Jules Etienne Pasdeloup (1819-1887) était un chef d'orchestre français, fondateur des Concerts Pasdeloup.
Il obtient les premiers prix de solfège (1832) et de piano (1834) au Conservatoire de Paris. La mort de son père, François Pasdeloup, chef d'orchestre à l'Opéra-Comique, l'oblige à gagner sa vie et, à 14 ans, il donne déjà des cours de musique. Il fut chargé de cours de solfège au Conservatoire à partir de 1841 et de piano de 1847 à 1850, et en 1855 il devint professeur de musique chorale ; il a par la suite abandonné les postes d'enseignants officiels.
Au lendemain des événements politiques de 1848, Pasdeloup est nommé régisseur du château de Saint Cloud, poste qui lui permet de rencontrer les personnalités les plus distinguées du Second Empire et d'être une sorte d'imprésario du régime. Il est alors engagé par Nieuverkerke, surintendant des beaux-arts, pour organiser des concerts au Louvre, et plus tard par Haussmann pour monter une série de concerts à l'Hôtel de Ville. Il est également sollicité pour organiser des soirées musicales dans les appartements de la princesse Mathilde.
La Société des Jeunes Artistes est le premier grand succès de Pasdeloup en tant que chef d'orchestre. On raconte qu'après avoir offert un scherzo qu'il avait composé à Habeneck, qui le refusa sans même le regarder, il décida de former une société symphonique pour interpréter la musique de jeunes compositeurs réduits à composer pour la scène ou non. Pasdeloup contacte ses élèves du Conservatoire et entame des séances de technique orchestrale. En décembre 1852, les statuts de la société sont arrêtés et le premier concert est donné à la salle Herz le 20 février 1853.
En 1856, Auber, directeur du Conservatoire, devient le patron de la société, qui prend alors le nom de Société des Jeunes Artistes du Conservatoire Impérial de Musique. Cela lui offrait des avantages tels que l'utilisation gratuite des salles de répétition et des instruments. Au cours de ses neuf années d'existence, la société a donné les premières représentations de nombreuses œuvres, dont des symphonies de Gounod et de Saint-Saëns, et des représentations de la Symphonie n°1 de Schumann (jouée en 1857, dix ans avant qu'elle ne soit donnée à la Société des Concerts du Conservatoire) et la Marche nuptiale du Lohengrin de Wagner.
Mais au bout de neuf ans son déficit, jusqu'alors supporté par Pasdeloup, s'élève à 77 000 francs. Pasdeloup décide de changer de plan et engage en 1861 le Cirque Napoléon pour six Concerts Populaires de Musique Classique. La salle pouvait accueillir près de 5 000 personnes et l'orchestre comptait 110 instrumentistes. L'objectif de ces concerts était de faire découvrir la musique classique à un public culturellement démuni, qui jusqu'alors n'avait pas été admis à la Société des Concerts du Conservatoire. Le premier de ces concerts a été donné le 27 octobre. Après trois concerts, l'adhésion du public est telle que Pasdeloup peut réserver le Cirque Napoléon pour un an.
Jusqu'à la guerre de 1870, les Concerts Populaires sont un incontestable succès artistique et financier. Tous les solistes célèbres de l'époque ont joué lors de ces concerts dominicaux. Les œuvres des cinq "grands" - Beethoven, Haydn, Mozart, Weber et Mendelssohn - sont fréquemment jouées, mais Pasdeloup accorde également une place importante aux compositeurs français contemporains et interprète des œuvres de symphonistes allemands alors inconnus en France. Les noms de Schumann et surtout de Wagner provoquèrent des réactions hostiles qui grandirent avec la montée du nationalisme dans les années 1870 et prirent une telle portée politique que les œuvres de ces compositeurs durent être exclues des programmes.
Pasdeloup partage la direction de l'Orphéon de Paris avec Bazin. En 1868, il fonde la Société des Oratorios, qui donne la première exécution parisienne de la première partie de la Passion selon saint Matthieu de Bach au Panthéon. Il entre également au Théâtre Lyrique en 1868 et y monte Rienzi l'année suivante. Le Théâtre Lyrique s'effondre au début de 1870, quelques mois avant que la guerre n'éclate. Mais la guerre n'interrompt pas longtemps les Concerts Populaires ; Pasdeloup, qui combattit vaillamment avec la Garde nationale, reprit ses concerts pendant le siège, pour les voir à nouveau interrompus pendant la Commune jusqu'en octobre 1871.
C'est à cette époque que commence la rivalité qui finit par vaincre Pasdeloup. D'abord, la Société nationale (1871) puis le Concert national (1873) sont dirigés par Colonne, qui donne six concerts à l'Odéon avant de s'installer au Châtelet en 1874. La popularité de Pasdeloup résiste quelque temps à l'indéniable supériorité technique de Colonne ; en 1878, il demande et obtient une bourse de 20 000 francs. Mais l'arrivée de Charles Lamoureux, qui inaugure les Nouveaux-Concerts en 1881, porte le coup fatal aux Concerts populaires ; Pasdeloup tente en vain de sauver son institution en multipliant les appels aux aides financières et aux idées nouvelles, et est contraint d'abandonner la lutte en 1884.
Ses amis organisent une fête d'adieu qui rapporte 100 000 francs et lui assure une retraite confortable. On lui a demandé de commencer une saison musicale à Monaco, mais cela aussi a été un échec. En octobre 1886, il tente à nouveau d'établir ses concerts au Cirque Napoléon ; il réussit à donner cinq concerts et un festival consacrés à la musique de Franck avant sa mort.