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Sujet: Marie Alexandre Guénin (1744-1835) Ven 08 Juin 2007, 20:50
Marie Alexandre Guénin est un compositeur français né à Maubeuge le 20 février 1744 et mort à Etampes le 22 janvier 1835. Comme il n'est pas possible de trouver de bio sur Internet, je recopie le verso de la pochette d'un vieux vinyl 33 tours édité dans les années 1970 par la ville de Maubeuge.
"Le 20 février 1744 a été baptisé à Maubeuge Marie Alexandre Guénin, né ce même jour à deux heures du matin, fils d'Hilaire Guénin et de Marie Michèle Dolphin son épouse..." (Actes de baptême de la paroisse de Maubeuge);
Ce que l'on sait de Marie Alexandre Guénin est dû essentiellement au musicologue Lionel de la Laurentie qui, dans son "Ecole française du violon de Lully à Viotti", a écrit une biographie du musicien.
Dès l'âge de 6 ans, Marie Alexandre manifeste des dons exceptionnels de violoniste. En 1760, son père l'envoie à Paris pour y développer son talent. Guénin est élève de Capron et Gaviniès. Il reçoit les conseils de Jarnowic, il travaille la composition avec Gossec, dont il gagne l'amitié. Gossec est né en 1734 à Vergnies, village situé à une trentaine de km de Maubeuge.
C'est aux côtés de Capron que Guénin débute au Conseil Spirituel en 1773, dans une symphonie concertante de Davaux. Dès cette première apparition, le jeune violoniste est couvert de fleurs. Le 2 février 1774, Guénin, Capron, Duport et Monin jouent une symphonie à quatre de Stamitz.
Auparavant, il a dédiè son opus 1 à son maître Gossec : 6 Trios, "dont les trois premiers doivent s'exécuter à trois, les autres à l'orchestre".
Au début de 1769, il publie son opus 2 : 2 Concertos pour violon, dédiés au comte de Montrevel. Puis en 1775 son opus 3 : 6 Duos pour 2 violons dédiés à M. Guelle, contrôleur général des Suisses et Grisons.
En novembre 1776, le "Mercure" annonce l' Oeuvre 4, dédicacée au prince de Rohan-Guémenée, Grand Chambellan : 3 Symphonies. Par cette oeuvre, Guénin sait s'attirer une réputation qui dépasse les frontières.
Il entre en 1778 au service du Roi, et dirige quelques uns de ces concerts particuliers qui se donnent au Trianon sur le désir de Marie-Antoinette. Il paraît aussi aux concerts du Duc de Polignac. En 1778, il remplit encore les fonctions d'intendant de la musique du Prince de Condé. En 1781 il dédie son opus 5 à Mlle de Condé : 3 Sonates pour le clavecin avec accompagnement de violon.
Le "calendrier musical" de 1782 fait figurer Guénin comme premier violon parmi les professeurs de violon attachés à l'opéra., celui de 1783 comme Premier violon de l'Opéra;
En 1783 est créée l'Ecole Royale du Chant qui, en dépit de son nom, comprend des classes d'instruments, et deviendra le Conservatoire. Guénin y est nommé comme professeur.
Trois nouvelles Symphonies opus 6 paraissent en 1788, dédiées au Duc de Polgnac.
Survient la Révolution. On ne sait presque rien sur la vie du musicien durant cette période troublée. Entre 1788 et 1815 paraissent : 6 Quatuors à cordes opus 7, 3 Sonates en trio opus 9, 3 autres sonates opus 10, 3 Duos opus 13.
En 1802, à l'âge de 58 ans, Guénin est mis à la retraite de l'Ecole de Chant, par un arrêté du 1er vendémiaire an XI. La mise à la retraite de l'opéra survient en 1813, mais par une cabbale, sa pension est supprimée, et il ne l'obtiendra que 12 ans plus tard.
la suite demain
Dernière édition par joachim le Lun 31 Déc 2018, 10:40, édité 3 fois
Snoopy Admin
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Sujet: Re: Marie Alexandre Guénin (1744-1835) Ven 08 Juin 2007, 21:10
joachim a écrit:
Comme il n'est pas possible de trouver de bio sur Internet, je recopie le verso de la pochette d'un vieux vinyl 33 tours édité dans les années 1970 par la ville de Maubeuge.
