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Sujet: Jorge ARRIAGADA 2012-07-05, 18:41
Jorge Arriagada est né le 20 août 1943 à Santiago au Chili. Il a étudié la composition et la direction d'orchestre au Conservatoire National de Musique de Santiago. Il a obtenu par la suite une bourse de la part du gouvernement français, ce qui lui permit d'étudier l'expressionnisme aux côtés de Max Deutsch qui fut lui-même élève et ami du compositeur et théoricien autrichien Arnold Schoenberg. Il a ensuite étudié la composition auprès du compositeur et pédagogue français Olivier Messiaen ainsi que la direction d'orchestre avec Pierre Boulez. Courant 1972, la Fondation Guggenheim de New York lui remet une bourse en réponse à sa forte contribution dans le domaine de la musique électronique. Installé en France depuis 1966, il se consacre surtout à la composition pour le cinéma, musicalise les films de plusieurs réalisateurs expérimentés ou porteurs d'espoir, mais c'est sa collaboration assidue sur près de 40 films de Raoul Ruiz qui lui vaut une certaine célébrité. Il faut reconnaître que les musiques qu'il compose pour ce grand cinéaste sont généralement très belles; L'oeil qui ment, Le temps retrouvé, Les âmes fortes.
Une musique que j'aime beaucoup écrite pour un film sur Orson Welles, It's all true:
Ses partitions pour le cinéma sont souvent écrites pour un orchestre symphonique où peut s'y joindre parfois un soliste, par exemple, une voix d'enfant, celle de François-Xavier Bardot, dans L'oeil qui ment - sublime! - ou encore la soprano Nathalie Dessay dans Le temps retrouvé. Il peut aussi, selon les exigences d'un film ou de son cinéaste, limiter son effectif à un quatuor à cordes, comme il l'a fait pour le long-métrage d'Olivier Assayas; L'enfant de l'hiver. Il donna ainsi sa version personnelle de la fameuse "Sonate de Vinteuil" pour l'adaptation cinématographique en 1999 du Temps retrouvé de Marcel Proust. Jorge Arriagada n'a pas eu que le seul objectif de servir le Septième Art, mais il a également oeuvré dans le domaine classique/contemporain, le jazz et le tango. Seulement, je ne connais encore rien de ce qu'il a pu composer hors écran blanc, mille fois hélas!!!
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Icare Admin
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Sujet: Re: Jorge ARRIAGADA 2012-07-05, 19:04
Envoûtant!
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Jean
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Sujet: Re: Jorge ARRIAGADA 2012-07-05, 22:33
j'aime beaucoup...avec la voix de l'enfant...
Icare Admin
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Sujet: Re: Jorge ARRIAGADA 2012-07-05, 23:00
Ce que j'aimerais, c'est que des chefs d'orchestre reprennent ces musiques de films, comme celles du compositeur chilien qui sont parfaitement adaptables au concert, et en tirent des suites orchestrales avec solistes si solistes il y a, prenant le meilleur de la B.O., afin de jouer ces oeuvres aux côtés d'une pièce classique ou contemporaine. Mon rêve serait qu'elles accèdent à une vie purement musicale. Ceci-dit, j'exagère un peu car certains chefs l'ont déjà fait, comme Georges Tzipine avec le très beau "Mermoz" d'Arthur Honegger, par exemple, ou encore avec la délicate et attachante partition que Maurice Thiriet écrivit pour "Les visiteurs du soir". IL y a très peu de temps, Laurent Petitgirard donna un concert de la musique de film de John Williams et puis le chef d'orchestre également compositeur, Gustavo Dudamel s'apprête à composer sa première musique pour le cinéma. Peut-être sera-t-il de ceux qui joueront de la musique de film en concert avec le même enthousiasme que du "Ravel" ou du "Stravinsky". Je rêve du concert qui jouerait une oeuvre classique, une oeuvre musico-filmique et une oeuvre contemporaine et qui s'achèverait sur un excellent morceau de jazz. Tous mes domaines de prédilection réunis dans un même concert.
