Sergiu Celibidache

Sergiu Celibidache est un chef d'orchestre allemand d'origine roumaine, né le 28 juin 1912 en Roumanie et mort le 14 août 1996 à Paris

Il fait ses études à Berlin et, de 1945 à 1952, est le principal chef d'orchestre de l'Orchestre philharmonique de Berlin.

Il dirige ensuite au Danemark, en Suède, en Amérique du Sud, en Italie, en France. De 1979 jusqu'à sa mort, il est le principal chef d'orchestre de l'Orchestre philharmonique de Munich et, à partir de 1983, il enseigne la phénoménologie de la musique au Curtis Institute à Philadelphie.
Il fait partie des musiciens qui ont beaucoup réfléchi sur la musique, et son travail intellectuel, qu'il transmettait uniquement oralement est considérable. Sa conception de la technique de direction d'orchestre est aussi d'une très grande portée.

Il n'aimait pas enregistrer, préférant les concerts en public. Toutefois, un grand nombre de ses trente dernières années ont été enregistrés par les stations de radio auxquelles sont liés les orchestres qu'il dirigeait. À la fin des années 1990, son fils Serge Ioan a autorisé Deutsche Grammophon à publier les enregistrements de Stuttgart (1971-1977) et EMI ceux de Munich (1979-1996, enregistrés par la Radiodiffusion bavaroise). Les CD édités ont particulièrement mis en valeur les interprétations des symphonies d' Anton Bruckner et Johannes Brahms.

Je viens de voir quelques coffrets EMI en préparation de Celibidache.

http://www.amazon.fr/s?_encoding=UTF8&search-alias=music-fr&field-artist=Sergiu%20Celibidache

J'ai toujours entendu parler de ce chef mais n'ai jamais entendu une oeuvre interprétée par lui.

Comment peut Il être caractérisé et quel est son répertoire de prédilection.

C'est un chef qui adoptent, jean ne me contredira pas, des tempis trés lents de manière générale.
Je déconseille les adeptes de la musique façon air buz A380 les enregistrements de ce chef

Olivier a écrit:

Je viens de voir quelques coffrets EMI en préparation de Celibidache.

http://www.amazon.fr/s?_encoding=UTF8&search-alias=music-fr&field-artist=Sergiu%20Celibidache

J'ai toujours entendu parler de ce chef mais n'ai jamais entendu une oeuvre interprétée par lui.

Comment peut Il être caractérisé et quel est son répertoire de prédilection.

la discographie que tu proposes donnent une assez bonne idée de son répertoire ...
A noter que tous ces cd sont des enregistrements radio (à part quelques rares exception: ce chef refusait d'enregistrer ne voulant pas , si je me souviens bien, "figer" les oeuvres qu'il dirigeaient en une "interprétation...
(NB..Il n'avait cependant pas la réputation d'interpréter si différemment les oeuvres qu'il dirigeait.

Il avait une assez grande réputation et en général très aimé des orchestre qu'il dirigeait (comme l'orchestre National de France dont il a été directeur quelques années ; il a été très regretté lors de son départ)

Comme le dit Ojoj...il ne faut pas comme moi, préférer en général des tempos vifs pour l'apprécier !!...
Quand j'étais jeune,il n'était pas très connu et c'est Otto Klemperer (un peu aussi Furtwangler)qui était réputé pour , en général, étirer les tempos de presque tout ce qu'il dirigeait...
Je crois que Célibidache a fait bien pire (ou mieux selon les goüts ) dans ce domaine...
J'ai eu l'occasion une fois d'entendre sa 4ème symph de Tchaikovky...je n'ai pas pu aller au bout tellement j'étais exaspéré par la lenteur ...même des mouvements qui naturellement doivent.."bouger"!!