Merci pour cet effort.
Toutefois il existe un livre publié sur ce compositeur!
« Sauf erreur, aucune biographie récente n'a été écrite sur Marie-Alexandre Guénin, virtuose du violon et compositeur qui occupa durant cinquante ans une place éminente dans le monde musical, non seulement parisien mais européen. Aujourd'hui sa vie et ses œuvres ne sont guère connues et apparaissent le plus souvent comme par « réfraction », lci dans la presse contemporaine, là, soulignées mais sans excès, par son appartenance à ce qu'il est devenu commun d'appeler « l'École française de violon », c'est-à-dire l'ensemble non structuré des violonistes dont la France pendant un siècle, depuis Lully jusqu'à Viotti, peut s'enorgueillir à juste titre.
Pourtant, la longue carrière de Guénin à un point charnière de la vie musicale en France, entre 1760 et 1820, offre à la musicologie de vastes et nouvelles perspectives. Elles mériteraient d'être examinées de plus près car, si l'on excepte les biographies superficielles du musicographe Fétis et du littérateur Bouilly, celle rédigée par Lionel de La Laurencie date quand même de 1922-1924 ! Mais c'est ici l'occasion de rappeler tout ce que lui doit la présente notice et de rendre hommage à un auteur remarquable par tant d'excellents travaux musicologiques.
Jusqu'à ces dernières années prévalait, à quelques nuances près, l'idée que la musique française n'avait peu ou pas existé entre la mort de Rameau (1764) et l'apparition, quelques soixante années plus tard, de notre Berlioz « national » (la Symphonte fantastique date de 1830). Il était évidemment facile aux musicographes de la fin du XIXe siècle et même plus tardifs, d'enjamber cette période. Nombreux étaient les musiciens de « premières magnitudes », les Mozart, Haydn, Beethoven, Schubert, suivis des Brahms, Wagner et aussi par Bach et Vivaldi, qui occultaient de leur génie incomparable l'horizon hexagonal. Devant ce constat d'une soi-disant période musicale « sans repères spécifiquement français », il était tentant d'y aller voir de plus près et, d'un passé méconnu, évoquer les noms et les ouvrages de musiciens célèbres en leur temps mais aujourd'hui oubliés. »
joachim Admin
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Sujet: Re: Marie Alexandre Guénin (1744-1835) Sam 09 Juin 2007, 10:39
Snoopy a écrit:
1 Merci pour cet effort.
2 Toutefois il existe un livre publié sur ce compositeur!
1 De rien, que ne ferais-pas pour ton forum
2 Bon à savoir, sa vie a dû être palpitante...et il a dû rencontrer Saint-George
Bon : Suite et fin
Il est contraint de quitter Paris, où il compte tant d'amis et d'élèves qui le regrettent. Il fait alors partie de la musique du Roi d'Espagne Charles IV et le suit dans son exil à Marseille après son abdication. Trois autres artistes français figurent dans cette maison musicale de de Charles IV : Bouchet, Ferrière et Duport;
Lors de la première Restauration, Guénin s'empresse de faire des démarches pour rentrer dans la maison royale. En mai 1814 il envoie une pétition à son protecteur le Prince de Condé pour lui demander de l'appuyer auprès de Louis XVIII qui, appuyé par Cherubini, ordonne que Guénin fasse partie de sa chapelle. Il a alors 70 ans, Cherubini le surnommait "l'invieillissable". En 1815, il interprète son opus 14, un concerto pour alto.
Entré depuis 1766 à la Société il en est devenu le Président et le Doyen. Il y fait sa dernière apparition en quatuor en octobre 1822. Son opus 15 : 3 Duos pour violon et violoncelle, et son opus 18 : 3 Duos faciles pour deux violoncelles, semblent être ses dernières compositions connues. Guénin aurait également écrit, on ne sait quand, un duo pour harpe et pianoforte avec accompagnement de flûte et cors.
Mais Guénin n'a pas de chance en matière de pension : Soit par suite de nouvelles intrigues, soit par insouciance, ou encore par cette dignité d'homme qui refuse de faire des courbettes, l'ancien premier violon de l'opéra ne peut rien toucher, et cherche une retraite où il pourra oublier tant d'injustice et d'ingratitude. Il se retire donc chez sa fille Anne-Rose, épouse du docteur Jean Sédillot à Etampes.