Icare Admin
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Sujet: Re: Jorge ARRIAGADA 2020-03-09, 21:07
Jorge Arriagada, compositeur d'origine chilienne, se fait plutôt rare ou alors il continue d'écrire des musiques pour le Septième Art mais est très mal édité. C'est dommage car j'aime bien cet artiste, sa sensibilité musicale. En introduction de mon nouveau cycle autour de la bande originale, j'ai remis dans mes oreilles trois suites de ce qu'il composa pour trois films de Philippe Le Guay; Alceste à bicyclette, Les femmes du 6e étage et Les deux Fragonard. C'est, me semble-t-il, le dernier disque paru du compositeur. Il date de 2013. Il n'y a pas si longtemps que je l'avais réécouté et je me souviens d'une impression assez mitigée. Aujourd'hui, j'ai été davantage séduit, peut-être pas parce que je l'ai mieux écouté ou quelque chose comme ça, je pense que j'étais dans l'humeur idéale: c'était exactement ce que j'avais envie d'entendre, des musiques mélodieuses, légères, sentimentales, s'agençant dans un album pas trop rempli - 44 minutes - mais varié et limpide. Le thème principal d'Alceste à bicyclette ne manque pas d'attrait avec sa petite mélodie si bien trouvée. J'ai l'art d'écouter des musiques qui ont été imaginées et conçues pour des films que je n'ai pas vus. Ne surtout pas en déduire que le cinéma de Philippe Le Guay ne m'intéresse pas, c'est juste que l'occasion ne s'est pas encore présentée. La première musique pour un film de Le Guay que j'ai découverte fut composée par Philippe Rombi sur Le Coût de la vie (2003). Néanmoins, je préfère qu'il collabore avec Jorge Arriaga qui est un compositeur qui me touche davantage. Lorsque j'écoute les bandes originales d'Alceste à bicyclette et Les Femmes du 6e étage, je sens bien qu'il s'agit de comédies, seul Les deux Fragonard est un drame, ce que je ne retrouve pas vraiment dans la musique correspondante. Ce nouveau cycle autour de la musique de film va tourner autour d'autres compositions de Jorge Arriagada que je n'ai pas réécoutées depuis longtemps.
Icare Admin
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Sujet: Re: Jorge ARRIAGADA 2020-03-12, 11:59
Le Temps Retrouvé est un film franco-italo-portugais réalisé par le réalisateur chilien Raoul Ruiz d'après le roman homonyme de Marcel Proust. Il est sorti en salle courant 1999. Il semble beaucoup jouer sur la nostalgie, sur le rétroviseur, réunissant une pléiade d'actrices et acteurs connus; Catherine Deneuve, Emmanuelle Béart, John Malkovich, Vincent Perez, Chiara Mastroianni, Marie-France Pisier, Jean-François Balmer, Christian Vadim, Mathilde Seigner...Raoul Ruiz et Jorge Arriagada, c'est une très belle collaboration entre un cinéaste et un compositeur. Le Temps Retrouvé n'en est pas le point de départ. Leur collaboration, sauf erreur de ma part, a débuté avec La Vocation suspendue (1978), un film français adapté du roman éponyme de Pierre Klossowski, puis elle s'est poursuivie l'année suivante avec L'Hypothèse du tableau volé, un film de production également française. Si on se penche sur la vaste filmographie de Raoul Ruiz, on s'aperçoit que son compatriote Jorge Arriagada y est crédité de très nombreuses fois, et lorsqu'il ne l'est pas, aucun autre nom de compositeur n'est mentionné...?...Aurait-ce donc été une collaboration entre les deux hommes quasi-exclusive? Je l'ai découverte par le biais de l'excellente