Vos quatuors à cordes préférés.

santorino a écrit:

Mes goûts en la matière me portent très fortement vers Beethoven, les Razoumovski, les Harpes, l'op.95 est peut-être mon préféré (par sa brièveté, son caractère serré et son côté irrespirable... dit comme ça on pourrait se demander pourquoi j'aime ça, je vais y réfléchir), la grande fugue est sublime, et les 3 derniers sont extraordinaires, avec une faiblesse pour moi en ce qui concerne le 16è, qui semble regarder la vie depuis un ailleurs. Au niveau des interprètes, j'aime beaucoup les Vegh que je trouve magnifiques avec leur sonorité un peu brute, les Berg sont une sorte de référence plus récente. Je connais mal les interprétations plus récentes. Quelqu'un pourrait m'éclairer?

Les quatuors de Beethoven sont effectivement très intéressants. J'ai 2 intégrales de ces quatuors, celle du quatuor Hongrois et des Julliard. Je n'éprouve pas la nécéssité d'aller explorer d'autres intégrales, mais peut être que des interprétations plus récentes sont à découvir.

Pour ceux qui veulent découvir Beethoven à cout réduit, il existe un coffret EMI de 50 CD avec l'intégrale des symphonie, concerto, sonate, quatuor (Hongrois)... avec globalement des bonnes interpretations, il est en promo sur JPC à 39,99 €

http://www.jpc.de/jpcng/classic/detail/-/art/Ludwig-van-Beethoven-1770-1827-Beethoven-The-Collections-Edition-EMI/hnum/1644485

il y a de nombreuses et belles interprétations...J'ai celle du quatuor Talich pas mal...mais aussi celle de Berg qui est superbe ...et pour qui est sensible à un beau son, certainement superieure au quatuor Hongrois qui commence à dater ...elle est aussi à petit prix (7cd environ 25€ sur amazone ou jpc)...

Je connais l'interprétation du quatuor hongrois et la qualité sonore me gêne également. Je n'ai pas les cd des interprétations des Talich et ne les ai entendues que partiellement sur France Musique et j'apprécie beaucoup ce que j'en connais. Je ne connais celles des Julliard mais serais très heureux de pouvoir l'écouter!
J'aime beaucoup aussi le quatuor de Ravel (j'ai déménagé il n'y a pas longtemps et n'ai pas encore rassemblé tous mes cd, si bien que je ne sais plus avec certitude dans quelle interprétation, probablement celle du quatuor Orlando) le cd comporte aussi le quatuor de Debussy, oeuvre que j'apprécie un peu moins que celui de Ravel.

santorino a écrit:

J'aime beaucoup aussi le quatuor de Ravel (j'ai déménagé il n'y a pas longtemps et n'ai pas encore rassemblé tous mes cd, si bien que je ne sais plus avec certitude dans quelle interprétation, probablement celle du quatuor Orlando) le cd comporte aussi le quatuor de Debussy, oeuvre que j'apprécie un peu moins

J'ai aussi ce disque avec le quatuor Orlando et j'aime beaucoup le quatuor de Ravel que j'écoute en ce moment. Cette oeuvre est une de ses premières compositions de musique de Chambre elle est dédiée "A mon cher maitre Gabriel Fauré". J'apprécie en particulier le second et troisième mouvement. Le second "assez vif et très rythmé" est attachant par l'utilisation du pizzicato qui créé un rythme et une atmosphère particulière. Le troisième mouvement "très lent" est une forme de large Andante magnifique et très calme nostalgique mais sans tristesse. Le dernier mouvement "vif et agité" termine agréablement ce quatuor. Je conseille également le reste de la musique de chambre de Ravel et en particulier son trio pour piano et ses 2 sonates pour violon/violoncelle et violon/piano.
Pour Debussy, je vais re écouter, mais je garde une bonne impression de sa musique de chambre.