Je viens de recevoir ce coffret de Celidibache. J'ai toujours été intrigué Par ce chef et sa réputation de tempos lents et de refus des enregistrements.
Parmi les 4 coffrets EMI venant de sortir pour commémorer avec un peu d'avance ses 15 ans de disparition, j'ai choisi celui ci en raison de compositeurs interprétés qui me sont quasi tous très familiers : Haydn, Mozart, Beethoven, Brahms, Schubert et Schumann.
Il s'agit d'enregistrements publics à Munich que son fils a autorisé par la suite à diffuser via le label EMI.



Pour l'instant j'ai déjà écouté les 3 premières symphonies de Brahms.
En premier lieu, je trouve les enregistrements de très bonnes qualité, mais je suis sous le charme de l'interprétation.

Ces symphonies ne ressemblent à aucun autres enregistrements que j'ai déjà écoutés. Le tempo est certes lent mais cela ne me gênent absolument pas car les oeuvres gagnent en transparence et je me délecte dans une multitude de détails qui ne m'étaient pas révélés précédemment.

Il me tarde de découvrir les autres œuvres... et je sens que je vais bientôt craquer pour les autres coffrets dont sans doute celui de Bruckner.

J hésite un peu plus avec les oeuvres Chorale et le coffret de musique Française et Russe pour lequel je ne suis pas encore convaincu par l'usage des tempos lents.

Je poursuit l'écoute de ce coffret et approfondi l'art singulier de Celibidache.

Il a de fait, une notion du tempo qui lui est très personnelle. Avec lui, le temps s'étend sereinement mais sans perdre à la cohérence globale de l'oeuvre. Les tempos lents permettent ainsi d'entendre une multitude de détail et offre ainsi une possibilité de ré découvrir ou d'approfondir des oeuvres.

En ce moment, je me délecte à l'écoute de la symphonie 103 de Haydn. Le tempo relativement lent notamment du second mouvement (12 min) permet de découvrir pleinement d'une multitude de détails sans rien altérer à la cohérence de l'ensemble de l'oeuvre.

J'ai poursuivi mon exploration de Celidibache par l'achat des deux coffrets suivants qu'il me tarde de découvrir.

Comme l'a dit Snoopy au dessus, Celibidache avait fait plein de réfléxions sur la musique, et avait des conceptions tellement... Je suis sûre que ca a fait avancé beaucoup de choses dans la musique. Mais voila à part, je n'en sais pas plus. Quelqu'un aurait des témoignages, ou des écrits, ou tout simplement des infos sur ses expériences et ses travaux sur la musique ?

Quelques citations de Celibidache :

Sur le tempo :« Mon Dieu, que je serais heureux si Furtwängler était parmi nous aujourd'hui et montrait au monde ce qu'est un tempo large ! »

Sur la direction d'opéra : « Vous savez combien de difficultés les chefs doivent affronter lorsqu'ils travaillent avec simplement l'orchestre. Alors imaginez la somme de soucis supplémentaires qui vous tomberaient dessus s'il s'agissait d'opéra: chanteurs arrogants, metteurs en scène ayant peu de connaissances musicales mais jamais à court d'idées à faire trembler la terre, corps de ballet gambadant tout autour de la scène... Sans parler des choristes qui ne vous suivent pas parce qu'on leur a imposé de regarder du mauvais côté. Que devient la musique dans tout cela ? »

Sur le compositeur Tchaïkovski : « Dès qu'il pose la main sur l'orchestre, cela sonne ! »

Sur Anton Bruckner et la profondeur de sa musique : « Pour l'homme normal, le temps c'est ce qui vient après le début ; le temps de Bruckner, c'est ce qui vient après la fin (...) Je suis heureux de pouvoir encore aujourd'hui lire les lignes qu'il nous a laissées. »

Merci Olivier, c'est vraiment très intéressant,

Pianoline a écrit:

Quelqu'un aurait des témoignages, ou des écrits, ou tout simplement des infos sur ses expériences et ses travaux sur la musique ?

Pour t'apporter des éléments de réponse, voici les informations que je viens de lire avec beaucoup d'intérêt sur Wikipedia. Ces quelques lignes me confortent encore à me plonger dans ses enregistrements Munichois.