partition de L'Oeil qui ment en 1993. Ebloui pas cette superbe musique, je n'ai plus cessé de m'intéresser à ce compositeur. Leur collaboration aurait pu au moins s'achever sur Les Lignes de Wellington, malheureusement, Raoul Ruiz s'est éteint le 19 août 2011 à Paris en plein projet sur ce film qui fut finalement réalisé par sa compagne Valeria Sarmiento. Pour Le Temps Retrouvé, Jorge Arriagada opta pour une partition de forme classique d'inspiration française, du moins par moments, notamment lorsqu'un piano d'une douce nostalgie et d'une beauté ineffable m'évoque un peu celui de Camille Saint-Saëns qui, j'en suis convaincu, a été une solide influence pour le compositeur chilien. Toutefois, cette B.O. n'atteint pas la force émotionnelle de ce qu'il composa sur L'Oeil qui ment, ce qui ne veut pas dire qu'elle a peu d'intérêt à mon oreille. Elle alterne des musiques un peu banales et d'autres plus recherchées. Pour le thème d'introduction, Arriagada s'offre la voix de Nathalie Dessay sous forme de vocalises, c'est d'ailleurs le titre du morceau mais au singulier. A mon goût, le concept fonctionne moyennement avec cette chanteuse-là que je préfère dans le texte et moins dans la vocalise. Le thème est quand même beau. L'orchestre est dirigé par Jean-Louis Negro.
Icare Admin
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Sujet: Re: Jorge ARRIAGADA 2020-03-13, 10:01
Je me pose toujours la même question lorsque je me penche sur une oeuvre que je n'ai pas réécoutée depuis quelques lustres et ai l'impression de la redécouvrir complètement: pourquoi suis-je resté aussi longtemps sans l'écouter, cette oeuvre est magnifique!? Il y a effectivement longtemps que je n'avais pas réécouté la superbe B.O. que Jorge Arriagada concocta pour Les âmes fortes de Raoul Ruiz, au point que j'avais même oublié qu'il s'agissait là de l'une de ses plus belles compositions. J'avais même oublié qu'il y avait plusieurs parties chantées par Béatrice Uria-Monzon. J'en suis à me reprocher d'avoir un trop grand appétit et, pour le coup, beaucoup trop de musiques à écouter et à réécouter...je me disperse, je me disperse...?...Et si au fond ce n'était pas une si bonne chose d'écouter souvent une oeuvre qu'on adore? L'émotion pourrait-elle s'user?...Je l'ignore...En revanche, ce que je sais c'est que le plaisir de redécouvrir une oeuvre qu'on a beaucoup aimée retrouve l'intensité de la première fois et c'est un aspect qui n'est pas négligeable. J'ai redécouvert au travers des "Âmes fortes" des extraits musicaux radieux et profonds qui avaient toutes les qualités - force expressive, beauté formelle, orchestrations - pour imprégner définitivement ma mémoire, et pourtant...Tellement d'autres musiques magnifiques ont traversé mon cerveau depuis la dernière fois que je l'ai écoutée...Sincèrement, je pense que c'est très bien de ne pas écouter trop souvent et dans des délais trop rapprochés les mêmes oeuvres. Je n'ai jamais trop aimer "user" une appréciation par des écoutes successives. Je ne suis jamais pressé de connaître une oeuvre par-coeur, qu'il s'agisse d'ailleurs d'une oeuvre musicale ou littéraire, ou encore d'un film. Cela étant dit, il m'est impératif d'y revenir si l'oeuvre a eu suffisamment d'effets sur moi. C'est toute la complexité de ma relation avec la musique. Redécouvrir une oeuvre magnifique m'est aussi intense en émotion que de l'écouter pour la première fois.
