Akira TAMBA (né en 1932)

Akira Tamba est un compositeur japonais né à Yokohama en 1932. Il est Docteur ès lettres et sciences humaines, puis Directeur de la recherche au CNRS, à Paris. Diplômé en composition à l'Université des Arts de Tokyo (Geidai) dont il est sorti courant 1958, Tamba obtient une bourse du gouvernement français et entre au Conservatoire National de Musique de Paris, où il sera élève de Tony Aubin et d'Olivier Messiaen. Lauréat de plusieurs concours: Premier prix de composition, Deuxième Prix d'analyse du Conservatoire de Paris (1963-1964), Prix du Concours international de Divonne-les-Bains (1962), Prix Lili Boulanger (1963), Akira Tamba poursuit, depuis 1967, une double carrière de compositeur et de musicologue au CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique). En tant que compositeur, il s'est signalé par de nombreuses oeuvres: cinq disques donneront déjà un aperçu de son répertoire très varié (citons par exemple Tathata, Complexe Simple, Chant du Monde, Le Fil de l'Araignée - Oratorio-Ballet; sa participation à des concerts et festivals: Radio France a donné une "Journée Akira Tamba" en 1979 et dix de ses compositions ont été exécutées au Festival de Musique contemporaine de Hollande en la même année. En tant que musicologue, il se distingue par l'originalité de ses recherches, qui allient la connaissance des musiques extrême-orientales et occidentales à son expérience de compositeur. Sa thèse en Doctorat "La structure musicale du Nô" a reçu le Prix de la Culture de la Société japonaise de traducteurs, en 1975. . Ses nombreux articles sont consacrés aussi bien à la musique traditionnelle japonaise qu'à la musique contemporaine occidentale, et il enseigne la musicologie nippone à l'Institut National des langues et civilisations orientales (Université Paris III). Il a obtenu son Doctorat d'Etat en 1986, sur "La Théorie et l'Esthétique musicale japonaise" (du 9ème à la fin du 19ème siècle).

Je connais ce compositeur au travers de deux concertos; Mandala pour piano et orchestre, composé en 1982, et Orion pour violoncelle et orchestre, composé en 1991. C'est une musique très atonale où l'élément percussif y est prédominant, notamment par l'emploi du piano dans Mandala et de sonorités provenant de xylophones et marimbas . Il y a, par ailleurs, un étonnant passage dans Orion entre le violoncelle et cette famille de percussions. C'est l'une des qualités principales de ces deux concertos, sans même entrer dans une analyse plus pointue de ce qu'a voulu exprimer le compositeur, créer des climats de tension originaux d'une intelligibilité immédiate, c'est-à-dire que cette musique exalte des agrégats sonores d'une grande force expressive, visiblement complexe dans ses structures et micro-structures, ses rythmes etc... mais une complexité qui ne freine en rien l'immédiateté de son impact expressif . Elle déploie ses climats atonaux dans des chaos sonores intenses et vigoureux, ne s'accorde aucun répit tonal, aucune oasis mélodique, le paysage est magnifiquement hostile et chahuté par un immense tourbillon fait de mouvements obsessionnels et circulaires. Plutôt que des répits, dans ses moments d'accalmie, il s'agirait davantage d'errances ou de tension hyper-dramatique qui retombe avant de rebondir sur le mur du silence.