, sans doute que cette composition étiquetée de l'Opus 36 m'a séduit de sa fraîcheur et par la dynamique de ses gestes musicaux, par le caractère persuasif de ses trouvailles sonores, par ses duos de pianos particulièrement inspirés, la palette de timbres qu'ils déploient dans une virtuosité qui n'est jamais excessive et au sein d'un complexe orchestral savamment orchestré et constamment attractif. Le Concerto pour deux pianos et orchestre de chambre n°2 op.36 fut composé en 1982 pour le festival "Journées de la nouvelle musique estonienne". Après cette manifestation, l'oeuvre fut reprise avec grand succès par divers duos de pianos et orchestre de chambre en Russie, Lettonie et Finlande. Si j'adore le concerto en entier, j'ai cependant un faible pour la construction thématique du second mouvement, les toutes premières notes à la sonorité très particulière, sans doute jouées à ce moment précis par un piano soit préparé soit désaccordé, une sonorité morne que l'on retrouvera à la fin du morceau, suivie d'une esquisse mélodique fondée sur une cellule de quelques notes. Ce mouvement débute donc sur une note étrange puis romantique avant de suivre un développement hautement concertant et lyrique.    

Eléments biographiques:

Raimo Kangro, né en 1949, est un compositeur estonien. Il étudia la composition auprès de Juan Rääts et d'Eino Tamberg au Conservatoire d'Etat de Tallinn. Il enseigne par la suite à l'Académie estonienne de Musique. La forte originalité du langage musical de Kangro naît d'une émotion profonde, d'une vitalité et d'une impulsivité fortes auxquelles se conjugue parfois une certaine spontanéité. Son style marqué par l'influence du Rock'n roll et du néoclassicisme, se développa vers le milieu des années 70. Toutefois, l'élément essentiel de la musique de Raimo Kangro est le rythme. La texture souvent très mouvante de cette musique dérive de contrastes entre divers niveaux, la spontanéité, l'asymétrie et le développement improvisé sont également caractéristiques de ses mélodies. Dans sa musique, Kangro a jusqu'ici abordé tous les genres, sauf le ballet. Des oeuvres comme la Suite pour piano n°1, le Concerto pour flûte Op.10, la Sérénade pour quintette à vents, composées au cours de ses années d'études, lui ont valu, au fil des ans, de remarquables succès. Ses opéras Miracle, Victime, Filles du Nord ont été plusieurs fois représentés. Les grandes oeuvres récentes, comme la Cantate Gaudeo et la messe pour les Estoniens innocents assassinés furent accueillies avec enthousiasme par le public et la critique, et Raimo Kangro suscita un grand intérêt sur la scène musicale internationale avec ses Pièces pour deux pianos. Il est de plus lauréat de nombreux prix de composition en Estonie, en Russie et en Finlande. Le critique Helmuth Peters a écrit à propos de sa musique: << Ses compositions vont d'une vitalité et impulsivité incroyables sans jamais renier l'originalité de la musique de sa patrie estonienne. Cette ouverture à des styles de musique populaire joue toutefois dans la conception que le compositeur a de son art, un rôle esthétique bien plus important que la démarche du Crossover.>>

Décidément, la musique de Raimo Kangro est un solide divertissement pour mes oreilles. Son Concerto pour deux Op.48, pour flûte, clarinette et orchestre et Gaudeo Op.33 pour choeur de chambre et ensemble sont également des musiques très divertissantes et captivantes, pour leur vitalité et spontanéité communes, pour les jolies combinaisons instrumentales, leur poétique charmeuse,etc...

Je viens d'écouter les différents "dysplays" sur you tube et je dois dire que ce sont là effectivement des morceaux qui me plaisent, agréables, souvent gais, bref distrayant. Mais surtout pour mes oreilles, audibles
Merci Icare pour cette découverte.
Reste à attaquer son concerto pour 2 piano. Là je vais dans l'inconnue...

Si j'étais heureux de trouver les 24 Préludes de François Dompierre, en ce mercredi, premier jour des soldes, une autre surprise m'attendait. Depuis ma découverte de Raimo Kangro par le biais des oeuvres citées dans mes précédents commentaires, ci-dessus, j'espérais pouvoir approfondir ce compositeur tant sa musique m'a plu! Je fus donc heureux de trouver un nouveau cd contenant trois oeuvres inédites: Son Concerto pour piano n°2, Display VIII - Portrait of Schubert pour orchestre et Arcus pour orchestre. J'espère de tout coeur que ces compositions vont illuminer ce début d'année 2014. C'est toujours grisant de pouvoir approfondir l'oeuvre d'un compositeur que l'on apprécie particulièrement, surtout que leurs oeuvres ne bénéficient pas toujours d'une édition discographique.   

Sinon, je n'avais pas précisé dans ma biographie que Raimo Kangro est mort à Ruila le 4 février 2001, à l'âge de 52 ans.

