Peter-Jan WAGEMANS, né en 1952

En général, je n'aime pas trop démarrer une biographie sur un compositeur par une note négative, mais en écoutant la Symphonie N°7 du compositeur hollandais Peter-Jan Wagemans, je me suis retrouvé assez vite à la surface d'une musique dans laquelle il me fut impossible d'entrer. Elle est estimée, par sa durée de 55 minutes, comme la plus longue symphonie contemporaine néerlandaise. Elle se veut, selon son auteur, comme un hommage à la Septième de Beethoven qui est d'ailleurs citée dans le second mouvement. Si je n'avais aucunement la référence beethovenienne en tête au moment de l'écoute et si je me suis laissé un peu séduire par le flux sonore et extrêmement irisé de la première partie de l'oeuvre, mon intérêt s'usa à grand pas pour une musique assez clinquante qui me sembla plus "tape-à-l'oeil" que réellement inspirée, plus prétentieuse qu'ambitieuse. Ce que je trouve prétentieux ce n'est bien sûr pas qu'il ait, par cette symphonie, voulu rendre hommage à celle mêmement numérotée de Beethoven. Non, l'hommage est légitime et peut aussi être perçu comme un signe d'humilité envers un génie de la symphonie rarement égalé. C'est l'oeuvre elle-même, par ses démonstrations "vaguement" pompeuses, ses longueurs par un récit musical qui se bombe le torse dans un flagrant vide d'idées, à mon sens - que l'on est certes en droit de trouver discutable car ce n'est que le "jugement" fragile du petit être humain que je suis - et par certains moments monocordes plutôt plats qui ont définitivement plombé mon écoute. C'est peut-être et même certainement le fait de l'avoir écoutée derrière des partitions aussi habitées et géniales que les Plateaux pour piano et orchestre et la Symphony-Antiphony de Pelle Gudmundsen-Holmgreen - ce sont elles que j'avais probablement en tête au moment de l'écoute de la monumentale (en durée) Septième de Wagemans - qu'elle m'a paru "tape-à-l'oeil" et vide en grande partie. Jamais agréable d'être déçu, mais la déception fait partie de l'aventure, de notre aventure à tous. Il ne faut donc pas prendre au pied de la lettre cette critique très personnelle et écouter cette symphonie si on en a l'occasion. Celui qui aime la musique moderne au sens où on l'entend ici y trouvera peut-être son compte. Personnellement, je ne suis pas sûr d'y revenir.

Eléments biographiques (source Ircam):

Peter-Jan Wagemans est né à La Haye en 1952. Entre 1970 et 1977, il étudia au conservatoire de sa ville, l'orgue, la composition (dans la classe de Jan van Vlijmen) et la théorie musicale. Il y travailla également quelque temps au studio de musique électronique. Durant l'année 1976, il suivit les cours de composition de Klaus Huber à Fribourg. A cette même époque, il enseigna la composition au Conservatoire de Rotterdam et organisa des concerts de musique contemporaine.

Depuis 1973, ses oeuvres sont régulièrement créées et exécutées par le Residentie orkest, ainsi que par le Radiokamerorkest, le Radiosinfoniekorkest et le Schoenberg Ensemble. Elles ont aussi été présentées aux festivals de Donaueschingen, de Royan, à l'automne de Varsovie, à Middelburg et à Venise.

Si la symphonie te laisse indifférent, puis je supposer qu'elle me plairait ?

Non car elle est dans un langage très contemporain.

Icare a écrit: C'est peut-être et même certainement le fait de l'avoir écoutée derrière des partitions aussi habitées et géniales que les Plateaux pour piano et orchestre et la Symphony-Antiphony de Pelle Gudmundsen-Holmgreen - ce sont elles que j'avais probablement en tête au moment de l'écoute de la monumentale (en durée) Septième de Wagemans - qu'elle m'a paru "tape-à-l'oeil" et vide en grande partie. Jamais agréable d'être déçu, mais la déception fait partie de l'aventure, de notre aventure à tous. Il ne faut donc pas prendre au pied de la lettre cette critique très personnelle et écouter cette symphonie si on en a l'occasion. Celui qui aime la musique moderne au sens où on l'entend ici y trouvera peut-être son compte. Personnellement, je ne suis pas sûr d'y revenir.

Je ne pensais pas y revenir et pourtant j'ai fini par réécouter De Zevende Symfonie - Symphonie n°7 de Peter-Jan Wagemans: un doute s'était faufilé et avait mûri en moi, un petit doute sur un jugement qui serait peut-être trop dur et trop définitif. Ce n'est pas la première fois que je redonne une chance à une oeuvre qui m'a suffisamment déçu pour figurer dans ma "poubelle" à CD. En général, lorsqu'une oeuvre m'a complètement ennuyé, la nouvelle écoute, si jamais j'ai un tout petit doute, confirme la première impression et son sort est définitivement scellé. Il arrive aussi qu'une seconde écoute - je parle uniquement dans le cas où j'ai été complètement déçu - améliore la première impression, me disant que c'est pas si nul que ça. Pour les premières écoutes mitigées, par exemple une oeuvre que j'aurais aimé moyennement, une seconde approche aurait tendance à lui être favorable. Avec la Symphonie n°7 de Wagemans, ce fut une toute autre expérience car je suis passé d'une première impression ultra négative à une nouvelle perception de l'oeuvre que je trouve désormais géniale. Je pourrais écrire l'exact contraire de ce que j'ai écrit en tête du topic, c'est aussi simple que ça. Passer d'une première impression mitigée ou tiède à une impression un peu plus positive après plusieurs écoutes d'une même oeuvre, est quelque-chose de courant qui peut s'expliquer par le fait évident d'une meilleure connaissance de l'oeuvre: accorder plusieurs écoutes à une création musicale, c'est se donner l'opportunité de mieux la connaître. Il y a la première étape de la découverte et la seconde étape de l'apprivoisement et de l'approfondissement. Ce qui m'a surpris dans le cas de la septième symphonie de Wagemans, c'est une telle différence de perception entre la précédente écoute et celle-ci. J'ai soudainement noté dans cette musique une grande profusion d'idées, une immense palette de couleurs, des rythmes trépidants et grisants, de la fulgurance, de la flamboyance, des combinaisons sonores insolites et ingénieuses, des passages par la tonalité qui ressemblent à des oasis réconfortants. Désormais, j'adore cette symphonie!

L'oeuvre qui complète la Symphonie n°7 sur mon cd s'intitule De Stad en de Engel, interprétée par le "Netherlands Radio Philharmonic Orchestra" sous la direction de Micha Hamel. Elle s'inscrit dans le même esprit que la symphonie, une musique pleine de couleurs, de nuances et de contrastes, qui n'abandonne jamais complètement la tonalité, juste chahutée par ses nombreuses turbulences. Il en jaillit des jardins sonores de toute beauté, une beauté brutale et lumineuse, poétique et bucolique aussi.