Théorie et pratique de la musique :

Par une contradiction douloureusement vécue par Celibidache lui-même, son génie musical unique lui valut de son vivant, et jusqu'à aujourd'hui encore, une incompréhension persistante de la part des critiques et des musiciens, que lui-même accablait d'ailleurs volontiers de jugements incendiaires, les musicologues et le public qui le connurent lui ayant quant à eux voué une admiration confinant parfois à la dévotion. D'une certaine façon le destin de Celibidache confirma a contrario la prophétie de son compatriote roumain Emil Cioran: "La pire chose qui puisse arriver à un artiste, c'est d'être compris de son vivant". Dans l'ombre du demi-siècle où il exerça son métier de chef d'orchestre, Celibidache, conscient de n'être pas reconnu à la hauteur de son talent, fut poussé à réévaluer sans cesse sa démarche artistique dans le sens d'un approfondissement spirituel toujours plus exigeant, jusqu'à atteindre une altitude dont les enregistrements des Symphonies de Bruckner avec l'Orchestre Philharmonique de Munich sont le témoignage peut-être le plus bouleversant. 

Que de chemin parcouru entre le jeune homme un peu trop élégant de l'après-guerre et le mage impassible des dernières années, dont chaque sourire vient illuminer le visage de masque ! Incarnation kierkegardienne des étapes sur le chemin de la vie, Celibidache a su tout aussi bien pousser le raffinement sonore de la musique française jusqu'aux limites des possibilités de l'orchestre, que baigner d'une lumière surnaturelle les grandes œuvres de la musique sacrée. Créateur, pédagogue et figure charismatique, Celibidache a puisé dans Plotin, la phénoménologie husserlienne et le bouddhisme zen le moyen de traverser la surface de la musique en direction d'une vérité dont Furtwängler était avant lui peut-être le seul et dernier dépositaire, mais au sein d'un univers culturel humaniste et goethéen très différent, quoique tout aussi "inactuel" au regard de la période historique où il prenait place.

Celibidache a été conduit par là à considérer l'œuvre musicale moins comme une expression de la beauté, que le support d'une vérité. En arrachant toute œuvre à son horizon esthétique pour en faire l'objet d'une expérience ontologique, le chef ne pouvait que récuser la notion et le terme même d'interprétation au profit d'une conception dépersonnalisée de l'art, où la personnalité de l'artiste s'efface derrière la qualité du témoin, dans la mesure où le beau ne vaut qu'autant qu'il fait signe vers le vrai qui le dépasse. À la manière dont au Moyen Âge l'artisan assemblait dans l'anonymat les éléments du vitrail d'une cathédrale, Celibidache, d'un tempérament pourtant volcanique lorsqu'il s'agissait de défendre son art, a conçu sa propre tâche comme celle d'un officiant, chargé d'un culte exigeant le sacrifice de l'arbitraire de la subjectivité. Celibidache entendait plus exactement dissocier le temps musical du temps métrique de l'horloge, au profit d'une temporalité en quelque sorte soustraite au Temps lui-même, c'est-à-dire une forme d'éternité, grâce au respect de l'unité formelle faisant de chaque œuvre un tout parfaitement intégré. Chaque "interprétation" de Celibidache paraît ainsi toujours conforme aux critères par lesquels saint Thomas définissait la beauté: unité, totalité, splendeur. En termes techniques, Celibidache parvenait grâce au soin maniaque apporté aux articulations, à construire des mouvements d'une cohérence et d'une fluidité organiques, et grâce à une conscience aiguë de l'ordre des priorités entre toutes les voix de l'orchestre, à mettre en place une polyphonie transparente. Pareil respect de la complexité d'une partition, joint à la recherche constante de l'unité qui donne sens à cette multiplicité, conduisait Celibidache à modifier de façon parfois spectaculaire l'usage des tempi généralement en vigueur dans les grandes œuvres du répertoire.

