Nombre de messages : 27100 Age : 77 Date d'inscription : 19/08/2006
Sujet: Marin Marais (1656-1728) 2009-10-16, 16:21
Marin Marais (31 mai 1656-15 août 1728) est un violiste ou gambiste (musicien jouant de la viole de gambe) et compositeur français de la période baroque.
Marin Marais est né à Paris le 31 mai 1656 au sein d'une famille modeste : ses parents sont Vincent Marais, cordonnier et Catherine Bellanger. Seul le frère de Vincent, prêtre, est d'un milieu social plus élevé. En 1667, Marin Marais devient enfant de chœur à Saint-Germain-l'Auxerrois où il rencontrera Michel-Richard de Lalande (également enfant de chœur) et François Lalouette (vicaire). À seize ans, il quitte volontairement Saint-Germain-l'Auxerrois et tente de se perfectionner auprès de Sainte-Colombe à la basse de viole qu'il a apprise lors de sa formation d'enfant de chœur. Celui-ci, se sentant peut-être menacé par le grand talent du jeune musicien lui dit au bout de six mois qu'il ne peut rien lui apprendre de plus ! Titon du Tillet rapporte que Marin Marais se serait alors caché sous le cabinet de travail installé dans le jardin de Sainte Colombe pour tenter de percer les secrets de ce maître mais aurait été découvert et chassé au bout de quelque temps par ce dernier.
Marais entre ensuite dans l'orchestre de l'Académie royale de musique dirigé par Lalouette - peut-être d'ailleurs grâce à l'influence de celui-ci. Le directeur de l'Académie royale de musique était alors Lully .
En 1676, il épouse Catherine Darnicourt avec laquelle il aurait eu (selon Titon du Tillet) dix-neuf enfants; on a trouvé la trace de treize enfants en tout cas, le dernier ayant été Jérôme. La pièce "Le tombeau pour Marais Le Cadet" a vraisemblablement été écrite pour lui. Marin Marais obtient en 1679 une charge de « joueur de viole de la musique de la Chambre » dans la Musique du roi (Louis XIV). Il cumulera cette charge avec une carrière de musicien à l'Opéra pendant quarante ans.
C'est en 1685 que Marin Marais commence à écrire des pièces pour viole ; un premier livre paraît en 1686. C'est cette même année qu'il entreprend d'écrire pour la scène l'Idylle dramatique qui rencontrera un grand succès mais dont n'ont été retrouvées que les paroles.
Après la mort de Jean-Baptiste Lully, qui donne aux compositeurs une plus grande liberté pour faire jouer leurs œuvres, Marais écrit Alcide (livret de Jean-Galbert de Campistron), en collaboration avec Louis Lully (fils aîné de Jean-Baptiste) qui sera représenté en 1693 avec un grand succès. Il se produit parallèlement comme violiste avec d'autres musiciens de la cour auprès de Louis XIV mais aussi de son entourage (duc de Bourgogne, Madame de Montespan ; Mme de Maintenon, etc.). C'est dans ces termes que l'abbé Coulanges rendait compte à Madame de Sévigné dans une lettre de 1696 d'une telle séance de musique: « Les jeunes gens, pour s'amuser dansèrent aux chansons, ce qui est présentement fort en usage à la Cour. Joua qui voulut, et qui voulut aussi prêta l'oreille au joli concert de Vizé (NDLR Robert de Visée), Marais, Descoteaux et Philibert. Après cela on attrapa minuit et le mariage fut célébré dans la chapelle de l'hôtel de Créquy. » Un livre publié en 1692, Pièces en trio pour les flûtes, violons et dessus de viole, montre le répertoire utilisé par Marais pour ces concerts à la cour. En 1701, Marais est appelé à diriger une très grande cérémonie pour la guérison du dauphin, réunissant deux cent cinquante musiciens et chanteurs au cours de laquelle seront interprétés, entre autres, deux de ses motets : Domine salvum fac regem et un autre dont on ne connaît pas le titre. Après cette importante prestation, il devient chef d'orchestre permanent à l'opéra vers 1704. Il écrira encore Alcyone, tragédie en musique (représentée en 1706) qui rencontrera aussi un grand succès. Il connaît ensuite une période moins faste avec l'échec de Sémélé qui sera son dernier ouvrage lyrique. Par ailleurs de nouveaux et brillants violistes viennent contester sa suprématie de violiste et de compositeur : Louis de Caix d'Hervelois et surtout Antoine Forqueray . En 1708, Marais demande et obtient que son fils aîné, Vincent, reprenne sa charge de violiste auprès du roi. Il continue cependant à jouer à la cour jusqu'à la mort de Louis XIV, après laquelle ses activités se restreignent. Il poursuit également l'enseignement et la pratique de son instrument et vit dans une certaine aisance. Presque un an jour pour jour après le décès de sa fille aînée, le 4 août 1727, il meurt à son tour le 15 août 1728.
