Hélène de Montgeroult, 13 études

par Camille de Joyeuse

Le pianiste Bruno Robilliard dévoile le feu compositionnel d'une virtuose pour le piano, pédagogue au Conservatoire dès 1795, célébrée sous la Révolution et l'Empire, qui annonce l'embrasement des romantiques, Schumann, Chopin, Mendelssohn. Hélène de Montgeroult précède Fanny Mendelssohn et Clara Schumann, une redécouverte majeure !

Quelle place avait le piano aux époques tourmentées de la Révolution puis de l'Empire? La première ! à n'en pas douter, grâce entre autres, à l'une de ses meilleures interprètes, aujourd'hui oubliée, Hélène de Montgeroult (1764-1836). Professeur au Conservatoire en 1795, la première femme dans un milieu plutôt masculin, la "Marquise" a publié une méthode reconnue pour le piano forte. Plus qu'une artiste sensible et engagé, Madame de Montgeroult imposa un tempérament trempé (en improvisant d'éclatantes variations sur la Marseillaise devant le Comité de Salut Public à l'époque de la Terreur, elle sauva sa peau d'aristocrate, d'autant que son mari était mort dans un cachot). Surtout, n'en déplaise à ses airs enturbannés de Sultane poseuse, jouant de la lyre, (cf. le visuel de couverture), la musicienne maîtrisait l'écriture : elle affirme une intuition déjà préromantique qui regarde vers Schumann et Chopin, parfaite émule de Beethoven, soeur de Schubert...

La matière du disque offre en première mondiale, 13 pièces de sa méthode complète sous les doigts, à l'éloquence pédagogique, de Bruno Robilliard au piano. C'est bien une redécouverte majeure qui s'annonce et s'explicite farouchement ici, avec une évidente facilité d'élocution digitale. En Hélène de Montgeroult, Fanny Mendelssohn et Clara Schumann, trouvent une pionnière avisée, rebelle, farouche, indiscutablement attachante. On comprend pourquoi ses concerts du lundi étaient recherchés des parisiens dont Girodet, Benjamin Constant, Vivant Denon... C'est une femme à la vie romanesque qui divorça deux fois, puis se retira à Florence pour soigner une maladie incurable. Elle est enterrée dans le cloître de l'église Santa Croce.

A noter qu'en complément au disque, les éditions Symétrie font paraître une biographie extrêmement complète sur cette figure oubliée de l' histoire musicale ("La Marquise et la Marseillaire" par Jérôme Dorival. Prochaine chronique sur classiquenews.com), ainsi que l'ensemble des partitions enregistrées.

Un disque incontournable pour une compositrice à connaître d'urgence ! Soulignons la notice parfaitement documentée du livret d'accompagnement. Un régal d'érudition vivante, présentant chacune des pièces "recrées" dans ce disque excitant.

J'avais entendu sur France-Musique ,l'annonce de la parution de ce CD
dès novembre 2007.Inutile de dire que je l'ai acheté à sa parution.
Ses études sont extraordinaires ,ses sonates semblent plus sages et moins
inspirées,mais c'est une compositrice que je suis à la loupe.

vue sa célébrité et sa discographie...il te faut surement une grosse loupe !!

Connais pas

Mais je préférerais sûrement plus les Sonates, car en général je n'aime pas trop le genre "Etudes" que ce soit pour piano, pour violon ...ou flûte ou clarinette

joachim a écrit:

Connais pas

Mais je préférerais sûrement plus les Sonates, car en général je n'aime pas trop le genre "Etudes" que ce soit pour piano, pour violon ...ou flûte ou clarinette

Pourtant je t'imagine comme un ayant été un bon élève bien studieux!