Je suis sensible également aux 2è et 3è mouvements du quatuor de Ravel.
Le trio de Ravel est en effet superbe, j'en ai le cd dans l'interprétation Heifetz-Rubinstein-Piatigorsky, je viens de le mettre sur la platine, le 1er mouvement "modéré" suscite une sorte de rêverie un peu mélancolique, je n'ai pas d'autres interprétations, j'aime beaucoup celle-ci (et je serai très curieux d'en écouter d'autres). Le 2è mouvement "Pantoum. Assez vif" est plus bref, son climat est à la fois dans la continuité du 1er et plus énergique, le 3è "Passacaille: Très large" est assez lent, médidatif, un peu triste peut-être; le finale plus vif avec un démarrage qui fleure bon un certain exotisme que l'on rencontre souvent dans la musique française de cette période vient clore ce trio que j'écoute régulièrement, sans m'en lasser.
Le cd sur lequel se trouve ce trio comporte aussi la sonate n°3 pour piano et violon de Debussy, la sonate de Respighi pour piano et violon et le duo de Martinu pour violon et violoncelle (RCA, Heifetz collection).

Si vous parlez du trio de Ravel, est-ce le même que cette orchestration:
Ravel: Trio a-moll, instr.Tortelier - Tortelier, Ulster Orchestra?

Il s'agit du trio en la mineur donc a-moll en allemand en effet.

Il doit y avoir une analogie entre la symphonie et le quatuor à cordes dans la composition de ces deux types d'oeuvres.

J'ai en effet remarqué que les compositeurs qui réalisent des cycles importants de quatuor à cordes ont également composé un nombre significatif de symphonies.

Hadyn
Mozart
Beethoven
Schubert
Mendelssohn
Dvorak
Chostakovitch
Galzounov
Miaskovski
Martinu
Villa-Lobos

.... et sans doute d'autres encore, et je ne sais pas si nous pouvons prolonger le propos en musique contemporaine...

Ces deux formes nécéssitent probablement la même sensibilité et la même maitrise des différents pupitres pour la composition de ces oeuvres.

Pour ces compositeurs, l'évolution du styles au travers des différents quatuors à cordes révèle souvent l'évolution créatrice du compositeur au long de sa vie.

Ce sont généralement des oeuvres plus discrètes et intimes que les symphonies. On a parfois l'impression de pénétrer dans le jardin secret de ces compositeurs.

Je ne sais pas s'il existe une autre forme en musique de chambre qui s'est à ce point généralisée en qualité et en quantité. Il y'a bien les trio pour piano avec une succession d'oeuvres sublimes en nombre souvent plus limité, qui dégagent également une grande sensibilité et nottament l'ensemble des trio "Elegiaques" Russes didiés à la mémoire de leurs pairs.

Je pense que le quatuor à cordes occupe de fait une place particulière au sein des formes musicales, certe de musique de chambre mais déjà dans un esprit symphonique.

Tu peux y ajouter, entre autres, Boccherini, Spohr, Raff...

...mais pas Mahler ni Bruckner

Le quatuor à cordes me donne également l'impression de pénétrer dans le laboratoire et le jardin secret du compositeur.
Autre aspect: sur le plan sonore nos chaines hifi et la taille de nos pièces sont peut-être plus adaptées à l'écoute de la musique de chambre qu'à celle d'oeuvres symphoniques.
Si je m'amuse à faire des analogies, le quatuor à cordes c'est le petit groupe, dans lequel le dialogue ou la discorde sont identifiables, tandis que l'orchestre c'est la foule, la masse, dont "l'émanation sonore" me donne certes à ressentir, à penser mais selon des modalités différentes de l'écoute d'un quatuor. Le quatuor permet (pour moi-même) une écoute d'une qualité supérieure, l' analyse sonore, le suivi de la mélodie, du contrepoint, des rythmes, des contrastes sont peut-être facilités par le petit nombre d'instruments, et les mouvements de la pensée qui s'en dégagent sont "profonds", intimes; la symphonie par son effet de masse, me donne l'impression d'une écoute plus simpliste (par manque d'éducation musicale peut-être!), je n'en retiens que les grandes lignes, d'ailleurs j'apprécie par exemple les transcriptions pour piano de Liszt des symphonies de Beethoven, où il ne reste que la structure "nue" de la symphonie. L'écoute d'une symphonie est (encore une fois je parle naturellement de mon vécu personnel sans chercher à tirer une valeur générale) plus du domaine émotionnel et l'écoute du quatuor est à la fois émotionnelle et intellectuelle.
Haydn, Mozart, Beethoven et Schubert ont composé nombre de symphonies, de quatuors mais aussi de sonates pour piano seul. Sans doute s'agit-il des - de la - grande(s) forme(s) avec un développement très structuré, introduction, développement, conclusion! l'équivalent de la dissertation!! Il y certainement des explications concernant cette grande forme très élaborée dans les bouquins des Massin entre autres.

