par Carter Chris Humphray
La violoniste néerlandaise, déjà ultracélèbre dans le monde, sauf en France où ne figure encore aucune salle pour l'applaudir, Janine Jansen, impose dans ce nouvel album Decca, un instinct musical d'une absolue splendeur. Si le Mendelssohn est éclatant, le concerto de Bruch lui permet de ciseler un chant intérieur indiscutable. Une nouvelle étoile du violon est née.
Une sonorité opulente, ténue, mais aussi perspicace dans un répertoire ultra connu donc prévisible : le violon de la jeune virtuose néerlandaise, Janine Jansen, - un superbe "Strad" (Stradivarius "Barrere" façonné à Crémone en 1727)- donne le frisson tant elle sait mesurer l'esthétisme et l'audace, l'énergie et l'élégance. Outre la délicatesse avec laquelle elle aborde le concerto de Mendelssohn, "la Jansen" flirte avec l'instinct et la ferveur. Ses attaques ne déforment jamais, et l'aisance des phrasés attestent d'un tempérament plein, assumé. Quant aux nuances, l'artiste se révèle admirable de tact et de finesse dans une partition que l'on croyait connaître, et qu'on aime redécouvrir sous ses doigts de fée.
Non seulement le nouveau disque de la violoniste confirme l'enthousiasme exprimé, mais il impose la souveraine musicalité de l'interprète.
D'autant que le concerto de Max Bruch offre à la musicienne, l'occasion d'étirer le souffle de phrasés tout aussi ouvragés, intenses, ciselés. Ni contrastes abruptes, ni distorsions expressives. Seule la ligne éclatante et une fluidité naturelle portent la vitalité d'un chant qui vient du coeur : teintes automnales, murmurées, infiniment nostalgiques.
De son côté, Chailly parfois sec dans le final du Mendelssohn, se ravise, et soigne l'ondulation souple de la sonorité dans le concerto de Bruch. Quand le chef écoute la vibration mesurée de la soliste, la fusion orchestre /violon suscite une plénitude réellement convaincante.
L'ancienne élève de Coosje Wijzenbeek et de Philipp Hirshhorn au Conservatoire d'Utrecht, par ailleurs membre de l'ensemble Spectrum, (phalange chambriste de la Philharmonie de Berlin) depuis 1998, et "rising star 2005", déploie une sûreté magnifique. Il est bien dommage que sa tournée européenne au début 2007, ne comprenne pas d'étape en France. Une lacune qui ne fait pas l'honneur des programmateurs hexagonaux quant les salles du Luxembourg, de Suisse, d'Espagne, de Grande-Bretagne ou de Belgique l'auront écoutée depuis longtemps. Pour l'heure, cet album nous fait patienter : il en apaisera plus d'un... tout en suscitant le désir de l'écouter sur une scène française.
Félix Mendelssohn,
Concerto pour violon opus 64
Max Bruch,
Concerto pour violon n°1 opus 26
Romance opus 85
Gewandhaus orchester
Riccardo Chailly, direction