Claude Rigolay, comte d'Ogny, et la Loge Olympique
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joachim Admin
Nombre de messages : 28112 Age : 78 Date d'inscription : 19/08/2006
Sujet: Claude Rigolay, comte d'Ogny, et la Loge Olympique Sam 21 Déc 2024 - 18:52
Claude-François-Marie Rigoley, comte d’Ogny, né le 9 janvier 1756 à Dijon, mort le 3 octobre 1790 à Paris à l'hôtel des Postes rue Coq-Héron, est un musicien, violoncelliste, franc-maçon, créateur des concerts de la Loge Olympique, dernier Intendant des Postes de l'Ancien Régime.
Claude-François est né à Dijon fils de Claude-Jean Rigoley, baron d'Ogny (1728-1798) et d' Élisabeth d'Alencé. Son père fut Intendant général des Postes sous Louis XV et Louis XVI.
Le comte d'Ogny se distingue au sein du régiment d'artillerie de Strasbourg en 1770, atteint le grade de capitaine au régiment des dragons de Jarnac en 1774, puis se retire du service militaire le 1er novembre 1779 avec une pension de 885 livres. Le 25 janvier 1780, il est nommé Intendant général des postes et des coursiers de France par Louis XVI, aux côtés de son père.
Le 13 février 1786, il épouse Flore-Louise Ménage de Pressigny, fille du fermier général de Pressigny.
Le 16 juillet 1789, après la prise de la Bastille, son père se réfugie dans son château de Millemont, laissant le comte d'Ogny seul à la tête de l'administration des Postes. Celle-ci fut réorganisée en juin 1790 par une série de décrets de l'Assemblée nationale, qui la maintinrent néanmoins en fonction à la suite d'une lettre de Jacques Necker, en date du 10 août 1790, informant le comte d'Ogny que "Sa Majesté en vertu du décret de l'Assemblée nationale l'avait engagé à exercer les fonctions d'ancien intendant des Postes."
Il est associé à Lafayette et aux événements des 5 et 6 octobre 1789, dans lesquels, selon Antoine-Charles Tardieu, marquis de Maleissye, "c'est M. d'Ogny, fils du surintendant des Postes, à qui le malheureux Louis devait ne pas avoir toujours à sa porte les deux têtes de ses malheureux gardes du corps".
Durant la brève période où il dirigeait seul la poste, Rigoley assurait secrètement la sécurité et la régularité de la correspondance entre le roi et la famille royale, en province et à l'étranger, alors qu'ils étaient détenus au palais des Tuileries sous la surveillance de la garde nationale. Ces faits ont été découverts lors du procès de Louis XVI et consignés comme éléments à charge dans le rapport Valazé. Dans une lettre à Mirabeau, Marie-Antoinette écrit, au cours de l'été 1790, "M. d'Ogny est un homme sûr et fidèle".
Il meurt subitement le 3 octobre 1790, âgé de 34 ans. Gabriel-François de Brueys d'Aigalliers, dans une lettre à Isabelle de Charrière datée du 13 October 1790 de Paris écrit:
"Ce jeune homme, l'un des plus obligeants et aimables que je connusse, est décédé presque subitement il y a quelques jours, emportant les regrets de tous ceux qui l'ont connu"
Carrière musicale
Avec son ami Étienne-Marie de La Haye, survivancier de son père, la ferme générale Marin de La Haye des Fosses, il fonde en 1782 la Loge Olympique dont l'objet principal est l'organisation de concerts destinés à remplacer le Concert des Amateurs, dissout en 1781 suite à la faillite d'un de ses partisans, la ferme générale des impôts Pierre Haudry de Soucy. Le concert des Amateurs se déroulait dans les salons de l' Hôtel de Soubise et fut fondé par leurs pères respectifs, le Baron d'Ogny et Marin de La Haye des Fosses en 1769. Les concerts de la Loge Olympique étaient gérés par l'Organisation Olympique, Société, entité commerciale de la Loge, qui installa un club pour ses abonnés en 1785 au Palais Royal, dit le Sallon Olympique. Au premier étage se trouvaient les pièces du lodge lui-même. La Société Olympique a hérité du bagage musical considérable du Concert des Amateurs qu'elle a continué à enrichir grâce aux nombreuses et hautes contributions de ses membres. L'acquisition la plus célèbre fut celle des six Symphonies de Paris (82 à 87) et symphonies 90-92 commandées à Joseph Haydn par l'intermédiaire du comte d'Ogny et du chevalier de Saint-Georges.
Les concerts eurent lieu dans la Salle du Contrat Social (rattachée à la Loge Saint-Jean d'Écosse et au Contrat Social), dans l'Hôtel de Bullion, rue Coq-Héron, jusqu'en 1786. Puis ils prirent place dans la Salle des Cent Suisses du Palais des Tuileries, libéré par le Concert Spirituel qui avait émigré vers la Salle des Machines en 1784, elle-même abandonnée par les Comédiens français installés en 1782 au Théâtre Français (devenu en 1797 le Théâtre de l'Odéon). Après les 5 et 6 octobre 1789, date à laquelle la Cour s'installe au palais des Tuileries, la Salle des Cents-Suisses retrouve sa destination initiale de Salle des Gardes et la Société Olympique met fin à ses concerts. C'est probablement à cette époque que le Comte d'Ogny fit don de sa formation musicale à la Société Olympique. Cette bibliothèque considérable représentait les vingt dernières années de la vie musicale de l' Ancien Régime lorsqu'elle était la plus innovante. Les œuvres ont été créées au Concert des Amateurs, suivies par celles de la Société Olympique, lorsqu'elles ont suivi, avant d'être reprises entre autres par le Concert Spirituel.