Ainsi, sous les mains de Celibidache, et particulièrement lors de sa période munichoise, la musique devenait comme "l'image mobile de l'éternité immobile". Il en résultait bien un éclat, cette "claritas" thomiste, dont témoignent en particulier ses enregistrements de Debussy, où la logique du déroulement et la profondeur de l'émotion ne se contredisent pas mais au contraire se conditionnent l'une l'autre. L'héritage de Celibidache est donc tout aussi paradoxalement celui d'une liberté conquise, liberté artistique aussi bien que personnelle, et symétriquement d'une libération des habitudes d'écoute de l'auditeur. Il reste indubitablement l'un des chefs les plus exigeants et les plus novateurs de la seconde moitié du xxe siècle, et à coup sûr celui dont les interprétations auront contribué à prolonger par des voies inédites la vocation métaphysique de la musique occidentale.

Ouaou, c'est vraiment impressionnant. Si seulement il y en avait plus des gens comme ca ! Dommage qu'il n'ait pas laissé de romans ou d'écrits de lui sur sa conception de la musique et sur la phénoménologie de la musique, ca m'aurait plus qu'intéressée !
Merci beaucoup Olivier !

Pianoline a écrit:

Ouaou, c'est vraiment impressionnant. Si seulement il y en avait plus des gens comme ca ! Dommage qu'il n'ait pas laissé de romans ou d'écrits de lui sur sa conception de la musique et sur la phénoménologie de la musique, ca m'aurait plus qu'intéressée !
Merci beaucoup Olivier !

Reste à l'écouter dans ses enregistrements dont la 1ere Symphonie de Brahms

han, j'ai tellement de choses à découvrir et à écouter ! Je note !

Jacqueline Duprè, feue l'épouse de Baremboim a enregistré avec Celibidache un concerto pour violoncelle de Dvorak qui reste une référence, n'est-il pas ??

Ce que tu dis là, Bouddha, évoque ma curiosité pour cette interprétation de cette oeuvre que j'aime beaucoup dans de nombreuses autres interprétations.

Je vais chercher à me procurer cet enregistrement pour découvrir le dialogue entre cette soliste et le maitre.

C'est dans ses interprétations de Bruckner que j'apprécie le plus Celibidache.
En fait c'est à travers celles-ci que je l'ai découvert et depuis je suis dépendant (addict comme on dit aujourd'hui).

Moi je trouve les 3ème et 6ème de Beethoven passionnantes par Celibidache. J'ai moins eu l'occasion d'écouter ses Bruckner ayant déjà les interprétations de Günter Wand que j'adore. Je trouve par contre que dans Tchaikovsky l'approche de Celibidache marche moins bien.

Pour Tchaikovski, je suis bien d'accord avec toi: j'ai gagné quelques cd sur un ancien "jeux" de radio classique: il y avait une 4eme de Tchaikovski par Célibidache: je n'ai pas pu aller juqu'au bout tellement je ressentais ses tempi aller contre cette musique!
Pourtant en général, çà ne me rebute aucunement (au contraire!!) d'écouter des versions très différentes de chef d'oeuvre que j'aime beaucoup et connais assez bien!...
Ainsi j'aime beaucoup la Messe en si de Bach par les baroqueuex (Gardiner, Jacobs, Savll etc...) : çà ne m'empèche pas d'apprécier des versions telles que celles de Karl Richter, ou Otto Klemperer (très voisine de celle de Célibidache d'ailleurs ...mais avec des solistes que je préfère chez Klemper qui a aussi une bien meilleure prise de son...qui n'est pas une prise de concert!)

Suivant le conseil de Bouddha j'ai recherché et viens de trouver le concerto de Dvorak avec Dupré.
Mais pas encore écouté.
Comme j'adore Dupré qui était tellement pleine de vie avant sa maladie je garde ça pour un moment calme.

C'est aussi parti pour les symphonies de Beethoven et de Brahms...