Benedetto Marcello (né le 31 juillet ou 1er août 1686 à Venise - mort le 24 juillet 1739 à Brescia) était un compositeur baroque italien de la première moitié du xviiie siècle. Il était le frère de Alessandro Marcello(1673-1747).
Issu d'une noble famille vénitienne (dans ses œuvres il est souvent qualifié de Patrizio Veneto), Benedetto Marcello était destiné par son père à une carrière de juriste bien qu'il reçût des leçons de musique de maîtres aussi réputés que Lotti et Gasparini. En 1711 il devint membre du Conseil des Quarante et en 1730, envoyé à Pola comme Provveditore. Sa santé s'étant détériorée au climat défavorable de l'Istrie, il démissionna au bout de huit ans, s'installa à Brescia en tant que Camerlengo, et c'est dans cette ville qu'il mourut de la tuberculose.
Le 20 mai 1728, Benedetto Marcello épousa son élève, la chanteuse Rosanna Scalfi lors d'une cérémonie secrète. Cependant, en tant que noble, son mariage avec un roturier était illégal et, après la mort de Marcello, le mariage fut déclaré nul par l'État. Rosanna n'a pas pu hériter de sa succession et a intenté un procès en 1742 contre le frère de Benedetto, Alessandro Marcello, à la recherche d'un soutien financier.
On connaît principalement Benedetto Marcello pour son Estro poetico-armonico publié à Venise en 1724-1727, qui est une mise en musique pour voix et basse continue des cinquante premiers psaumes, dont les paroles furent adaptées en italien par G. Giustiniani. Cette œuvre fut très admirée, notamment par Charles Avison et John Garth qui en firent une édition avec paroles en anglais (Londres 1757). On en retrouve des extraits dans l'ouvrage de Hawkins, History of Music. Il a été un des premiers compositeurs à écrire pour le violoncelle et laisse une série de sonates de très grande qualité qui rejoignent les travaux de Gabrielli et de Vivaldi pour cet instrument.
En ce qui concerne ses autres compositions, il s'agit principalement de cantates à une ou plusieurs voix ; la bibliothèque du Conservatoire de Bruxelles quelques volumes intéressants de cantates de chambre composées pour sa maîtresse. Il composa aussi un opéra, La Fede riconosciuta, représenté à Vicenza en 1702, mais n'avait guère d'attirance pour ce genre de composition et exposa ses opinions sur l'état du drame en musique à son époque par un pamphlet satirique titré Teatro alla moda et publié de façon anonyme à Venise en 1720. Ce petit ouvrage, fréquemment réédité, n'est pas seulement extrêmement drôle, c'est aussi une contribution très importante à l'histoire de l'opéra. On a donné son nom au conservatoire de musique de Venise.
Le frère aîné de Benedetto, Alessandro, fut aussi compositeur, entre autres activités.
Snoopy Admin
Nombre de messages : 29302 Age : 48 Date d'inscription : 10/08/2006
En 1728, il publie l’Estro poetico-armonico, recueil dans lequel les 50 premiers Psaumes de l’Ancien Testament sont mis en musique. Ceux-ci ne sont pas traités de manière liturgique, comme le sont ceux de la plupart des compositeurs (cf. l’audition dédiée à Claudio Monteverdi le 31 mai). Il s’agit d’une paraphrase en italien des Psaumes de David. Dans ses longues préfaces, Marcello explique que son propos est neuf : il a voulu se rapprocher de l’esprit originel des Psaumes juifs. C’est pourquoi il n’hésite pas à utiliser certaines mélodies hébraïques qu’il a dû entendre dans le ghetto de Venise, qui était l’un des plus importants au XVIIIe siècle, et où les Juifs bénéficiaient de conditions de vie relativement clémentes.
Marcello a individualisé chaque Psaume en lui donnant une forme et une distribution différentes. Les deux Psaumes choisis favorisent les voix graves.
