par Adrien De Vries
Georges Enesco (1881-1955). Une figure qui a illuminé la première moitié du XX ème siècle. C’est à dire la plus sombre, celle qui fut marquée par les deux guerres mondiales, déversant son torrent d’horreur et de barbarie sur l’Europe et le monde. En plus d’être un violoniste virtuose qui fut le maître de Menuhin, Enesco possédait aussi une technique pianistique exceptionnelle.
Georges Enesco (1881-1955). Une figure qui a illuminé la première moitié du XX ème siècle. C’est à dire la plus sombre, celle qui fut marquée par les deux guerres mondiales, déversant son torrent d’horreur et de barbarie sur l’Europe et le monde.
En plus d’être un violoniste virtuose qui fut le maître de Yehudi Menuhin, Enesco possédait aussi une technique pianistique exceptionnelle. Mais aux côtés de l’interprète, il nous reste à redécouvrir le compositeur, de musique de chambre, vocale et orchestrale, surtout lyrique. Son opéra Œdipe est à la mesure de l’époque traversée : il donne une leçon de clairvoyance et d’humanisme dans un monde qui est en perte de culture et de civilisation.
D’origine Roumaine, Enesco choisit en 1946, au terme du conflit mondial, de se fixer en France. Sa vie, sa carrière inspirent à Alain Cophignon, une première biographie parfaitement documentée qui dresse un bilan d’importance sur l’homme, le compositeur, l'oeuvre. Sans se diluer dans d’inévitables mais parfois fastidieuses célébrations détaillées, Cophignon, membre fondateur de la Société musicale Française Georges Enesco, et qui avait déjà consacré une thèse préliminaire sur la pensée d’Enesco et sur le compositeur, articule son propos en parties principales, de façon chronologique (année par année).
Plongée dans la capitale française à la fin du XIX ème siècle, soit le « Paris (1895-1899) » ; témoignage de Yehudi Menuhin sur la personnalité du professeur ; genèse et itinéraire d’une pensée spirituelle : « identité spirituelle et approfondissements : (1900-1913) » ; la première guerre et surtout les très belles pages qui mènent à l'écriture lyrique, et qui traitent de son opéra, Œdipe (composé en 1931) dont la modernité singulière se situerait entre Debussy et Messaien ; l’ "Après Œdipe … (1931-1939)" ; la seconde guerre mondiale ; l’exil en France et les misères physiques…
Le style est précis et clair, l’analyse des œuvres limpide, accessible par tous. Le livre est un hommage au penseur, un combattant ne servant qu’un idéal, celui de la musique engagée, vive, investie.
Reste que l’évocation de tant d’œuvres majeures et de compositions de première valeur : quatuors, symphonies (au nombre de cinq) nous laissent d’autant plus déconcertés et frustrés qu’aucune d’entre elles, à part les œuvres pour piano et la fameuse Rhapsodie roumaine, ne se font entendre.
Ce portrait détaillé, vivant, émouvant d’Enesco brosse une personnalié immensément douée, immensément humaine, dont l'activité humaniste donne raison à ceux qui aujourd'hui continuent de militer par la musique, dans un monde en perte de fraternité. Le texte suffira-t-il à susciter la découverte du compositeur dans les salles de concerts ? A quand, une prochaine représentation de son Œdipe ? Dans cette attente, plongez vous dans ce texte plus que recommandable.