L'œuvre
Instrumentale
Les pièces pour viole
Partie de viole du premier couplet des Folies d'Espagne du deuxième livre de pièces de viole de Marin Marais pour viole de gambe et basse continue Il écrivit près de 600 pièces pour viole, réparties en cinq livres, chacun de ces derniers comprenant, entre autres, une quarantaine de suites, avec parfois des pièces de caractères comme le Tombeau pour Monsieur de Sainte-Colombe, le Tombeau pour Monsieur de Lully , le Tableau de l'opération de la taille , etc ...
Pièces à une et à deux violes (1686) Pièces de violes, Deuxième livre (1701) Pièces de viole, Troisième livre (1711) Pièces à une et à trois violes, Quatrième livre (1717) Pièces de viole, Cinquième livre (1725)
Les pièces en trio
Le musicien est l'un des premiers, en France, à avoir écrit des pièces en trio. Pièces en trio pour les flûtes, violons et dessus de viole avec la basse continue (1692)
La Gamme et autres morceaux de symphonie pour le violon, la viole et le clavecin (1723) parmi lesquelles la célèbre Sonnerie de Sainte-Genevière du Mont ;
Concerto pour viole et concerto pour violon (perdus)
Les tragédies en musique
Idylle dramatique (1686) perdue Alcide ou le Triomphe d'Hercule (1693) (en collaboration avec Louis de Lully) Ariane et Bacchus (1696) Alcyone (1706) Sémélé (1709)
Un Te Deum (1701) et un Domine salvum fac regem (1701) sont perdus
Le 22 octobre 2006, à l'occasion du 350e anniversaire de la naissance du musicien, célébré grâce au "Festival Marin Marais", a été dévoilée à l'église Saint-Médard de Paris une plaque commémorative en hommage à Marin Marais. En effet, le nouveau-né avait été baptisé le 31 mai 1656, jour de sa naissance, dans cette Eglise.
Jean
Nombre de messages : 8779 Age : 81 Date d'inscription : 14/05/2007
Le Te Deum devait très certainement dans le style de l'époque, genre motets de Rameau.
J'ai fait ce topic car je viens d'écouter les pièces en trio pour flûte, violon et viole de gambe avec basse continue (du moins les suites en ut majeur, sol mineur et ut mineur) par l'ensemble "Aux pieds du Roy", chez Ambronay. Autant le côté triste et mélancolique des pièces pour viole me lasse assez rapidement, autant ces pièces en trio m'ont bien plu. C'est quand même tout autre chose !
J'ai entendu pas mal des pièces pour viole (y compris intégralement la grande suite d'un goût étranger), et le seule pièce que j'ai vraiment appréciée, c'est la sonnerie de Sainte Geneviève du Mont, extraite de la Gamme.
Jean
Nombre de messages : 8779 Age : 81 Date d'inscription : 14/05/2007
c'est vrai que toutes ces pièces pour violes ne sont pas ce que j'écoute le plus ...et je regrette bien d'avoir "raté" son opéra Alcyone quand on le trouvais à un prix décent!!
Manu404
Nombre de messages : 112 Age : 33 Date d'inscription : 18/08/2011
Ces mots suffiront, sinon j'y passe la journée (Préférences pour - bien évidement ses variations sur la folia, bien que trop proches de celles de Corelli, elles même trop proche de celle de Antonio Martin y Coll, elles-mêmes... (3éme livre) - Tombeau pour Mr Meliton du premier livre - Suite a deux violes en sol majeur du premier livre - Il y en a de trop... )
Opus100
Nombre de messages : 325 Age : 65 Date d'inscription : 14/08/2011
Autant le côté triste et mélancolique des pièces pour viole me lasse assez rapidement, autant ces pièces en trio m'ont bien plu.
Je ne ressens pas véritablement de lassitude (car leur chant est très mélodieux), mais plutôt une lourde tristesse dont le poids m'incite à enchainer sur autre chose de plus aérien, d'un désespoir moins enraciné.
joachim Admin
Nombre de messages : 27100 Age : 77 Date d'inscription : 19/08/2006
Ou bien c'est une question d'interprétation, ou bien c'est moi qui évolue en vieillissant
Toujours est-il que les deux CD ci-dessous m'ont quelque peu fait changer d'avis sur Marin Marais et sa chère basse de viole. Ces morceaux ne me rebutent plus comme avant, et je les écoute, sinon par réel intérêt, tout au moins sans déplaisir.
