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 Littérature et musique

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Henri



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MessageSujet: Re: Littérature et musique   Littérature et musique - Page 2 Empty2015-05-30, 21:43

Personnellement je n'arrive plus à supporter la musique en mono et dans la (mauvaise) qualité d'avant les années 60. Alors que dans les années 60, ça ne me dérangeait pas d'écouter des 45 tours en mono sur un tourne-disque à deux balles. Quand on a goûté à la qualité HiFi c'est difficile de revenir en arrière. Il y a peut-être aussi le fait que mon métier était preneur de son (à la télé, mais quand même).

Retournons sur le pot... je veux dire, revenons à Poe ( Embarassed pas mieux, Icare). En réponse à Laudec, Poe a joui, dès les années qui ont suivi sa mort, d'une célébrité qui lui a hélas bien manqué durant sa vie. ça peut expliquer pourquoi beaucoup de compositeurs (mais pas tant que ça non plus) ont mit en musique ses poèmes et ses contes. Ce qui n'enlève rien à d'autres poètes qui sont sûrement aussi intéressants, voire même plus, qu'Edgar Poe.
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Icare
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Icare

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MessageSujet: Re: Littérature et musique   Littérature et musique - Page 2 Empty2015-05-30, 22:44


Pour la première partie de ton message, je comprends parfaitement. Pour la seconde partie, dès que j'aurai connaissance, au hasard d'une recherche, d'une musique en rapport avec le grand Edgar Allan Poe, j'en ferai part sur ce fil. Very Happy
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Henri



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MessageSujet: Re: Littérature et musique   Littérature et musique - Page 2 Empty2015-05-31, 23:50

Merci Icare.

Deux compositeurs français ont composé des pièces inspirées de contes d'Edgar Poe, André Caplet (topic ici) et Henriette Renié (aucun topic).

André Caplet : Conte fantastique, d’après Le Masque de la Mort Rouge d’Edgar Allan Poe, pour harpe chromatique principale et orchestre à cordes

La pièce débute dans une atmosphère nocturne où s’invitent bientôt des éléments dérangeants qui installent une inquiétude sourde et indéfinissable imposant bientôt le silence. La musique tente de repousser ce silence par des rythmes et des figures mélodiques qui se veulent enjoués mais qui sont plutôt fiévreux, fébriles. Vers la moitié du morceau, on croit avoir entendu au loin les coups d’une horloge sonnant minuit et tout semble soudain se figer comme si quelque chose de malfaisant venait de faire irruption sans qu’on sache vraiment de quoi il s’agit ni ce qu’il va se passer. Un climat menaçant prend possession du silence et s’étend longuement comme un lourd manteau funèbre. Quelques tentatives de repousser ces sinistres accords s’épuisent en vain, puis soudain, des coups secs frappés sur la caisse de la harpe amènent un nouveau silence pesant, tendu d’angoisse. La musique essaye de résister, de vivre encore un peu dans des tentatives désespérées de chasser la quasi-certitude de sa fin imminente, mais celle-ci s’approche, inéluctable et impitoyable. Au moment où l’appréhension est à son comble, la mort frappe deux coups définitifs et tout s’arrête.

Henriette Renié, Ballade fantastique, d'après le conte d’Edgar Poe Le Cœur révélateur, pour harpe seule

Harpiste de renom, Henriette Renié (1875-1956) était également compositrice et a écrit essentiellement pour son instrument. Bien qu’elle ait signé un Concerto pour harpe et orchestre, c’est pour harpe seule qu’elle a composé cette “Ballade fantastique” d’après le conte d’Edgar Poe “Le Cœur révélateur”. On peut le regretter car elle s’est privée ainsi de ressources aptes à créer une atmosphère, et malgré la réussite de cette belle pièce on n’y retrouve pas vraiment le climat d’inquiétude et de suspens que Poe distille dans sa nouvelle. Il n’est d’ailleurs pas certain que la harpe soit l’instrument idéal pour créer le genre d’atmosphère inquiétante que supposent les contes de l’écrivain américain. Même si André Caplet s’en est plutôt bien sorti, mais avec tout de même le secours d’un orchestre à cordes. D’autre part, la pièce de Renié ne met guère à profit le fameux battement de coeur qui tient une place si importante dans le dénouement de l’histoire. A mon avis, cette “Ballade fantastique” pourrait tout aussi bien s’appeler “Promenade au bord de l’eau” et ne faire aucunement référence à Edgar Poe.
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Henri



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MessageSujet: Re: Littérature et musique   Littérature et musique - Page 2 Empty2015-06-03, 22:27

Joseph Holbrooke, frère en musique d’Edgar Poe

Le compositeur qui s’est le plus inspiré d’Edgar Poe est sans contexte Joseph Holbrooke. Pour sa biographie je vous renvoie à l’excellent topic de Joaquim. Il s’en est inspiré non seulement dans sa musique mais on pourrait dire dans sa vie même car, comme le poète américain, il vécut dans une relative pauvreté et partageait avec Poe « une même prédisposition pour le bizarre, l’étrange, jointe à un sens aigu de la construction et du développement logique de la pensée, ainsi qu’à une instinctive concision. Chez tous deux, l’impulsion romantique exacerbée jusqu’à la morbidité coexistait avec un humour sardonique, grinçant, aux limites de la caricature. Chacun d’eux trempait sa plume dans un vitriol dévastateur lorsqu’il s’agissait de démolir un adversaire — et ces pamphlets leurs valurent en retour, à l’un et à l’autre, des haines tenaces » (Michel Fleury).