A la mort du comte d'Ogny, la collection fit l'objet d'une vente publique qui dura au moins quatre jours, du 7 au 10 février 1791. On ne peut identifier comme provenant de ce remarquable fonds que celle des neuf partitions autographes des "Symphonies de la Loge Olympique" de Haydn, conservés à la Bibliothèque Nationale pour les n° 82 (1786), 83 (1785), 86 (1786), 87 (1785) et 92 (1789) et à la Morgan Library pour le 91 (1788). Le manuscrit autographe de la symphonie Hob I 90 est conservé à la Bibliothèque du Congrès des États-Unis. Il existe également deux inventaires partiels de manuscrits, commencés à la demande du comte d'Ogny, vraisemblablement par son assistant le violoniste Stanislas-Laurent Bréval, l'un intitulé Catalogue de la Musique de Monsieur le comte d'Ogny, British Library, Hirsch IV. 1085, 52p;, Supplément [66], 67 p. l'autre Catalogue de la Musique vocale de Monsieur le comte d'Ogny, Bibliothèque du Congrès, 220 p. (ML31. H43q n°12. CASE).
Le comte d'Ogny était violoncelliste dans l'orchestre de la Société Olympique, au troisième pupitre. Le Musée de la Musique à Paris conserve un orgue de chambre du facteur parisien Jean-Baptiste-Jérémie Schweickart qui lui appartenait.
Ecrits
Réponse au Mémoire présenté à l'Assemblée Nationale par les ex-Postillons, signé: le comte d'Ogny, [Paris], [1790], in 4°, (p. 116). Réglemens de la Loge et Société Olympique, [Paris], [1787]. in 12, (p. 59).
joachim Admin
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Sujet: Re: Claude Rigolay, comte d'Ogny, et la Loge Olympique Sam 21 Déc 2024 - 20:19
Haydn : Symphonie n° 85 "La Reine de France Marie Antoinette"
https://www.youtube.com/watch?v=pttAGzBNSIg
Commentaire (traduction du russe)
Enregistrement réalisé lors du concert du festival "Les Nuits Blanches de Carélie" à la Capella de Saint-Pétersbourg le 1er juin 2013.
La Symphonie n° 85 ("Paris" n° 4) "Reine de France Marie-Antoinette", composée par Joseph Haydn en 1785, est interprétée par la Sinfonietta de Rotterdam. Six symphonies ont été commandées par la loge Olympique maçonnique de Paris, à Haydn par l'intermédiaire du Chevalier de Saint George. Elle avait un grand orchestre. L'orchestre comptait quatre douzaines de violons et dix contrebasses, une composition très importante pour l'époque. A titre de comparaison, l’orchestre du prince Esterhazy, dont disposait le compositeur lorsqu’il était au service du prince, ne dépassait pas 25 personnes. Les musiciens de l'orchestre "Le Concert de la loge 'Olympique'" étaient vêtus d'uniformes spéciaux bleu ciel avec volants et dentelles, ainsi qu'avec une épée sur le côté. La Loge Olympique était patronnée par la reine Marie-Antoinette. Elle assistait à un concert où étaient jouées les six symphonies de Haydn, surnommées plus tard les symphonies « parisiennes ». L'une des symphonies qu'elle préférait porte son nom : La Reine. Le client direct des symphonies était l'aristocrate français Claude-François-Marie Rigolet, comte d'Ogny, qui occupait le poste d'intendant général des postes. Le Comte a grandi dans une famille de musiciens (son père possédait une grande collection de manuscrits musicaux) et était un grand mélomane. La musique était l’un de ses plus grands passe-temps et il n’épargnait aucune dépense pour son passe-temps, comme on dirait maintenant. Il ne le regretta pas tellement, qu'après sa mort, il lui restait une dette de 100 000 livres. Joseph Boulogne Chevalier de Saint-Georges, directeur de l'orchestre "Le Concert de la loge 'Olympique'", est directement impliqué dans les négociations avec Haydn au nom du comte d'Ogny. Selon l'accord pour 6 symphonies, Haydn recevait 25 louis pour chacune des six symphonies et plus 25 louis supplémentaires pour le droit de publier ces symphonies en France.
Le chef d'orchestre sud-africain d'origine néerlandaise, Conrad van Alphen, dirige l'ensemble. Le film présente de nombreux portraits de la reine, à la fois cérémoniaux et peints comme cadeaux pour les membres des familles royales françaises et impériales autrichiennes.
Claude Rigolay, comte d'Ogny, et la Loge Olympique