Dans mon cd, Les âmes fortes, il y a un commentaire de Jean Giono à propos de la musique:
<<La musique m'aide à composer; entendez bien que je n'écoute pas pour composer; mais l'architecture musicale inconsciemment me propose des architectures littéraires. Je n'écoute de la musique que pendant les heures de repos. Elle n'est jamais pour moi ce qu'un mélomane voudrait qu'elle soit. Arrivant tout de suite après mon travail et m'apportant la paix, elle est chargée d'images. Ces images, personnelles et sujettes du travail qui m'occupait avant le repos, n'ont évidemment aucun rapport avec le propos du musicien. Le mélomane dirait que je n'écoute pas la musique, mais que j'écoute sur de la musique. J'accepte son jugement, mais ma façon de faire me procure un bonheur infini. La musique suscite des quantités de drames intérieurs et sur ces drames, on peut organiser des architectures romantiques et romanesques. Ca sert beaucoup. Ca me sert beaucoup parce que évidemment, des sentiments j'en ai. J'en fais mon métier. Par conséquent, je ne cherche pas la sensation dans la musique. Mais je cherche des structures, et en même temps peut-être des images. Ce qu'on ne fait jamais! Généralement, dans la musique, on ne cherche jamais des images. Un musicologue averti vous dira justement que si vous voyez des images dans la musique, vous n'aimez pas la musique. Mais moi, j'aime la musique parce que je l'aime à la fois pour les structures et pour les images. Non pas pour des images communes, mais des images qui sont tout à fait différentes de la musique.>>
Bien que je ne suis pas écrivain et bien que je n'écrive plus de poésie depuis longtemps, je me retrouve un peu dans le propos de Jean Giono. Un peu mais pas complètement. Il arrive souvent que je laisse vagabonder mes pensées en écoutant de la musique, peu importe la nature de mes pensées, peuvent-elles n'avoir aucun rapport avec la musique ou avoir été suscitées par elle. Presque aussi souvent, je freine volontiers mes pensées vagabondes afin de mieux me concentrer sur l'oeuvre musicale que je suis en train d'écouter. Parfois, j'ai l'impression de m'être laissé trop envahir par mes pensées et de ne pas avoir été suffisamment concentré sur la musique. Ainsi, je m'impose volontiers une nouvelle écoute et, la plupart du temps, une meilleure appréciation de celle-ci. Il m'arrive aussi de me satisfaire d'"écouter sur de la musique", histoire de reprendre le terme employé par le "mélomane de Giono". Si ce sont de belles pensées qui s'harmonisent à merveille avec la musique que je suis en train d'écouter, cela me procure, comme pour l'écrivain, un bonheur infini. En revanche, si ce sont des pensées contrariantes ou anxiogènes, desquelles la musique ne parvient pas à m'extirper, je préfère interrompre l'écoute. Personnellement, je recherche la sensation tout autant que la musique m'inspire souvent des images, des scènes d'un cinéma imaginaire, même lorsqu'elle n'a pas été composée pour un film. Dans mon esprit, en marge du jugement du musicologue selon Jean Giono, la musique est autant absolue qu'appliquée et autant appliquée qu'absolue, une dualité dans l'écoute qui ne me quittera sans doute jamais.
