Forum sur la musique classique
 
AccueilAccueil  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
Le deal à ne pas rater :
Display One Piece Card Game Japon OP-08 – Two Legends : où la ...
Voir le deal

 

 Opéra et religion sous la III ème République

Aller en bas 
AuteurMessage
Snoopy
Admin
Snoopy

Nombre de messages : 31173
Age : 49
Date d'inscription : 10/08/2006

Opéra et religion sous la III ème République Empty
MessageSujet: Opéra et religion sous la III ème République   Opéra et religion sous la III ème République Empty2007-03-10, 09:16

par Adrien De Vries

Sous la III ème République, la société française vit une laïcisation progressive. Une évolution inéluctable qui ne va pas sans débats passionnés. L'art et les compositeurs lyriques ne sont pas indifférents à l'arène des polémiques. Aux côtés de Gounod, D'Indy, Saint-Saëns; mis en perspective avec l'oeuvre de Lalo, Debussy ou Camille Erlanger, l'oeuvre de Jules Massenet affirme sa tonalité spécifique. Ni radicale ni ambiguë: personnelle et sincère.

Depuis 2001, l'Université Jean-Monnet et l'Opéra-Théâtre de Saint-Etienne collaborent autour de sujets musicaux dont la dernière réalisation est l'objet de cette pertinente publication qui rend compte des innombrables questions abordées lors du VIII ème Festival Massenet qui s'est tenu les 10 et 11 novembre 2005. La reprise du Jongleur de Notre-Dame de Jules Massenet, créé en 1902, témoigne des vives oppositions tiraillant alors les deux France, l'une catholique et conservatrice, l'autre républicaine et laïque. L'oeuvre du compositeur résonne des faits et débats portés dans l'arène sociale et civique de son époque.

L'analyse des rédacteurs dont les articles composent cet opus intitulé "Opéra et religion sous la III ème République", souligne combien les oeuvres sont inspirées par le climat des idées qui leur est contemporain, en l'occurrence le rapport de la société et de la religion, question vive qui sera résolue avec la loi instituant la séparation de l'église et de l'Etat (1905). Nombre de compositeurs prirent même parti comme D'Indy, farouche défenseur de la religion. La question du sacré chez Massenet se manifeste non sans volupté, donnant prétexte à mille interprétations sectaires, excessives à son égard. Certains allant jusqu'à dévoiler la "sentimentalité vicieuse" de ses partitions, en particulier, les "mauvaises langueurs" de Thaïs... Massenet pose la question du sacré qui lorsqu'il est accordé à la sensualité, exprime davantage qu'une dévotion pieuse. Et même, "Le Jongleur de Notre-Dame" pourrait bien représenter la foi du compositeur, dans une forme personnelle, dépassionnée, hors des dogmatismes haineux. Aux côtés de D'Indy, Gounod, voire Saint-Saëns, Massenet affirme en filigrane, une ferveur intime, à contre courant des positions autoproclamées.

En quinze contributions, le tableau de la France, entre 1880 et 1914, soit avant la première guerre mondiale, est brossé avec acuité. Le débat politique et sociale, entre l'église et l'état occupe une place primordiale. Plus généralement, c'est pendant la Troisième République (1870-1914) que l'évolution de la société et son miroir, au théâtre, précisément à l'opéra, se recompose. "Couvents et Monastères dans le théâtre lyrique français" avec fleuron, "l'exemple de Massenet, de Thaïs au Jongleur de Notre-Dame", "le religieux chrétien dans les ouvrages dramatiques de Gounod..."; c'est aussi le "Lazare" de Zola (1894) qui est commenté; comme "Samson et Dalila" de Saint-Saëns (1883).

Les défenseurs de Massenet se reporteront avec bénéfice sur les nombreux chapitres analysant les enjeux d'une oeuvre qui continue de faire débat: opéras créés sur les planches de La Monnaie de Bruxelles, création d'Hérodiade à Lyon, "L'homme saint chez Massenet", "Werther de Massenet ou de la palingénésie d'un héros bourgeois: mort et résurrection à Noël d'un suicidé", "Le langage musical du Jongleur de Notre-Dame...", ...

Non exclusivement dédiée à l'oeuvre du créateur de Manon ou d'Esclarmonde, la publication qui correspond aussi au volume 4 des "Cahiers de l'Esplanade", offre plusieurs articles complémentaires, informant la démarche et la vision des autres musiciens français, contemporains de Massenet. Le lecteur découvrira avec autant d'intérêt, l'analyse des oeuvres de Debussy ("Le martyre de Saint-Sébastien"), de Camille Erlanger, de Lalo ("Le roi d'Ys") comme il se familiarisera avec la notion de "drame sacré" du point de vue du radical Vincent d'Indy. Toute question gagne a être dépassionnée. La diversité des approches, nuancées, proches des sensibilités, s'avère passionnante.

Opéra et religion sous la III ème République
Cahiers de l'Esplanade n°4
Centre Interdisciplinaire d'études et de recherches sur l'expression contemporaine, travaux 129

Ouvrage collectif sous la direction de
Jean-Christophe Branger et Alban Ramaut

Opéra et religion sous la III ème République Awi8cmtnoeopera2502yc1

http://www.classiquenews.com
Revenir en haut Aller en bas
https://musiqueclassique.forumpro.fr
 
Opéra et religion sous la III ème République
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» L’Opéra de quat’sous
» L'Opéra de quat'sous
» Projet Tuva
» Danses et musiques de la république de Touva
» Un instant d'opéra - Opéra Royal de Wallonie

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Toutes les musiques du monde :: Informations musicales :: Films, CD, livres & concerts-
Sauter vers: