Roger Norrington, chef d'orchestre (né en 1934)

Roger Arthur Carver Norrington (né le 16 mars 1934 à Oxford) est un chef d'orchestre britannique. Il est particulièrement renommé pour ses interprétations sur instruments d'époque, notamment des œuvres du XVIIIe siècle mais aussi du XIXe siècle.

Il travaille avec des orchestres du monde entier (Berlin, Vienne, Amsterdam, Paris, orchestres britanniques et des États-Unis).

Norrington est le fils de Sir Arthur Norrington et d'Edith Joyce Norrington née Carver, et son frère est Humphrey Thomas Norrington.
Norrington étudie au Royal College of Music de Londres, avec notamment Adrian Boult comme professeur. Jusque dans les années 1960, il travaille comme ténor, avant de fonder en 1962 le Schütz Choir (plus tard le Schütz Choir of London). Il enregistre les œuvres chorales et les mélodies de Berlioz pour le label Argo - Decca.

De 1969 à 1984, il est directeur musical de l'Opéra de Kent où il dirige plus de 400 représentations de 40 œuvres différentes.

Avec sa femme, la chorégraphe Kay Lawrence (avec laquelle il eut un fils, Tom), il forme en 1984 le Early Opera Project pour compléter son travail de concert dans l'opéra d'époque, en commençant par l'Orfeo de Claudio Monteverdi au Maggio Musicale Fiorentino cette année-là, et en tournée en Grande-Bretagne en 1986.

En 1978, il fonde l'ensemble London Classical Players dont il a assuré la direction musicale jusqu'en 1997.

Avec cet orchestre il enregistre en 1986-1988 une première intégrale des symphonies de Beethoven, tout à fait remarquable. Il enregistre en 1989 avec une nouvelle approche l'ouverture des Francs-Juges et la Symphonie Fantastique de Berlioz.

Conjointement il dirige de 1985 à 1989 le Bournemouth Sinfonietta, et de 1990 à 1994 l'Orchestre de l'église Saint-Luc de New-York.

En 1997, il est nommé à la direction de la Camerata Academica de Salzbourg.

En 1998, il est nommé chef de l'Orchestre symphonique de la radio de Stuttgart, avec lequel il enregistre notamment sa 2e intégrale des symphonies de Beethoven, puis il entreprend un cycle Berlioz avec L'Enfance du Christ, la Symphonie Fantastique, Les Francs-Juges, le Requiem, Benvenuto Cellini.

Il a été conseiller artistique de la Boston Handel and Haydn Society de 2006 à 2009. Il a été chef invité principal de l' Orchestre de chambre de Paris et de la Deutsche Kammerphilharmonie Bremen. Il a été chef principal de l' Orchestre de chambre de Zurich de 2011 à 2016. Il a dirigé plus de 50 premières mondiales et s'est produit régulièrement avec la Philharmonie de Berlin, la Philharmonie de Vienne et de grands orchestres du monde entier.

En novembre 2021, Norrington a annoncé sa retraite.


Répertoire

Ses tempos rapides, avec un usage limité du vibrato, impriment une marque nette sur ses interprétations qui ne laissent pas indifférent. Ses enregistrements de Berlioz font date. Ses deux intégrales des symphonies de Ludwig van Beethoven respectent les indications métronomiques du compositeur. La première intégrale est enregistrée sur instruments anciens, la seconde l'est sur instruments modernes.

Ses performances

Norrington est surtout connu pour ses performances historiquement informées de baroque, classique et musique romantique. Il est membre du mouvement de performance historiquement informées. Norrington a préconisé une utilisation limitée ou inexistante du vibrato dans les performances orchestrales, ce qui lui a valu des critiques à la fois positives et négatives.
Il a strictement suivi les indications originales du métronome de Beethoven dans ses symphonies, rejetant la spéculation courante selon laquelle ces indications étaient « mal calculées ». Il a réalisé des enregistrements de Haydn, Mozart, Beethoven, Schubert, Berlioz, Brahms, Tchaïkovski, Dvorak, Bruckner et Mahler sur instruments d'époque et modernes. En particulier, Norrington utilise très peu le vibrato, utilise souvent des tempos très rapides et varie le placement des instruments sur scène.
Surtout avec l' Orchestre Symphonique de la Radio de Stuttgart, Norrington a développé un son très individuel, souvent surnommé par la presse spécialisée Stuttgart Sound. Cela fait référence à la synthèse d’une création musicale historiquement informée avec les moyens d’un orchestre moderne et flexible. Les cycles symphoniques que Norrington a interprétés ces dernières années avec l'Orchestre Symphonique de la Radio de Stuttgart ont reçu une renommée mondiale.

De nombreux musiciens sont très critiques à l'égard de la pratique d'interprétation de Norrington ; par exemple, l'altiste du Quatuor Melos, Hermann Voss, a dessiné en 2005 deux caricatures dures sur le son des cordes sans vibrato de Norrington, ajoutant : « À l'exception du Feuilleton de Stuttgart, le nouveau style de Stuttgart ne trouve que mépris et mépris.



https://www.youtube.com/watch?v=JB-qq39e47I

Ludwig van Beethoven: Sinfonie Nr. 3 Es-Dur op. 55 (Eroica) | Liederhalle Stuttgart, März 2018
00:04 - I. Allegro con brio
16:52 - II. Marcia funebre. Adagio assai
30:18 - III. Scherzo. Allegro vivace
36:23 - IV. Finale. Allegro molto
46:59 - Applaus

SWR Symphonieorchester
Dirigent: Sir Roger Norrington

C'est pas mal du tout cette symphonie de Beethoven, "dégraissée" comme diraient les baroqueux. Je regrette quand-même que cette marche funèbre du mouvement lent et surtout le fugato à 22 min 33 qui lui succède soient joués aussi rapidement avec une orchestration qui manque d'assise: un des plus beaux passages de toute l'oeuvre de Beethoven qui manque singulièrement de profondeur et qui devient assez banal; dommage...