Icare Admin
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Sujet: Re: Jorge ARRIAGADA 2020-03-14, 10:08
Ce matin, j'ai réécouté deux musiques de films de Jorge Arriagada, chacune d'une durée plutôt courte. J'ai d'abord réécouté celle pour quatuor à cordes qu'il composa pour le film L'Enfant de l'Hiver (1989) d'Olivier Assayas, d'une quinzaine de minutes environ. Je n'ai jamais vu ce film qui réunit une pléiade d'actrices et d'acteurs que je ne connais pas, si ce n'est Anouk Grinberg et Gérard Blain. Le synopsis: <<Malgré l'enfant qu'elle attend, Stéphane ne veut plus vivre avec Natalia et prend la fuite. Il rejoint Sabine, jeune décoratrice de théâtre très perturbée par l'échec d'une relation amoureuse avec un comédien. Sabine et Stéphane vont tenter de vivre la fragile histoire d'amour qui les attire l'un vers l'autre.>> C'est une histoire sentimentale qui, à mon avis, se termine très mal. Les quelques dialogues qui ont été insérés dans la B.O. (sur disque) le laissent largement pressentir, ainsi que le quatuor à cordes lui-même, d'un genre lacrymal et névrosé. On imagine bien l'hiver, mais un hiver sans neige, un hiver gris dans lequel il ne se passe rien qui puisse briller au loin et éclairer les âmes solitaires et meurtries de l'intrigue. La musique de Jorge Arriagada ne quitte quasiment jamais ce caractère triste qui la définit dès ses premières mesures - juste un bref passage qui donne l'illusion de renaître un peu - puis elle retombe dans son humeur initiale proche de la léthargie: elle devient presque statique. Heureusement quand même qu'elle ne dure que quinze minutes et des poussières parce qu'il y a de quoi cafarder. Côté "cordes" dans une formation restreinte, je préfère la partition grave et intense qu'Alexandre Desplat composa pour Les Corps impatients de Xavier Giannoli, néanmoins il est toujours hasardeux de comparer deux travaux aussi différents. Grâce aux quelques dialogues présents sur le disque, on sent bien que le film d'Assayas est porté sur les émotions et l'intériorité de ses personnages, mettant en exergue leurs sentiments les plus profonds et contrariés, même leurs états d'âme...La "réponse" musicale y est donc très introvertie et correspond de toute évidence au mal-être des principaux protagonistes, est donc parfaitement adaptée à son sujet. Le film peut être très bien aussi.
L'autre film pour lequel Jorge Arriagada prêta ses talents musicaux n'est pas plus drôle: La Vierge des Tueurs, film franco-hispano-colombien de Barbet Schroeder (2000). Synopsis: <<Reprenant un roman entre autobiographie et fiction de Fernando Vallejo, le film met en scène le vieil écrivain homosexuel qui retourne à Medellin, ville de son enfance. Là, il tombe amoureux d'Alexi, jeune délinquant et tueur à gage de seize ans. Une passion dangereuse naît entre le vieil homme et l'adolescent qui finira brutalement par la mort tragique de ce dernier. Dévasté de chagrin, troublé par la violence de cette ville qu'il ne reconnaît plus, l'écrivain croit retrouver Alexi en Wilmar, un autre adolescent avec qui l'histoire semble se répéter.>> Je n'ai pas encore vu ce film qui m'intéresse beaucoup. Je ne connais seulement que quelques extraits et la musique orchestrale de Jorge Arriagada qui, sur disque, est dispersée entre plusieurs chansons. Je préfère, grâce à mon programmateur, éluder les chansons et me concentrer ainsi sur le "score" du compositeur chilien d'une durée de vingt-trois minutes environ. Elle me fascine davantage que son quatuor à cordes un peu tristounet (L'Enfant de l'Hiver), mais c'est plus une question de goût que de qualité. Ce qu'il a composé pour le film de Paul Schroeder m'apparaît comme un requiem instrumental, comme l'accompagnement funeste d'une tragédie moderne. Pourtant, le meilleur moment musical est le final qui s'intitule "La Espera". Il se développe sur presque sept minutes et reprend le magnifique thème d'introduction.