Le 22 janvier 1835 à 7 heures du matin, Marie Alexandre Guénin, veuf de Suzanne Joly, s'éteignait chez son gendre à Etampes, âgé de 91 ans.
"Nul ne fut, plus que lui, dévouè à la musique, comme le dit Bouilly, et il eut le courage de se regarder vieillir en un temps où la musique, cette coquette, changeait souvent d'adorateur".
Guénin eut aussi un fils, Hilaire Nicolas, né à Paris le 4 juillet 1773, qui écrivit quelques compositions et fut professeur de piano à Paris pendant plus de 40 ans.
joachim Admin
Nombre de messages : 27928 Age : 78 Date d'inscription : 19/08/2006
Sujet: Re: Marie Alexandre Guénin (1744-1835) Sam 09 Juin 2007, 10:59
Le 33 tours que je possède comporte la sonate en ré majeur pour clavecin et violon op 5 n° 1, le quatuor à cordes en sol mineur op 7 n°2, la sonate en Trio en mi bémol majeur op 1 n° 2 et la symphonie en ut majeur op 4 n° 2.
Cette trop courte sélection permet néanmoins de se faire une idée du style de Guénin, très proche de celui de son maître Gossec, mais sans doute moins génial. Ce qui explique peut-être l'oubli total dans lequel est tombé ce compositeur.
A noter que les symphonies de Guénin (sauf l'op 6 n° 2) sont écrites en trois mouvements, et cette division ternaire est d'autant plus à remarquer que la plupart des symphonies contemporaines sont en quatre mouvements.
Coco, qui sait faire des miracles, nous trouvera peut-être un extrait d'une de ses oeuvres
joachim Admin
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Sujet: Re: Marie Alexandre Guénin (1744-1835) Jeu 20 Déc 2007, 15:22
Portrait par François David (1791)
Invité Invité
Sujet: Re: Marie Alexandre Guénin (1744-1835) Jeu 20 Déc 2007, 17:36
Citation :
Coco, qui sait faire des miracles, nous trouvera peut-être un extrait d'une de ses oeuvres Wink
Dramatique.... il n'y a rien de rien de rien de rien sur le net...
Ou alors Google fait la grève
Mais Altavista rien non plus.
Coco
joachim Admin
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Sujet: Re: Marie Alexandre Guénin (1744-1835) Lun 02 Mar 2009, 11:41
Enfin du nouveau.
Il est possible d'écouter ici un mouvement de la symphonie et du quatuor
http://www.artsettravaux.com/guenin/frame.htm
joachim Admin
Nombre de messages : 27928 Age : 78 Date d'inscription : 19/08/2006
00:00 I. Allegro di molto 04:05 II. Andante 07:52 III. Allegro di molto
Le Concert de la Loge Dir. Julien Chauvin
Je copie ici le commentaire de la pochette du disque (où se trouve aussi la symphonie n° 83 "La Poule" de Haydn et le concerto n° 17 K 453 de Mozart). On y explique où est passé Guénin pendant la Révolution, ce qui semblait ignoré dans la biographie initiale ci-dessus.
Après des études dans les provinces françaises, il arrive à Paris en 1760 pour étudier le violon avec Pierre Gaviniès et François-Joseph Gossec. En 1773, il fit ses débuts au Concert Spirituel, puis il devint chambriste à Versailles devant la cour de France et fut violon solo de l'orchestre du prince de Condé. En 1783, il fut nommé premier violon à l'Opéra.
Bien que professeur populaire, ses sympathies royalistes ne correspondaient pas à la Révolution française et, en 1789, il disparut. Il a peut-être pris un navire pour les Antilles, puis est arrivé vers 1792 à Charleston, en Caroline du Sud. De là, il semble être apparu à Philadelphie et à New York avant de revenir en France vers 1795 pour enseigner au Conservatoire.
Il accepta plus tard un poste à l'École des chants en 1802, d'où il se retira à la campagne en 1813. Guénin fut un violoniste et compositeur réputé, affichant un talent sur l'instrument qui servit de modèle au modèle français. école de violon.
En tant que compositeur, il a écrit huit symphonies, trois trios d'orchestre, trois concertos pour violon (et alto), six quatuors à cordes, neuf trios, neuf duos et une douzaine de sonates pour violon.