C’est en 1899 qu’Ernest Chausson, qui a alors 44 ans, va quitter ce monde, et dans des circonstances pour le moins étranges.
Chausson était une personne assez torturée qui doutait beaucoup de lui. Il se sentait facilement submergé par l’ampleur des tâches qu’il entreprenait. On peut citer comme exemple son fameux poème pour violon et orchestre qui est, à l’origine une commande d’Eugène Ysaÿe qui avait demandé au compositeur de lui composer un concerto. Chausson préférera écrira un poème, plus court, car la composition d’un concerto pour violon lui semblait insurmontable. Il avait d’ailleurs répondu à Ysaÿe : "Je ne sais pas par où commencer avec un concerto qui est une entreprise énorme, la tâche du diable. Mais je peux faire face à une œuvre plus courte, une forme libre avec plusieurs passages dans lesquels le violon joue seul."
Chausson était également hanté par ce qu’il appelle "le spectre rouge" de Wagner et vers la quarantaine, il avait atteint un certain apaisement parce qu’il avait réussi à faire de ses faiblesses une force. Et en 1879, il avait écrit : "il y a des moments où je me sens poussé par une sorte d’instinct fébrile comme si j’avais le pressentiment de ne pas pouvoir atteindre mon but ou de l’atteindre trop tard".
Vingt ans plus tard, le 10 juin 1899, Chausson enfourche son vélo et roule dans les Yvelines, vers la propriété du baron Atthalin à Limay. Il se heurte la tête sur l’un des murs d’enceinte et décède d’une fracture du crâne. Sur ce banal accident, certains y ont vu un suicide du compositeur, qui était sujet aux angoisses. Mais l’hypothèse du suicide est rejetée par son biographe Ralph Scott Grover. Chausson est donc mort d’un accident de vélo à l’âge de 44 ans.