Un entretien croisé entre Paul Schroeder & Jorge Arriagada:ici
Icare Admin
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Sujet: Re: Jorge ARRIAGADA 2020-03-16, 10:26
Ce matin, j'ai réécouté la musique que Jorge Arriagada composa pour le documentaire de Myron Meisel, Bill Krohn & Orson WellesOrson Welles It's All True (1993). Pour la petite histoire, sachons que courant fèvrier 1942, peu de temps après le succès de Citizen Kane, Orson Welles s'est rendu dans un pays d'Amérique latine, le Brésil. A Rio, il découvre les joies de la samba, mais aussi la misère dans laquelle survivent difficilement les habitants des favelas. Il filme et accumule les images, seulement voilà, Hollywood lui sucre les vivres et le célèbre cinéaste, obstiné, essaiera vainement d'achever avec une équipe restreinte Quatre hommes sur un radeau, une histoire de pêcheurs partis sur une embarcation de fortune. Pendant longtemps, les bobines furent considérées comme perdues. Elles furent apparemment retrouvées par hasard. Ensuite, elles furent remontées d'après les indications écrites d'Orson Welles, et un documentaire, riche en témoignages, avait alors suffisamment de matière pour relater la passionnante aventure de ce tournage épique! J'adore la partition de Jorge Arriagada. Elle me donne carrément des frissons à chaque nouvelle écoute. Il y a trois partitions qui, chez Arriagada, me font cet effet-là: L'Oeil qui ment, Les Âmes fortes et donc It's All True! Il y a des thèmes mélodiques, une couleur globale, une ambiance, autant d'éléments qui me rendent cette B.O. particulièrement émouvante alors que je n'ai jamais vu ce documentaire.
Icare Admin
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Sujet: Re: Jorge ARRIAGADA 2020-03-16, 12:42
<<Prolongeant l'idée qu'il avait eu sur le jazz, Orson Welles décida que ce qu'il avait tourné du Carnaval de Rio deviendrait The Story of Samba. Il rassembla les meilleurs artistes de Rio et reconstitua en studio la "Praça Onze" d'antan. Réunissant sur le plateau des centaines de figurants aux costumes bigarrés, Welles tenta de saisir la richesse multiforme de la samba. Puis, en extérieur au casino d'Urca, il fit appel aux grands noms du moment, Linda Batista, Nelson Gonçalvez, Chu Chu Martinez Gil, Herivelto Martins et son trio de Ouro, mêlant leur prestation à celle, magique, de Grande Othello, lui-même mêlé aux participants anonymes du Carnaval. The Story of Samba aurait ainsi lié documentaire et film musical, le tout en Technicolor. Le film devait être développé aux Etats-Unis et Welles ne pouvait pas voir les rushes. Il continua donc inlassablement à filmer ce qui lui paraissait intéressant.>>
Voilà une partie d'explication, musicale, sur ce film inachevé d'Orson Welles. L'essence de la musique brésilienne et notamment la samba n'est absolument pas ignorée dans la partition pour orchestre de Jorge Arriagada. Il y a d'ailleurs quelques douces chansons porteuses de soleil brésilien, par Heloïsa Aparecida Lourenco Perosa.
Icare Admin
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Sujet: Re: Jorge ARRIAGADA 2020-03-17, 11:49
Entre hier et aujourd'hui, j'ai réécouté deux bandes originales qui n'ont aucun rapport entre elles, un échantillon de l'impressionnante diversité et richesse de la musique de film; Gohatto/Tabou de Ryuichi Sakamoto, un film japonais réalisé par Nagisa Ōshima, sorti en 1999, et L'Oeil qui Ment de Jorge Arriagada, un film franco-portugais réalisé par Raoul Ruiz, sorti en 1993. Outre un thème principal fondé sur quelques notes et profondément mélancolique, Gohatto est une partition nue de tout lyrisme, frisant le plus souvent une approche minimaliste et bruitiste. La B.O. se partage entre ces moments ascétiques et ce thème principal qui me dirige vers une émotion plus familière, entre tristesse et nostalgie. Sa faiblesse est peut-être sa durée, 64 minutes, c'est un peu long et il faut vraiment être dans l'humeur adéquate pour l'apprécier à sa juste valeur. Parce que des qualités elle en a! Elle est très travaillée sur le plan sonore, sensuelle, mélancolique, étrange, mystérieuse, insolite...Même si je n'étais pas vraiment dans l'humeur pour écouter ce genre de musique, son atmosphère globale, ses sonorités finement polies, ont fini par m'accaparer. En revanche, la partition de Jorge Arriagada pour L'Oeil qui Ment, d'une beauté saillante, déborde d'expressivité, de lyrisme, avec la voix de François-Xavier Bardot (Maîtrise des Hauts de Seine), l'Orchestre Symphonique des Lauréats de Paris sous la direction de Jean-Louis Negro, visiblement un chef d'orchestre qui a beaucoup collaboré avec Arriagada et un compositeur que j'apprécie également. L'Oeil qui Ment est, contrairement à Gohatto, une approche musicale qui correspondit totalement à mon humeur actuelle, mais peut-être plus encore à ce que mon être réclamait au plus profond de lui-même: un besoin d'espoir, une envie de vivre, une soif d'amour et une volonté de vaincre les angoisses et les tourments par lesquels il serait si facile de se laisser submerger actuellement. La musique de Jorge Arriagada m'a transmis force et espoir, optimisme et bonheur. Ainsi s'achève mon cycle autour de la musique de film dont le compositeur chilien fut en quelque sorte l'invité d'honneur.