Holbrooke a composé une vingtaine de pièces inspirées d'Edgar Poe, ou en tout cas portant un titre faisant référence à un de ses contes ou poèmes. La plupart des commentateurs estiment, comme Michel Fleury, qu’aucun autre compositeur « n’excella autant à transposer en images sonores appropriées les lugubres visions de l’américain. » Je trouve personnellement qu’il faut relativiser cette affirmation. Lorsque j’écoute par exemple le poème symphonique “the pit and the pendulum”, qui commence déjà d’une manière assez tonitruante, je me demande bien qu’est-ce qui, dans le conte d’Edgar Poe, peut justifier cela. Le récit est celui d’un homme qui se remémore les épreuves physiques et morales qu’il a connues dans un cachot ténébreux de l’Inquisition. Tentant d’abord de l’explorer à tâtons, il manque de tomber au fond d’un puits béant situé en plein milieu. Il découvre ensuite qu’une lame effilée descend du plafond dans un lent mouvement d’oscillation, menaçant de le couper en deux alors qu’il est ligoté sur un lit de bois. Puis enfin, ayant réussi à échapper à ce piège mortel, il découvre que les murs de sa prison, chauffés au rouge, se resserrent lentement sur lui, l’obligeant à reculer vers le puits béant qui s’ouvre au centre du cachot. C’est dire que l’action du récit n’est pas échevelée et est essentiellement faite d’un suspens empli de terreur. Or, la musique de Holbrooke évoque plutôt une action trépidante, avec force tutti d’orchestre, trompettes et cuivres en pagaille, et lorsqu’elle se calme, jamais le moindre sentiment d’angoisse ne nous étreint à son écoute. J’aurais plutôt imaginé une musique très lente, sans trop d’effets d’orchestre, mettant notamment à profit le mouvement lancinant du pendule tranchant qui se rapproche petit à petit de la poitrine du héros, qui pourrait par exemple être évoqué par des sifflements de cordes dans le genre de ceux que Herrmann utilise dans la musique de “Psychose”. En fait, dans ce poème symphonique, le seul moment qui colle avec la nouvelle d’Edgar Poe c’est le finale, qui clôt la musique d’une manière aussi abrupte et flamboyante que se termine le récit : « Mais voilà comme un bruit discordant de voix humaines ! une explosion, un ouragan de trompettes ! Un puissant rugissement comme celui d’un millier de tonnerres ! Les murs de feu reculèrent précipitamment ! Un bras étendu saisit le mien comme je tombais, défaillant, dans l’abîme. C’était le bras du général Lassalle. L’armée française était entrée à Tolède. L’Inquisition était dans les mains de ses ennemis. »

La première oeuvre inspirée de Poe qu’Holbrooke composa fut “The Raven”. Créée le 3 mai 1900, l’œuvre connut un triomphe et propulsa son auteur au premier plan de la vie musicale. Dans le texte français du livret qui accompagne les poèmes symphoniques de Holbrooke, Michel Fleury nous dit que « Le matériau thématique est [...] étroitement modelé sur le texte, si l’on se réfère aux citations placées en tant que points de repère aux principales articulations du discours musical. » Celui du disque “Orchestral Works” (Marco Polo) quant à lui nous dit que « It is a sound depiction of the poem, and one can almost hear the words : ’The rustling of each purple curtain’ — ’suddenly there came a tapping’ — ’It was in the bleak December’ — ’Open here I flung the shutter’ — ’Take thy beak from out my heart’ etc. And the Raven’s ’Nevermore’, remorselessly reiterated by the cold brass, is finally mumbled in the depths — by three bassoons. » J’ai pourtant du mal à faire “coller” la musique au texte. Elle transmet certes une atmosphère qui peut très bien lui convenir mais je suis bien incapable de retrouver à travers elle les mots du poème, pas même le célèbre “nevermore”. Je commet sans doute l’erreur de vouloir que la musique suive fidèlement les vers d’Edgar Poe et que le nevermore soit traduit par trois notes (de basson si l’on veut, ou peut-être de clarinette) qui reviendraient plusieurs fois tout au long du morceau. C’est peut-être une vue un peu primaire mais je ne peux me défaire de l’idée que le rythme du poème et sa scansion fournissent une excellente base pour retranscrire musicalement son atmosphère étrange et mélancolique, avec en plus la répétition lancinante du “nevermore”. Mais bon, je ne suis pas compositeur, et sans doute aussi que je ressens les choses en homme de la fin du XXe siècle - début XXIe, alors que Holbrooke avait la sensibilité d’un homme de la fin du XIXe - début XXe.