Je viens de réécouter entre hier soir et aujourd'hui toutes les oeuvres de Raimo Kangro; celles que je connaissais déjà, c'est-à-dire le Concerto pour deux pianos et orchestre de chambre N°2, Concerto pour deux Opus 48, pour flûte, clarinette et orchestre et Gaudeo Opus 33 pour choeur de chambre et ensemble, et des oeuvres qui jusqu'à aujourd'hui m'étaient inédites; Concerto pour piano et orchestre N°2, Display VIII - Portrait of Schubert Opus 42 pour orchestre et Arcus Opus 59, également pour orchestre.

Si je pourrais réitérer le même enthousiasme à propos des oeuvres que je connaissais déjà, les trois nouvelles m'ont apporté beaucoup de bonheur aussi. Le Second Concerto pour piano est un véritable jaillissement. Vivifiant, exaltant, tonique, grisant...cette musique a véhiculé chez moi la joie de vivre. Comme avec le Second Concerto pour deux pianos, j'avais envie d'être un pianiste en train de jouer cette oeuvre pleine de rythmes et de vie, de couleurs et d'émotion. Le Portrait de Schubert est peut-être l'oeuvre que j'ai le plus aimé. J'y ai ressenti comme une conjugaison parfaite entre le style romantique de Schubert si caractéristique et celui plus moderne de Raimo Kangro, lui aussi, très reconnaissable. J'en adore les orchestrations et les fameux élans lyriques qui illuminent un si bel hommage. La dernière pièce orchestrale Arcus est toute en mouvements, puise sans doute ses racines dans la musique répétitive américaine, mais sans en appauvrir le récit. Elle aussi est un jaillissement, un volcan joyeux non dépourvu d'effets croustillants, notamment dans la dernière partie de l'oeuvre.     

Encore un contemporain de talent!   

Raimo Kangro (Tartu, 21 septembre 1949 – Ruila, 4 février 2001) est un compositeur et pédagogue estonien.

Raimo Kangro naît dans une famille de jardiniers à Tartu. Il étudie le piano, puis la composition au conservatoire d'État de Tallinn (aujourd'hui l'Académie estonienne de musique et de théâtre ) jusqu'en 1973, avec Jaan Rääts, puis avec Eino Tamberg. En 1975 et 1976, il est directeur musical de la télévision estonienne. De 1977 à 1985, il est consultant auprès de l’Association des compositeurs de la République d’Estonie. À partir de 1993, il est directeur de la Fondation de la musique estonienne (Eesti Muusikafond) et dès 1989, il enseigne la composition à l’Académie estonienne de musique. En 1993, il est nommé conférencier.

Kangro est l'un des compositeurs de musique de chambre les plus prolifiques d'Estonie ce qui lui permet d'acquérir une renommée internationale en tant que compositeur. Sa musique est décrite comme puissante et impulsive1. Ses œuvres contiennent généralement beaucoup d'énergie rythmique et d'un grand sens du timbre2.

En 1982, Raimo Kangro reçoit le prix national de la RSS d’Estonie, en 1994 le titre d’artiste honoré de la RSS d’Estonie et en 1996 le prix culturel de la République d’Estonie.

Raimo Kangro était marié à la poétesse estonienne Leelo Tungal (* 1947) qui lui fourni les textes de certaines de ses œuvres. Leur fille, Maarja Kangro (* 1973) est écrivaine.

Opéras

Imelugu [« Une histoire étrangère »] d'après le Décaméron de Boccace, opéra op. 6, 1972–1974)
Ooperimäng (opéra pour enfants), op. 12 (1977)
Põhjaneitsi [« La vierge du Nord »] (opéra-rock, 1980)
Ohver, opéra, op. 24 (1981)
Saabastega kass, comédie musicale, op. 25 (1981)
Sensatsioon, opéra-rock, op. 38 (1986)
Uku ja Ecu, opéra, op. 56 (1998)
Süda (opéra, 1999)

des cantates, Oratorio Credo, op. 21 (1977)

Symphonie n° 1 'Simple Symphony', op. 18 (1976)
Symphonie n° 2 "Tuuru", op. 34 (1985)
Symphonie n° 3 " Sinfonia Sincera", op. 31 (1986)
Symphonie n° 4 "Clicking Symphony", op. 49 (1993)
Helin (sinfonisches Gedicht, op. 29 1985)
concertos pour violon et orchestre (op. 3, 1970, op. 19, 1977)
concerto pour flûte et orchestre, op. 10 (1973)
2 concertos pour piano et orchestre (op. 9, 1976, op. 60, 1999)
concerto pour basson et orchestre, op. 27 (1981)
concerto pour flûte, clarinette et orchestre, op. 48 (1993)
Double concerto pour violoncelle, guitare et orchestre, op. 46 (1992)
3 concertos pour 2 pianos et orchestre (op. 22, 1978, op. 36, 1988, op. 47, 1992)
4 sonates pour piano (op. 1, 1969, op. 8, 1973, op. 15, 1976, op. 23 1983)
sonate pour 2 pianos op. 28 (1982)
'Displays' - un cycle de pièces pour diverses compositions instrumentales




https://www.youtube.com/watch?v=vDoji-bvN9k

Concerto n° 2 op. 36 for 2 pianos and orchestra (1988)

Declamazione - Variazione - Impressione - Allegro

Nora Novik & Rafi Kharadjanjan, pianos
Lithuanian Chamber Orhcetsra / Saulius Sondekcis