Dans ta liste,peut se rajouter,il me semble,VILLA-LOBOS. Sinon,je me sens assez proche de tes propos. Ce qui est curieux,c'est que j'ai aimé la musique de chambre,dont des formations comme le quatuor à cordes,bien avant d'apprécier le "symphonique" que je boudais allègrement. Par exemple,j'ai apprécié la musique de chambre de BRAHMS alors que ses symphonies ne m'attiraient pas spécialement. Ce n'est plus forcément le cas aujourd'hui mais lorsque je relatais ça à des amis mélomanes,ils me disaient que je fonctionnais à l'envers.

Je dois avouer mon inculture en ce qui concerne Villa Lobos...
Mes amis sont également surpris quand je choisis un concert de musique de chambre et non une oeuvre symphonique (par exemple à La Folle Journée de Nantes), et ils ont peut-être raison dans la mesure où l'écoute d'une oeuvre symphonique n'est vraiment pleine que dans les conditions du concert alors que la musique de chambre passe très bien sur une bonne chaîne.
J'ai quelques difficultés à apprécier Brahms symphoniste, je m'en lasse assez rapidement ce qui n'est jamais le cas pour sa musique de chambre. C'est un peu la même chose pour Schubert... dois-je avouer! Alors que pour Beethoven et Haydn, la force des compositions pour orchestre me fait rendre les armes. La 9è de Beethoven garde son impact incroyable malgré sa diffusion et son utilisation politique (hymne européen!), c'est un choc à chaque écoute.

Pour BRAHMS,on est un peu pareil,si je comprends bien. Concernant le Brésilien,je ne saurais te dire si tu dois commencer par ses quatuors ou ses symphonies,mais tu peux y aller sans crainte.

santorino a écrit:

J'ai quelques difficultés à apprécier Brahms symphoniste

J'ai aussi mis beaucoup de temps pour apprécier les symphonies de Brahms, contrairement à sa musique de chambre qui m'a été totalement intuitive.

Je pense aussi que Villa-Lobos peut être abordé par les deux approches.

joachim a écrit:

Tu peux y ajouter, entre autres, Boccherini, Spohr, Raff...

...mais pas Mahler ni Bruckner

Je pensais bien en avoir oublié dans ton siècle de prédilection et nottament Joachim Raff

Je pense que le lien concerne les compositeurs de quatuor qui effectivement ont composés beaucoup de symphonie, la réciproque est peut être moins vrai. Effectivement Malher et Bruckner ne se sont pas vraiment exprimés en musique de chambre.

Olivier a écrit:

joachim a écrit:

Tu peux y ajouter, entre autres, Boccherini, Spohr, Raff...

...mais pas Mahler ni Bruckner

Je pensais bien en avoir oublié dans ton siècle de prédilection et nottament Joachim Raff

Je pense que le lien concerne les compositeurs de quatuor qui effectivement ont composés beaucoup de symphonie, la réciproque est peut être moins vrai. Effectivement Malher et Bruckner ne se sont pas vraiment exprimés en musique de chambre.

Et Ferdinand Ries, que j'ai oublié : 8 symphonies et 26 quatuors à cordes !

En musique de chambre, Bruckner a quand même composé un quatuor à cordes de jeunesse (avant sa symphonie n° 00) et aussi un grand quintette à cordes à l'allure symphonique, oeuvre de maturité celle là. Mahler, c'est bien pire : il n'y a qu'un mouvement de quatuor avec piano, de jeunesse également.

joachim a écrit:

(avant sa symphonie n° 00) et aussi un grand quintette à cordes à l'allure symphonique, oeuvre de maturité celle là. Mahler, c'est bien pire : il n'y a qu'un mouvement de quatuor avec piano, de jeunesse également.

Je n'ai jamais entendu ce quintette de Bruckner et ton commentaire m'invite à le découvrir. Est t'il dans la lignée de celui de Schubert avec deux violoncelles ?

