Votre "révélation"?

Ma révélation, ou comment me suis-je plongé dans la musique? Ce topic est une excellente occasion de jeter un coup d'oeil en arrière, de chercher la ou les logiques des débuts de mon chemin musical et de partager ces réflexions avec vous qui me lisez.
Mes parents n'étaient pas particulièrement mélomanes, il y avait quand même à la maison quand j'étais enfant quelques tubes du classiques: les quatre saisons de Vivaldi, le beau Danube bleu de Strauss, la symphonie du nouveau Monde de Dvorak, la Petite Musique de Nuit de Mozart, le 5è Concerto pour violon de Mozart. Je les écoutais souvent, j'adorais mettre le volume très fort, la musique avait une présence physique très forte, je mimais le chef d'orchestre, j'étais attiré par les masses sonores symphoniques de type romantique ou par les mélodies syncopées, les airs dansants; il y avait aussi les 33 tours de Brel et j'adorais la force de ses paroles, que je ne comprenais pas très bien, mais dont je devais pressentir le sens, il y avait aussi des 33 tours de Moustaki, donnant tant de rêverie et de douceur.  Piaf, je l’ai découverte à l’adolescence, fortement secoué par le flot d’émotions qui découlaient de l’écoute de ses chansons mais du même coup ne pouvant pas supporter cette atmosphère passionnelle dans la continuité! A cette même époque (14-15 ans), j’ai pris des cours de clarinette au sein d’une petite harmonie pendant 3 ou 4 ans, groupe dans lequel j’ai découvert Sydney Bechet avec «Petite Fleur» notamment, mais cette graine n’a germé que bien plus tard, à l’âge adulte, je me suis de plus en plus intéressé au jazz, de manière assez désordonnée puisque j’ai écouté (en le sachant) l’orchestre de Duke Ellington il y a seulement un an, avec  un plaisir incroyable, avec l’aspect ludique de certaines sonorités comme celles de la trompette avec sourdine qui ressemble à une voix humaine!!! L’adolescence, cela a aussi été la découverte Mahler, merci France Musique, et là, choc incroyable, une musique qui mêle du romantisme, de l'ironie, avec parfois des instruments inhabituels (les clochettes). Mahler, ça été pour moi l'occasion de comprendre que la musique était profondément reliée à ma vie intérieure, que je pouvais "voyager" dans mon imaginaire grâce à la musique. Plus tard, déjà adulte, auditeur assez régulier de France Musique, acheteur de cd pas encore compulsif mais quand même régulier!, je découvre les symphonies de Beethoven, nouveau choc formidable, je me mets à rechercher des versions historiques, je trouve les interprétations de Furtwangler et peu après je découvre les quatuors à cordes et là c'est un choc encore plus fort peut-être, si les symphonies me mettent le corps en mouvement, les quatuors sont une plongée intérieure, jamais je n'oublierais cette extraordinaire découverte des quatuors Razumovski et des suivants! Puis les sonates pour piano de Beethoven, la Hammerklavier, l'opus 109, l'opus 111 ... les variations Diabelli, absolument fascinantes du fait de la mutation continue du thème initial, quelque chose de vertigineux pour l’esprit. Les pièces pour piano seul ont l’avantage (je parle en mon propre sans chercher à énoncer ce qui serait une vérité) de permettre le suivi du travail de la mélodie et le son du piano étant moins chattoyant, moins tourné vers l’affect direct que le violon, il me permet de rester plus facilement sensible à la construction de la pièce.

Elles sont belles, toutes ces histoires de révélations…

Je n'ai malheureusement pas eu la chance d'en connaitre… Avec une mère pianiste qui jouait du Chopin quand j'étais dans son ventre, avec un père musicien amateur et mélomane professionnel qui possédait l'intégrale de la Deutsche Grammophon et vénérait les symphonistes, je dirais que le classique, c'était comme l'air que je respirais.

En revanche, je me souviendrai toute ma vie de ma révélation pour la pop. Il m'arrivait souvent de partir en exploration dans la discothèque de mes parents (une pièce où étaient rangés tous les disques). Un jour de mes 11 ans, le casque sur la tête, un disque pris au hasard d'un groupe au nom bizarre, les « Beatles », une pomme coupée en deux et le « It won't be long » qui se met à résonner dans mes oreilles. L'effet d'un vertige, d'un grand trou noir qui m'aspire soudain atome après atome… Sans conteste, mon choc artistique le plus violent.

Merci pour ton très intéressant message.
J'ai parlé de mes "révélations" sur d'autres fils..
Comme toi mes parents étaient mélomanes et j'ai commencé le piano à 6 ans (pour l'abandonner en leçons dix ans plus tard).
L'une de mes "révélations" essentielles fut la "face un peu sombre" de Mozart, j'entends par là sa musique en tons mineurs, son écriture complexe, ses admirables quatuors , son concerto N° 20 en ré mineur... (mon préféré), qui m'a fait un véritable choc quand je l'ai entendu !!. J'avais peut-être 8/10 ans...Mozart ne m'a plus jamais quittée.. !
"Révélation" d'un Bach "inconnu" (cantates, Passions..), quand j'étais jeune femme...
Et puis, grâce à des amis et des CD prêtés, et surtout la rencontre avec mon mari, le jazz et ses grands interprètes...

Quant aux Beatles que tu mentionnes, j'avoue qu'eux, les Stones etc.., ont fait partie de la fin de mon enfance , adolescence et mes études, grâce à des copains. On écoutait tout ça, et puis la pop, Michaël Jackson... C'était "parallèle" à ce qu'écoutaient mes parents à la maison...

Maintenant, et souvent grâce à ce forum, mes chorales avec de très beaux répertoires et aux chaînes musicales, ce sont des "découvertes"...

"Je suis venu tard à la musique classique, et avec le temps, je me suis amélioré. Au début, je n'écoutais que les succès, puis mes goûts se sont affinés en fonction de l'âge, approfondissant chaque œuvre. Je reste entièrement ouvert à tous les compositeurs, mais il y a un compositeur qui me touche profondément : Wagner, par sa musique bien entendu, mais aussi par sa philosophie. Il y a tellement à écrire sur ce compositeur que je n'aurais pas assez de ce poste pour exprimer tout ce que je pense."