Dans le Psaume 48 pour trois voix, le compositeur déploie une écriture contrapuntique à l’ancienne, qui démontre l’étendue de sa science musicale. Le sujet du texte est grave en effet : pourquoi le méchant peut-il prospérer au détriment du juste ? C’est, dit le texte, que l’homme opulent mais sans sagesse « ressemble au bétail que l’on abat ».
Le Psaume 19 est bien différent. Il s’agit d’une prière du roi David avant la bataille. Sa polyphonie à 4 voix fait alterner de courtes interventions de solistes et le chœur. Le compositeur utilise certaines strophes comme un refrain. Il cite aussi une mélodie des « hébreux allemands », d’abord exposée par les altos, puis reprise par tout le chœur. Pour terminer, la dernière strophe est construite sur l’intonation du 4e ton ecclésiastique. Marcello allie donc les traditions hébraïques et chrétiennes, fait rare à l’époque.
Les 4 volumes de Estro poetico-armonico fut réédité de nombreuses fois lors du XVIIIe siècle, et même au XIXe. Ce succès d’édition est d’autant plus étonnant que les œuvres ne pouvaient être chantées à l’église. Il s’agissait donc d’une œuvre appréciée avant tout par les connaisseurs et les amateurs de musique.
Au cours de son voyage en Italie autour de 1770, le musicologue Charles Burney eut l’occasion d’entendre des Psaumes de Marcello, qui étaient donc toujours chantés après la mort de leur auteur.
« Venise a aussi été l’une des premières villes d’Europe à cultiver le drame musical ou l’opéra. Dans un style plus grave, elle a eu l’honneur d’être la patrie d’un Lotti et d’un Marcello (…). Je fus invité à une de ces assemblées (concerts privés) qui se réunit tous les jours de fête pour chanter les ouvrages de Marcello, sans autre accompagnement qu’un clavecin ; comme cette academia avait un caractère différent de celles auxquelles j’avais assisté en Italie, j’acceptai l’invitation, quoique je fusse très tenté d’aller aux Incurabili où Buranello (Baldassare Galuppi) et ses élèves m’auraient sûrement procuré le plus grand plaisir. J’entendis plusieurs Psaumes de Marcello, très bien chantés par l’abbé Martini et quelques autres dilettanti, parmi lesquels il y avait une fort belle voix de basse ».
Son œuvre essentielle, L’estro poetico armonico, est une paraphrase, écrite en italien par le librettiste Girolamo Giustiniani, des 50 premiers Psaumes de David. Cette œuvre monumentale fut publiée en 8 volumes, entre 1724 et 1726, et provoqua l’admiration de nombreux musiciens de son époque, notamment de Telemann. c o ntinue
Psaume XVIII (Caeli Enarrant) de Benedetto Marcello, pour chœur et basse
Il porte le titre italien Caeli enarrant (Les Cieux racontent…), est écrit pour chœur et basse continue ( orgue et violoncelle) : le texte italien substitué au texte hébraïque initial, nous donne une autre vision de la pensée du Roi David. Pour donner encore plus d’authenticité à son travail, Marcello a collecté de nombreuses mélodies juives, entendues notamment dans le ghetto vénitien. Par exemple, la cinquième partie de ce Psaume XVIII – Santa divina legge ( sainte divine loi) – repose sur la mélodie d’un psaume sépharade, régulièrement chanté à la synagogue de Venise et dont Marcello s’est imprégné de la substance.
L’Estro poetico armonico, mise en musique sur des textes italiens, des 50 premiers psaumes de David et inspiré des chants sacrés des communautés juives réfugiées à Venise, est une brillante illustration de ses principes.