J'aime en particulier la célèbre Sonnerie de Sainte Geneviève du Mont de Paris, le Badinage, le Labyrinthe et le Prélude in G du premier CD (ainsi que le Retour, de Sainte Colombe), et la sonate à la marésienne, la Suite in C minor et les couplets des Folies du 2ème CD.
https://www.youtube.com/watch?v=4DzmkLEn3fA
joachim Admin
Nombre de messages : 27100 Age : 77 Date d'inscription : 19/08/2006
Marin Maris est surtout connu pour ses pièces pour viole - il y en aurait autour de 600 ! - mais il a aussi composé 4 opéras (appelés tragédies en musique), dont Alcyone, tragédie en 5 actes et un prologue (1706). Comme chez Lully et aussi chez Rameau, les arias sont alternativement séparés par des danses ou pièces orchestrales.
Quatre Suites d'orchestre en ont été tirées, qui sont intitulées : Airs pour les driades et les bergers Airs pour les éoliens et éoliennes Airs pour les prêtresses et les magiciens Airs pour les matelots et les tritons
D'une durée totale de 53 minutes, ces suites comportent en tout 27 morceaux, parmi lesquels trois sont relativement connus : marche des matelots, tempête et chaconne finale. La Tempête est particulièrement remarquable car elle fait appel à des tambours peu tendus devant rouler continuellement, bassons et basses de violons ainsi que percussions, le tout donne vraiment une impression d'éléments déchaînés. Elle ne dure qu'une minute et demi et l'on aimerait qu'elle dure au moins le double.
https://www.youtube.com/watch?v=1yItpKx7KBs
Jean
Nombre de messages : 8779 Age : 81 Date d'inscription : 14/05/2007
j'avais omis de vous en parler lorsque je l'ai acheté … Je viens de réécouter ce formidable opéra baroque de Marin Marais qui n'a vraiment rien à envier aux meilleurs Lully ou Rameau!! Décidément la viole de gambe (que je ne renie pas!) lui fait beaucoup d'ombre : on ne connait en général que cet aspect, quelque peu austère de ce compositeur qui ne manque pas de variété et de fougue!!… et très inspiré par la nature quand elle se déchaine: (écoutez ci dessus l'extrait d'Alcione par Jordi Savall
https://www.youtube.com/watch?v=YeRbkKNKrxE
un autre extrait de Semele par un ensemble canadien
https://www.youtube.com/watch?v=Lnw7paLSDuM
Snoopy Admin
Nombre de messages : 31216 Age : 49 Date d'inscription : 10/08/2006
Re : Sophie Watillon, interprète de la vidéo envoyée par Pébété :
Sophie Watillon est une gambiste belge spécialisée dans le répertoire baroque, née le 7 décembre 1965 à Namur (Belgique) et décédée dans sa ville natale le 31 août 2005, à l'âge de 39 ans.
joachim Admin
Nombre de messages : 27100 Age : 77 Date d'inscription : 19/08/2006
Marin Marais (Paris, né le 31 mai 1656 - Paris, le 15 août 1728) est un compositeur et joueur de viole français.
Fils de Vincent Marais, cordonnier d'origine modeste, Marin entre en 1667 à la chorale de St Germain-l'Auxerrois, aidé de son oncle Louis Marais, vicaire de cette église placée sous le patronage royal. Il y resta jusqu'en 1672 et reçut une excellente éducation musicale auprès de François Chaperon ; le jeune Michel-Richard de Lalande était condisciple. C'est probablement là que Marais a commencé à apprendre la viole avant de terminer ses études avec le célèbre joueur de basse de viole Sainte-Colombe. On dit qu'il a dépassé son professeur après six mois, de sorte que bientôt (vers 1675) il jouait dans l'orchestre de l'Opéra de Paris. Grâce à Lully, directeur de l'Opéra, il participe à la création d'Atys à la cour en 1676, l'année de son mariage avec Catherine Damicourt, et y poursuivit sa carrière instrumentale à partir de 1679 comme ordinaire de la musique de la chambre du roi. Ayant reçu une excellente formation auprès de Lully, il devient rapidement compositeur. En 1686, il publie son premier recueil de pièces pour viole et fait représenter à Versailles une Idylle dramatique « en présence de toute la cour ». Il a été bien reçu. Plus tard, il écrivit aussi des motets, mais c'est dans la musique instrumentale et dramatique qu'il excella. Dès la fin du XVIIe siècle, sa renommée dépasse les frontières de la France et il atteint l'apogée de sa carrière en 1706 avec la création de sa tragédie en musique Alcyone. À cette époque, il venait de remplacer Campra comme batteur de mesure (chef d'orchestre) de l'orchestre de l'Opéra et était un ami intime de Nicolas Bernier, qui épousa sa fille Marie-Catherine en 1712. Après l'échec de Sémélé en 1709, et face à une sérieuse concurrence en tant que virtuose de la viole d'Antoine Forqueray, Marais se retire progressivement de la vie publique. Son fils Roland Marais (c.1685-c.1750) était aussi joueur de viole et compositeur.