Icare Admin
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Sujet: Re: Jorge ARRIAGADA 2023-09-08, 20:15
A l'occasion de mon nouveau cycle autour de la bande originale, j'ai remis dans mes oreilles trois suites de trois bandes originales que Jorge Arriagada composa pour trois films de Philippe Le Guay; Alceste à bicyclette, Les femmes du 6e étage et Les deux Fragonard. Il en résulte un album fort sympathique avec des thèmes mélodiques souvent attendrissants, même si ces musiques n'atteignent pas en beauté ni en intensité les musiques écrites pour le cinéma de Raoul Ruiz.
La collaboration entre le compositeur chilien et le cinéaste français se constitue de cinq films en tout, même si elle peut s'agrandir par la suite. On remarquera néanmoins qu'à partir de Normandie nue (2018), Philippe Le Guay sollicite les services du non moins talentueux Bruno Coulais. Les cinq films mis en musique par Jorge Arriagada sont:
___Les Deux Fragonard (1989), premier long-métrage du cinéaste ___Rhésus Roméo (1995) tv, b.o. non représentée sur la compilation qui rend hommage à cette collaboration ___Les Femmes du 6ème Etage (2011) (entre temps, Le Guay collabora avec Philippe Rombi à deux reprises: Le Coût de la Vie (2003) et Du Jour au Lendemain (2006) ___Alceste à Bicyclette (2013) ___Floride (2015) - b.o. non représentée sur la compilation.
Kool
Nombre de messages : 1645 Age : 69 Date d'inscription : 17/05/2011
Sujet: Re: Jorge ARRIAGADA 2023-09-10, 17:55
Icare a écrit:
Envoûtant!
Dans le film L'œil qui ment, la musique est un élément clé de la narration. Elle est utilisée pour créer une atmosphère onirique et mystérieuse, qui reflète la quête de la vérité de Félicien, le protagoniste du film. La musique de L'œil qui ment peut être interprétée comme une métaphore de la quête de la vérité. La musique du film reflète cette tension. Elle est à la fois belle et inquiétante. Elle nous invite à explorer les dangers de la connaissance, mais aussi sa beauté. La musique est utilisée pour créer une atmosphère de mystère et de magie. Cette atmosphère peut être interprétée comme une représentation de l'incertitude qui entoure la vérité. La musique est utilisée pour souligner les moments importants de l'histoire. Ces moments sont souvent liés à la découverte de la vérité, qui peut être une expérience bouleversante. La musique est utilisée pour exprimer les émotions des personnages. Ces émotions sont souvent liées à la vérité, qu'elle soit positive ou négative. La musique de L'œil qui ment est une œuvre complexe et riche de sens. Elle peut être interprétée de différentes manières, mais elle nous invite toujours à réfléchir à la nature de la vérité.
Anouchka
Nombre de messages : 8573 Age : 63 Date d'inscription : 03/04/2014
Sujet: Re: Jorge ARRIAGADA 2024-10-14, 19:37
Je me souviens de la très belle musique d'"Alceste à bicyclette", un film que j'adore (j'ai vu au moins trois fois).