Dans ces œuvres écrites pour une ou plusieurs voix avec une simple basse continue, la ligne musicale rend toute sa valeur au texte.
joachim Admin
Nombre de messages : 25333 Age : 77 Date d'inscription : 19/08/2006
La morte d'Adone (serenata, 1710 o 1729, Venezia) La gara amorosa (serenata, 1710-2, Venezia) Psiché (intrezzo scenico musicale, libretto di Vincenzo Cassani, 1711-2 o 1720-5, Venezia) Spago e Filetta (intermezzo) in Lucio Commodo (tragedia, 1719, Venezia) Le nozze di Giove e Giunone (serenata, 1725, Vienna) Calisto in orsa (pastorale, 1725, Venezia) Arianna (intreccio scenico musicale, libretto di Vincenzo Cassani, 1727 ca., Venezia)
Musique vocale séculière :
12 canzoni madrigalesche et 6 arie per camera per 2-4 voci Op. 4 (1717, Bologna) 380 cantatas (sur des textes de Marcello lui-même), à 1 voix et basse continue, 22 avec cordes (dont Carissima figlia, Didone, Gran tiranno è l’amore, Percorelle che pascete, Senza gran pena) 81 duetti da camera per 2 voci e basso continuo, 2 avec cordes (dont Timoteo, Clori e Daliso, Clori e Tirsi) 7 trii da camera per 3 voci e basso continuo 5 madrigali per 4-5 voci
Musique sacrée :
Oratorios
Il sepolcro (1705, attribuito, forse di Marc'Antonio Ziani) La Giuditta (1709, Venezia) Joaz (1727, Venezia) Il pianto e il riso delle quattro stagioni dell'anno per la morte, esultazione e coronazione di Maria Assunta in Cielo (1731, Macerata) Il trionfo della poesia e della musica nel celebrarsi la morte, e la esultazione, e la incoronazione di Maria sempre Vergine Assunta in Cielo (1733)
Autres musiques sacrées
Estro poetico-armonico: parafrasi sopra li primi (e secondi) venticinque salmi (testi di Girolamo Ascanio Giustiniani, 1724-6, Venezia) 8 messe per 3-8 voci Requiem in sol minore 4 antifone 3 graduali 1 inno 1 Lamentazione di Geremia 1 Lezione per la Settimana Santa 2 Magnificat 5 Miserere 8 mottetti 3 offertori 2 vespri
Musique instrumentale :
Concertos et sinfonias
12 concerti a 5 con violino e violoncello obbigati, op. 1 (1708, Venezia) Concerto in re minore per oboe, archi e basso continuo (d'Alessandro) 3 Concerti in re maggiore per violino, archi e basso continuo Concerto in mi bemolle maggiore per violino, archi e basso continuo Concerto in fa maggiore per violino, archi e basso continuo Concerto in fa maggiore per 2 violini, archi e clavicembalo (1716-7) Concerto in re maggiore per flauto, archi e cembalo 7 sinfonie a quattro (in re magg., in fa magg., 2 in sol magg., 2 in la magg., in si magg.)
Sonates
6 sonate per 2 violoncelli o 2 viole da gamba e violoncello o basso continuo Op. 2 (1734 ca., Amsterdam) 6 sonate per violoncello e basso continuo (in fa magg., mi min., la min., sol min., do magg., sol magg.) Op. 1 (1732, Amsterdam ou op 2 (1732, Londres) 12 sonate per flauto e violoncello o basso continuo Op. 2 (Venice, 1712) ou op 1 (1732 Londres) Sonata in sol minore per violino e basso continuo Sonata in si bemolle maggiore per violoncello e basso continuo 4 sonate per flautino (flûte à bec soprano) et b.c. (in do magg., 2 in sol magg., 2 in sol min.)