Virtuose de la viole, Marais fut l'un des premiers instrumentistes français à s'imposer comme soliste. Doué d'une technique remarquable, il la développa en y ajoutant de nouvelles complexités. Sa sonorité agréable était d'une rare puissance, grâce à un jeu "aérien" qui utilisait à fond les cordes à vide et leurs harmoniques. Cependant, sa virtuosité a toujours pris le pas sur sa musicalité. Ses performances, pleines de charme et de "feu", ont captivé ses contemporains, qui ont dit qu'il jouait "comme un ange". Compositeur et interprète sont étroitement liés, car à cette époque les solistes se concentrent presque exclusivement sur l'interprétation de leurs propres œuvres lors de concerts.
Entre 1686 et 1725, Marais publie cinq recueils de pièces pour viole et continuo, et plusieurs suites pour deux et trois violes – un total de 596 pièces regroupées en 39 suites, dont deux pour trois violes. A cela s'ajoutent 45 pièces inédites dans la Panmure Collection d'Edimbourg (vers 1680) et les Pièces en trio pour les flûtes, violons et dessus de viole (1692), l'un des premiers exemples de trios en France, ainsi que La gamme et autres morceaux de symphonie pour violon, viole et clavecin (1723). Ces suites, plus ou moins longues, représentent un répertoire complet des danses de la bonne société de l'époque. Elles contiennent de 7 à 41 mouvements courts et simples, encadrés par des éléments plus élaborés : préludes, chaconnes ou passacailles aux variations brillantes. Il y a aussi des "pièces de caractère" de diverses sortes. Certains visent la difficulté instrumentale : fantaisies, bourrasques, caprices et les Couplets de folie, 32 variations sur le célèbre thème de Corelli ; d'autres sont descriptifs, avec des cloches, des forgerons et des marches turques ou persanes. Les autres, enfin, sont autobiographiques : tombeaux dédiés aux maîtres de Marais, Lully et Sainte-Colombe, et à l'un de ses fils, et il y a aussi le Tableau de l'opération de la taille, décrivant l'ablation d'un calcul rénal. Ils sont intéressants pour leur liberté d'inspiration, leurs effets harmoniques, leurs modulations rapides et leur sensibilité discrète mais réelle.
https://www.youtube.com/watch?v=1VFogzSkw4Y
Pébété
Nombre de messages : 2563 Age : 79 Date d'inscription : 19/03/2019
La Gamme, est une œuvre-fleuve d’une quarantaine de minutes, dont les épisodes, comme son nom l’indique, visitent dans l’ordre le ton de chaque note en montant la gamme diatonique, do, re, mi, fa, sol, la, si do, puis en descendant, si, la, sol, fa, mi re do, en passant imperceptiblement d’une tonalité à l’autre. L’enregistrement divise cette pièce en 15 plages, une par ton, et l’ensemble marque souvent de manière cadentielle le passage d’une armure à l’autre. Il n’est pas certain que ce soit le but du jeu, mais le choix est justifié : la partition indique « En forme de petit opéra ». Bien fort est qui imaginera un livret liant ces 15 scènes (en continue dans la partition), mais au moins cela légitime la succession d’arias, de danses, de questions-réponses en écho. La densité musicale y est étonnante, la virtuosité polyphonique et les sophistications rythmiques magnifiques.
Pébété
Nombre de messages : 2563 Age : 79 Date d'inscription : 19/03/2019
Le compositeur ne manque pas non plus d’humour. C’est ainsi qu'il nous décrit minutieusement dans une pièce de viole l’opération dite "de la taille" consistant à extraire un calcul rénal, autrement dit une petite pierre, résultat d’un dépôt calcaire, qui s’est coincée dans l’urètre.
Suite Nº 7 en mi mineur : Tableau de l'opération de la taille
J.-L. Charbonnier – P. Rousseau – M. Buraglia – P. Torcellier – J.-P. Marielle (récitant)
Anouchka
Nombre de messages : 8303 Age : 63 Date d'inscription : 03/04/2014