A propos de “The Bells”, les commentateurs font inévitablement la comparaison avec l’œuvre de même titre et de même inspiration de Rachmaninov et suggèrent sans vouloir le dire trop fort que celle de Holbrooke serait supérieure (« There is not much doubt which one Poe would have preferred » - Arthur Hutchings. « Il est possible de rêver à la passionnante compétition à laquelle pourrait convier un chef d’orchestre assez entreprenant pour programmer les deux œuvres — et l’issue n’en semble pas jouée d’avance. » - Michel Fleury). Sans vouloir diminuer le mérite de Holbrooke, j’adhère pourtant plus à la version rachmaninienne dont l’orchestration subtile et la mélodie envoûtante et lancinante évoquent beaucoup plus fidèlement (mais cela reste forcément subjectif) les atmosphères inquiétantes de Poe.
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laudec

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MessageSujet: Re: Littérature et musique   Littérature et musique - Page 2 Empty2015-08-10, 10:35


Je tombe "par hasard" sur un roman qui m'a fort émue au temps de l'adolescence : "Consuelo"  de George SAND, je ne me souviens plus du tout de l'histoire mais j'en garde une impression de grande tendresse.

L’ouvrage évoque un grand nombre d’œuvres musicales et laisse entrevoir la passion de George Sand pour les arts, et surtout pour la musique, qu’elle dépeint comme expression du sublime.    


George Sand dans " Consuelo a écrit:
« On a dit avec raison que le but de la musique, c'était l'émotion. Aucun autre art ne réveillera d'une manière aussi sublime le sentiment humain dans les entrailles de l'homme; aucun autre art ne peindra aux yeux de l'âme, et les splendeurs de la nature, et les délices de la contemplation, et le caractère des peuples, et le tumulte de leurs passions, et les langueurs de leurs souffrances. Le regret, l'espoir, la terreur, le recueillement, la consternation, l'enthousiasme, la foi, le doute, la gloire, le calme, tout cela et plus encore, la musique nous le donne et nous le reprend, au gré de son génie et selon toute la portée du nôtre. Elle crée même l'aspect des choses, et, sans tomber dans les puérilités des effets de sonorité, ni dans l'étroite imitation des bruits réels, elle nous fait voir, à travers un voile vaporeux qui les agrandit et les divinise, les objets extérieurs où elle transporte notre imagination. »    


Considérée comme une des œuvres de fiction majeure de George Sand, Consuelo est à la fois un roman d’aventure et un récit  historique, mais aussi un roman sur la musique classique qui convoque, pour servir de décor, l’Europe des Lumières du XVIIIème siècle.

C’est en 1842, alors qu'elle vit pleinement sa passion avec Chopin , que George Sand rédige Consuelo.  Proche des compositeurs, et notamment amie de Liszt, Meyerbeer ou encore de la cantatrice Pauline Viardot à qui l’ouvrage est dédicacé, George Sand s’est très certainement inspirée de l’univers musical dans lequel elle a évolué pour donner vie au personnage principal de Consuelo, cantatrice italienne d’origine espagnole, qui se produit à l’Ospedale dei Mendicanti sous la direction du maître et compositeur Porpora.

A travers le personnage éponyme principal de Consuelo –  merveilleuse chanteuse italienne dotée d’une voix hors du commun à l’opéra de Venise – le roman évoque l’univers musical de l’époque et la dépendance dans laquelle se trouvent les artistes vis-à-vis des plus puissants. On suit le personnage depuis sa naissance et tout au long de son parcours de cantatrice  qui alterne faste et misère.

Sur cette route – qui prend l’aspect d’un parcours initiatique - Consuelo fait des rencontres : les compositeurs Porpora et Haydn, le personnage fictif du castrat Antonio Uberti dit Porporino ou encore le  librettiste et poète italien Métastase, dans les trois hauts lieux de la musique de l’époque : Venise, Vienne et Berlin.

Au travers des différentes péripéties de Consuelo, se dégage une aventure majeure : celle de la création musicale, au travers de laquelle l’auteur nous livre une formidable documentation sur le monde musical du siècle des Lumières.

Consuelo franchit des étapes : cantatrice à ses débuts, elle deviendra compositeur, affrontant un monde souvent injuste dans lequel la musique est son unique repère. Le récit est avant tout l’histoire d’une voix et le destin d’une femme dans l’Europe cosmopolite du XVIIIème siècle, dont le rêve n'est autre que de faire comprendre et aimer son art.  
Par Madeleine Saliceti (France musique)
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Pianoline
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MessageSujet: Re: Littérature et musique   Littérature et musique - Page 2 Empty2015-09-04, 16:22

Oh, très intéressant ! Very Happy Cela me donne envie de le lire :)
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