Olivier a écrit:

joachim a écrit:

(avant sa symphonie n° 00) et aussi un grand quintette à cordes à l'allure symphonique, oeuvre de maturité celle là. Mahler, c'est bien pire : il n'y a qu'un mouvement de quatuor avec piano, de jeunesse également.

Je n'ai jamais entendu ce quintette de Bruckner et ton commentaire m'invite à le découvrir. Est t'il dans la lignée de celui de Schubert avec deux violoncelles ?

Dans la lignée, non, pas du tout. D'abord il n'est pas à deux violoncelles mais à deux altos, ensuite il est loin d'avoir la profondeur de celui de Schubert, mais évidemment ce n'est que mon avis. Le Quintette est quelquefois intitulé "symphonie pour cinq cordes" et c'est bien l'impression qu'il donne.

Merci pour cette réponse sur ce quintette, symphonie pour 5 cordes de Bruckner.

Icare aurait-il une suggestion concernant le choix de l'interprétation pour les oeuvres de Villa Lobos?

S"il s'agit des quatuors,non,je n'ai aucune suggestion à faire car je ne connais pas encore. Je ne me suis pas encore penché sur cet aspect de son oeuvre.

santorino a écrit:

Icare aurait-il une suggestion concernant le choix de l'interprétation pour les oeuvres de Villa Lobos?

Il y a une intégrale (6 ou 7 disques) chez Brillant Classic par le Cuarteto Latinamericano qui ne doit pas être très cher.

Pour les quatuors de Villa-Lobos, l'intégrale semble être en rupture de stock en ce moment :

http://www.abeillemusique.com/CD/Classique/BRIL6634/5029365663427/Brilliant-Classics/Heitor-Villa-Lobos/Quatuors-a-cordes-Integrale/cleart-10134.html

Voici le commentaire d'abeille musique sur ces oeuvres et enregistrements :
ur les dix-sept quatuors de Villa-Lobos, que ceux qui en connaissent ne serait-ce qu’un seul lèvent la main ! À moins qu'ils ne possèdent l'un des six volumes ou l'ensemble de l'intégrale parue chez Dorian dont Brilliant Classics a acquis la licence... Voici donc une excellente occasion de faire connaissance avec la production chambriste de ce monumental compositeur, doué d’un enthousiasme sans bornes et d’une capacité au travail carrément légendaire.
    Composés entre 1915 et 1957, les quatuors couvrent donc l’entière période créatrice de Villa-Lobos. Son modèle en termes d’écriture est Haydn, selon ses propres termes, mais la filiation est bien improbable, si ce n’est par le découpage systématique en quatre mouvements, car l’écriture libre et débridée de notre Brésilien national subit en effet l’influence du monde entier, depuis le fin fond des tribus perdues d’Amazonie jusqu’à l’espace intergalactique : un foisonnement incroyable, parfaitement génial, irrésistible et irrépressible, visiblement la production d’un être hyperactif et hyperimaginatif.
    Voilà une intégrale à ne pas laisser passer, d’abord pour l’édification personnelle, puis pour le pur plaisir d’écouter cette pluie tropicale bienfaisante bordée d’infinis arcs-en-ciel. On peut faire immédiatement le lien entre Villa-Lobos et Milhaud qui séjourna de 1917 à 1919 au Brésil, et c’est en 1918 que Rubinstein découvrit Villa-Lobos pianiste de cinéma et déjà génial improvisateur : il est fort concevable qu’il y eût là des influences croisées.
    Grâce à l'excellence du Cuarteto Latinoamericano, ses enregistrements sont d'une exquise qualité musicale.

Merci pour tous ces renseignements,mais ayant du retard dans mes écoutes,il va me falloir être patient.

Olivier a écrit:

joachim a écrit:

(avant sa symphonie n° 00) et aussi un grand quintette à cordes à l'allure symphonique, oeuvre de maturité celle là. Mahler, c'est bien pire : il n'y a qu'un mouvement de quatuor avec piano, de jeunesse également.

Je n'ai jamais entendu ce quintette de Bruckner et ton commentaire m'invite à le découvrir. Est t'il dans la lignée de celui de Schubert avec deux violoncelles ?

Olivier, je reviens sur ce post, car j'ai oublié de te préciser que si tu recherches des quintettes à 2 violoncelles qui sont proches de celui de Schubert, il existe ceux de Georges Onslow