Daniel SCHNYDER (né en 1961)

Daniel Schnyder est un compositeur que j'ai découvert, il y a quelques années, au travers d'un formidable concerto pour trombone basse et ensemble intitulé SubZERO interprété par Dave Taylor et l'Absolute Ensemble sous la direction de Kristjan Järvi. J'ai tellement aimé ce concerto , au point de le considérer comme l'un des meilleurs pour cet instrument, que j'ai eu l'envie naturelle d'approfondir ce musicien. Cette curiosité parfaitement justifiée s'est alors nourrie de SongBook pour saxophone et orchestre, d'Isabelle pour saxophone ténor, piano et orchestre, de son Concerto pour piano et orchestre et plus récemment son Concerto pour ney et ensemble, (composition dédiée au virtuose libanais du ney Bassam Saba) autant d'oeuvres de très bonne facture, même si aucune d'entre elles ne me procura l'exacte degré d'émotion de son concerto de trombone.

Daniel Schnyder est de ses compositeurs démontrant à la fois une dynamique créatrice aussi bien dans le domaine du jazz que dans le champs classique, et que ce soit en tant que saxophoniste qu'en tant que compositeur. Il est né courant 1961 à Zurich, en Suisse mais vit actuellement à New York. Ses oeuvres pour orchestre et sa musique de chambre furent jouées dans le monde entier. L'album "Absolution" qui contient son fameux concerto pour trombone a décroché une nommination aux "Grammy Awards" pour "meilleur enregistrement classique pour petit ensemble" en 2002. Il organise des tournées en Europe et en Australie avec le trio qu'il forme en compagnie de Dave Taylor et Kenny Drew Jr.. Ils y jouent du Gershwin, Bach, Vivaldi, Wagner et Ellington, en plus de ses propres compositions qui s'avèrent être de véritables passerelles entre le monde du classique et celui du jazz. Il joue souvent  avec son projet de musique de chambre spéciale pour saxophone et quatuor à cordes, combinant habilement la composition et l'improvisation, le jazz et la musique de chambre traditionnelle. Son Quatuor n°3 lui fut commandé par le Quatuor Carmina, le Quatuor à cordes n°4 lui fut par le Quartett Amar et le Quatuor à cordes n°5 par le Quatuor Stradivari. Il écrit également des variations orchestrales à partir de chansons provenant d'icônes extérieures au monde classique, telles que les Rolling Stones, Duke Ellington, Jimi Hendrix. Il apparaît comme soliste avec des orchestres jouant son propre Songbook et sa Suite Orientale parmi d'autres compositions. Il a joué "Songbook" en Allemagne et en Suisse lors d'une tournée avec l'Orchestre philharmonique de Radio NDR en novembre 2006 et avec l'Orchestre MDR en 2008. Durant l'automne de la même année, il tourne avec l'Orchestre Saarlaendische Rundfunk en tant que soliste. Daniel Schnyder est un compositeur très prolixe. En dehors des oeuvres déjà citées, il est également à l'origine de deux symphonies, d'un opéra intitulé Casanova, d'un concerto pour violon, d'un concerto pour trompette, d'un concerto pour pipa, d'un concerto pour cor des Alpes. Il a remporté  le premier prix au concours de composition 1996; Trumpet International Guild. Sa Sonate pour trompette a été choisie comme l'une des pièces officielles pour le concours Maurice André de trompette à Paris. Il remporta aussi de nombreux prix pour sa musique de chambre.

Les vidéos sont désactivées. J'en chercherai d'autres à l'occasion.

J'adore les quatre pièces que j'ai postées ici avec une mention spéciale pour son concerto pour trombone  que je trouve particulièrement subtil et inspiré. Superbement hanté par le fantôme du jazz. Ce compositeur est décidément fait pour moi.

Je viens de terminer l'écoute de l'album Arabian Nights qui regroupe des pièces entre jazz et Orient composées non seulement par Daniel Schnyder mais aussi par Marcel Khalifé, Dhafer Youssef. Schnyder nous offre un superbe Concerto pour Ney avec un soliste merveilleux Bassam Saba. On y entend aussi du oud, ce genre d'instrument inhabituel dans l'univers du jazz. Ne pas y voir pour autant un métissage surfait, au contraire, il s'agit ici de communion, de rencontre, de convivialité et surtout de sincérité, l'amour de jouer ensemble une musique sans frontière qui respire la fête, l'excellence de jeu des musiciens, la valeur de l'instrument, le lien intime qu'il tisse entre lui et l'auditeur...
Un morceau m'a particulièrement touché: La Prière de l'Absent. Exquis!

J'accroche moins déjà. Un peu trop "abstrait" pour moi, en tout cas ce concerto pour flûte. (que j'ai quand même écouté en intégralité). Je vais tenter ma chance avec d'autres morceaux


https://www.youtube.com/watch?v=xeVlRuiMhyM

Mes belles écoutes de ce matin. Ce ne furent pas des découvertes, mais plusieurs compositions de Daniel Schnyder que je connais depuis longtemps et dont je m'imprègne progressivement. C'est un compositeur que j'avais découvert par un excellent concerto pour trombone, peut-être même mon préféré parmi tous ceux que je connais, et je n'ai finalement jamais regretté l'idée de l'approfondir. Parmi toutes les oeuvres que je connais de Daniel Schnyder - je n'en connais pas dix mille non plus - aucune ne m'a déplu, il y a toujours un "quelque-chose" de fort sympathique qui me retient, me procure du plaisir, notamment son rapport au jazz qui se retrouve dans la plupart de ses compositions, comme celles que je vais énumérer ci-dessous:

