Malgré mes remarques sur Poise voilà tout de même un résumé de l'atelier lyrique de Franche-Comté:
Des personnages dans un lieu unique, un jardin, un nulle part, un partout, hors du temps.
Sortis de la commedia dell' arte, quatre personnages emblématiques (Arlequin, Colombine, Lélio, la Comtesse-Isabelle) comme des jouets laissés dans un jardin, des jouets aux figures archétypales, intemporelles, s’animent pour jouer, semble-t-il, la même histoire : la comédie de la séduction, la valse–hésitation du sentiment amoureux, la seule que leur nature, leur âme, leur permettent de jouer, la seule qu’ils savent jouer.
Un étrange tropisme gouverne ces personnages lesquels, fuyant l’amour, s’embrasent en un instant pour un(e) inconnu(e). Ce feu soudain semble être leur raison d’être, de s’émouvoir, de se mouvoir : sans lui les personnages s’ennuient, dépérissent.
L’état amoureux dans tous ses transports est la main qui anime ces marionnettes.
Ils n’ont pas d’autres raisons d’être là, d’autres lieux que celui-là, il leur suffit de vivre l’amour comme un en–soi, hors des déterminations extérieures, comme la seule possibilité d’être ; tout y conduit et tout en vient.
En découlent des comportements, des attitudes, voire des gestuelles précises, quatre manières d’incarner l’état amoureux, chacun suivant sa nature, son caractère et son rang social (dissimulation aristocratique, provocante séduction ancillaire…) Les personnages s’observent, se jaugent, dissimulent, se dévoilent ; danse prénuptiale d’animaux aux aguets.Les personnages ont traversé le temps renouvelant leur modernité, comme des figurines repeintes au goût du jour au fils des ans.
Par l’adaptation du texte de Marivaux par Monselet et la musique de Poise, ils ont hérité du 19e siècle une simplicité élégante et joyeuse dans l’expression de la confusion des cœurs.