Musique pour clavier :
12 sonate per cembalo Op. 3 (1712-7, Venezia) 35 sonate e vari movimenti di sonate 4 minuetti Suite di 30 minuetti
Ecrits
Fantasia ditirambiva eroicomica (or Volo Pindarico, 1708) Lettera famigliare d’un accademico filarmonico et arcade (1716) Sonetti: pianger cercai non già dal pianto onore (Venice 1718) Il teatro alla moda (Venice 1720) A. Dio: Sonetti … con altre rime, d’argomento sacro e morale (Venice 1731) Il divino Verbo fatto Uomo, o sia L’universale redenzione (at least 21 Canti)
Dernière édition par joachim le 2019-02-01, 10:24, édité 1 fois
felyrops
Nombre de messages : 1419 Age : 76 Date d'inscription : 26/09/2007
Merci, Snoopy pour cette biographie très détaillée (mais où trouves-tu tout cela?) Merci, Joachim pour ce catalogue actualisé. Pourrait-on en déduire que Benedetto Marcello serait le tout dernier italien à écrire des madrigaux ou des compositions madrigalesques. J'ai des "Salmi di Davide" une édition tardive, Parigi, Carli, Boulevard Montmartre 14, numéro de planche 900. Très curieusement, l'accompagnement piano est de Francesco Mirecki, Polacco. L'impression et la reliure indiquent qu'il s'agit d'une édition de la fin du 18e siècle. J'ignore si ces Psaumes sont enregistrés sur cd.
Snoopy Admin
Nombre de messages : 29302 Age : 48 Date d'inscription : 10/08/2006
Pour le moment je découvre la musique de Benedetto Marcello et je suis heureuse de découvrir sa biographie ici.
Je m'y intéresse plus particulièrement parce que je viens de recevoir une sonate à lui à jouer à la flûte à bec et que j'aime connaître les compositeurs dont je joue la musique. C'est une belle découverte, j'aime sa musique pleine de bonne humeur , de variations étonnantes, souvent légère, parfois grave...
Je vous partage ces concertos que je suis en train d'écouter et qui me plaisent énormément... et qui ne sont pas à la flûte à bec mais pour la plus grande partie au violon et violoncelle
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shanessean
Nombre de messages : 815 Age : 86 Date d'inscription : 19/08/2009
Encore quelques éléments intéressants au sujet de B. Marcello :
Benedetto Marcello, issu d'une illustre famille patricienne, associe l'activité de musicien à celle de magistrat. Il a activement participé à la vie littéraire et musicale de Venise au point d'être connu connu comme "le prince de la musique", surnom qui lui a été donné surtout pour la création d'un recueil important de 50 psaumes intitulés: "Estro poetico armonico" (1724-1726). Dans ce cycle de compositions insolites dans la tradition musicale italienne B. Marcello se révèle un musicien vigoureux et dramatique même s'il continue à être inspiré par un important équilibre et par une clarté dans la composition. Ces caractéristiques se retrouvent dans sa production théâtrale vocale et instrumentale : "les concerti a cinque" (1707), les "Sonates pour clavecin" (1710) et pour flûte (1710), les oratorios Giuditta (1726), les Canzoni madrigalesche e arie per camera (1717), Ariama (1727). Sa célébrité vient aussi de la prose satirique grâce à "Il teatro alla modo" (1720) un opéra qui ridiculise les habitudes et les intrigues des personnages qui animaient le monde varié du théâtre de l'époque. Il a aussi publié des tragédies et des poésies.
Un de ses frères Alessandro Marcello (Venise, 1684-1750) a été lui aussi un important compositeur. Il s'est distingué avec douze sonates pour basse et violon et un recueil de six concerts pour hautbois et cordes?
laudec
Nombre de messages : 5667 Age : 71 Date d'inscription : 25/02/2013
Voilà que je me trompe en attibuant des sonates de Benedetto à Alessandro ... je répare en les déplaçant ici avec toujours le même plaisir de les écouter
Benedetto Marcello qui a beaucoup écrit pour la flûte et notamment pour la flûte à bec, très agréable à jouer et à écouter pour moi, toute l'ambiance baroque dans ces sonates, ici l'opus 4
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ou l'opus 2 par l' Accademia Claudio Monteverdi Venezia, Hans Ludwig Hirsh
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steph-w
Nombre de messages : 719 Age : 62 Date d'inscription : 07/02/2007