Songbook pour saxophone et orchestre (2000/2001)
<<La musique du "Songbook" vous emmène, après une courte tempête initiale, vers des lieux exotiques, plus particulièrement les îles des Caraïbes. C'est pourquoi certains des titres de chansons sont dérivés de la célèbre pièce de théâtre de Shakespeare, "The Tempest".>>
Daniel Schnyder y joue du saxophone ténor et soprano, le principal soliste de l'oeuvre que l'on peut considérer comme un concerto. Cependant, deux autres solistes interviennent: le violoniste Jan Björanger et la violoncelliste Janne Virkkala. C'est à mon oreille une oeuvre très plaisante et même attachante. Elle me communique du bonheur, un certain plaisir de vivre. J'apprécie notamment la sonorité du saxophone. Je trouve qu'il a une très belle sonorité dans la musique de Schnyder, une certaine douceur. Je le trouve presque soyeux. Ce n'est pas toujours le cas avec d'autres compositeurs où il peut s'avérer criard ou mielleux. Je n'aime pas trop le saxophone lorsqu'il est trop criard (ça dépend quand même des oeuvres et des compositeurs) ni lorsqu'il est trop mielleux.

Piano concerto "Parallel Times" - Kenny Drew Jr.: piano.
<<Cette version de Kenny comprend quelques improvisations et réfléchit simultanément sur différents styles de piano jazz et textures de concerto classiques. On peut entendre de fortes influences de McCoy Tyner, Art Tatum et Bill Evans. Kenny a le don incroyable de réunir le jazz, la musique classique, l'improvisation et les nouveaux éléments de musique à un niveau incroyable de compréhension musicale spontanée. Les transitions entre les parties écrites et les inserts improvisés deviennent presque imperceptibles.>> Effectivement, le concerto s'exécute dans une grande fluidité ou tout s'enchaîne de la façon la plus cohérente et naturelle qui soit. Pour quelqu'un comme moi qui aime le jazz et le concerto classique, je suis plutôt agréablement conquis et diverti. Même remarque que pour Songbook, c'est une musique qui me transmet le plaisir de vivre, un sentiment de bonheur purement musical qu'il serait vain de vouloir expliquer avec des mots. La première de Parallel Times eut lieu en 1993 avec Roland Raphael au piano et Andreas Delfs à la direction.

Par le "Symphony Orchestra of Norrlands Opera" sous la direction de Kristjan Järvi qui a pas mal collaboré avec Daniel Schnyder.

Se joignent à ces deux oeuvres, trois autres pièces bien plus courtes, Isabelle/Ishmael/Memories. Egalement fort sympathiques à mon oreille, j'y reviendrai avec plus de détails lors d'une future écoute.

Je n'aurai pas quitté Daniel Schnyder très longtemps. Jai replongé dans son univers par la réécoute de trois autres oeuvres, un Concerto pour violon et orchestre en trois mouvements avec comme soliste Kathrin Rabus, la Symphonie n°4 - "Colossus of Sound" en un seul mouvement, une symphonie plutôt courte qui n'atteint même pas les quatorze minutes et un Concerto pour trompette et orchestre en trois mouvements: Reinhold Friedrich n'y joue pas seulement de la trompette mais aussi du bugle qui est un instrument que j'aime beaucoup. L'album s'achève sur une brève composition pour orchestre de moins de trois minutes, African Fanfare. Toutes ces oeuvres sont interprétées par le "NDR Radio Philharmonic Orchestra". Je n'ai pas été surpris de retrouver Kristjan Järvi à la baguette. Ce ne sont pas non plus des découvertes car je connais ces oeuvres depuis longtemps. Je les avais découvertes dans la même période que le Concerto pour piano - "Parallel Times" et Songbook. J'aimerais d'ailleurs découvrir de nouveaux opus de Daniel Schnyder, la dernière en date fut son Concerto pour Ney. J'aimerais, par exemple, découvrir ses trois premières symphonies. La Quatrième, la seule que je connais, est dense et très animée, une symphonie très américaine de style dans laquelle rôde le fantôme du jazz. Bien qu'elle soit un peu massive et compacte, très différente au fond de celles de Malcolm Arnold et Paul Hindemith que j'avais réécoutées antérieurement, je l'aime bien. J'aime le climat qu'elle instaure et l'énergie qu'elle déploie. Il en va de même avec les deux concertos, qu'il s'agisse de celui pour violon ou de celui pour trompette. Les solistes, dans l'un comme l'autre, mènent la danse dans une virtuosité commune à tous les concertos mais qui n'est jamais pénible à mon oreille, jamais fatigante. Mais c'est aussi parce que je cultive une fascination pour les instruments et que j'ai toujours manifesté une prédilection pour la forme concertante. J'aime la virtuosité d'un instrument dans une oeuvre et il en faut beaucoup pour qu'elle me lasse ou me fatigue. Ca arrive parfois! Ceci-dit, dans aucun des deux concertos, l'orchestre n'est subordonné au soliste. Il est présent et ne s'efface jamais vraiment derrière le charisme du violon ou de la trompette. D'une énergie communicative, je les suis avec plaisir sans que mon attention ne faiblisse ou se lasse de tant d'agitation. D'autre-part, l'emploi du bugle dans le Concerto pour trompette lui confère un charme supplémentaire.